Le débat interne au Parti socialiste français sur l’attitude à adopter face au nouveau traité européen a replacé la question de l’Union européenne au cœur des débats dans la presse de l’Hexagone et plus spécialement dans le pages « Débat » du journal Le Monde. Neuf parlementaires socialistes dénoncent le texte de la Convention européenne dans lequel ils voient un texte libéral qui tuera à jamais toute possibilité de construire une Europe sociale, indépendante des États-Unis. Dans le même quotidien, l’ancien député socialiste Gilbert Mitterrand dénonce l’idéalisme de ses ex-collègues et affirme que si ce texte était rejeté, il s’agirait d’un retour en arrière de vingt ans en arrière. Ce qui briserait les efforts menés pour construire une Europe politique que les socialistes européens doivent transformer en Europe sociale. Anticipant les arguments de ses camarades, l’ancien ministre des Affaires étrangères du gouvernement Jospin, Hubert Védrine avait dénoncé ce débat la veille dans les colonnes du Monde : le texte qui sera soumis à ratification n’est pas un texte politique qui change la nature de l’Europe et ce n’est même pas une Constitution. Il s’agit simplement d’un nouveau règlement intérieur des institutions européennes et il ne sert donc à rien de s’alarmer sur un texte qui ne changera pas la nature profonde de l’Union européenne. Mieux vaut se concentrer sur la construction d’une Europe puissance, approuvée et soutenue par ses propres citoyens.
A vrai dire, le débat qui agite le Parti socialiste n’est pas tant lié au « traité constitutionnel » qu’à l’évolution des relations internationales. Un certain nombre de socialistes constatent que l’Europe a perdu son indépendance avec le traité de Maastricht, un texte qu’ils ont soutenu mais qui a changé la nature de l’Union pour en faire une organisation libérale et atlantiste. Ce qui est en jeu n’est donc pas le texte qui va être soumis à ratification mais la structure même d’une organisation qui va à l’encontre des souhaits des partisans d’une Europe indépendante de l’influence de Washington. Or, justement, le traité devrait avoir un intérêt majeur aux yeux de cette tendance : son article 59 prévoit pour la première fois une possibilité de départ de l’Union européenne.
Loin de ce débat, Jan Peter Balkenende, Premier ministre néerlandais et président en exercice du Conseil européen ne considère pas la crise de confiance des Européens vis-à-vis de l’Union européenne comme une manifestation du rejet d’une organisation vassalisée et amenée à terme à faire partie d’une vaste zone euro-atlantique de libre échange. Il l’explique au contraire par un oubli des valeurs fondatrices de l’institution. Il appelle donc dans Le Figaro à un retour à ses valeurs qu’il se garde bien pourtant de définir avec précision.

Outre la question des institutions, pour que l’Europe soit indépendante, encore faut-il le pouvoir et le vouloir.
L’analyste grecque de la Rand Corporation, Katia Vlachos Dengler, analyse dans le Financial Times l’avenir de l’industrie d’armement européen, qu’elle juge peu glorieux. Pour elle, si les grandes compagnies ne fusionnent pas, elles finiront par être distancées par le complexe militaro-industriel états-unien ou avalées par lui. Toutefois, elle ne voit pas les États européen prêts à abandonner leurs entreprises nationales pour former des conglomérats européens.
De son côté, Sylvain Charat, directeur de cabinet d’Alain Madelin, pousse jusqu’à la caricature les opinions des milieux atlantistes européens dans le Washington Times. S’appuyant sur le drame de Beslan, il demande un renforcement de la guerre au terrorisme qui passe par la transformation de l’ONU en chambre d’enregistrement des décisions de la Maison Blanche, la chute des barrières douanières et la « démocratisation » des pays conquis. Le tout pour la plus grande gloire de la seule superpuissance mondiale et pour la « protection du monde libre ».

En dépit de la propagande états-unienne cherchant à convaincre le monde de la grandeur de sa démocratie, la fraude de l’élection de 2000 pousse certains États-uniens à remettre en cause le fonctionnement des institutions. Les professeurs de droit Vikram David Amar et Akhil Reed Amar demandent ainsi la disparition du système des grands électeurs et rappellent aux lecteurs du Los Angeles Times qu’il fut instauré pour bénéficier aux États esclavagistes et empêcher l’émancipation féminine. On ajoutera à cette analyse que ce système avait surtout pour objet de maintenir au pouvoir une élite économique.

Tandis que Colin Powell parle de « génocide » pour qualifier la situation au Darfour, les démocrates Richard C. Holbrooke et Jon Corzine appellent à un règlement politique de la crise et demandent un soutien de l’OTAN à l’Union africaine ainsi que le déploiement de forces dans la région. Souvent invoqués, on ne saura rien dans ce texte des « motifs politiques de la crise » auxquels les auteurs font référence. M. Corzine ne doit pourtant rien ignorer de la question puisqu’il a été président de la banque d’investissement Goldman Sachs, en lien avec les compagnies chinoises exploitant le pétrole de la région.

Enfin, Juan Carlos Lecompte, époux d’Ingrid Betancourt, détenue par les FARC en Colombie, dénonce dans Le Monde la politique du président Uribe qui, suivant aveuglément les instructions de Washington, refuse tout compromis avec les guérillas, au mépris de la vie des otages.