Dans le quotidien du groupe Moon, le Washington Times, le directeur de cabinet d’Alain Madelin apporte son soutien indéfectible à la politique états-unienne en Irak. Peu importent ici les arguments, qui ont tous été depuis longtemps débattus, il s’agit d’une question de foi. Cette religion inclut non seulement d’applaudir au militarisme US, mais aussi de célébrer les vertus du « libéralisme » économique, autre activité à laquelle M. Charat se livre dans son nouveau club, les Euro-libéraux. Dans la foulée, un autre collaborateur de M. Madelin, Yves Roucaute, publiera la semaine prochaine en librairie une ode à l’Oncle Sam, La Puissance de la liberté. M. Madelin, quant à lui, s’est rendu il y a un mois à Taiwan, où il a été reçu par le président Chen Shui-bian. Il y a multiplié les déclarations publiques pour affirmer que les positions du président Jacques Chirac sur les relations sino-taiwanaises n’engagent que lui-même et qu’heureusement son successeur [Nicolas Sarkozy] s’alignerait, lui, sur la vision de Washington.

La campagne anti-Chavez commence à s’essouffler. La certification des résultats par le Centre Carter et l’OEA oblige Washington à changer de discours. Admettons que Chavez a gagné puisqu’il est impossible de continuer à prétendre le contraire, mais affirmons qu’il y est parvenu de manière déloyale et que, si nous perdons encore en 2006, cela prouvera définitivement qu’il est déloyal. Marco S. Vincenzino de l’IISS maugrée dans Le Figaro que Chavez a honteusement acquis le soutien du peuple en prélevant les revenus du pétrole pour financer la Sécurité sociale, l’éducation et l’aide aux démunis. Le leader populiste aurait ainsi fait la preuve de son irresponsabilité. Bigre ! Doit-on conclure qu’un président responsable, selon Washington, aurait dû laisser les États-Unis piller le pétrole et laisser sa population analphabète mourir de faim et d’absence de soins ? Observons que ces arguments lamentables proviennent toujours des mêmes instituts. L’IISS avait été l’ONG de référence pour accréditer la thèse du danger militaire irakien et M. Vincenzino a tenu récemment des propos similaires pour justifier l’enlèvement par les Marines du président élu d’Haïti.

Alors que les tribunaux pénaux internationaux ont aboli la peine de mort, le tribunal chargé du juger Saddam Hussein l’a rétablie, s’indigne Me François Roux dans Libération. Rappelons que ce tribunal a été exclusivement composé pour cette affaire et devrait être dissous une fois Saddam Hussein condamné. Les magistrats ont été désignés par l’armée états-unienne. La juridiction est présidée par l’ancien porte-parole du Congrès national irakien, c’est-à-dire par le neveu d’Ahmed Chalabi. Il y a quelques semaines, ce « tribunal » a entendu Saddam Hussein. Cette « audience » a été retransmise à la télévision, mais le son a été censuré lorsque l’ancien raïs s’est exprimé pour se défendre. Ses avocats, dont le Français Emmanuel Ludot, ont été retenus hors du palais et n’ont pas été autorisés à ce jour à le rencontrer. Saddam Hussein, ou la personne ayant son apparence, a été entendu en début d’après-midi. Le bourreau avait été convoqué pour le pendre vers 18h, mais l’ordre est venu de Washington d’annuler l’exécution et de donner une apparence moins expéditive à la « justice irakienne souveraine ». Ce rappel met en lumière qu’ici, la peine de mort ne vise pas à châtier un coupable, mais à faire disparaître un témoin gênant.

Enrico Porsia et Alfredo Ragusi, tous deux anciens membres des Brigades rouges, prennent une nouvelle fois la défense de leur camarade Cesare Battisti dans Libération. Aucun argument nouveau n’est versé à ce dossier qui est uniquement enrichi par la fuite du prévenu en instance d’extradition. Les arguments des ex-brigadistes étant connus, et leur pertinence étant reconnue par tous, le mystère s’épaissit quant au mobile du président de la République pour revenir sur la parole de son prédécesseur.

Enfin, les attentats commis, le 1er août, contre cinq lieux de cultes chrétiens en Irak confortent Daniel Pipes dans ses préjugés. Dans le Jerusalem Post, il affirme que les chrétiens sont victimes des persécutions islamistes dans tout le Proche-Orient qu’ils sont obligés de fuir, comme l’ont fait les juifs avant eux. La démonstration est agrémentée de constats tous plus partiaux les uns que les autres. En premier lieu, rappelons que tous les chefs religieux musulmans d’Irak ont condamné les attentats contre les Églises, au point que chacun se demande qui a pu les perpétrés, sinon les mercenaires de la Coalition. Deuxièmement, il faut être d’une grande mauvaise foi pour écrire que les musulmans ont chassé les chrétiens de Bethléem et Nazareth alors que chacun sait qu’ils l’ont été par Tsahal à l’issue du siège des lieux saints. Et la suite est à l’avenant.