Le référendum contre la modification de la loi sur l’agriculture n’a pas abouti, mais l’action ne fait que commencer. Ce référendum a permis la rencontre de nouveaux compagnons de route avec qui on partage les mêmes objectifs politiques et humains. C’était surtout encourageant de voir comment les citoyens de toutes les parties de la Suisse se sont retrouvés pour ­défendre des valeurs communes.
Notre société n’a plus pour objectif que la croissance par un développement de la consommation. Nous lions tout au baromètre de la consommation qui est devenue bouli­mique. Cette boulimie n’a plus rien à voir avec nos besoins vitaux. La liberté s’est réduite à la liberté d’acheter, de jeter, de polluer.
Nous ne faisons plus de choix de société, c’est le marché qui nous dicte ses choix. Le marché n’a pas de conscience, n’a pas de sens des responsabilités, il a uniquement un objectif économique. Que fait le marché aujourd’hui ? Est-ce qu’il renonce à déve­lopper les transports polluants ? Est-ce qu’il s’interdit l’approvisionnement dans des usines d’esclaves ? Est-ce qu’il renonce au transport de marchandise tout autour de la planète ? Est-ce qu’il cherche à préserver un tissu social dans toutes les régions ? Est-ce qu’il se soucie de la cohésion nationale ? Est-ce qu’il prend les mesures nécessaires pour ramener la consommation à un niveau qui soit en rapport avec une gestion responsable des ressources naturelles ? Est-ce que le marché se soucie des générations futures ?
Non ! Le marché joue son rôle, et il le joue bien. C’est la société qui ne joue plus son rôle, c’est elle qui ne veut plus planifier, réguler, organiser, arbitrer.
L’objectif de notre mouvement est de développer une société responsable, souveraine et respectueuse des droits. C’est pour cette raison que nous nous adressons aux citoyens et non aux consommateurs. Il y a la notion d’appartenance à une société donc de responsabilité chez le citoyen qu’il n’y a pas chez le consommateur. La préservation de l’environnement, la garantie du respect des droits, la responsabilité de transmettre aux générations futures sont des choix citoyens. Remettons le citoyen et le consommateur à leur place !
Transformons le non-aboutissement du référendum en victoire ! Nous avons gagné car nous avons eu le courage de poser l’oppo­sition à cette politique de libre marché. Nous avons gagné aussi car nous avons réuni un grand nombre de signatures dans toute la Suisse. Ce résultat nous donne l’enthousiasme pour poursuivre notre réflexion. Cette dernière a pour objectif de nous per­mettre de formuler le texte d’une initiative qui intro­duirait dans la Constitution la notion de ­souveraineté et qui permettrait à la Suisse de protéger ses choix face au diktat de l’OMC.

Source
Horizons et débats (Suisse)