Emboîtant le pas aux déclarations de Silvio Berlusconi, en septembre 2001, sur la « supériorité de la civilisation occidentale », deux autres figures de la droite européenne viennent de s’approprier coup sur coup le discours de leurs extrêmes. Lors de sa leçon inaugurale à l’université de Georgetown où il est professeur invité, l’ancien Premier ministre espagnol José Maria Aznar s’est ainsi référé au début de la reconquista pour expliquer les attentats du 11 mars dernier à Madrid : « Le problème d’Al Qaïda avec l’Espagne a commencé il y a mille trois cent ans, au début du VIIIe siècle, quand l’Espagne refusa d’être une partie supplémentaire du monde islamique après avoir été conquise par les Maures. ». Les musulmans seraient donc des ennemis héréditaires que l’on avait oubliés.
De son côté, l’actuel Premier ministre français Jean-Pierre Raffarin s’est fendu dans le Wall Street Journal d’une déclaration qui pose la question de l’intégration de la Turquie dans l’Union européenne en termes de préjugés religieux : « Est-ce que nous voulons que la rivière de l’islam se jette dans le lit de la laïcité ? ». Or la Turquie est un État laïc dirigé par un parti démocrate-musulman, qui ne remet pas plus en cause la laïcité que les démocrates-chrétiens français de M. Bayrou.