L’administration Bush considère ce qu’elle pourrait faire concernant une possible acquisition de l’arme nucléaire par l’Iran. L’une des alternatives étudiées est l’action militaire. Cette alternative est peu probable mais elle mérite un débat public.
Il ne faut pas laisser l’Iran acquérir des armes nucléaires sous peine de déstabiliser toute la politique de la région et de compliquer la situation des États-Unis. Il faut toutefois étudier les coûts et avantages d’une action militaire. Il faut d’abord noter que l’Iran a déjà démontré qu’il peut payer un prix élevé pour assurer son intégrité territoriale. L’Iran n’est pas une construction artificielle comme l’Irak, mais une civilisation millénaire. Pacifier le pays dans le cadre d’une occupation serait encore plus difficile que pour l’Irak. Même une frappe chirurgicale sur les installations iraniennes aurait des conséquences négatives car l’Iran pourrait alors déstabiliser l’Irak et l’Afghanistan. En outre, toute attaque contre l’Iran condamnerait la politique états-unienne dans la région pour des décennies. Ce calcul coût-avantages explique pourquoi l’Union européenne cherche une solution négociée.
Il faut que les États-Unis consacrent plus d’attention aux raisons qui poussent l’Iran à vouloir se doter d’armes nucléaires : un sens extrême de la vulnérabilité. Il faut faire comprendre à l’Iran qu’il ne sera pas attaqué et que les États-Unis ne posent pas le changement de régime comme condition à la transformation des relations. De même si l’Iran prend des mesures comme l’abandon du soutien au terrorisme, il pourra être réintégré dans la communauté internationale. Il faut négocier avec l’Iran tout en maintenant la possibilité d’une attaque.

Source
Los Angeles Times (États-Unis)

« Talk It Out on Iran Before It’s Too Late », par Robert E. Hunter, Los Angeles Times, 27 août 2004.