À l’occasion de l’ouverture de la 59e Assemblée générale de l’ONU, le secrétaire général Kofi Annan a plaidé pour l’état de droit. Se référant au plus ancien Code connu, celui d’Hammourabi, rédigé dans l’actuelle Irak, il s’est plu à souligner l’idéal universel de Justice pour mieux évoquer à demi-mot que la Coalition avait attaqué l’Irak sans mandat du Conseil de sécurité.
Pour sa part, le président des États-Unis, George W. Bush a défendu l’initiative de son pays en assurant qu’il avait agit pour que les résolutions du Conseil de sécurité ne restent pas lettre morte. Surtout, M. Bush a clairement menacé d’appliquer la même logique à la région du Darfour, avertissant ainsi la communauté internationale de ses intentions. Puis, il a plaidé pour la création d’un Fonds international de promotion de la démocratie, auquel les États-Unis se proposent d’abonder sans délai, et qui interviendrait prioritairement dans le monde musulman, matrice de tous les terrorismes. Cette proposition a soulevé le scepticisme général dans la mesure où l’on ne voit pas comment ce fonds pourrait agir sauf à interpréter le mot « démocratie » au sens de la NED/CIA. L’ONU serait alors transformée en agence d’ingérence pour le compte de Washington.
Le Premier ministre espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, s’est posé en contradicteur de M. Bush. Sur la question du Darfour, il a écarté le qualificatif de génocide et donc le devoir d’ingérence ; et soutenu le dialogue conduit par l’Union africaine. Sur la question du monde musulman, il a implicitement écarté le présupposé d’une culture arriérée productrice de violence, et a appelé l’ONU à organiser une « alliance des civilisations » et à se réinvestir dans le règlement des conflits internationaux, notamment le conflit israélo-palestinien.

Ce retour de la communauté internationale dans le conflit israélo-palestinien est aussi l’un des souhaits de Shlomo Ben-Ami, l’ancien ministre des Affaires étrangères d’Ehud Barak. Il affirme aux lecteurs d’Ha’aretz que le plan de retrait unilatéral d’Ariel Sharon va transformer Gaza en une « enclave terroriste » et que loin d’améliorer la situation pour Israël cela représentera un danger. Il préconise donc l’envoi de troupes internationales sous mandat de l’ONU pour stabiliser la région et la négociation avec les Palestiniens pour organiser ce retrait. Il demande à Sharon de s’inspirer de la façon dont s’est passé l’évacuation du Liban.
Cette évacuation du Liban n’a pourtant pas été accepté par tout le monde. Le Professeur Alan M. Dershowitz, conseiller juridique du gouvernement Sharon, n’hésite pas dans le Jerusalem Post à présenter le Liban comme un État terroriste où la Syrie règne par la terreur et le meurtre ! S’appuyant sur les malentendus de la résolution 1559 et feignant de ne pas voir le double jeu de la France dans cette affaire, il croit pouvoir affirmer que la Syrie est allé trop loin et que bientôt des sanctions pourront être prises contre elle.

L’éditorialiste atlantiste français Jean Daniel s’inquiète de la détérioration à long terme des relations entre la France et les États-Unis. Il met en garde les milieux sionistes dans l’International Herald Tribune : la sur-utilisation de l’accusation d’antisémitisme contre la France devient contre-productive, il faut revenir à un usage plus modéré de cet argument sous peine de le vider de son utilité et d’éloigner encore davantage la France des États-Unis et d’Israël.
L’affrontement entre ces pays avait éclaté suite à la Guerre d’Irak. En France, beaucoup avaient dénoncé les motifs mercantiles de cette guerre, il ne s’agissait pas pourtant de la première du genre. Neil Clark, journaliste spécialiste des Balkans, revient dans le Guardian sur une autre « guerre de libération » qui a généré des bénéfices : la Guerre du Kosovo. L’auteur rappelle que loin des raisons invoquées pour justifier l’intervention et emporter l’adhésion des populations européennes, cette guerre a été mené pour s’emparer du dernier pays d’Europe à avoir résisté au pillage de ses ressources par les pays occidentaux. Aujourd’hui, Européens et États-uniens peuvent faire une razzia sur les riches sous-sols kosovares après avoir pris possession de l’industrie serbe.

Enfin, à l’approche des débats budgétaires, l’ancien sénateur républicain Malcolm Wallop poursuit dans le Washington Times la campagne en faveur des industries états-uniennes dans les achats de matériel militaire qu’il mène avec Oliver North. Cette fois ci, il s’indigne de la possibilité qu’une firme italienne puisse emporter le contrat d’équipement du parc d’hélicoptère de la Maison-Blanche : si les États-Unis veulent rester la première puissance militaire, ils doivent éviter tout transfert technologiques vers des alliés « peu fiables ».