Bruce Springsteen apporte son soutien à John Kerry dans une tribune largement relayée par la presse internationale. Son texte reflète toute l’ambiguïté d’une partie des soutiens de John Kerry, si écœurés par la politique de George W. Bush qu’ils sont prêts à voir dans le candidat démocrate une alternative qu’il n’est pas. Loin de ce discours ambigu, le chanteur de country Larry Gatlin se félicite du bilan militariste et clérical de George W. Bush.
A l’approche de l’élection présidentielle états-unienne de novembre, les différents candidats mobilisent leurs troupes dans le monde du spectacle. Le quotidien argentin Clarin reprend une tribune du chanteur Bruce Springsteen parue cet été dans de nombreux quotidiens dans le monde. Le chanteur rock fait la promotion de la tournée Vote for Change regroupant des artistes opposés à l’administration Bush. Fidèle aux thèmes qui lui sont chers depuis le début de sa carrière, Springsteen dénonce l’aggravation des inégalités aux États-Unis, la disparition du « rêve américain » pour les plus pauvres et la politique étrangère de son pays. Son texte reflète toute l’ambiguïté d’une partie des soutiens de John Kerry. En effet, on y trouve beaucoup d’opposants à la guerre d’Irak éprouvant une telle aversion pour la politique de l’administration Bush qu’ils sont prêts à soutenir Kerry et à le présenter sous un jour favorable, en dépit de son programme militariste et de son vote en faveur de cette guerre. Du côté des partisans médiatiques de George W. Bush, on ne trouve pas une telle ambiguïté puisque les artistes le soutenant regroupent la fine fleur des chanteurs country réactionnaires ou des artistes de la Christian Coalition, notamment Lee Greenwood, porte-parole du mouvement en faveur du maintien de la mention Under God dans le serment d’allégeance. Dans le Wall Street Journal, l’un de ces artistes, le chanteur Larry Gatlin, affirme qu’il chantera et priera pour George W. Bush, les frappes préventives, les réductions d’impôts et l’abandon des missions de services publiques aux congrégations religieuses.
Suite à l’écho qu’a reçu le texte de Salim Lone demandant davantage de distance entre l’ONU et les États-Unis et que nous avions traité dans notre édition du 24 août 2004, Michael Soussan s’oppose à ce point de vue dans l’International Herald Tribune. Pour l’ancien coordinateur du programme pétrole contre nourriture en Irak, Sergio Vieira de Mello et la mission de l’ONU a Bagdad n’ont pas été frappés parce que l’ONU était trop proche des États-Unis mais parce qu’elle avait demandé aux forces de la coalition de ne plus la défendre, ouvrant ainsi la voie à une attaque terroriste. Pour l’auteur, l’identité des coupables ne fait aucun doute : il s’agit de la résistance irakienne, qualifiée ici de « terroristes », et l’ONU doit rejeter les appels à la neutralité pour s’engager aux côtés des États-Unis dans la « guerre au terrorisme ».
Cette image d’une résistance irakienne largement assimilée à des groupes terroristes islamistes est très présente dans la presse française aujourd’hui, suite à l’annonce du rapt de deux journalistes français. Bien que les affaires Nicholas Berg et Daniel Pearl aient suscité des questions sur l’identité des preneurs d’otages et des assassins, cette affaire est à nouveau traitée par la presse en prenant pour postulat de départ qu’elle a affaire à des intégristes musulmans, un postulat qui à l’heure actuelle ne peut être ni infirmé ni confirmé. Vendredi soir, avant que l’enlèvement des journalistes français ne soit officiellement annoncé, Le Monde avait repris dans ses colonnes l’éditorial d’Ezio Mauro, rédacteur en chef de La Repubblica à propos de la mort du journaliste italien Enzo Baldoni. Dans ce texte, l’éditorialiste renvoyait dos à dos résistants irakiens, présentés comme des idéologues fanatiques, et le gouvernement italien, accusé d’avoir entraîné le pays dans une guerre inutile pour des motifs idéologiques et d’utiliser cyniquement la mort du journaliste pour des objectifs politiques.
Robert E. Hunter de la Rand Corporation s’alarme dans le Los Angeles Times d’une possible intervention armée états-unienne en Iran. Selon lui, l’examen du rapport coût-avantages d’une telle option démontre vite que Washington doit s’inspirer de l’attitude de l’Union européenne et entamer des négociation avec l’Iran : si ce pays ne se sent plus menacé par un changement de régime, il ne cherchera plus forcément à acquérir l’arme nucléaire. On objectera qu’il sera toutefois difficile de convaincre Téhéran de la bonne foi de Washington tant que les faucons se répandront dans la presse pour demander un soutien aux opposants iraniens, déjà soutenus par la NED/CIA, ou se rendront aux meetings des Moudjahidins du peuple.
La National Endowment for Democracy avait également montré son intérêt pour les élections en octobre prochain en Ukraine par la voix de Madeleine Albright en mars dernier. Dans une tribune publiée par le Globe and Mail, l’une des dirigeantes de l’opposition ukrainienne, Yuliya Tymoshenko, se défend de la préparation d’un coup tordu de la NED dans le pays : une « révolution des roses » sur le modèle de ce qui s’est fait en Géorgie, n’est pas prévue à Kiev et tout ce que l’opposition désire, ce sont des élections libres.
Enfin, John M. Powell du programme alimentaire de l’ONU critique dans le Japan Times le traitement de l’actualité mondiale dans la presse : en reprenant les problématiques des gouvernements occidentaux sur les armes de destruction massive imaginaires ou non, elle néglige le fait que six millions de personnes par an meurent de faim ou de malnutrition et quand elle parle d’un drame humanitaire, comme elle le fait pour le Darfour, elle n’en oublie pas moins de voir le problème dans son ensemble.
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