Tendances et événements au Proche-Orient

La visite du président syrien Bachar al-Assad en Turquie constitue un tournant important dans la carte des relations régionales qui sous-tendent les rapports de forces au Moyen-Orient. Elle couronne un long processus de partenariat économique et politique commencé il y a quelques années, notamment lors de la première visite de M. Assad à Ankara.
Comme le soulignent les rapports et les études, la coopération économique bilatérale a fait d’énormes progrès ces derniers temps. En parallèle, la coordination politique sur les dossiers régionaux s’élargit et se consolide. Elle est dictée par les intérêts communs dans de nombreux domaines, notamment celui de la sécurité nationale de chacun des deux pays. Lorsque les pressions et les menaces occidentales se sont accentuées sur la Syrie, la Turquie a pris soin de ne pas autoriser l’utilisation de son territoire pour des actions militaires ou subversives contre Damas. Un véritable partenariat s’est instauré dans le dossier irakien. Après que la Syrie eut réussi à briser son isolement, la Turquie veut maintenant se poser en médiateur entre ce pays et les États-Unis et ses alliés. C’est ainsi qu’Ankara cherche à faire baisser la tension entre la Syrie et Israël qui a atteint des degrés dangereux dans le Golan occupé, où les deux armées massent des troupes et procèdent à des manœuvres et des exercices intensifs.
Les relations syro-turques constituent un succès certain pour le président Assad qui a su gérer avec habileté les délicates équations régionales, à un moment où un des principaux pays arabes, l’Irak, voisin de la Syrie, est sous occupation US. Dans la confrontation visant à faire tomber la Syrie en tant que dernier bastion de la résistance arabe face à l’hégémonie états-uno—israélienne, Damas a marqué un point important.

Presse et agences internationales

MATINE (QUOTIDIEN IRANIEN)
La participation du président russe au sommet des chefs d’État des cinq pays de la Caspienne, ou la mer de Kharz, revêt une grande importance. Surtout que Vladimir Poutine avait refusé de rencontrer le président Mahmoud Ahmadinejad lors du sommet de Shanghai, et a participé à de nombreuses conférences internationales aux côtés de George Bush, de Nicolas Sarkozy et d’autres dirigeants occidentaux et sionistes, qui ont condamné l’Iran pour son programme nucléaire. Lors de ces manifestations, M. Poutine avait exprimé le soutien de son pays aux résolutions du Conseil de sécurité imposant des sanctions contre Téhéran. En dépit de cela, la Russie continue d’entretenir de bonnes relations avec l’Iran et appelle à la poursuite du dialogue au sujet du dossier nucléaire.
Ces dernières années, la presse avait fait état à plusieurs reprises de la venue de Poutine à Téhéran. Mais une telle visite n’a jamais eu lieu. Les deux pays ont même échangé des accusations sur le retard dans la construction et la mise en service de la centrale nucléaire de Bouchehr. Moscou a déclaré qu’il s’engageait à respectait les résolutions de la légalité internationale, alors que Téhéran l’accusait d’avoir cédé aux pressions d’Israël et des États-Unis.
La Russie affirme que la participation de Poutine au sommet de la Caspienne se limite à l’examen d’une formule juridique et légale de partage entre les États riverains de cette mer. Ces États indiquent que la part de l’Iran ne devrait pas dépasser les 15 %, alors qu’elle était de 50 % à l’époque de l’Union soviétique, il y a 15 ans.

KEYHANE (QUOTIDIEN IRANIEN)
Les étudiants qui ont scandé des slogans hostiles au président Mahmoud Ahmadinejad représentent le camp occidental impérialiste. Ils sont les déchets de l’Occident. Quelle différence y’a-t-il entre la haine d’Israël à l’égard du président et l’animosité de certains à l’intérieur de l’Iran vis-à-vis du chef de l’État. Tous les rapports de sécurité ont prouvé que les étudiants qui ont brandi des banderoles hostiles au président Ahmadinejad le qualifiant de dictateur sont des éléments communistes athées, des agents de l’Amérique et de l’ancien régime du Chah. Les adversaires du président ont affirmé qu’il a échoué à refaire à l’université de Téhéran ce qu’il avait fait à Colombia. Ils prétendent qu’il a quitté les lieux effrayé. Mais en réalité, les éléments subversifs ont voulu créer une diversion pour couvrir de leurs cris la brillante réussite du président à New York.
Certains médias adverses et occidentaux ont prétendu que les étudiants protestataires étaient au nombre de plusieurs milliers. En vérité, ils n’étaient que 20 ou 30.

• Les médias iraniens ont rapporté les propos de Bahzad Nabaoui, responsable de l’organisation « La Révolution de l’Iran » (hostile à Ahmadinejad) qui assure que l’opposition iranienne ne croit pas à la violence armée. « Il est important de poursuivre le dialogue calme pour que toutes les forces politiques récupèrent leurs droits », a-t-il dit.
Pour sa part, le responsable du parti Ihtimad Melli (opposition), cheikh Mehdi Karroubi, a dénoncé ce qu’il a appelé « la monopolisation du pouvoir et la détermination des extrémistes à poursuivre leurs exactions et leurs violations des droits des autres ». Cheikh Karroubi a exprimé sa crainte que les opposants ne soient pas autorisés à participer activement aux prochaines élections du Conseil de la Choura (Parlement). Il a mis en garde contre l’organisation d’un simulacre d’élections, faisant état de nombreuses irrégularités lors des dernières élections parlementaires et présidentielles. Il a notamment accusé le pouvoir d’avoir utiliser les médias audiovisuels et les tribunes des mosquées pour mener la campagne de ses candidats.

• Le président George Bush a décidé d’envoyer son conseiller pour la sécurité nationale au Proche-Orient la semaine prochaine afin de faire pression sur les Israéliens et les Palestiniens en vue d’un accord sur des négociations de paix formelles, a annoncé jeudi un haut responsable de l’administration sous couvert de l’anonymat.
Cette annonce intervient alors que la secrétaire d’État Condoleezza Rice a fait part jeudi de son optimisme à la suite de sa visite de quatre jours en Israël et en Cisjordanie visant à préparer la conférence sur le Proche-Orient prévue aux États-Unis fin novembre ou début décembre.
« Je pense qu’ils (Israéliens et Palestiniens) sont très sérieux, a-t-elle déclaré. « Les équipes sont sérieuses. Les gens sont sérieux. Les enjeux sont sérieux », précisant toutefois que des tensions persistaient entre les deux camps.
Le conseiller à la sécurité nationale Stephen Hadley se rendra au Proche-Orient la semaine prochaine pour assurer le suivi de la visite de Condoleezza Rice, a indiqué un haut responsable de l’administration Bush. La secrétaire d’État retournera, elle, dans la région fin octobre ou début novembre pour de nouvelles discussions avec Israéliens et Palestiniens.
Condoleezza Rice se rendra également en Turquie pour un sommet des pays voisins de l’Irak, à l’occasion de cette visite.

REUTERS (AGENCE DE PRESSE BRITANNIQUE)
Le président russe Vladimir Poutine, qui va conduire la liste de son parti aux élections législatives de décembre, a prôné jeudi un Parlement fort pour garantir la stabilité du pays et la continuité des politiques après son départ du Kremlin.
En tenant ces propos lors d’une séance de questions-réponses avec la population russe retransmise à la télévision, Poutine laisse entendre qu’il a l’intention de mettre à profit une assise politique au Parlement pour continuer à diriger indirectement le pays.
La stratégie du maître du Kremlin à l’issue de son second mandat présidentiel en 2008 alimente toutes les spéculations depuis qu’il annoncé le mois dernier qu’il conduirait la liste du parti Russie unie aux élections législatives du 2 décembre et qu’il envisageait la possibilité de devenir Premier ministre.
« En 2007 et 2008, nous avons des élections législatives et présidentielle et il y aura une personne différente au Kremlin », a dit Poutine alors qu’il était interrogé sur les motivations qui l’ont poussé à se présenter aux élections législatives.
« Dans ces conditions, il est extrêmement important de préserver un chemin stable de développement pour notre pays et la continuité des décisions qui ont été prises au cours des dernières années », a-t-il ajouté. « Il est vital que le Parlement soit efficace », a-t-il poursuivi.
Poutine a par ailleurs estimé qu’il n’était pas nécessaire de modifier l’équilibre des pouvoirs entre le président et le gouvernement pour créer deux centres d’autorité, a rapporté l’agence Interfax.
« Il n’est pas opportun de rogner sur les pouvoirs du gouvernement ou de lui en attribuer de nouveaux », a déclaré Poutine à la presse, avant d’ajouter qu’il était « hostile à une réduction des prérogatives du président russe ».
Selon un analyste, les propos de Poutine sur la nécessité d’un Parlement fort donnent des indices sur la manière dont il entend rester influent dans la vie du pays après 2008. Le président ne peut pas constitutionnellement briguer un troisième mandat consécutif lors de l’élection présidentielle de mars 2008.
« L’un des scénarios est qu’il va y avoir une forte majorité pro-Poutine au Parlement et le centre de gravité de la vie politique va se déplacer vers cette majorité », a déclaré à Reuters l’analyste indépendant Dmitry Orechkine.
« Puisque le Parlement sera dans les faits contrôlé par Poutine, toutes les politiques du pays seront par conséquent contrôlées par Poutine », a-t-il ajouté.

• L’émissaire russe auprès de l’Union européenne a déclaré que les discussions sur l’avenir du Kosovo devraient se poursuivre au-delà de la date limite du 10 décembre fixée par les Nations unies.
« Le processus de négociation ne s’achève pas le 10 décembre. Nous ne considérons pas cette date comme un seuil, c’est juste une étape », a déclaré le diplomate russe, Vladimir Tchijov, lors d’une visio-conférence de presse organisée à Bruxelles.
Une « troïka » de médiateurs formée de l’Union européenne, des États-Unis et de la Russie doit remettre à cette date son rapport au secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon.
Désignée en juillet après le refus de Moscou de voter un projet de résolution soutenant l’indépendance du Kosovo, cette mission de médiation doit tenter de faciliter un compromis entre Belgrade et Pristina sur le statut définitif de la province séparatiste administrée depuis 1999 par les Nations unies.
Mais les deux parties campent pour l’heure sur des positions opposées : la Serbie propose une autonomie élargie tandis que la majorité albanophone du Kosovo réclame l’indépendance pure et simple.
Lorsque la troïka aura remis son rapport, a poursuivi Tchijov, « il appartiendra au secrétaire général de décider de la suite : soit demander à la troïka de poursuivre son travail, soit de créer un nouveau format (de négociations), soit les Serbes et les Albanais du Kosovo auront conclu d’ici là un accord ».
Ancien émissaire dans les Balkans, Tchijov a fait état de « pas modestes » en direction d’un accord. « Au moins y a-t-il un dialogue direct entre les Albanais du Kosovo et les Serbes », a-t-il dit. « Mais il serait prématuré et risqué de parler d’avancée », a poursuivi ce diplomate chevronné. « Espérons que nous aurons réuni au 10 décembre suffisamment d’éléments positifs et que ces négociations se poursuivront ».
Une nouvelle réunion est prévue le 22 octobre à Vienne avec la « troïka » des médiateurs internationaux, qui entend conduire ensuite un programme intensif de pourparlers directs jusqu’au 10 décembre.
Les autorités kosovares menacent de proclamer unilatéralement l’indépendance de la province sécessionniste faute d’accord avant le 10 décembre sur son statut final.
Mardi, le Premier ministre serbe, Vojislav Kostunica, a accusé les États-Unis d’empêcher toute solution de compromis.
À Rome, son ministre des Affaires étrangères, Vuk Jeremic, a laissé entendre que le Kosovo pourrait obtenir pratiquement tous les attributs d’un pays indépendant, sauf le siège aux Nations unies, si seulement il passe un compromis et accepte certaines formulations retenues par les Serbes.
Lundi, le département d’Etat US avait prévenu que si aucune solution n’était trouvée à la date du 10 décembre, l’administration Bush prônerait la mise en oeuvre du plan d’indépendance sous supervision internationale proposé par Martti Ahtisaari, précédent médiateur de l’Onu qui n’a pu rapprocher les positions antagonistes de Belgrade et Pristina en dépit de treize mois de pourparlers.

Audiovisuel international

AL-JAZEERA (CHAINE QATARI)
Le principal journal du soir
 Vladimir Poutine, président russe
Je mets en garde les États-Unis contre des mesures de rétorsion s’ils refusent de prendre en considération les inquiétudes de la Russie concernant l’installation d’un bouclier anti-missile en Europe.
La Russie est en train de développer une nouvelle génération d’armes nucléaires dans le cadre du renforcement de ses capacités défensives.
Le dialogue direct avec Téhéran reste le meilleur moyen pour régler la crise du nucléaire plutôt que les menaces de recourir à la force ou d’imposer de nouvelles sanctions.

Tendances et événements au Liban

Sur le plan interne, les contacts autour de l’élection présidentielle sont quasiment interrompus. Mais ils recevront une bouffée d’oxygène avec la rencontre entre les représentants du pouvoir et de l’opposition qui sera organisée samedi à l’initiative et en présence des ministres français, espagnol et italien des Affaires étrangères. Ces trois pays sont les principaux contributeurs à la Finul déployée, au Liban-Sud dans le cadre de la résolution 1701.
La question qui se pose avec acuité dans les coulisses libanaises est celle de savoir si les pressions, exercées par le Vatican sur les pays européens pour les pousser à encourager un compromis inter-libanais, seront suffisamment efficaces pour surmonter les obstacles dressés par les États-uniens. L’absence de tout soutien saoudien ne joue pas en faveur de l’entente et n’aide pas le président Nabih Berri et le patriarche maronite Nasrallah Sfeir, qui se sont entendus sur les qualifications du président consensuel, à aller de l’avant.
Selon des sources bien informées, l’entretien téléphonique entre Bernard Kouchner et son homologue syrien Walid Moallem, a porté sur le dossier libanais. Il vise à préparer une rencontre entre les deux hommes début novembre à Istanbul, en marge de la réunion des pays voisins de l’Irak. En parallèle, des responsables du Quai d’Orsay poursuivent des contacts discrets à Damas.
La séance du 23 octobre convoquée par Nabih Berri pour élire un nouveau président va probablement être reportée, à l’instar de celle du 25 septembre. Pendant ce temps, les deux faucons du 14-mars, les anciens chefs de guerre Samir Geagea et Walid Joumblatt, assurent que les démarches visant à conclure un accord entre le pouvoir et l’opposition, vont se poursuivre jusqu’au 14 novembre. Passé ce délai, le 14-mars élira un président issu de ses rangs à la majorité simple, une mesure considérée anticonstitutionnelle par une majorité d’hommes politiques, de juristes et de Libanais ordinaires.
En l’absence de compromis, les dix derniers jours du mandat d’Emile Lahoud seront considérés comme une période cruciale entre le pouvoir et l’opposition. Les deux parties vont tester leur volonté. Le 14-mars se promet de reconstituer le pouvoir libanais en plaçant ses hommes à toutes les institutions politiques, sécuritaires et militaires. Le pouvoir assure que l’opposition ne réagira pas et se contentera de négocier la composition du futur gouvernement. Mais dans les milieux de l’opposition, on assure qu’à toute mesure anticonstitutionnelle du 14-mars, la riposte sera surprenante.
Dans ce contexte, le flou le plus total entoure les intentions du président Emile Lahoud et les mesures qu’il compte prendre pour empêcher la vacance de pouvoir à la tête de l’État.

Presse libanaise

AN-NAHAR (QUOTIDIEN PROCHE DU 14-MARS)
La délégation des ministres européens des Affaires étrangères va rencontrer samedi les dirigeants du 14-mars et de l’opposition.

AS-SAFIR (QUOTIDIEN PROCHE DE L’OPPOSITION)
Le député Walid Joumblatt, qui se trouve à Washington, a mandaté Saad Hariri de s’entendre avec l’opposition sur le nom du prochain président de la République.
L’adjoint de Robert Gates, Eric Edelman, en visite à Beyrouth, a fait état d’un partenariat stratégique entre le Liban et les États-Unis. Lors de ses entretiens avec les responsables libanais, il a affirmé qu’il ne voyait pas de raisons que le Liban considère Israël comme un ennemi.

Audiovisuel libanais

LBC (FORCES LIBANAISES, 14-MARS)
Émission : Les gens en parlent
 Eric Edelman, adjoint politique du secrétaire US à la Défense
J’ai proposé au Premier ministre Fouad Siniora, au commandant en chef de l’armée, le général Michel Sleimane, et au ministre de la Défense Elias Murr, la formation d’un groupe de travail conjoint entre les ministères de la Défense des deux pays. Ce groupe aidera à élaborer la stratégie du Liban et de son armée.
Nous voulons appuyer cette stratégie et, à l’avenir, nous allons soutenir l’armée financièrement et matériellement. Nous ne réclamons rien en contrepartie de cette assistance.
Je ne vois pas de raison pour que le Liban et Israël soient ennemis.

Tendances est un bulletin quotidien de veille politique sur le Proche-Orient, réalisé par l’agence New Orient News à Beyrouth. Retrouvez-le sur Voltairenet.org, en versions arabe, anglaise et française. Consultez également Indicators, le bulletin quotidien de veille économique sur le Proche-Orient, disponible en versions anglaise et arabe.