Alors que les États-Unis tentent de convaincre le monde arabe d’adopter la démocratie, les différences ethniques et les droits des femmes, nous allons élire ici le chef de l’exécutif avec un système électoral qui a été conçu pour promouvoir l’esclavage et empêcher l’émancipation féminine.
Comme l’ont rappelé les élections de 2000, le candidat avec le plus grand nombre de voix peut échouer. La sagesse populaire veut que la composition du collège électoral serve à favoriser les petits États afin qu’ils ne soient pas oubliés. Pourtant, dans le siècle, seul trois présidents sont venus de petits États et comme dans ce système, le vainqueur emporte tous les grands électeurs, les grands États comptent énormément. Aider les petits États à être mieux représentés n’est donc pas la vraie raison. À la fondation du pays, James Madison proposa un système qui devait permettre aux États du Sud de ne pas être dépassé par le Nord. Le système prenait donc en compte trois cinquièmes de la population d’esclaves pour calculer le poids de l’État dans le collège électoral bien qu’ils n’aient aucun pouvoir. Cela eu pour conséquence de donner le pouvoir pendant 32 des 36 premières années d’existence du pays à des propriétaires d’esclaves de Virginie. Le mode de scrutin changea en 1804 avec le douzième amendement sans pour autant remettre en cause le système lié à l’esclavage. Il empêcha également la libération des femmes. Il aurait en effet été facile pour un État de doubler son poids électoral en donnant le droit de vote aux femmes, c’est pourquoi on décida plutôt de les comptabiliser dans le calcul de la population des États sans pour autant leur donner de pouvoirs politiques.
Ce système a été aboli dans tous les États pour élire les élus locaux, mais le président des États-Unis continue d’être élu selon ce mode de scrutin, sans respecter le principe « un homme - une voix ». Il faut réformer un système qui remet en cause les idéaux démocratiques que les États-Unis tentaient de promouvoir dans le monde.

Source
Los Angeles Times (États-Unis)

« The Electoral College Votes Against Equality », par Vikram David Amar et Akhil Reed Amar, Los Angeles Times, 8 septembre 2004.