Le soulèvement de Nadjaf a mis le religieux chiite Moqtada al-Sadr sur le devant de la scène. Les médias occidentaux le présentent systématiquement comme un religieux " radical ", mais il est difficile d’étayer cette affirmation.
Il a toujours été opposé à l’occupation et il a déclaré que sous une occupation il n’y avait pas de liberté, de politique ou de démocratie possible. Il n’y a rien de radical là-dedans et si George W. Bush ou Tony Blair tenaient ce type de propos après que l’armée du Mehdi aient bombardé Londres ou New York, on ne les accuserait pas d’être des penseurs radicaux. Son opposition à l’occupation n’est pas non plus un soutien à Saddam Hussein qui a fait tuer son père et ses deux frères. En outre, bien que son opposition à l’occupation ait été constante, il n’a pas appelé à la violence avant que les troupes d’occupation aient fait arrêter ses partisans.
Aujourd’hui, ses milices s’occupent de bien des activités sociales qui sont délaissés par la Coalition comme la protection des hôpitaux, le ramassage des ordures, fournissant de la nourriture ou aidant les orphelinats. Bien que Sadr soutienne maintenant l’action violente, il condamne les attentats à la voiture piégée, les assassinats, les attaques contre l’ONU, les prises d’otages de journalistes ou les décapitations d’étrangers. Sadr est vu positivement par 81 % des Irakiens et ceux-ci ne le considèrent pas comme un " radical ". Il est également impossible de prouver ses liens avec l’Iran. Il a mobilisé les chiites, mais aujourd’hui les sunnites le rejoignent et il a accepté la médiation du Vatican, repoussée par Allawi. Il a également annoncé qu’il était prêt à dissoudre sa milice pour fonder un parti.
L’appeler " radical " est une insulte à la résistance.

Source
The Independent (Royaume-Uni)

" What is so radical about Iraq’s rebel cleric ? ", par Sharif Hikmat Nashashibi, The Independent, 24 août 2004.