Le gouvernement rwandais a créé, début août, une Commission d’enquête sur l’Opération Turquoise. À la mi-1994, la France avait déployé des troupes au Rwanda pour sécuriser les camps de réfugiés alors que le génocide se poursuivait. Or, dix ans après les faits, de nombreux témoins persistent à accuser la France d’avoir organisé l’exfiltration des assassins sous couvert d’intervention humanitaire, voire d’avoir activement participé à l’un des massacres. Ces accusations ont été notamment relancées par un livre d’un journaliste du Figaro, Patrick de Saint-Exupéry. Prenant le contre-pied de son collaborateur, le quotidien français a donné il y a quelques jours la parole du général Jean-Claude Fourcade qui dirigea l’Opération Turquoise, et la donne maintenant au Premier ministre de l’époque Édouard Balladur. Selon nos informations, un accord diplomatique aurait été conclu entre les ministres français et rwandais des Affaires étrangères, Michel Barnier et Charles Murigwande, pour que la Commission d’enquête établisse une part de responsabilité française dans le génocide et mette nommément en cause le président Mitterrand et le gouvernement Balladur-Sarkozy de l’époque.

Un an après l’assassinat de Sergio Vieira de Mello à Bagdad, son ancien directeur de la communication, Salim Lone, révèle dans le Guardian que le haut-représentant de l’ONU est mort au moment où il s’apprêtait à rendre publics ses désaccords avec le pro-consul états-unien L. Paul Bremer. Ce témoignage, qui brise un tabou, a immédiatement été repris aussi bien par The Age que par le Taipei Times. Il apparaît aujourd’hui que M. de Mello a fait les frais de l’affrontement entre le département d’État (dont il était proche) et le Pentagone. Rares sont ceux, aujourd’hui, qui continuent à penser que l’attentat qui lui coûta la vie a été perpétré par un groupe de résistants irakiens. Quoi qu’il en soit, a relevé Kofi Annan dans un discours prononcé lors d’une cérémonie commémorative et reproduit par The Independent, cet attentat n’a été possible que parce que l’ONU a perdu sa légitimité au point de devenir une cible.
Il est d’usage d’expliquer cette situation par l’incapacité de faire appliquer par Israël, depuis des décennies, les diverses résolutions le concernant et par l’incapacité à empêcher l’attaque de l’Irak. Il s’agit cependant là d’une explication trop courte. On pourrait égrener la longue liste des échecs de l’ONU. Mais surtout, il ne faut pas confondre les symptômes et la maladie. L’ONU est un système de sécurité collective construit au lendemain de la Seconde Guerre mondiale sur le principe d’un directoire des vainqueurs et d’une assemblée des États. Or, ce directoire ne fonctionne plus parce que les États-Unis sont devenus une hyper-puissance qui n’a plus cure des autres membres du Conseil de sécurité. Les néo-conservateurs préconisent d’ailleurs de ravaler ONU au rang de simple organisme humanitaire. De son côté, Kofi Annan a tenté de développer l’organisation en la faisant financer par les multinationales dans le cadre du Programme du millénaire. Ce faisant, il a certes temporairement réglé les questions budgétaires, mais a porté un coup de plus à la légitimité politique de l’ONU.

Le professeur Shlomo Avineri observe dans le Jerusalem Post l’impuissance d’Hamid Karzai en Afghanistan et d’Ayad Allawi en Irak. Il en conclu que ces deux États sont ingouvernables et doivent être yougoslavisés. M. Avineri est une voix autorisée qui exprime les points de vue partagés par les gouvernements de Tel Aviv et de Washington. Il teste ici les réactions au plan de morcellement de l’ensemble du « Grand Moyen-Orient ».
De son côté, le professeur Efraim Inbar du Centre d’études stratégiques Bégin-Sadate préconise froidement dans le même quotidien de laisser mourir les 1500 prisonniers palestiniens actuellement en grève de la faim. Selon lui, ces prisonniers sont des « terroristes » et l’on ne peut espérer d’eux qu’ils changent. Leur mort sera donc un soulagement. L’exemple de lady Thatcher laissant agoniser des grévistes de la faim irlandais montre que la fermeté à l’égard de quelques-uns est dissuasive pour beaucoup, poursuit-il.

Ancien conseiller du parti démocrate, Philip James note dans le Guardian que la polémique sur le référendum révocatoire au Venezuela est alimentée par les soupçons qui entourent l’usage de machines à voter. Ce système est opaque en lui-même et ne peut être utilisé dans des situations d’affrontement. Il est donc dangereux d’y recourir lors de la prochaine élection présidentielle états-unienne. Observons que le raisonnement de M. James est d’autant plus pertinent que, contrairement à ce qu’il croit, le Venezuela a pratiqué un double vote manuel et électronique, tandis que certains États états-uniens pratiqueront exclusivement un vote électronique.

Enfin, deux chercheurs de l’université de Stanford, David G. Victor et Joshua C. House, estiment que les présidents successifs ont utilisé leur autorité pour faire monter ou baisser artificiellement le prix du pétrole aux États-Unis en fonction de leurs intérêts électoraux. Ils proposent donc, dans le Los Angeles Times, de « dépolitiser » la gestion des stocks pétroliers stratégiques US en la confiant à une organisation indépendante sur le modèle de la Réserve fédérale.