L’annonce du président George W. Bush d’un retrait de 70 000 militaires états-uniens des bases étrangères a suscité plus d’attention que cela n’en mérite d’un point de vue militaire, mais le moment choisi pour faire cette annonce est lourd de signification. D’un point de vue militaire, ce retrait tombe sous le sens : la Guerre froide est finie, la Russie n’est plus une menace et les nouvelles technologies offrent des capacités suffisantes de projection depuis les États-Unis. Même en Corée, malgré la crise, les États-Unis n’ont pas besoin de maintenir des troupes.
Par contre, annoncer ce mouvement aujourd’hui est lourd de sens d’un point de vue diplomatique. Au moment où Washington agite le bâton et la carotte vis-à-vis de la Corée du Nord, replacer les troupes au-delà de la portée des lignes d’artillerie nord-coréenne n’est pas rassurant pour la Corée du Sud. En Europe, déplacer les troupes d’Allemagne vers la Pologne, la Roumanie et peut-être la Bulgarie offre des terrains d’entraînement plus vaste et rapproche du Moyen-Orient. Cependant, agir ainsi maintenant, après la crise transatlantique des 50 dernières années, laisse penser que les États-Unis veulent se désengager également de l’OTAN. Or, de nombreux pays européens veulent continuer à voir un commandement suprême des forces alliées en Europe. Les troupes des bases états-uniennes en Europe n’ont pas vocation à se battre en Europe, mais leur positionnement dans ces bases permet de développer les contacts entre les armées et ces interactions permettent de favoriser les alliances et la construction de coalition.
Enfin, un retrait d’Europe ne permettra pas d’économiser beaucoup d’argent car, surtout en Allemagne, les pays d’accueil contribuent largement au financement de ces bases. Ce type de déploiement favorise les alliances.

Source
Christian Science Monitor (États-Unis)

" US troop withdrawals costly to alliances ", par Robert E. Hunter, Christian Science Monitor, 24 août 2004.