C’est un honneur pour moi de m’adresser à cette Assemblée générale car les États-Unis respectent les hommes et les femmes de l’ONU qui défendent la paix et les Droits de l’homme dans chaque région du monde. Bienvenue à New York, et bienvenue aux États-Unis d’Amérique.
Après trois années de temps tragiques pour mon pays, nous sommes aujourd’hui dans une période de possibilités extraordinaires pour l’ONU et pour toutes les nations pacifiques. L’ONU et mon pays partagent des valeurs communes, inscrites dans la déclaration universelle des Droits de l’homme et la Déclaration d’indépendance. Ces deux textes affirment que la nette ligne de démarcation entre la justice et l’injustice - entre le Bien et le Mal - est la même à chaque époque, dans chaque culture et dans chaque nation. Les gouvernements avisés défendent également ces principes pour des raisons très pratiques et réalistes car chaque nation amoureuse de la paix profitera des dividendes d’un monde plus libre. Chaque nation avide de paix a le devoir d’aider à bâtir ce monde. À l’aube de ce siècle, notre monde a besoin d’une nouvelle définition de la sécurité qui tienne compte du progrès des droits de l’humanité. Au contraire, les terroristes et leurs alliés s’attaquent à ces droits et sont prêts à tout pour cela, le drame de Beslan l’a montré. Nous sommes résolus, avec nos alliés à qui nous sommes reconnaissants, à détruire les réseaux terroristes, à mettre fin à la tutelle qu’offrent certains États au terrorisme, à prévenir la prolifération des armements et à faire respecter les exigences du monde.
Mon pays est reconnaissant envers les soldats des nombreux États qui nous ont aidés à délivrer le peuple irakien de la férule d’un dictateur hors-la-loi. En 1991, il s’était engagé à respecter entièrement toutes les résolutions de l’ONU, mais il s’est moqué de ces textes et le Conseil de sécurité a finalement promis que cette attitude aurait des conséquences graves. Les engagements que nous prenons doivent avoir une signification et c’est pourquoi une coalition d’États est intervenue pour faire respecter les justes exigences du monde.
Parce qu’ils croient en la dignité de l’homme, l’Amérique et de nombreux autres pays ont établi un Fonds mondial afin de lutter contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Parce qu’ils croient en la dignité de l’homme, l’Amérique et de nombreux autres pays ont uni leurs efforts pour affronter le fléau qu’est la traite des être humains. Parce que nous croyons en la dignité de l’homme, nous devrions prendre très au sérieux la protection de la vie contre l’exploitation, quel qu’en soit le prétexte. Parce qu’ils croient en la dignité de l’homme, l’Amérique et de nombreux autres pays ont changé leur façon de lutter contre la pauvreté, d’entraver la corruption et d’apporter une aide. Parce qu’ils croient en la dignité de l’homme, l’Amérique et de nombreux autres pays ont pris des mesures pour atténuer le fardeau écrasant de la dette des pays en voie de développement. Parce qu’il croit en la dignité de l’homme, le monde doit avoir des moyens plus efficaces pour stabiliser les régions en proie aux troubles, mettre fin à la violence à motif religieux et stopper le nettoyage ethnique. À ce titre, les États-Unis et l’Italie ont proposé une Initiative mondiale sur les opérations de paix : les pays du G8 formeront 75.000 soldats pour le maintien de la paix, originaires d’Afrique au début, de façon à ce qu’ils puissent monter des opérations sur ce continent et ailleurs. À l’heure actuelle, il y a un génocide au Darfour. Les États-Unis ont joué un rôle clé lorsqu’il s’est agi de négocier un cessez-le-feu et fournissent une aide humanitaire au peuple soudanais. Le Rwanda et le Nigeria ont déployé des forces afin d’aider à améliorer la sécurité et le Conseil de sécurité a adopté une nouvelle résolution qui appuie l’élargissement d’une force de l’Union africaine. Je demande instamment au gouvernement du Soudan de respecter le cessez-le-feu qu’il a signé et d’arrêter la tuerie au Darfour.
Enfin, parce qu’elles croient en la dignité de l’homme, les nations pacifiques doivent appuyer les progrès de la démocratie, le système qui protège le plus les droits des individus. Lorsqu’il s’agit du désir de liberté et de justice, il n’y a pas de conflit de civilisation, tous les peuples sont capables d’avoir la liberté et méritent la liberté. Arriver à la liberté prend du temps mais elle est en train de se frayer un chemin en Afghanistan et en Irak, là où, il y a peu, des régimes dévoyés menaçaient la paix et parrainaient les terroristes. Les Afghans vont bientôt pouvoir voter et l’Irak a retrouvé sa souveraineté. Il est représenté ici par son Premier ministre Iyad Allaoui. L’Irak fait encore face toutefois à des attaques de groupes terroristes qui s’en prennent à des innocents, les forces de la Coalition en Irak affrontent les terroristes et les combattants étrangers avec les forces irakiennes afin que les nations pacifiques du monde n’aient jamais à les affronter à l’intérieur de leurs propres frontières. 35 pays participent à la reconstruction de l’Irak et en payent le prix. Ces deux pays seront un modèle pour le « Grand Moyen-Orient », cette région où des millions d’êtres humains se voient privés de leurs droits fondamentaux et où trop longtemps, l’oppression a été tolérée au nom de la stabilité. La réforme démocratique de la région est essentielle à la résolution du conflit israélo-palestinien, un dossier dans lequel nous avons subi des revers mais la « feuille de route » est encore applicable si ceux qui aspirent à diriger un nouvel État palestinien adoptent les moyens pacifiques de faire triompher les droits de leur peuple et de créer les institutions réformées d’une démocratie bien assise. Les États arabes doivent mettre fin aux provocations de leurs propres médias, cesser de financer le terrorisme et établir des relations normales avec Israël. Israël, pour sa part, doit imposer le gel des implantations et démanteler les colonies illégales.
Je suis persuadé que la voie de la liberté est le chemin qui mène à un monde meilleur et plus sûr. Aussi je propose aujourd’hui la création, au sein des Nations unies, d’un Fonds pour la démocratie. Ce fonds aiderait les pays à poser les fondements de la démocratie en instituant un État de droit doté de tribunaux indépendants, d’une presse libre, de partis politiques et de syndicats de travailleurs. Les États-Unis y verseront une contribution initiale et j’invite les autres pays à y contribuer également car ensemble nous pouvons accomplir de grandes choses. Je crois au pouvoir transformateur de la liberté.
Que Dieu vous bénisse.

« President Speaks to the United Nations General Assembly », par George W. Bush. Version française intégrale disponible sur le fil diplomatique du Réseau Voltaire.