Tendances et événements au Proche-Orient

L’entrée de l’Égypte sur la voie de l’échéance présidentielle au Liban constitue un indice supplémentaire des nouvelles orientations régionales du Caire. Celles-ci se caractérisent pas les fortes réserves exprimées à l’égard des politiques états-uniennes qui se son soldées, aux yeux de l’Égypte, par de véritables catastrophes dans plus d’un pays. Le président Hosni Moubarak avait déjà fait preuve de beaucoup de sagesse en dépit des énormes pressions de Washington visant à convaincre son pays à prendre part au plan d’escalade auquel d’autres États arabes se sont associés, parfois avec enthousiasme.
Les observateurs soulignent que l’Égypte a adopté une attitude réservée vis-à-vis des événements de Gaza et des tentatives d’imposer un blocus total au territoire contrôlé par le Hamas. Mais les autorités égyptiennes ne sont pas allées jusqu’à défier les États-Unis et lancer des initiatives et des dynamiques allant dans le sens contraire des engagements pris par d’autres pays arabes comme l’Arabie saoudite et la Jordanie. Le Caire a également exprimé des réserves concernant la conférence de paix convoquée par George Bush, appelant tantôt à la participation de la Syrie et du Liban, et par conséquent à l’inscription des dossiers du Golan et des fermes de Chebaa à l’ordre du jour, tantôt à son report.
La visite à Beyrouth du ministre égyptien des Affaires étrangères, Ahmad Aboul Gheit, s’inscrit dans le cadre des efforts destinés à empêcher une confrontation entre le pouvoir et l’opposition, encouragée par les États-Unis et certains États arabes, qui soutiennent les éléments les plus extrémistes du 14-mars.
Des sources diplomatiques arabes estiment que la position de l’Égypte pourrait constituer un nouveau point de départ, à condition qu’elle soit coordonnée avec la Syrie. Le tandem Damas-Le Caire peut jouer un rôle efficace dans la région, surtout que l’action de Washington baigne dans la confusion la plus totale.
Il ne fait pas de doute qu’au Liban et en Palestine, une action arabe commune pourrait éviter une explosion aux conséquences incalculables.

Presse et agences internationales

AL-BAYAN (QUOTIDIEN EMIRATI)
• L’escalade spectaculaire à la frontière turco-irakienne dépasse le cadre de simples embuscades, en dépit du nombre élevé de victimes dans les rangs de l’armée turque et de la gravité d’une éventuelle incursion dans le Nord de l’Irak. L’intensité des combats et la force des réactions suscitées par les incidents font craindre que la question turco-kurde ne soit introduite au cœur de la crise du Moyen-Orient, avec tout ce qu’elle comporte comme complications et conséquences.
 Hassan Ezzeddine
Les expressions diplomatiques bien choisies dans le cadre de la polémique sur le bouclier anti-missiles US n’ont pas réussi à cacher certaines caractéristiques rappelant la Guerre froide, que l’on croyait à jamais révolue. La Russie se trouve aujourd’hui au cœur de la confrontation directe contre le bouclier anti-missile. Car elle estime qu’elle est la première et la dernière cible de ce projet, en raison des nombreuses réalités et transformations politiques, économiques et militaires, qui, visiblement, n’ont pas convaincu l’Occident de ses bonnes intentions. La période actuelle est délicate. Elle pourrait s’ouvrir sur des développements historiques qui, espérons-le, resteront dans le cadre pacifique. Personne ne souhaite le retour de la Guerre froide. Mais si elle devait revenir, elle serait, pour les peuples de l’Europe centrale, mille fois meilleure qu’une véritable guerre dans laquelle seraient utilisés ces gigantesques arsenaux.

AL-KHALEEJ (QUOTIDIEN EMIRATI)
L’activité à l’intérieur du Liban pourrait aider à passer le cap de l’échéance présidentielle en éloignant des Libanais les coupes amères qu’ils sont contraints de boire à cause de calculs et d’ingérences venus de l’extérieur. Le report de la séance de l’élection présidentielle du 23 octobre au 12 novembre est un signe positif. Surtout que le président de la Chambre, Nabih Berri, a affirmé que ce report avait pour but de donner plus de temps aux concertations en cours pour tenter de s’entendre sur un candidat consensuel. Il s’agit donc d’une dose d’optimisme face aux doses pessimistes qui évoquent des horizons bouchés, une entente impossible et des scénarios catastrophes. Comme par exemple les discours sur l’élimination d’une partie par l’autre, ou de la formule vainqueur et vaincu. Autant de méthodes expérimentées dans le passé au Liban et qui se sont soldées par un désastre pour le pays et ses habitants. Entre l’entente et le plongeon dans l’inconnu en l’absence de compromis, les Libanais doivent choisir la première option.

TECHRINE (QUOTIDIEN SYRIEN)
Ces dernières années ont été difficiles pour la région et pour le monde arabe. Elles ont été marquées par des crises, des ingérences étrangères et des tentatives états-uniennes de pousser les Arabes à s’aligner sur la vision non objective de Washington d’une solution au conflit israélo-arabe, au détriment des droits des Arabes. Certains ont cédé aux intimidations US et ont accepté d’être mis dans la case des « modérés » dans l’espoir d’échapper à la colère des États-Unis. Même si cela se fait aux dépens des vrais intérêts arabes et des questions existentielles qui doivent constituer l’immunité conte la division et le démembrement. Avec l’absence d’une boussole, les divergences d’intérêts, l’expansion de la culture défaitiste, le recul de la coordination interarabe, les peuples arabes se sont retrouvés dans une situation inconfortable. Leurs inquiétudes ont augmenté et leurs angoisses se sont amplifiées, en regardant ce qui est arrivé au Liban et en Irak, dans les territoires palestiniens, au Darfour et en Somalie. Toutes ces crises ne constituent-elles pas, pour les peuples arabes, une source d’inquiétude ?

Audiovisuel international

AL-JAZEERA (CHAINE QATARI)
Principale journal du soir
 Oussama Ben Laden, chef de l’organisation al-Qaida
Les Moujahidines ont commis des erreurs en Irak. Les sages doivent trancher. Il faut rejeter le recours à la violence entre les Irakiens, unifier les rangs des Moujahidines et faire primer l’intérêt de l’Oumma. Il faut revenir à la charia dans toutes les questions.
Les ennemis veulent provoquer des discordes entre les différents groupes en y implantant des agents.

Tendances et événements au Liban

Les développements des deux derniers jours laissent croire que les chances d’une entente augmentent à la faveur du forcing international et régional. Articles, études et rapports, soulignant les graves dangers qui peuvent découler d’une éventuelle confrontation encouragée par l’administration Bush, se multiplient. Washington ambitionne d’utiliser le Liban comme base de départ pour une agression contre la Syrie après avoir mis la main sur ses institutions, la présidence de la République étant la plus importante, et après avoir fait limoger le haut commandement de l’armée. Il aura ainsi réussi à se débarrasser des deux derniers obstacles qui sont restés en dehors de son contrôle après le coup d’État du 14 mars 2005. L’objectif de ce complot était de rattacher le Liban au plan d’hégémonie israélo-états-unien.
Un ancien diplomate libanais pense que les États-Unis, déboussolés par leur échec en Irak, tardent à prendre une décision concernant le dossier libanais. D’autres sources proches des trois ministres européens des Affaires étrangères, qui ont visité le Liban, samedi et dimanche derniers, affirment que Washington a donné le feu vers à ses alliés afin qu’ils exercent des pressions sur le pouvoir libanais pour qu’il accepte un compromis avec l’opposition. L’Égypte, qui aurait également obtenu ce feu vert, a décidé de dépêcher son ministre des Affaires étrangères, Ahmad Aboul Gheit, pour proposer une initiative de règlement de la crise. Il s’agit en fait de pressions exercées sur le 14-mars pour qu’il fasse preuve d’une plus grande flexibilité et engage un processus de compromis avec l’opposition autour du nom d’un candidat consensuel. L’Arabie saoudite, elle, fait preuve d’une étonnante passivité. Elle attend que la volonté aétats-unienne s’exprime clairement.
Les observateurs notent qu’une intense activité se déroule dans les rangs du 14-mars dans des vois différentes. L’ancien président, Amine Gemayel, a opéré une large ouverture en direction de l’opposition qui s’est illustrée par sa rencontre avec le chef de l’opposition chrétienne, Michel Aoun.
Walid Joumblatt, lui, continue d’exprimer des positions extrêmement agressives, reflétant son état psychologique très tendu. Ses déclarations contre la Syrie et le Hezbollah, qui ont frôlé l’hystérie, en sont l’illustration la plus vivante. La multiplication des informations, sur des sites internet et dans des journaux israéliens, sur des contacts et des rencontres entre Joumblatt et des responsables israélien, dont le Premier ministre Ehud Olmert, prouve que le chef druze est en train de perdre sa dernière boussole politique.
_ Walid Joumblatt et Samir Geagea veulent à tout prix saboter toute entente interlibanaise qui les contraindra à reprendre une influence politique plus compatible avec leur modeste poids populaire. Mais ils ne sont que des instruments. Si George Bush et Nicolas Sarkozy décident, lors de leur sommet le 6 novembre, d’encourager l’entente au Liban, la crise sera réglée en un clin d’œil. Si Dick Cheney et son équipe veulent tenter une nouvelle aventure incertaine au pays du cèdre, à ce moment, même ceux qui, au sein du 14-mars, prônent le dialogue, jetteront leurs masques et montreront leurs crocs.

Presse libanaise

AS-SAFIR (QUOTIDIEN PROCHE DE L’OPPOSITION)
Une rencontre réunira prochainement l’ancien président de la République, Amine Gemayel, à l’ancien ministre, Sleimane Frangié. Cette information survient alors que dans quelques jours, une rencontre est prévue entre le général Michel Aoun et le leader de la coalition au pouvoir, le député Saad Hariri.
Le Hezbollah est contre le vide constitutionnel qui pourrait être le résultat de ceux qui mènent des campagnes contre le compromis.

AL-AKHBAR (QUOTIDIEN PROCHE DE L’OPPOSITION)
Walid Joumblatt est en train de s’isoler tandis que le train de l’entente suit son chemin vers le compromis. Mais une question se pose : Washington joue-t-il un double jeu, positif et négatif, au Liban ?

Audiovisuel libanais

OTV (CHAINE DU COURANT PATRIOTIQUE LIBRE, OPPOSITION)
Émission : Rencontre spéciale
 Sleimane Frangié, un des chefs chrétiens de l’opposition
Le climat positif et optimiste répandu ces deux derniers jours ne reflète pas nécessairement la réalité des faits. Les États-Unis ne veulent pas une entente. Ils souhaitent soit l’élection à la présidence d’une personnalité pro-US, soit le vide constitutionnel.
L’ambiance actuelle est favorable à un attentat ou un assassinat. L’objectif de cet attentat serait de torpiller le rapprochement syro-turc et les contacts franco-syriens, et de justifier l’élection, à la majorité simple, par le 14-mars d’une personnalité issue de ses rangs à la présidence.
Le seul vrai candidat du 14-mars c’est Nassib Lahoud, car il est l’homme des Saoudiens.

Tendances est un bulletin quotidien de veille politique sur le Proche-Orient, réalisé par l’agence New Orient News à Beyrouth. Retrouvez-le sur Voltairenet.org, en versions arabe, anglaise et française. Consultez également Indicators, le bulletin quotidien de veille économique sur le Proche-Orient, disponible en versions anglaise et arabe.