Les leçons de la bombe de Jakarta semblent avoir été perdues lors du dernier discours d’Irene Khan, présidente d’Amnesty International. Elle y a dénoncé l’attitude des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de l’Australie au lieu de s’en prendre aux terroristes ou aux États voyous. Pour se justifier, Irene Khan a affirmé qu’Amnesty se focalisait toujours plus sur les actions des gouvernements car l’organisation estimait que c’était à eux de changer le cours des choses.
Malgré ce qui est arrivé à l’Australie et à la Russie, Khan n’a mentionné aucun groupe terroriste. Elle n’avait pas plus mentionné la Jemmah Islamiya après les attentats de Bali en 2002. Khan estime que les gouvernements devraient adopter une politique différente, mais elle ne précise pas avec qui ils pourraient négocier. Al Qaïda a toujours été clair sur ce point : il ne négocie pas. Si les islamistes gagnaient la guerre, Khan ferait ses discours sous une burka. Les responsables religieux australiens passent également plus de temps à condamner la situation en Irak qu’à traiter des questions morales où à dénoncer le terrorisme. Comme s’il n’y avait pas autant de justification morale à combattre l’islamisme qu’il y en avait à combattre le nazisme ou le communisme ! Ces trois mouvements sont pourtant des mouvements de masse, apocalyptiques et obsédés par la mort.
Il y a toujours eu en Occident des mouvements pacifistes, mais les démocraties ont survécu parce que les gouvernements n’ont pas suivi cette tradition. L’erreur vient de la non-compréhension du fait que certaines idéologies ne croient pas au dialogue. C’est la leçon des attentats de Jakarta.

Source
The Age (Australie)

« These ideologues do not believe in a dialogue », par Gerard Henderson, The Age, 14 septembre 2004.