Tendance et événements régionaux

La poursuite des incursions israéliennes dans la Bande de Gaza et des assassinats de chefs de la résistance palestinienne, bénéficie désormais d’une couverture politique états-unienne sans équivoque. Certains pays arabes satellite des États-Unis se sont aussi rangés derrière Washington, invoquant le soutien à la « légitimité palestinienne », incarnée par l’Autorité dirigée par Mahmoud Abbas, depuis que le Hamas a fait avorter la tentative de coup d’État préparée et exécutée par les services de sécurité palestiniens. Tous les jours, de nouvelles preuves et documents viennent étayer les informations sur le rôle des Israéliens et des États-uniens —via l’ancien conseiller de Abbas, Mohammad Dahlan— dans les combats qui ont secoué Gaza, la première moitié de juin, et qui se sont terminés par la défaite de services de sécurité face aux troupes du Hamas.
Tous les jours, des Palestiniens tombent sous les balles israéliennes, tandis que le blocus total de la Bande de Gaza se poursuit sans perspective d’avenir pour le million et demi de Palestiniens vivant dans cette immense prison.

Presse et agences arabes internationales

• Le Soudan a accepté la résolution 1769 sur le déploiement d’une force conjointe de l’Onu et de l’Union africaine au Darfour. « Nous annonçons notre acceptation de la résolution », a déclaré le ministre des Affaires étrangères Lam Akol à la presse au lendemain du vote de la résolution prévoyant l’envoi de 26 000 soldats et policiers au Darfour.
« Nous annonçons également notre engagement à appliquer la partie qui nous concerne » dans les dispositions de la résolution, a ajouté le ministre.
Il a justifié l’acceptation de son pays de la résolution, votée à l’unanimité des membres du Conseil de sécurité, par plusieurs faits dont celui qu’« elle a répondu à plusieurs des réserves et des préoccupations du Soudan ».
Selon lui, le texte ne fait pas mention du chapitre VII de la charte de l’Onu, ne prévoyant l’usage de la force qu’« en cas de légitime défense » et de « protection des civils dans les zones en conflit sans atteindre à la souveraineté du Soudan ».
Le texte de la résolution a été remanié à plusieurs reprises avant d’être voté mardi afin de le rendre acceptable pour Khartoum, mais l’ambassadeur des États-Unis à l’Onu, Zalmay Khalilzad, a menacé le Soudan de sanctions au cas où il ne coopérerait pas à sa mise en oeuvre.

• Des diplomatiques à Londres s’inquiètent des efforts entrepris par la Russie pour explorer le fond marin au pôle Nord à la recherche de gaz et de pétrole, ce qui risque de provoquer une ruée vers l’hydrocarbure dans cette région encore vierge mais très convoitée.
 Ces mises en garde interviennent alors qu’un sous-marin de poche, emportant des explorateurs russes, a atteint le fond de l’océan Arctique, à 4 261 mètres sous le pôle Nord, au terme d’une expédition annoncée comme pionnière par les Russes.
« Le sous-marin Mir-1 a réussi à atteindre le fond de l’océan Arctique à une profondeur de 4261 mètres », a annoncé la chaîne de télévision russe Vesti 24 qui dispose d’un journaliste en surface, sur le bateau Akademik Fedorov.
Les explorateurs, deux députés et un scientifique russes, ont mis deux heures à descendre dans les eaux de l’océan Arctique. Après une pause à 1300 mètres pour tester la résistance du bathyscaphe, ils se sont enfoncés jusqu’au fond de la mer, une première selon eux.
Une seconde équipe, à bord du Mir-2, a ensuite atteint le fond.
L’équipage doit mener des expériences scientifiques, planter un grand drapeau russe en titane sur le fond marin et laisser une capsule contenant un message pour les générations futures.
Concrètement, les deux mini sous-marins Mir (« Paix ») sont munis d’un bras mécanique qui doit prendre des échantillons du fond marin et de l’eau. Les explorateurs doivent également faire des vidéos et prendre des photos.
L’expédition était partie le 24 juillet de Mourmansk, une ville portuaire sur la mer de Barents. Deux bateaux russes, le navire de recherche Akademik Fedorov et le brise-glace à propulsion nucléaire Rossia qui l’escorte, ont été appareillés pour cette mission aux visées scientifiques, mais aussi politiques.
« Toucher le fond à une telle profondeur, c’est comme faire le premier pas sur la lune », avait déclaré le vice-président de la Douma, Artour Tchilingarov, qui dirige l’expédition, cité par l’agence Ria Novosti.
Au-delà de l’intérêt scientifique, l’expédition Arctique 2007 entend rappeler les visées russes sur le contrôle de ces territoires, disputés avec d’autres pays, dont les États-Unis, et qui pourraient être riches en pétrole et en gaz. Selon le US Geological Survey, l’agence gouvernementale scientifique spécialisée dans les hydrocarbures, 25 % des ressources mondiales de pétrole se trouvent au nord du cercle polaire.
Avant de partir pour le pôle, Artour Tchilingarov avait estimé que l’expédition aiderait la Russie à avancer dans la revendication de ces régions. « L’Arctique est à nous et nous devrions y montrer notre présence », avait-il déclaré.
Les scientifiques espèrent pouvoir établir qu’une partie du fond sous-marin passant par le pôle Nord, connu sous le nom de « dorsale Lomonossov », est en réalité une extension géologique de la Russie et que Moscou pourra la revendiquer dans le cadre de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer.

BBC (RADIO BRITANNIQUE)
Dans une interview accordée au correspondant de la radio au Caire, le secrétaire général de la Ligue arabe a expliqué ce qui s’était passé lors du dernier Conseil ministériel arabe consacré à l’examen de la proposition de George Bush de convoquer une conférence internationale sur le Moyen-Orient à l’automne prochain. Les débats avaient été qualifiés par la presse de houleux. Amr Moussa a indiqué que le délégué de la Syrie a exprimé des réserves sur le paragraphe concernant le processus de paix dans le communiqué final. Autre sujet de discorde, la question palestinienne. Fallait-il adopter ou reporter une résolution à ce sujet jusqu’à la publication des conclusions de la commission d’information désignée par la Ligue arabe sur les événements entre le Fatah et le Hamas à Gaza ? Il a finalement été décidé de reporter la résolution à la prochaine réunion qui doit avoir lieu en septembre.

AL-WATAN (QUOTIDIEN SAOUDIEN)
Le journal a consacré sa manchette et un éditorial à la réunion arabo-états-unienne de Charm al-Cheikh où les États-Unis se sont dits prêts à faire face à tout danger qui menacerait n’importe quel État du Golfe. Pourquoi le souci des États de la région d’assurer leur stabilité provoque-t-il un tel tollé ? s’interroge le quotidien.
La sécurité du Golfe fait face à de dangereux défis. Après l’effondrement du régime de (l’ancien président irakien) Saddam Hussein, certains étaient soulagés de la disparition de la menace stratégique qui venait d’Irak. Mais cette attitude était une erreur. Le danger persiste, et certains États n’ont pas manqué de brandir la menace de brûler toute la région. Un pays a même demandé que l’on reconnaisse son rôle régional (allusion à l’Iran, ndlr), c’est-à-dire son droit à s’ingérer dans les affaires des autres États. Personne n’imaginait que l’extrémisme politique atteindrait les limites de la protestation contre la volonté des des pays du Golfe de renforcer leurs capacités défensives, ce qui est une décision purement souveraine. Cette attitude arrogante illustre les mauvaises intentions de certains qui refusent de coopérer pour assurer la sécurité et la stabilité de la région.

AL-SHARQ AL-AWSAT (QUOTIDIEN SAOUDIEN)
• Dans un article écrit de Washington reprenant de grands journaux américains, le quotidien indique que la presse internationale et les médias font appel à des correspondants professionnels, dont des États-uniens et des Européens, pour couvrir sur le terrain les événements en Irak. Ces correspondants sont souvent secondés par des journalistes irakiens qui s’aventurent dans les régions les plus chaudes. Malgré cela, il est difficile de savoir avec précision ce qui se passe réellement en Irak. Dans ce cadre, l’hebdomadaire US The New Republic a surpris ces lecteurs ces dernières semaines en faisant appel, pour couvrir l’Irak, à quelqu’un ne venant pas du monde du journalisme. Les écrits de cette personne ne ressemblent à aucun genre journalistique. Elle se contente de reproduire d’une manière spontanée ce qu’elle voit. Les articles de ce non-journaliste ont eu un succès fou et depuis, d’autres journaux ont repris l’idée.
• Dans un autre article, ce même hebdomadaire fait état d’une lutte sourde pour le pouvoir entre le fils du leader libyen Seif al-Islam Kadhafi et l’ancienne garde des « comités révolutionnaires ».
Seif al-Islam a exprimé son « étonnement » après la campagne de protestation lancée par les autorités libyennes après la décision de Sofia d’amnistier et de libérer les infirmières bulgares accusées d’avoir inoculé le virus du sida à 426 enfants libyens. Le fils de Moammar Kadhafi avait dit que l’amnistie était une mesure attendue depuis longtemps par les autorités libyennes. Seif al-Islam a haussé le ton contre la vieille garde qui jouit pourtant de la confiance de son père. « Nous en Libye, nous avons inventé cette histoire. (Ils) ont contraint les Bulgares à avouer quelque chose. Ensuite, nous avons eu un récit et un complot et nous nous sommes empêtrés dans un dossier qui a nécessité huit ans avant d’être dénoué », a-t-il dit.

Audiovisuel arabe

AL-JAZEERA (CHAINE QATARI)
Le principal journal du soir
 Invité : Saoud al-Fayçal, ministre saoudien des Affaires étrangères
L’Arabie saoudite va participer à la conférence de paix pour le Moyen-Orient convoquée par le président George Bush.
L’Arabie saoudite a entendu de (la secrétaire d’État) Condoleezza Rice des explications et des éclaircissements sur la conférence. Riyad estime que cette initiative comporte de nombreux éléments importants et positifs sur le caractère global de la solution au conflit (israélo-arabe), sur l’édification d’un État palestinien viable et dont toutes les régions seraient reliées géographiquement entre elles, et sur le démantèlement des colonies israéliennes. Ces éléments rejoignent le contenu de l’initiative de paix arabe réactivée lors du sommet de Riyad.
Le but de l’armement de l’Arabie saoudite est strictement défensif. Il s’agit de défendre le royaume et ses habitants. L’Arabie joue un rôle pacificateur et elle n’est pas agressive.

TENDANCES ET ÉVÉNEMENTS AU LIBAN

Après l’échec des dernières médiations entre le général Michel Aoun (opposition) et l’ancien président Amine Gemayel, le Liban a rendez-vous dimanche avec des élections partielles. C’est surtout celle du Metn (est de Beyrouth) qui déchaîne toutes les passions.
L’image définitive du paysage politique dans le Metn s’est complétée après que la machine électorale du député Michel Murr (un des principaux alliés de Michel Aoun) se soit activée aux côtés de celles du Courant patriotique libre (CPL de Michel Aoun) et du grand parti arménien Tachnag (également l’allié du général Aoun). Les différents partis du 14-mars (Le pouvoir libanais) ont également mobilisé leurs partisans pour soutenir le candidat du parti Kataëb, Amine Gemayel. Tous les ingrédients sont donc réunis pour une confrontation électorale qui s’annonce extrêmement rude entre les candidats du pouvoir et de l’opposition.
La tension et les frictions entre les militants des deux bords laissent craindre le pire. Dans ce cadre, l’armée libanaise a annoncé le déploiement dans le Metn de deux brigades (environ 6 000 hommes) pour garantir la sécurité pendant les opérations de vote.
À Beyrouth, où une autre partielle a également lieu dimanche pour élire un remplaçant au député Walid Eido (sunnite), assassiné le 12 juin, l’image semble différente. Certes, l’opposition a aligné un candidat face à Mohammad Itani, soutenu par le clan Hariri. Mais les chances de succès de l’opposition son faibles, car le Hezbollah, qui possède un poids électoral important dans cette circonscription, a décidé de ne pas participer au scrutin pour éviter les frictions entre sunnites et chiites.

Résumés d’articles relatifs au Liban

La confrontation électorale du Metn et la fête de l’armée, célébrée cette année alors que la troupe affronte les intégristes sunnites de Fatah al-Islam, ont fait la Une des journaux.

AN-NAHAR (PROCHE DU 14-MARS)
Une nouvelle médiation entreprise par l’Église maronite pour trouver une entente à la partielle du Metn a encore échoué. Dans leur communiqué mensuel, les évêques maronites ont mis en garde contre les répercussions néfastes des tensions qui règnent entre les différents partis politiques.

AL-AKHBAR (PROCHE DE L’OPPOSITION)
C’est de sa propre main que le patriarche maronite Nasrallah Sfeir a écrit les clauses du plan qu’il a proposé pour la partielle du Metn. La réponse définitive des protagonistes est attendue aujourd’hui. Mais tout laisse croire que le Metn se dirige vers une confrontation électorale difficile dimanche 5 août.

• L’Agence nationale d’information (Ani, officielle), a indiqué que cinq roquettes se sont abattues sur la centrale électrique de Deir Ammar, dans le nord du Liban, voisine du camp palestinien de Nahr al-Bared où les combats font rage entre l’armée libanaise et les intégristes sunnites de Fatah al-Islam.
Le président de la municipalité de Deir Ammar, Ahmad Eid, a déclaré que cinq Katioucha ont touché les installations de la centrale de Deir Ammar, faisant de légers dégâts mais sans atteindre les réservoirs pétroliers. M. Eid a indiqué que l’une des roquettes était tombée à proximité d’un réservoir et avait provoqué un petit incendie, rapidement éteint.
Le système de sécurité s’est enclenché et la centrale s’est automatiquement arrêtée de fonctionner, a-t-il précisé.

• À Nahr al-Bard, deux soldats libanais ont été tués mercredi, ce qui porte à 125 le nombre de militaires morts depuis le 20 mai, date du début des combats entre la troupe et Fatah al-Islam.
Selon un porte-parole militaire, les intégristes de Fatah al-Islam, qui sont assiégés dans un petit réduit d’environ 15 000 mètres carrés dans le sud du camp de réfugiés, « ont tiré à l’arme automatique sur les positions de l’armée qui a riposté ». Dans l’après-midi, un incendie a éclaté dans le camp, dégageant un nuage de fumée noire. Deux hélicoptères de combat Gazelle ont également survolé le camp.
En raison de ces combats et de la crise politique qui sévit dans le pays, une partie des cérémonies marquant la traditionnelle Fête de l’armée ont été annulées, dont le défilé annuel et la cérémonie de promotions d’officiers qui l’accompagne en temps normal.
Les chaînes de télévision, aussi bien proches du pouvoir que de l’opposition, ont elles diffusé des programmes rendant hommage aux « sacrifices de l’armée pour préserver l’unité nationale et l’ordre public ».

Tendances est un bulletin quotidien de veille politique sur le Proche-Orient, réalisé par l’agence New Orient News à Beyrouth. Retrouvez-le sur Voltairenet.org, en versions arabe, anglaise et française. Consultez également Indicators, le bulletin quotidien de veille économique sur le Proche-Orient, disponible en versions anglaise et arabe.