L’administration Bush espérait que le changement de régime en Irak stimulerait les changements démocratiques au Moyen-Orient, mais on constate au contraire que les réformes dans la région sont en retrait. Cela est dû à l’antipathie pour les États-Unis qu’a engendrée l’invasion de l’Irak. Toute association, même lointaine avec les objectifs affichés de démocratisation promus par les États-Unis peut suffire à délégitimer un groupe.
C’est ainsi que Khatami a pu être neutralisé en Iran grâce à cet argument. Avec lui, c’est le mouvement de réforme le plus riche intellectuellement et le plus dynamique qui a été neutralisé. La violence et l’instabilité qui a accompagné la « démocratisation » de l’Irak a choqué la population iranienne et l’a fait douter de la pertinence des changements radicaux. Les Iraniens veulent un changement, mais un changement qui vient de l’intérieur. Les invasions d’Afghanistan et d’Irak ont donné aux conservateurs une opportunité parfaite de démobiliser la population sur ce thème et ce d’autant plus facilement que les États-Unis se montraient menaçants.
Il faut cesser de brocarder l’Iran et le laisser évoluer. C’est par la multiplication des échanges commerciaux et culturels que l’Iran changera. Les États-Unis ont commis une erreur tragique en renversant Mossadegh, il y a 51 ans. Il ne faut pas renouveler la même erreur en organisant une nouvelle politique de « changement de régime ».

Source
Los Angeles Times (États-Unis)

« Democracy in Retrograde », par Hadi Semati, Los Angeles Times, 24 septembre 2004.