Bob Dole m’ a affirmé que l’équipe de campagne de George W. Bush lui avait demandé de mener les vétérans dans la campagne électorale et attaquer John Kerry, mais qu’il n’en avait pas envie car il n’avait rien contre Kerry. Cette conversation m’a ramené des années en arrière, en 1970, quand Bob Dole, alors jeune sénateur, avait été nommé à la tête du Parti républicain. C’était une reconnaissance pour un homme qui avait été cloué sur un lit pendant longtemps à cause d’une blessure reçue durant la Seconde Guerre mondiale et qui s’était promis de rattraper le temps perdu. C’était aussi un cadeau empoisonné qui consistait surtout à récolter les souscriptions. À l’époque, je travaillais sous la direction de Charles Colson, l’homme chargé de mobiliser les républicains pour attaquer les démocrates afin qu’ils soient toujours sur la défensive. Colson et Dole avaient de très mauvais rapports car Dole refusait de faire des attaques systématiques contre les démocrates. Finalement, en 1972, c’est Dole qui fut viré.
Dole appartient à cette génération qui sait ce qu’est le dévouement et ce qu’est l’arbitraire de la guerre. Comme Kerry, Dole n’a pas dû aller à l’hôpital pour sa première Purple Heart et il n’a pas passé beaucoup de temps au combat avant d’être gravement blessé. Moi, j’ai passé un an au Vietnam et je n’ai jamais été blessé. Mon frère est resté moins longtemps, mais il a été blessé trois fois. Il est honteux qu’aujourd’hui on en vienne à compter combien de fois un soldat a été blessé, combien de temps il a souffert et avec quelle gravité. Il est honteux que ce soit des personnes qui ont évité de faire cette guerre qui alimentent cette polémique et qu’un homme comme Dole ait été conduit à y participer.

Source
Washington Post (États-Unis)
Quotidien états-unien de référence, racheté en août 2013 par Jeff Bezos, fondateur d’Amazon.

« When Bob Dole Said No », par Noel Koch, Washington Post, 26 août 2004.