Le 3 août, le ministère britannique de l’agriculture (Department for Environment, Food and Rural Affairs [DEFRA]) a fait état de cas de fièvre aphteuse chez les bovins d’une ferme du Surrey. Le lendemain déjà, il était évident qu’il s’agissait d’un virus qui ne se trouve que dans les deux laboratoires de la firme pharmaceutique états-unienne Merial et de l’Institut de santé animale (IAH) situés tous les deux sur le site de recherches de Pirbright.

Il provenait de l’épidémie de 1967 en Angleterre et portait le sigle 01 BSF6-like. Depuis lors, ce type viral n’était plus apparu dans les élevages.

L’éleveur Roger Pride, dont l’exploitation a été touchée la première, a affirmé que ses bêtes n’avaient pas été transportées depuis des semaines et qu’elles n’avaient eu aucun contact avec le site.

Selon le Friedrich-Löffler-Institut (FLI) allemand, seuls les laboratoires répondant aux normes de sécurité les plus sévères (niveau de biosécurité 4) peuvent travailler sur ce virus. Ces laboratoires sont conçus comme des enceintes scellées. Ils sont construits avec des matériaux spéciaux pour en assurer l’étanchéité. Tout le matériel et les vêtements sont désinfectés par stérilisation chimique avant de quitter le laboratoire. L’air est filtré au moyen d’un système à grand rendement (HEPA) qui piège les particules les plus fines. Les employés doivent suivre un protocole de sortie spécial : prendre une douche au désinfectant chimique, ranger leur combinaison dans un placard spécial puis prendre une douche ordinaire.

Il est donc naïf, ridicule et fallacieux de la part des autorités de parler d’« inondation ».

La Frankfurter Rundschau du 7 août cite le microbiologiste John Oxford. Pour lui, la dissémination du virus pourrait provenir de ce qu’il « n’a pas été complètement inactivé lors de la préparation du vaccin. Cela s’est déjà produit par le passé, quoique jamais à Pirbright. On a constaté qu’il était assez difficile d’inactiver ce virus à 100 %. C’est un agent pathogène très résistant. » Pour John Oxford, il est possible que le vaccin avec lequel Merial traitait un troupeau cobaye ait été encore un peu infectieux et qu’il ait atteint les bovins de l’élevage en question par contamination aérienne.

Une autre question se pose : le laboratoire a-t-il utilisé le second élevage pour un essai à l’air libre ? Les médias eux-mêmes émettent l’hypothèse que les virus pourraient avoir été disséminés volontairement.

On sait que cette souche a la propriété d’être infectieuse sur de longues distances et qu’il suffit d’une petite quantité de virus pour provoquer une infection. Les laboratoires sont capables aujourd’hui de créer des vaccins à partir de différents virus. Récemment, deux nouveaux vaccins vétérinaires ont été autorisés : on a fusionné le virus de la variole du canari, des parties du virus de l’influenza équin et le virus de la leucémie féline. Des vaccinations massives d’animaux domestiques équivalent à une tentative de large dissémination dont les conséquences sont incalculables. Il n’existe aucune étude indépendante des firmes pharmaceutiques sur le comportement de ces virus recombinés. Ainsi la question se pose notamment de savoir si le virus de la variole du canari, qui ne se reproduit habituellement pas dans les autres espèces, ne pourrait tout de même pas se répliquer si un gène quelconque venait à déclencher le processus de réplication. Et il n’est pas certain que les virus ne puissent pas se détacher les uns des autres et créer une nouvelle association virale.

La firme états-unienne fabrique, semble-t-il, de grandes quantités de vaccin. Selon le rapport du ministère britannique de la Santé du 7 août, il est question de 10 000 litres. Et cela se passe dans un pays où la vaccination contre la fièvre aphteuse est interdite.

Il a été impossible de savoir à quels pays ces vaccins sont livrés, car il s’agirait d’un « secret industriel ». Or on sait que la Turquie et Israël ont leurs propres vaccins. Les deux élevages anglais étaient-ils alors des cobayes de l’industrie pharmaceutique ? Est-ce volontairement que les animaux ont été sacrifiés et les éleveurs ruinés ? Les paysans, qui craignent à juste titre pour leur bétail, envisagent de porter plainte contre la firme américaine.

Il est curieux que les chemins de la zone touchée aient été fermés beaucoup plus tard et que les cadavres aient été transportés par camions de la ferme touchée au Somerset malgré l’interdiction de transporter des animaux.

De même, on ne comprend pas que Debby Reynolds, la vétérinaire en chef de Grande-Bretagne, veuille acheter 300 000 doses du vaccin Merial contre la fièvre aphteuse, prétendument par mesure de précaution. On ne connaît pas l’ampleur de ce contrat bien qu’il s’agisse d’argent des contribuables. Le rédacteur en chef du Guardian John Vidal parle de « secret commercial ».

Les éleveurs supposent que la firme va profiter de cette crise et qu’elle va vendre son vaccin. Mais peut-il y avoir un secret commercial quand la population et l’agriculture sont en danger ? Il faut tout faire pour demander des comptes au laboratoire ou au groupe Merial. On nous a également laissés dans l’ignorance lorsque, le 20 juin, un employé de l’Institut de santé animale a contracté la maladie du légionnaire.

Peu de personnes savent qu’il n’y a pas que les États-Unis et la Russie qui font des recherches sur les armes biologiques mais également des laboratoires situés en Europe comme Porton Down, en Angleterre. Merial travaille aussi sur ces virus dangereux.