Tendances et événements au Proche-Orient

Depuis les incidents de Gaza, qui ont vu le Hamas prendre le contrôle de la Bande après une semaine de combats le 15 juin dernier, le président de l’Autorité palestinienne et le Premier ministre israélien se rencontrent régulièrement à l’incitation de la secrétaire d’État US, Condoleezza Rice. Mais après chaque réunion, l’entourage de Mahmoud Abbas déclare que les discussions n’ont pas abordé les détails concernant le statut final (frontières du futur État palestinien, statut de Jérusalem, sort des colonies juive et retour des réfugiés palestiniens etc…).
La dernière rencontre en date entre les deux dirigeants, mardi, n’a pas dérogé à la règle. Le négociateur en chef palestinien, Saëb Ereikat, a déclaré que l’ordre du jour des entretiens ne portait pas sur le statut final. La presse israélienne, elle, a assuré qu’Ehud Olmert a transmis à M. Abbas une liste comportant les exigences israéliennes en matière de sécurité, concernant, entre autres, le renforcement de la coopération entre les services de sécurité des deux parties et ses mécanismes, ainsi que les mesures nécessaires pour consolider le blocus financier, économique et humanitaire imposé à la Bande de Gaza.
Dans ce contexte, il est intéressant de noter que de nombreux analystes israéliens affirment que les attentes de la conférence de paix convoquée par George Bush en novembre doivent être revues à la baisse. Même constat au sujet des résultats de la coopération entre Israël et le gouvernement de Mahmoud Abbas, dirigé par Salam Fayyad. Des analystes révèlent que l’État hébreu pourrait exploiter les pressions exercées par les États-Unis sur le camp des arabes dits « modérés » dans son éternel bras de fer avec la Résistance palestinienne. L’invasion de Gaza et de certaines régions de la Cisjordanie n’est pas exclue. Tout ce qui se passe actuellement ne dépasse pas le cadre de la préparation politique et sécuritaire à une vaste opération militaire à travers laquelle Israël espère éradiquer une fois pour toute les mouvements de la Résistance, car l’État hébreu sait pertinemment qu’aucun partie palestinienne, aussi flexible et pro-US soit-elle, n’osera brader les droits fondamentaux pour lesquels le peuple palestinien consent d’immenses sacrifices depuis plus de 60 ans.
Depuis les accords d’Oslo, toutes les négociations qui ont lieu se noient dans les généralités et n’abordent pas les enjeux du statut final. L’ancien conseiller de Yasser Arafat, Bassam Abou Charif, a révélé, lors d’un entretien avec la télévision libanaise NBN (proche de Nabih Berri), que l’actuel président israélien Shimon Peres lui avait dit qu’Israël n’acceptera jamais l’édification d’un véritable État palestinien. Le dernier chef historique d’Israël encore en vie lui a dit que les Palestiniens qui souhaitent conclure un accord avec l’État hébreu doivent se résigner à l’idée qu’ils n’exerceront qu’un pouvoir administratif sur une entité privée de souveraineté et sans indépendance réelle.

Presse et agences arabes et internationales

• Selon la presse israélienne reprise par les agences internationales, les discussions entre Ehud Olmert et Mahmoud Abbas, les deuxièmes en moins d’un mois, se sont tenues à la résidence du Premier ministre à Jérusalem. Elles ont duré plus de trois heures. « MM. Olmert et Abbas ont discuté d’un accord cadre incluant des questions clés comme celle des réfugiés et de Jérusalem, en vue d’élaborer un document qui sera présenté à la conférence internationale prévue en novembre à Washington », a déclaré un haut responsable israélien à la fin de la rencontre. « M. Olmert entend avoir deux ou trois autres rencontres avec M. Abbas lors des prochaines semaines pour discuter de ces questions avant de mettre en place les groupes de travail qui établiront le document et le soumettront à l’approbation des deux parties », a souligné le responsable.
La question de la contrebande d’armes d’Égypte vers la bande de Gaza où le Hamas a pris le pouvoir à la mi-juin, et les moyens de l’empêcher, a également été abordée. Une partie de la rencontre Abbas-Olmert s’est tenue en tête à tête et a duré une heure et demie.
Le négociateur en chef palestinien, Saëb Ereikat, a indiqué de son côté que les discussions étaient encore à l’étape des « propositions et non des négociations ». « Nous n’avons pas atteint l’étape des détails. Nous n’avons pas atteint l’étape des projets (d’accord). Nous n’avons présenté à la partie israélienne aucun document et nous n’avons reçu des Israéliens aucun document », a-t-il dit lors d’une conférence de presse à Ramallah.
M. Ereikat a accusé M. Olmert de ne pas avoir tenu ses récentes promesses d’une levée partielle des barrages de l’armée israélienne en Cisjordanie, points de frictions quotidiens de la population avec l’armée qui empêchent l’essor de l’économie palestinienne.
M. Abbas a assuré qu’il refuserait « catégoriquement un État aux frontières temporaires ».
Le Hamas a vivement critiqué cette rencontre. Selon lui, elle signe le « déclin politique de la cause palestinienne, vidée de son sens, et la fin des droits du peuple palestinien comme le droit au retour et l’établissement d’un État ».
Entre-temps, les gouvernements de M. Olmert et du Premier ministre palestinien Salam Fayyad tentent de mettre en place des mesures de confiance.
M. Fayyad et la ministre israélienne des Affaires étrangères Tzipi Livni se sont mis d’accord lors d’une rencontre à Jérusalem lundi soir sur « davantage de coopération civile et économique entre l’Autorité palestinienne et Israël », selon un communiqué du cabinet israélien. Par ailleurs, M. Fayyad a annoncé la fermeture de plus de 100 associations caritatives en Cisjordanie et à Gaza considérées comme étant en infraction avec la loi. Il a nié que cette mesure visait le Hamas. Mais personne n’est dupe.

• Élu président de la Turquie mardi par le Parlement en dépit de l’opposition des « défenseurs de la laïcité » les plus sourcilleux, Abdullah Gül, issu de la mouvance islamiste, a pris ses fonctions après avoir juré fidélité à la République laïque.
« Je jure devant la grande nation turque d’être fidèle à la démocratie et à la République laïque et d’accomplir mon devoir impartialement », a déclaré M. Gül, lisant devant les députés un texte inclus dans la Constitution.
L’épouse de M. Gül, Hayrunnisa, dont le voile islamique est perçu par le camp laïque comme une expression de défiance de la laïcité, n’a pas assisté à la cérémonie.
Les hauts dignitaires de l’état-major et les députés du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), inflexibles « défenseurs de la laïcité », étaient également absents.
Après avoir prêté serment, le nouveau président a insisté dans un discours sur son engagement à défendre la séparation entre l’État et la religion.
« La République turque est un État démocratique, laïque et social basé sur l’État de droit (...) je travaillerai avec détermination pour protéger et renforcer tous ces principes, a-t-il déclaré. Le principe de laïcité est à la fois un modèle qui assure la liberté pour différents modes de vie et une règle de paix sociale », a-t-il ajouté.
Il s’est ensuite rendu au palais présidentiel pour une brève cérémonie de passation de pouvoirs avec le président sortant, Ahmet Necdet Sezer.
M. Gül a recueilli le soutien de 339 des 550 députés au Parlement, dominé par son Parti de la justice et du développement (AKP), bien au delà de la majorité absolue de 276 voix requises pour être élu.
La presse turque appelait unanimement le nouveau président à tenir ses promesses d’impartialité et de respect de la laïcité, condition indispensable selon elle d’une réconciliation entre franges religieuse et laïque de la société.
« M. Gül, n’oubliez jamais ce serment », a titré le quotidien libéral Radikal, faisant allusion au serment prononcé conformément à la Constitution par le nouveau président.
« Son premier discours a été sur la laïcité », a noté le quotidien à grand tirage Hurriyet, reproduisant en Une le texte du serment, comme un rappel des engagements pris.
« Une mission historique attend le président Gül », a commenté Hurriyet. « Il s’agit de transformer les dommages et traumatismes sociaux créés par cette élection en un avantage historique. En d’autres termes, il doit persuader les gens pour qui la fidélité à la laïcité passe avant tout qu’il est aussi fidèle qu’eux à ce principe ».

ANTI-WAR (SITE WEB ETATS-UNIEN)
Ivan Eland estime que la majorité des États-uniens est consciente que les actions de l’administration actuelle ont conduit à une augmentation des menaces extérieures. Et pour lutter contre ces dangers, l’administration réclame davantage de moyens. Il est impératif de demander à l’équipe au pouvoir de mettre un terme à ses interventions militaires, et le Congrès doit cesser de financer ces actions belliqueuses. Non seulement le gouvernement fait preuve d’inefficacité dans sa lutte contre ces menaces, mais il contribue à leur amplification. Ainsi, malgré le fait qu’al-Qaida n’avait pas de présence en Irak sous le règne de Saddam Hussein, aujourd’hui, la branche de cette organisation dans le pays des deux fleuves provoque frayeur et chaos en attaquant des cibles civiles et militaires.
En dépit de ce tableau, le président George Bush affirme avec fierté que les États-Unis doivent continuer à dépenser en Irak pour combattre un danger qui existe à cause de lui. Pire encore : il est en train d’armer de vieux ennemis des États-Unis en Irak pour affronter al-Qaida. Or il est difficile d’avoir confiance dans ces groupes armés qui pourraient se retourner à n’importe quel moment contre les États-Unis.

AL-BAYAN (QUOTIDIEN EMIRATI)
Le discours de politique étrangère, plus particulièrement sur le Moyen-Orient, du président français Nicolas Sarkozy, mérite qu’on s’y arrête. C’est le premier du genre depuis son élection. Mais, surtout, il intervient alors que la région est en ébullition. Ces propos surviennent aussi alors que la diplomatie française s’active en Irak et au Liban, en passant par l’Iran. Le plus notable dans le discours de Sarkozy c’est le ton d’ouverture, même conditionnée, utilisé avec les capitales concernées. S’adresser à la région à travers des expressions et un vocabulaire modérés est positif. Mais si le chef de l’État français veut être efficace et souhaite se distinguer des États-Unis, il gagnerait à être clair. La partie de son discours faisant miroiter la « carotte » devrait être équilibrée et ne devrait pas prêter à équivoque avec la partie évoquant le bâton. C’est en tout cas la base sur laquelle devrait reposer toute politique incitative. La partie du discours réaffirmant son amitié avec Israël et les États-Unis était la plus claire. La partie adressée aux autres s’est limitée à de vagues promesses d’ouverture et de dialogue. Cela suscite de nombreuses interrogations, même si les intentions sont bonnes.

AL-KHALEEJ (QUOTIDIEN EMIRATI)
L’actuel ambassadeur des États-Unis au Conseil de sécurité, Zalmay Khalilzad, a été ambassadeur en Afghanistan et en Irak pendant l’occupation de ces deux pays. Aujourd’hui, il porte un regard sombre et pessimiste sur le Moyen-Orient, mettant en garde contre le chaos qui pourrait provoquer une guerre mondiale, comme cela s’est produit en Europe. L’avertissement de l’ambassadeur US est réaliste, surtout qu’à l’ombre des projets des néo-conservateurs tout est possible. Mais ce qui est irréaliste, c’est que M. Khalilzad a ignoré les raisons de ce désordre, ceux qui en sont responsables et ceux qui oeuvrent à son extension. Le chaos est exclusivement lié à deux facteurs : le terrorisme sioniste en Palestine, et l’invasion états-unienne de l’Irak.
Celui qui met en garde contre le chaos, et qui avertit qu’il pourrait provoquer une guerre mondiale a cause « des problèmes du Moyen-Orient » et de la « civilisation islamique », doit définir les raisons de ce désordre et commencer par les résoudre. Il faut avant tout relaxer la Palestine, l’Irak et le Moyen-Orient qui sont des otages. Il doit permettre aux peuples de savourer leur liberté et d’arrêter leur choix sans contraintes ou diktats.

AL-WATAN (QUOTIDIEN SAOUDIEN)
À cause de leur répétition, les rencontres entre Mahmoud Abbas et Ehud Olmert sont devenues banales et ne concernent plus qu’une poignée de personnes qui suivent ce dossier, les membres des délégations qui les accompagnent, leurs proches et les responsables du protocole. Les deux hommes ont les mains liées même s’ils donnent l’impression d’être libres. Olmert gouverne Israël dans la peur et grâce au principe de la pérennité du pouvoir. Kadima et le Parti travailliste craignent que leur impopularité n’apparaisse au grand jour en cas d’élections anticipées. Un éventuel retour au pouvoir de l’extrême droite torpillerait tous les « accords » conclus.
Côté palestinien, Gaza semble quasi-séparée politiquement de la Cisjordanie. La loyauté de services de sécurité est partagée entre l’Autorité de Mahmoud Abbas et le gouvernement d’Ismaïl Haniyé. Le gouvernement Fayyad n’est que provisoire et n’a pas encore pu former un cabinet permanent et stable. Son pouvoir s’étend uniquement à une partie de la Cisjordanie, alors que le gouvernement limogé de Haniyé administre Gaza.
Les rencontres entre Abbas et Olmert visent à préparer la conférence de paix internationale convoquée par George Bush. Les deux dirigeants sont priés de venir avec quelque chose à proposer à la table des négociations. Ils ne doivent pas laisser les mains libres à celui qui a lancé les invitations. De toute façon, celui-ci aura les mains liées à cause de ses déboires en Irak.

AL-CHARK AL-AWSAT (QUOTIDIEN SAOUDIEN)
La cote du courant islamiste modéré monte en flèche en Turquie, et on pourrait assister à un phénomène similaire au Maroc, où des élections législatives doivent être organisées la semaine prochaine, écrit Fehmi Houeidi. Mais en Égypte, les vents ont l’air de souffler dans une toute autre direction. Le pouvoir dans ce pays semble se préparer à une confrontation totale avec la Confrérie des Frères musulmans, le plus important courant islamique contemporain. Le dernier épisode de cette confrontation a commencé cette semaine avec les informations véhiculées par le ministère égyptien de l’Intérieur accusant des dirigeants des Frères musulmans d’avoir incité à l’assassinat de hauts responsables égyptiens, d’avoir planifié le renversement du régime et propagé des rumeurs sur la torture dans les prisons égyptiennes. Cette campagne médiatique s’est accompagnée de nouvelles arrestations dans les rangs des chefs du mouvement islamiste, dont certains ont été interdits de voyage et d’autres ont vu leurs biens et leur argent confisqués.
Il est unanimement reconnu qu’il est impossible pour le pouvoir égyptien de détruire et d’éradiquer la Confrérie des Frères musulmans. Tous les coups assénés au mouvement ces 80 dernières années n’ont pas réussi à l’éliminer. Au contraire, parfois ils l’ont renforcé en le présentant aux yeux de la population comme une victime de la répression.

• La confrérie des Frères musulmans en Égypte lance aujourd’hui une campagne visant à sonder les opinions sur sa transformation en parti politique. Le programme du parti sera ainsi distribué à un nombre de spécialistes et d’hommes politiques avant qu’il ne soit rendu public. La confrérie a annoncé qu’elle était disposée à introduire des amendements à son projet politique. Selon des sources bien informées, la version finale du programme interdit aux coptes ou aux femmes d’accéder à la présidence de la République. Elle souligne que tout gouvernement se doit de respecter les accords antérieurs, mais ajoute qu’aucun accord n’est éternel, en allusion au Traité de paix de camp David entre l’Égypte et Israël.

Audiovisuel arabe et musulman

AL-ALAM (TELEVISION IRANIENNE ARABOPHONE)
Conférence de presse
 Mahmous Ahmadinejad, président de la République islamique d’Iran
Nicolas Sarkozy manque encore d’expérience, ce qui veut dire que peut-être il ne comprend pas vraiment le sens de ce qu’il dit.
De notre point de vue, le dossier nucléaire de l’Iran est clos. Aucun membre de l’AIEA n’a coopéré autant avec l’agence que l’Iran.
Nous ne sommes pas très préoccupés par les activités d’un ou deux pays (La France, les États-Unis et la Grande-Bretagne, ndlr). Avec l’aide de Dieu, vous n’avez rien pu faire à la nation iranienne, et maintenant c’est terminé. Vous ne pourrez rien faire à l’avenir.
Ces puissances ont insulté et accusé la nation iranienne depuis deux ans, alors qu’elles savaient que leurs accusations étaient fausses.
Ceux qui sont venus occuper le pays pour augmenter leur puissance sont en train de la perdre, et n’ont plus d’influence politique. Ils sont devenus prisonniers de leur propre bourbier.
Bientôt il y aura un vide dans la région. Nous sommes prêts à remplir ce vide avec d’autres pays comme l’Arabie saoudite et le peuple irakien.
Il suffit d’attendre deux ou trois mois, pour constater que la pression états-unienne sur le gouvernement irakien va aussi se briser.
Où que se trouvent les sionistes, il y a la guerre, et où qu’il y ait une guerre ils sont là. Ma conviction personnelle est qu’ils sont responsables de la publication, dans un journal suédois, d’une caricature du prophète. Les sionistes sont dans les coulisses de cette affaire.
Les sionistes sont des gens sans religion. C’est une minorité organisée qui a infiltré le monde en agissant comme un parti sous-terrain qui a l’argent et les médias. Si le monde s’apaise, les peuples, même les Européens, et même les Allemands les déracineront.

Tendances et événéments au Liban

Le terme « partition » est revenu en force dans le discours des hommes politiques et le lexique des médias libanais. Il a fait sa réapparition dans le sillage de la virulente polémique entre pouvoir et opposition au sujet de l’élection présidentielle qui doit avoir lieu entre le 25 septembre et le 24 novembre. Les milieux du 14-mars estiment que l’opposition a sciemment réintroduit ce mot dans ses discours pour tenter d’intimider ses détracteurs. Mais le patriarche maronite Nasrallah Sfeir, qui ne peut en aucun cas être accusé d’avoir de sympathie pour l’opposition (le contraire serait plus adéquat) a mis en garde devant ses visiteurs contre les dangers du chaos et de la partition (du Liban) au cas ou le 14-mars élirait un président de la République issu de ses rangs à la majorité absolue, sans respecter le quorum constitutionnel des deux tiers (des membres du Parlement) seul garant de l’entente nationale.
Des sources de l’opposition assurent que le véritable projet du Parti socialiste progressiste (PSP de Walid Joumblatt) et des Forces libanaises (FL de Samir Geagea), deux des principales formations du 14-mars, est le démembrement du Liban au cas où ils ne réussiraient pas à mettre la main sur la totalité du pouvoir exécutif. Leur plan est d’élire un de leurs partisans à la présidence de la République et de nommer à la tête de l’armée une de leur marionnette.
Ces mêmes sources précisent que l’institution militaire constitue le seul véritable obstacle à la partition du Liban, un projet véhiculé récemment par des diplomates états-uniens qui ont parlé de la division du pays du cèdre en 12 cantons. Ces diplomates ont indiqué que des dirigeants politiques libanais, reçus par le président George Bush, se sont dits disposés à envisager une formule fédérale au Liban. Les mises en garde du chef de l’opposition chrétienne, le général Michel Aoun, contre les projets de partition, sont intervenues après un message envoyé par Walid Joumblatt par le biais d’une tierce partie au secrétaire général du Hezbollah, Sayyed Hassan Nasrallah, soulignant l’impossibilité de conclure une entente interne. « Pourquoi nous entretuer tous les 20 ans, a dit le leader druze. Démembrons le Liban et que le Hezbollah prenne la partie méridionale du pays ».
Des informations sûres indiquent que Samir Geagea a évoqué, cartes à l’appui, une formule fédérale au Liban, lors d’une réunion avec les cadres supérieurs de son ancienne milice.
C’est dans ce contexte que de nombreux analystes placent la guerre de Nahr el-Bared qui dure depuis plus de trois mois. L’objectif de ce conflit était de provoquer l’enlisement de l’armée dans une bataille longue et coûteuse, qui se terminerait par son démembrement sur des bases sectaires et confessionnelles. C’est en tout cas ce qu’espéraient ceux qui ont armé, entraîné et financé le groupe intégriste sunnite Fatah al-Islam.
Mais la clé de voûte de ce projet de partition reste la détermination du 14-mars à élire un président en dehors du Parlement et en violation du quorum constitutionnel des deux tiers. L’opposition est déterminée à faire échec à ce plan et à défendre à n’importe quel prix l’unité du Liban.

Artcles relatifs au Liban

• Le Hezbollah et le gouvernement libanais ont dénoncé un rapport de l’organisation Human Rights Watch concernant les attaques menées par la Résistance libanaise contre Israël en 2006, affirmant qu’il déformait la réalité.
Ce rapport, qui doit être publié jeudi, est consacré aux attaques à la roquette menées par le Hezbollah « de façon ciblée ou sans discrimination contre des civils et des objectifs civils » pendant le conflit, selon un communiqué de l’organisation de défense des droits de l’homme basée à New York.
Mais avant même sa publication, le Premier ministre Fouad Siniora comme le Hezbollah ont critiqué le document, et cette levée de boucliers a même perturbé l’organisation d’une conférence de presse que prévoyait jeudi HRW à Beyrouth.
« Israël lors de l’attaque de juillet 2006 a violé toutes les conventions et lois internationales », a déclaré dans un communiqué le bureau de M. Siniora, estimant que HRW « aurait dû commencer par Israël afin de mettre en contexte l’immensité des crimes commis contre les civils ». Israël « a tué près de 1 200 Libanais et en a blessé des milliers et, 72 heures après l’adoption de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’Onu, il a déversé 3,5 millions de sous-munitions sur le sud du pays », a-t-il ajouté.
Le porte-parole du Hezbollah Hussein Rahal a lui aussi affirmé que HRW aurait dû diriger ses premières critiques contre Israël. « Nous avons été les victimes et les gens ont le droit de se défendre, a-t-il déclaré. Nous n’avons pas visé de civils alors qu’Israël a visé la population civile du Liban ».
La Résistance libanaise a tiré plus de 4 000 roquettes sur la Galilée (nord d’Israël) durant le conflit, dans lequel 160 Israéliens ont péri, dont 140 militaires..

• L’armée a repris ses raids aériens sur les positions des islamistes retranchés dans le camp palestinien de Nahr el-Bared, dans le nord du Liban. Les hélicoptères de l’armée ont lancé plusieurs raids à partir sur les positions du Fatah al-Islam, aux prises avec les soldats libanais depuis plus de trois mois.
L’armée bombardait ces positions quotidiennement depuis le 9 août depuis des hélicoptères. Aucun raid aérien n’a toutefois été enregistré dimanche et lundi, marqués plutôt par des tirs d’artillerie.
Dimanche, l’armée libanaise a indiqué que ses frappes contre le Fatah al-Islam seraient « plus intenses » à la suite de l’évacuation vendredi 24 août des familles des combattants.
En ce qui concerne l’éventuelle évacuation de neuf blessés parmi les islamistes, les négociations se poursuivent toujours, a déclaré le Rassemblement des oulémas palestiniens, qui mène les négociations.
Selon une source du Rassemblement, l’armée insiste sur la reddition du reste des combattants, qu’elle évalue au nombre de 70, parallèlement à l’évacuation des blessés.
Un membre du Rassemblement, cheikh Iyad Abou al-Aardate, a par ailleurs déclaré que la situation des femmes sans papiers, qui étaient parmi les familles évacuées du camp vendredi, avait été régularisée. « Une partie de ces femmes est partie en Jordanie, alors que les autres ont rejoint leurs familles au Liban », a-t-il ajouté.
Les combattants du Fatah al-Islam, qui affirme avoir des affinités idéologiques avec le réseau Al-Qaïda, sont bien entraînés et bien armés. Ils sont retranchés dans des abris souterrains, sur un petit territoire dans le sud du camp qui, depuis le 20 mai, est le théâtre d’affrontements ayant fait plus de 200 morts, dont 148 militaires.

Audiovisuel libanais

LBC (FORCES LIBANAISES, 14-MARS)
Émission : Avec courage
 Invité : Hussein Darrar, ambassadeur d’Égypte au Liban
Le rôle de l’Égypte se poursuit et ne s’est jamais arrêté sur la scène arabe. Mais des changements ont eu lieu, à cause notamment de la puissance du pétrole. Le centre de décision arabe s’est donc naturellement déplacé vers les États pétroliers.
Il existe des différends entre l’Arabie saoudite, la Jordanie et le Liban d’une part, la Syrie de l’autre. Il y aussi des divergences entre tous les pays arabes et c’est regrettable.

Tendances est un bulletin quotidien de veille politique sur le Proche-Orient, réalisé par l’agence New Orient News à Beyrouth. Retrouvez-le sur Voltairenet.org, en versions arabe, anglaise et française. Consultez également Indicators, le bulletin quotidien de veille économique sur le Proche-Orient, disponible en versions anglaise et arabe.