L’élection états-unienne approche rapidement et elle a donné naissance à un débat sur lequel des candidats serait le meilleur pour la Russie. Cela est dû au fait que nous vivons dans un monde où beaucoup d’apparences sont liées à cette superpuissance. Depuis la fin de l’époque soviétique, la Russie cherche des amis et alliés, avec plus ou moins de succès. Par conséquent, contrairement à ce qui s’est passé durant la seconde moitié du XXème siècle, les évènements aux États-Unis affectent la Russie, certes pas plus que ceux dans les autres pays, mais certainement pas moins non plus. Il est important de réfléchir à la façon dont vont évoluer nos objectifs stratégiques en fonction de qui est élu le 2 novembre.
Beaucoup d’experts russes préfèrent l’actuelle administration avec laquelle il est possible d’avoir de bonnes relations bilatérales plutôt qu’avec des démocrates voulant nous donner des « leçons de démocratie ». Cette opinion ne coïncide pas avec celle de beaucoup de nos partenaires : l’Europe, qui veut être à nouveau écoutée à Washington, et le monde musulman, qui ne veut plus d’un président parlant de croisade. Nous pourrions aussi nous dire que nous pourrions travailler avec Kerry sur la réduction des armements s’il était élu en s’appuyant sur ses votes au Sénat. Quoi qu’il en soit, il semble que la différence entre les deux candidats ne serait pas énorme. Il est possible que Kerry fasse la même politique que Bush ou que Bush une fois élu renvoie les néo-conservateurs. En tout cas il ne faut pas s’attendre à « un effet madrilène » en cas d’attentat aux États-Unis juste avant les élections.
À vrai dire, il ne sert à rien de chercher quel serait le meilleur président pour nous, il faut plutôt chercher quelle stratégie adopter en fonction de celui qui sera élu, même si c’est un exercice difficile. Par exemple, si Kerry est élu, les Européens se détacheront peut-être de la Russie pour se rapprocher des États-Unis, mais la Russie pourrait également être intégrée dans des négociations de limitation des armées. Quoi qu’il en soit, et quel que soit le résultat, la Russie doit poursuivre sa participation active à la réforme de l’ONU, à l’intégration européenne, à la situation du Moyen-Orient et en Asie.

Source
Moscow Times (Fédération de Russie)

« Whither Relations After November ? », par Konstantin Kosachyov, Moscow Times, 29 septembre 2004.