Il semble que l’Afghanistan post-taliban, en plus d’être redevenu un narco-État tiraillé entre différents chefs de guerre, soit en train d’être converti en grande base stratégique dont l’accès est, par la force des choses, très limité. Compte tenu des antécédents de l’armée, des services et sous-traitants états-uniens en matière de trafic de drogue (affaire Iran-contra) ainsi que de l’importance du trafic international des drogues pour la stabilité des marchés boursiers, la situation de ce pays n’en est que plus qu’inquiétante. Pour preuve Peter Bergen, qui est l’un des principaux architectes médiatiques du mythe Al Qaïda, doit se livrer à un véritable exercice de contorsion rhétorique dans sa tribune publiée par le New York Times et l’International Herald Tribune afin de défendre la propagande de George W. Bush sur les avancées du pays. Tout d’abord, Bergen y évoque un voyage dans la ville de Kandahar, ancien fief des Taliban qui est logiquement devenue une vitrine de la victoire coalisée. Cette ville, comme Kaboul, n’est certainement pas représentative du reste du pays où Bergen, comme désormais les journalistes et travailleurs humanitaires, n’ose d’ailleurs pas mettre les pieds. En outre on pourrait lui rétorquer que si les conditions économiques s’améliorent, c’est grâce à l’exportation des drogues qui génère plus de 50 % du PIB national.
Effectivement, ironise Alexander Thier dans les mêmes quotidiens, on ne peut constater de succès en Afghanistan qu’à l’aune de l’échec intégral en Irak.

Sur la question des otages en Irak, deux responsables de Reporters sans frontières, Robert Ménard et Pierre Veilletet, implorent une mobilisation que des informations contradictoires ont dégonflé. Pour cela ils dénoncent avec justesse les opérations militaires états-uniennes qui visaient à saper les négociations pour une issue heureuse, sans pour autant mener leur réflexion à son aboutissement logique. En effet ces opérations ne pouvaient être destinées à punir la France pour ses tentatives d’avoir recours à des organisations telles que le Hezbollah pour la médiation, qui auraient pu aboutir de toutes façons. Elles dévoilaient plutôt l’identité des véritables commanditaires de la prise d’otages, qui cherchent à isoler le pays des regards extérieurs hostiles à l’occupation pour mieux l’exploiter et en faire leur base permanente et station-service attitrée au Moyen-Orient.

Dans le Nouvel Observateur, Lionel Jospin entend remettre dans le droit chemin son parti qui est sur le point de se déliter sur la route de l’Europe. Commençant par défendre un bilan qui va vraisemblablement le hanter pour longtemps encore, il enchaîne en expliquant que si l’Europe prend une direction libérale, c’est parce que précisément le courant libéral était représenté parmi les fondateurs, mais que malgré tout son orientation reste à définir. Dans une subtile inversion de la réalité, il réclame pourtant face aux États-Unis l’unité qui est précisément minée par le projet actuel. Il sollicite ensuite l’intérêt partisan de ses camarades en brandissant la menace d’isolement, les priant au passage de ne pas faire du vote interne au Parti socialiste un référendum sur Jacques Chirac. Les dirigeants du Parti socialiste ont visiblement renoncé à attendre de ses militants qu’ils réfléchissent.

Enfin, le fondamentaliste chrétien Newt Gingrich s’adresse dans le Washington Times à ses confrères républicains pour les mettre en garde au sujet de l’affaire du Serment d’allégeance. Si une bataille vient d’être gagnée par le rejet du dossier de Michael Newdow, leur explique-t-il en somme, la Cour suprême a laissé une porte entrouverte pour de futures attaques contre la théocratie états-unienne en devenir. Il les exhorte donc à voter pour le texte de contre-attaque, dans ce qui rappelle ironiquement les premiers combats à propos de la laïcité en France.