L’invasion de l’Iran par l’Irak a provoqué la mort d’un million de personnes et l’emploi de gaz de combat contre des civils sans qu’on n’observe de manifestations en Occident ou dans des pays musulmans. Cette guerre a duré huit ans et ce n’est que lorsque l’Irak a envahi le Koweït que la communauté internationale a réagi. Aujourd’hui, au Darfour, on assiste à un nettoyage ethnique, mais la communauté internationale reste muette. Ceux qui avaient protesté contre la libération de l’Irak ou les actions d’Israël à Gaza sont silencieux face aux massacres de civils par des milices arabes du gouvernement soudanais.
On peut lire beaucoup de textes regrettant que le monde soit unipolaire, mais est-ce vraiment un mal ? On a vu les guerres causées par un monde bipolaire. Ceux qui blâment les États-Unis pour leur statut oublient qu’ils l’ont acquis grâce à leurs qualités. Ceux qui dénoncent l’arrogance et l’égocentrisme des États-Unis oublient le nombre d’Américains qui sont morts pour libérer l’Europe et l’Asie. Cela ne veut pas dire que les États-Unis ne sont pas capables de commettre des actes barbares ou de soutenir des régimes despotiques. Ils le font encore. Mais cela signifie que les États-Unis peuvent être une force agissant pour le bien du monde.
Je ne pense pas qu’ils pouvaient éviter de faire la guerre à l’Afghanistan, mais ils auraient pu éviter la guerre d’Irak. Toutefois, le seul responsable de cette guerre est Saddam Hussein. Si le mouvement contre la guerre avait gagné, c’est cet assassin de masse qui aurait été victorieux. Parfois, il faut faire la guerre et les membres du Conseil de sécurité de l’ONU cherchent trop leur intérêt politique. Bill Clinton et Tony Blair s’en sont passés pour faire cesser les massacres au Kosovo, tout comme l’Afrique du Sud de Nelson Mandela était intervenu au Rwanda en 1994. Il faut se mobiliser pour le Darfour. L’Occident doit fournir une aide logistique à l’Union africaine pour déployer des troupes dans cette région.

Source
The Age (Australie)

Silence in the face of genocide », par Jose Ramos Horta, The Age, 26 août 2004.