Avec la publication du rapport de 918 pages du groupe de surveillance de l’Irak, beaucoup se demandent comment les États-Unis et la Grande-Bretagne ont pu se tromper à ce point. Il est important de nous pencher sur les raisons de ces erreurs pour ne plus les rééditer.
On a beaucoup parlé d’un problème de « pensée de groupe » ou d’un trop grand conformisme, mais dans ce cas, pourquoi les services de renseignement français, allemands et russes se sont-ils également trompés alors que leurs gouvernements s’opposaient au changement de régime. Je crois que notre problème vient de ce que nous considérons comme des preuves dans le renseignement. Au finale, il s’agit toujours d’interprétation d’événements. Les jugements portés sur l’Irak ont été marqués par les erreurs passées. En 1991, personne n’avait deviné que Bagdad était si avancé dans son programme nucléaire et, en 1995, on était prêt à lever les sanctions quand Hussein Kamal a fait défection et a dénoncé les tromperies de l’Irak vis-à-vis des inspecteurs. En peu de temps, les services de renseignement ont été trompés deux fois concernant un régime totalitaire. Ils ont donc placé plus haut la barre pour être convaincus du désarmement en Irak.
Les services de renseignement ont alors commencé à analyser ce qu’ils découvraient en Irak en partant du postulat de départ que Bagdad voulait les tromper à nouveau. Il faut penser toutefois au fait que si Hans Blix avait conclu qu’il n’y avait pas de programme nucléaire, les sanctions auraient été levées et l’Irak aurait alors relancé son programme nucléaire.
« How proof became a burden », par Philip Bobbitt, The Guardian, 8 octobre 2004.
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