La recommandation d’un groupe de députés britanniques pour l’amorce d’un dialogue avec le Hamas illustre les répercussions, au Royaume-Uni et en Europe, de la libération du journaliste de la BBC, Alan Johnston, après les fortes pressions exercées sur les ravisseurs par le mouvement islamiste palestinien. D’autres indicateurs laissent penser qu’une transformation est en train de s’opérer dans la position d’un certain nombre de pays à l’égard du Hamas, que les États-Unis, Israël et l’Autorité palestinienne tentent d’isoler.
Dans ce cadre, un des principaux chefs historiques du Fatah, Hani el-Hassan, est attendu en Cisjordanie. M. el-Hassan avait fait assumer à un courant au sein de son organisation la responsabilité des combats inter-palestiniens qui se sont terminés par la prise de contrôle de Gaza par le Hamas. En parallèle, le cabinet de crise de Salam Fayyad a lancé une campagne destinée à ramasser les armes des Résistants, même ceux qui font partie des Brigades al-Aqsa, la branche armée du Fatah, qui fait face aux côtés du Hamas aux incursions israéliennes.
Les hésitations de l’Arabie saoudite à se ranger résolument aux côtés de Mahmoud Abbas, et les appels égyptiens à un dialogue entre le Hamas et le Fatah, montrent aussi que le dossier palestinien va faire l’objet de développements importants dans la période à venir. Mais les États-Unis sont intervenus auprès de Riyad et Le Caire afin de retarder leurs éventuelles démarches afin qu’Israël puisse tester ses plans d’attaque destinés à briser les mouvements de résistance dans la Bande de Gaza.

Presse et agences internationales

 L’agence de presse allemande a rapporté que le secrétaire général de Ligue arabe, Amr Moussa, est attendu en Arabie saoudite et en Syrie, dimanche prochain. Les entretiens avec les dirigeants de ces deux pays porteront sur les développements en Palestine et au Liban, et sur les moyens de relancer l’initiative de paix arabe.

 Les informations en provenance de Téhéran affirment que le chef de la diplomatie iranienne, Manouchehr Mottaki, a eu un entretien téléphonique avec son homologue saoudien, le prince Saud bin Faisal. La conversation a porté sur la situation en Palestine et au Liban et sur l’évolution des relations bilatérales.

 Le chef d’état-major des armées françaises, Jean-Louis Georgelin, s’est dit inquiet du programme nucléaire iranien, précisant qu’il ne détenait pas d’informations sur une éventuelle attaque américaine contre l’Iran. Le général français a par ailleurs qualifié la situation en Irak quatre ans après l’invasion états-unienne d’« anarchie totale ». Il a rejeté les arguments de Washington selon lesquels une démocratie a été établie à la place de la dictature de Saddam Hussein.

 Les journaux turcs ont rapporté des mises en garde adressées par le ministre des Affaires étrangères, Abdullah Gül, aux États-Unis, au cas où ils appuyaient le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Le ministre a affirmé que si Washington soutient le PKK, l’alliance avec Ankara recevrait un coup « fatal ». Gül a ajouté que son gouvernement surveillait de près les développements qui s’accélèrent à ce niveau et prenait toutes les mesures politiques, économiques et sécuritaires pour y faire face. Il a d’autre part réitéré ses critiques à l’encontre des États-Unis qui se dérobent pour ne pas coordonner leurs actions avec la Turquie dans sa guerre contre le PKK séparatiste. « S’il est prouvé que l’armée américaine apporte un soutien au PKK, l’alliance stratégique avec la Turquie recevrait un coup fatal », a-t-il averti.

HAMCHARI (LE CITOYEN, QUOTIDIEN IRANIEN)
Lors des discussions entre Iraniens et États-uniens, ces derniers ont présenté une liste de demandes interminables. Le porte-parole du Département d’État, Sean Macormack, a déclaré que Washington « souhaitait voir un changement dans l’attitude de l’Iran, ce qui n’est toujours pas le cas ». Les négociations avec les États-uniens sont un piège dans lequel il ne faut pas tomber.

Presse arabe

 Les principaux journaux arabes se sont longuement étendus sur les graves développements en Palestine, notamment dans la Bande de Gaza, où les Israéliens on encore perpétré un massacre qui a fait 11 morts et 26 blessés dans les rangs des résistants palestiniens. Pendant ce temps, le Fatah et le Hamas se livrent à des polémiques inutiles sur le congé hebdomadaire et le sabotage des séances du Parlement palestinien. Le chef du Cabinet de crise, Salam Fayyad, a renouvelé sa détermination à pourchasser les résistants en Cisjordanie qu’il a qualifié d’ « adversaires » . Il a demandé à Israël de ne plus s’en prendre aux résistants car cela est du ressort de son gouvernement.

AL-KHALEEJ (QUOTIDIEN EMIRATI)
 Paris s’est transformé ces derniers temps en plate-forme diplomatique importante pour le Moyen-Orient. Les visiteurs de la capitale française souhaitent connaître la vision du nouveau président, Nicolas Sarkozy, concernant les différents dossiers de la région, de l’Iran au Liban, en passant par l’Irak et la Palestine. La France se prépare à lancer des initiatives dont on ne connaît pas encore les contours dans diverses directions pour tenter de décrisper la situation au Moyen-Orient.

 Le monde dans lequel vit le président états-unien George Bush est différent de la réalité dans laquelle évoluent les événements et les personnages. Les promesses de victoires et les illusions du président US l’isolent de ce qui se passe autour de lui. Cette bulle illusoire a commencé à disparaître après que ses principaux conseillers et adjoints aient réalisé que plus ils croient en la victoire, plus celle-ci s’éloigne. La crainte est si M. Bush n’a toujours pas compris qu’il vivait dans une bulle et continue à prendre ses rêves pour des réalités. Cette manie a coûté cher à l’Irak et à son pays.

AL-BAYAN (QUOTIDIEN EMIRATI)
La libération du journaliste britannique de la BBC, Alan Johnston, sert les intérêts nationaux palestiniens, de même que le fait d’épargner aux journalistes les dangers sert la cause juste. Le soulagement enregistré en Grande-Bretagne, au Moyen-Orient ou en Occident en général ne s’est malheureusement pas reflété sur la scène palestinienne où les échanges d’accusations entre le Hamas et le Fatah se sont poursuivis.

AL-WATAN (QUOTIDIEN SAOUDIEN)
La destruction de l’économie de Gaza ne fera que renforcer le pouvoir des extrémistes qu’Israël prétend vouloir combattre. Aussi, l’État hébreu ne récoltera-t-il que davantage d’actions militaires dirigées contre lui. Les territoires occupés seront le théâtre d’une anarchie sécuritaire sans précédent qui pourrait s’étendre à d’autres pays arabes qui accueillent des rassemblements importants de palestiniens.

Tendances et évènements au Liban

Les polémiques continuent de plus belle au Liban sur les perspectives de la période à venir, tandis que les préparatifs de la rencontre inter-libanaise de La Celle Saint-Cloud se poursuivent. Pendant ce temps, il semble que le président de la République, Emile Lahoud, prendra une mesure constitutionnelle dont il est le seul à connaître la nature au cas où la crise actuelle ne trouve pas un dénouement avant la fin de son mandat, le 24 novembre prochain.
Il est désormais certain que les principaux ténors de l’opposition sont tombés d’accord sur le principe de la formation d’un nouveau gouvernement à la suite de concertations intensives menées récemment. Mais le débat se poursuit sur le timing le plus adéquat d’une telle mesure. Dans ce cadre, des informations assurent que des consultations urgentes se déroulent entre les chefs de l’opposition pour dégager un consensus à ce sujet. Le but étant d’établir un agenda commun qui ne serait pas une réaction aux démarches que pourraient prendre le pouvoir, mais un programme exhaustif en bonne et due forme. Il est évident que l’opposition ne fermera pas la porte à un éventuel compromis avec le 14-mars avant la date de l’élection présidentielle qui doit avoir lieu, selon la Constitution, entre le 25 septembre et le 23 novembre. Un scrutin que le pouvoir souhaite organiser même sans le quorum des deux tiers des députés requis par la Constitution.
Pendant ce temps, le gouvernement de Fouad Siniora tente de réparer les dégâts provoqués par le communiqué des évêques maronites qui constitue un désaveu franc et direct de nombreuses politiques et décisions prises ces derniers mois par l’équipe au pouvoir.
Sur un autre plan, le silence complice du 14-mars à l’égard des agissements de type colonial des États-Unis au Liban vont le discréditer davantage auprès de l’opinion publique. C’est ainsi que les milieux du gouvernement n’ont pas réagi à la décision de George Bush d’interdire l’entrée aux USA de plusieurs personnalités politiques libanaises. De même qu’ils se sont tus après la campagne de dénigrement de l’ambassadeur US à Beyrouth, Jeffrey Feltman, contre le Hezbollah, qui est pourtant un parti politique représentatif et représenté au Parlement. Feltman a assuré que le gouvernement libanais ne rétablirait pas ses contacts avec la Syrie, décidant à la place des autorités libanaises de ce qu’elles devaient faire. Personne n’a réagi à cette flagrante ingérence dans les affaires internes d’un pays souverain.

Talk-shows audiovisuels libanais

LBC (FORCES LIBANAISES, 14-MARS)
Emission Tout le monde en parle
Jeffrey Feltman, ambassadeur des États-Unis à Beyrouth
Il est important de trouver une solution politique à la question des armes du Hezbollah. La résolution 1559 du Conseil de sécurité s’inspire et complète à plus d’un niveau l’accord de Taëf (qui a mis fin à la guerre civile libanaise).
Il y a une chance pour le Hezbollah de répondre favorablement au conseil du secrétaire général des Nations unies qui l’a invité à intégrer le processus politique, ce qui permettrait de renforcer l’État libanais, seul habilité à défendre le Liban. De la sorte, le Hezbollah restera un joueur politique de premier plan, en raison des services sociaux qu’il a offert.
Le prochain président de la République ne doit pas nécessairement avoir de mauvaises relations avec la Syrie. L’élection présidentielle aura lieu à la date prévue par la Constitution. Elle pourrait être précédée par la formation d’un gouvernement d’union nationale.
Les États-Unis ont augmenté cette année leur aide à l’armée libanaise qui atteint désormais 260 millions de dollars. Il ne s’agit pas de prêts ou de dettes à rembourser. Cette assistance est essentiellement consacrée à l’entraînement, aux équipements et aux munitions.
Il existe des canaux de contacts entre Damas et Washington.

Informations relatives au Liban

 Les analystes ont relevé des divergences significatives entre le 14-mars et le patriarcat maronite qui a sévèrement critiqué des récentes mesures gouvernementales comme l’adhésion du Liban à la Charte de l’enfant musulman, les ventes massives de terrains à des ressortissants du Golfe, et la suppression du congé du Vendredi Saint. Ce changement est important car la patriarcat a constitué une des principales ombrelles politiques pour le gouvernement Siniora. Mais l’Église maronite estime que le pouvoir libanais a porté atteinte au délicat équilibre communautaire et national.

 Le chef du bloc parlementaire du Hezbollah, Mohammad Raad, a estimé que l’élection d’un président de la République en violation des règles constitutionnelles (c’est à dire à la majorité absolue et non pas au quorum des deux tiers) pourrait avoir de graves répercussions. Il a assuré que le Hezbollah déploie de sérieux efforts pour sortir le Liban du tunnel et la crise et lui permettre de prendre la voie de la véritable souveraineté. Le député a d’autre part réitéré son soutien à l’armée libanaise dans sa bataille contre les intégristes de Fatah al-Islam dans le camp de Nahr el-Bared. Mais il a appelé a mettre un terme à cette « mascarade » et à présenter devant la justice ceux qui sont responsables des massacres contre l’armée. Il a enfin estimé que le 14-mars est incapable de gouverner le pays et a fait preuve d’une totale incompétence sur les plans politique, sécuritaire et économique.

 L’affaire de la disparition de l’imam chiite Moussa Sadr lors d’un voyage en Libye, en 1978, est revenue sur le devant de la scène. Le juge chargé d’instruire cette affaire, Samih el-Hage, a décidé de convoquer pour interrogatoire une quinzaine de responsables libyens, dont des ministres et des officiers supérieurs. Il s’agit entre autres d’Abdel Salam Jalloud, d’Abdel Salam Treiki, de l’ancien ambassadeur de Libye à Beyrouth, Achour el-Fourtas. L’ambassadeur de Mauritanie à Tripoli à l’époque des faits, Mohammad Weld Dada, a également été convoqué. Si toutes ces personnes ne se présentent pas devant le tribunal, elles seront jugées par contumace.
Moussa Sadr, fondateur du Mouvement Amal aujourd’hui dirigé par le président du Parlement Nabih Berri, a disparu en compagnie de ses deux compagnons, cheikh Mohammad Yaacoub et le journaliste Hassan Abbas.