Tendances et événements régionaux

C’est tout le système politique irakien mis en place par les États-Unis qui est remis en cause après la crise gouvernementale qui se complique. Les difficultés auxquelles le Premier ministre Nouri Maliki est confronté s’accompagnent de critiques répétées des dirigeants états-uniens qui l’accusent de laxisme et lui font assumer la responsabilité des déboires des forces d’occupation depuis que George Bush a annoncé sa fameuse nouvelle stratégique, qui n’est en fait qu’un simple plan de sécurité pour Bagdad et ses environs, et qui semble avoir échoué. C’est en tout cas ce que laissent deviner la poursuite des actes de résistance en Irak et l’examen d’un rapport préliminaire par le Congrès US.
Il est clair que le retrait de certains ministres du gouvernement de Nouri Maliki prouve l’existence d’un plan états-unien visant à reconstituer un nouveau pouvoir à Bagdad qui répondrait mieux aux exigences de l’axe régional mis en place lors du sommet de Charm el-Cheikh entre États-uniens et arabes dits « modérés ». Ce plan prévoit une influence saoudienne directe au sein du pouvoir irakien à travers les sunnites. La démission de plusieurs ministres irakiens viserait donc à initier des négociations pour la formation d’un nouveau gouvernement qui consacrerait la dualité Iran-Arabie saoudite et qui permettrait au royaume wahhabite de tenter de contenir la mouvance sunnite irakienne.
Mais ce plan se heurte à de nombreux obstacles. D’abord, les milieux pro-saoudiens qui pourraient être associés au gouvernement en Irak n’apporteront pas une plus grande base populaire au pouvoir mis en place par les États-unis. C’est d’autant plus vrai que la rue sunnite appuie avec force et conviction les mouvements de résistance qui estiment que l’Arabie saoudite et la Jordanie sont complices dans l’invasion anglo-saxonne de l’Irak. Ces mêmes mouvements sont plus proches politiquement de la Syrie qui, dès le départ, a dénoncé et refusé l’invasion du pays et continue sur la même voie quatre ans après. De plus, les grandes tribus et familles sunnites irakiennes ont des liens familiaux, culturels et économiques avec la population syrienne.
Connaissant ces réalités, les États-Unis se semblent pas très enthousiastes aux demandes répétées de l’Arabie saoudite de ne pas évoquer le dossier irakien avec Damas. Même si l’administration Bush a paru intéressée, ces 18 derniers mois, par l’option saoudienne pour tenter de dompter les sunnites d’Irak. Le problème c’est que le temps est un luxe que les États-unis ne peuvent plus se payer dans le pays des deux fleuves où tous les jours un grand nombre de GI’s est tué et blessé.

Presse et agences arabes et internationales

• La presse régionale a largement couvert la réunion entre des diplomates iraniens et états-uniens à Bagdad ou cours de laquelle ils ont inauguré un comité tripartite visant à diminuer les violences en Irak.
La réunion du comité, dont la création avait été annoncée fin juillet, s’est déroulée dans le bureau du Premier ministre irakien Nouri Maliki, dans la zone verte qui abrite les bureaux du gouvernement et l’ambassade des USA. Elle a été suivie de discussions entre l’ambassadeur Ryan Crocker et son homologue iranien Hassan Kazemi Qomi, en présence du conseiller irakien chargé de la sécurité Mowaffak al-Roubaie.
États-uniens et Iraniens ont qualifié ces discussions de « franches et importantes », même si le chef de la délégation iranienne a ouvertement condamné la politique US, responsable, selon lui, de la spirale de la violence en Irak.
La délégation états-unienne était dirigée par Marcie Ries, ministre conseiller pour les questions politiques et militaires de l’ambassade et la délégation iranienne par un haut responsable du ministère pour l’Irak, Hossein Amir-Abdollahian.
« Le dialogue et la négociation ont été conduits entre experts dans la franchise et la transparence », a déclaré M. Amir-Abdollahian, lors d’une conférence de presse. « Ce fut important. Toutes les discussions ont été relatives à la sécurité et sur la manière dont le gouvernement irakien peut instaurer sécurité et stabilité », a-t-il ajouté.
« Nous avons dit aux États-uniens qu’ils ne pouvaient pas régler le terrorisme de manière sélective. Ils doivent affronter le terrorisme sous toutes ses formes et à tous les niveaux », a-t-il encore déclaré.
Le vice-ministre irakien des Affaires étrangères, Labid Abawi, avait plus tôt qualifié les discussions de « positives et bonnes », et a indiqué qu’en dépit de leurs différences, Iraniens et États-uniens ont souligné leur volonté de coopérer.
Ce comité vise à limiter les activités des milices, à lutter contre le réseau Al-Qaïda et à instaurer la sécurité aux frontières.

EL PAIS (QUOTIDIEN ESPAGNOL)
Sur fond d’expulsion par la Grande-Bretagne de quatre diplomates russes, Londres et Moscou sont entrés dans une crise qui dépasse désormais le cadre diplomatique. La dimension de cette crise rappelle les moments de la Guerre froide, à la différence près que l’Europe n’est plus le théâtre d’une guerre froide. Le crime imputé par Londres à un agent russe et la riposte britannique semblent sortir de l’époque de l’équilibre de la terreur et de la division du monde en deux blocs. Une époque où tout le monde s’espionnait. En expulsant les diplomates russes, Londres veut sauver la face et ne cherche pas l’escalade avec le Kremlin.

PAGINA 12 (QUOTIDIEN ARGENTIN)
Aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de son pays, le président George Bush perd appui et soutien. Même le nouveau gouvernement britannique a commencé à émettre des signaux pour dire que la situation aujourd’hui ne sera plus comme avant. Devant la gêne et l’inquiétude provoquées par ces signaux, le Premier ministre britannique, Gordon Brown, a dû monter au créneau pour réaffirmer la poursuite de l’alliance entre Londres et la Maison-Blanche. Toutefois, à travers leurs critiques, les proches de Brown ne remettaient pas en cause l’alliance historique entre les deux pays mais l’alignement de la Grande-Bretagne sur les États-Unis à l’époque de Tony Blair. Malgré la courtoisie du nouveau Premier ministre, il apparaît que la nouvelle équipe du 10 Downing Street n’est pas disposée à cacher ses critiques.

NEW YORK TIMES (QUOTIDIEN ÉTATS-UNIEN)
Dans une interview accordée au journal, Anthony Cordesman, spécialiste des affaires du Moyen-Orient, estime que le partage actuel des territoires palestiniens entre le Fatah (de Mahmoud Abbas) et le Hamas est extrêmement dangereux et suscite de nombreuses interrogations. Il ajoute qu’il n’est pas dans l’intérêt du président Abbas de conclure ouvertement une alliance avec Israël, bien que cette alliance existe réellement aujourd’hui. La Bande de Gaza ne peut pas survivre sans aides extérieures, alors que la Cisjordanie possède des ressources économiques qui lui permettent de devenir un État. Le spécialiste affirme que la confrontation armée entre les deux mouvements palestiniens a permis de réduire la pression à laquelle Israël était confrontée ces derniers temps.

WASHINGTON POST (QUOTIDIEN ÉTATS-UNIEN)
Sous le titre « Reddition sans conditions », l’éditorial du journal estime que le Congrès est en train de brader une nouvelle fois les droits des États-uniens. L’auteur accuse le Congrès à majorité démocrate de s’intéresser plus à ses intérêts politiques qu’à la vie privée des citoyens, après avoir autorisé l’administration à mettre sur écoute les conversations téléphoniques et à surveiller le courrier ordinaire et électronique des gens sans la supervision de la justice.

AL-CHARK AL-AWSAT (QUOTIDIEN SAOUDIEN)
Le Premier ministre israélien Ehud Olmert a espéré lundi l’ouverture prochaine de négociations sur un État palestinien, lors d’une réunion avec le président palestinien Mahmoud Abbas.
Les deux dirigeants se sont rencontrés pour la première fois en territoire palestinien. La réunion, qui a duré près de trois heures, est la quatrième depuis fin mars. « Je suis venu ici pour discuter avec vous des questions fondamentales entre Israël et l’Autorité palestinienne, en espérant que cela nous mènera bientôt à des négociations sur la création d’un État palestinien », a affirmé M. Olmert à M. Abbas avant leur réunion à huis clos.
Selon un porte-parole israélien, M. Olmert a insisté auprès de M. Abbas sur le « renforcement des efforts pour bâtir des services de sécurité palestiniens et des institutions » avant la création d’un État. Israël s’oppose dans l’immédiat à des négociations poussées sur les questions clés du futur État palestinien à savoir le tracé des frontières, Jérusalem et le sort des réfugiés de 1948.
La réunion s’est déroulée dans un hôtel de Jéricho, où un important service de sécurité israélien avait été mis en place. Un cordon de sécurité d’un kilomètre de diamètre avait été établi autour du lieu de la rencontre.
L’objectif affiché par les Israéliens n’était ouvertement pas de réaliser une percée dans les négociations mais de « maintenir le contact » avec les Palestiniens.
Un haut responsable israélien a affirmé que M. Olmert ne devrait pas s’engager dans des négociations de fond avec les Palestiniens « avant novembre ».
À Gaza, le Premier ministre du Hamas Ismaël Haniyeh a vertement critiqué la rencontre à Jéricho, affirmant que ces réunions ne donnaient pas de « résultats politiques et représentent une voie plusieurs fois empruntée qui ne mène les Palestiniens nulle part ».

YEDIOT AHARAONOT (QUOTIDIEN ISRAELIEN)
Des sources politiques ont indiqué que le chef de la diplomatie espagnole, Miguel Angel Moratinos, qui a rencontré la semaine dernière à Damas le président syrien Bachar al-Assad, a demandé à voir le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, pour lui transmettre un message qualifié de « positif » sur la volonté des autorités syriennes de faire progresser le processus de paix.
M. Moratinos a refusé de dévoiler le contenu de ce message, se contentant d’informer les responsables israéliens de son existence, tout en sollicitant un rendez-vous officiel à Tel-Aviv. Le chef de diplomatie espagnole a précisé que le président Assad souhaite faire progresser le processus de paix et qu’il était conscient des difficultés rencontrées dans le passé et qu’il était déterminé à les surmonter.
Par ailleurs, le journal affirme que les informations sur l’intention de la Russie de construire deux bases navales dans des ports syriens ont suscité l’inquiétude des milieux militaires israéliens, en raison des répercussions stratégiques d’une telle mesure sur l’équilibre de forces régional. Selon les cercles militaires, la construction de ces bases constitue un défi russe à la domination de la VIème flotte US en Méditerranée. Pour Israël, cette décision constitue une modification des règles du jeu sur les côtes syriennes et libanaises. En plus des activités d’espionnage, la présence des bâtiments russes pourraient entraver la liberté de mouvement des navires de guerre israéliens qui voudraient prendre pour cible des installations sur les côtes libanaises et syriennes.
Quoi qu’il en soit, Israël devra désormais prendre en compte la présence militaire russe lors de toute opération contre la Syrie ou le Liban.

Audiovisuel arabe

AL-ALAM (TELEVISION IRANIENNE ARABOPHONE)
Émission : Entrevue spéciale
 Invité : Nouri Maliki, Premier ministre irakien
La suspension de leurs activités par certains ministres et la démission d’autres du gouvernement sont des actes irresponsables.
Certaines forces politiques ne savent que suspendre leurs activités parfois au Parlement, d’autres fois au gouvernement.

Tendances et événements au Liban

Quarante-huit heures après l’élection partielle dans le Metn, remportée par le candidat de l’opposition présenté par le général Michel Aoun, cet événement continue de susciter réactions et commentaires au Liban vu son importance.
Les milieux du pouvoir libanais mènent une énergique campagne politique et médiatique dans le but de transformer leur défaite en victoire. Ils épluchent les résultats dans chaque ville et village, dans chaque bureau de vote, pour tenter de leur donner une interprétation qui servirait leurs desseins. Après avoir classé les électeurs d’une manière raciale, en affirmant que Camille Khoury n’aurait pas été élu sans les voix arméniennes, les voilà maintenant qu’ils disent que la majorité des électeurs maronites ont donné leur voix au candidat du pouvoir, l’ancien président Amine Gemayel. Leur but est de dire que la popularité de Michel Aoun a régressé chez les chrétiens. Ils occultent toutefois les réalités suivantes :
 Le candidat de l’opposition, inconnu de l’opinion publique, a réussi à battre, de justesse, certes, un ancien président de la République, fils d’une des plus illustres familles politiques du Liban, soutenu par l’ensemble des partis du 14-mars.
 Le pouvoir a exploité à fond le martyre de Pierre Gemayel, le fils d’Amine, assassiné le 21 novembre. Il a exercé un chantage affectif sur les électeurs, affirmant que ceux qui votent contre Amine Gemayel appuient ses assassins.
 Ils ont mis à contribution l’ensemble des médias qui leur sont largement acquis.
 Ils ont dépensé des sommes colossales, notamment dans l’achat de voix.
 Ils ont refusé de remettre au parti de Michel Aoun quelque 800 cartes électorales à la veille du scrutin, sous prétexte que les délais avaient été dépassés.
Malgré cela, l’opposition l’a emporté.
Cette partielle, même si elle ne mettait en jeu qu’un seul siège, avait une importance de taille. Selon un article du New York Times publié au lendemain du scrutin, cette élection a sonné le glas du rêve états-unien au Liban.
C’est dans cette ambiance survoltée que la date de l’élection présidentielle approche. Et dans les circonstances actuelles, caractérisées par le refus du 14-mars de partager le pouvoir avec l’opposition qui représente plus de la moitié de la population, tout compromis entre le pouvoir et l’opposition semble difficile.

Résumé d’articles relatifs au Liban

La presse libanaise a rapporté les propos du secrétaire d’Etat adjoint pour les Affaires du Moyen-Orient, David Welch, qui a déclaré que l’ambassadeur à Beyrouth, Jeffrey Feltman, l’a informé des « résultats intéressants » des élections au Liban et de la « désunion des chrétiens ». Selon le diplomate états-unien, ces élections ne serviront pas les intérêts du gouvernement de Fouad Siniora.

• Deux mois et demi après le début des combats dans le camp de Nahr al-Bared, le groupe intégriste sunnite Fatah al-Islam a reçu un coup dur avec la mort de son chef militaire Abou Horeira, de son vrai nom Chéhab Kaddour. Ce Libanais connu des services de sécurité a été abattu la semaine dernière à un barrage des forces de l’ordre dans la ville de Tripoli, un des principaux fiefs islamistes dans le Nord du Liban. Le corps a été identifié par la sœur du militant.
Abou Horeira a été tué alors qu’il circulait à moto avec un complice. Interrogé par la police, celui-ci a révélé que le numéro 2 de Fatah al-Islam a quitté Nahr al-Bared par voie de mer. Il aurait nagé pendant cinq heures pour se mettre à l’abri des vedettes de l’armée qui patrouillent au large du camp palestinien. Il s’est ensuite rendu dans le camp d’Aïn el-Héloué, à 45 kilomètres au Sud de Beyrouth, où ils auraient rencontré des complices. Il est ensuite retourné à Tripoli pour réorganiser les cellules intégristes dispersées par les forces de l’ordre.
Cette affaire montre que Fatah al-Islam dispose toujours de contacts à l’extérieur de Nahr al-Bared en partie occupé par l’armée, entièrement détruit et totalement encerlé.
Malgré la mort d’Abou Horeira, Fatah al-Islam continue de résister à l’armée qui a contraint les derniers survivants à se replier dans un réduit de 15 mille mètres carrés, truffé de souterrains et d’abris fortifiés.

AL-QABAS (QUOTIDIEN KOWEITIEN)
Les relations entre le général Michel Aoun et Washington se sont encore dégradées après que les autorités états-uniennes eurent renforcé leur surveillance autour d’un certain nombre d’hommes d’affaires libanais et autres grosses fortunes, installées au Liban et aux États-Unis, et connus pour faire des dons au Courant patriotique libre du général. Toutes ces personnes tombent sous la coupe du décret émis par George Bush pour geler les avoirs de ceux qui « tentent de déstabiliser le gouvernement de Fouad Siniora » au Liban.

AN-NAHAR (PROCHE DU 14-MARS)
Michel Aoun et Amine Gemayel se partagent la victoire dans le Metn. De son côté, le président de la Chambre, Nabih Berri, a « pris connaissance » de l’élection de deux nouveaux députés. Mais on ne sait toujours pas quelle sera son attitude. M. Berri a annoncé que deux raisons pourraient le contraindre à reporter la séance d’élection d’un nouveau président qu’il a fixé au 25 septembre : un séisme ou un tsunami.

AL-AKHBAR (PROCHE DE L’OPPOSITION)
Le catholicos des Arméniens-orthodoxes, Aram 1er Kéchichian, s’est insurgé contre les attaques à caractère raciste contre la communauté arménienne du Liban.

Audiovisuel libanais

AL-MANAR (HEZBOLLAH)
Émission : Entre parenthèses
 Invité : Albert Mansour, ancien ministre et député (Opposition)
Si Saad Hariri et Walid Joumblatt estiment que Amine Gemayel a réellement remporté la partielle du Metn, alors ils doivent soutenir sa candidature à la présidentielle. Mais il ne le feront pas, car ils appuieront le candidat qui sera choisi par les États-Unis et l’Arabie saoudite.
 Invité : Camille Khoury, député du Metn nouvellement élu (Opposition)
Le Courant patriotique libre (CPL du général Michel Aoun), a affronté à lui tout seul et a vaincu cinq autres partis maronites. Si ont partage les voix du candidat Gemayel entre ces cinq formations, le CPL est de loin le plus grand parti maronite.

Tendances est un bulletin quotidien de veille politique sur le Proche-Orient, réalisé par l’agence New Orient News à Beyrouth. Retrouvez-le sur Voltairenet.org, en versions arabe, anglaise et française. Consultez également Indicators, le bulletin quotidien de veille économique sur le Proche-Orient, disponible en versions anglaise et arabe.