Les conclusions du groupe de surveillance de l’Irak selon lesquelles l’Irak n’avait pas d’armes de destruction massive ne m’ont pas surpris car c’était déjà une des conclusions les plus probables du rapport que mes collègues de l’équipe de renseignement du ministère de la Défense et moi avons réalisé en 2002 ; une conclusion rejetée par les instances politiques dirigeantes. Ce qui m’a surpris par contre, c’est que le groupe de surveillance de l’Irak a estimé que le programme d’armes de destruction massive était plus faible en 2003 qu’en 1998 au moment où les inspecteurs ont quitté le pays alors que l’Irak a donné l’impression d’avoir quelque chose à cacher durant cette période. Peut-être que l’Irak a voulu laisser croire qu’elle disposait encore de forces de dissuasion. Ce qui est encore plus surprenant, c’est comment Tony Blair et les principaux responsables britanniques se sont laissés convaincre de l’existence d’armes de destruction massive en Irak alors que les experts étaient sceptiques.
Peut-être ont ils cru que l’Irak pourrait recréer ses capacités au point que nous ne puissions plus intervenir. Ils ont donc transformé nos rapports pour convaincre l’opinion de la menace irakienne afin que celle-ci accepte une intervention rendue possible par le 11 septembre. Comme certains responsables irakiens semblaient persuadés eux-mêmes de disposer d’un programme d’armes de destruction massive, cela a pu jouer dans ce sens, mais nos experts étaient quand même très suspicieux sur les « preuves » apportées. Pour partir en guerre, il faut un dossier solide et il ne l’était pas. Tony Blair affirme avoir été trompé par de mauvais renseignements, mais on a pas pu prouver l’existence de ces mauvaises informations. En refusant d’assumer ses erreurs, Blair nous conduit vers de nouvelles déconvenues.

Source
The Independent (Royaume-Uni)

« I’m still mystified how Blair convinced himself that Iraq had all those weapons », par Brian Jones, The Independent, 8 octobre 2004.