Une des premières fonctions de l’Etat est de garantir la sécurité des per­sonnes. Autorités et gouvernements se doivent de protéger hommes et femmes le mieux possible de toute violence, criminalité, guerres, conflits internes et, bien sûr, violations des droits humains. Le droit à la vie est LE droit fondamental de l’humanité. S’il n’est pas respecté, les autres droits, par définition, ne s’appliquent pas. Comment un Etat peut-il rester crédible comme garant de la sécurité humaine s’il peut décider de la vie ou de la mort ? Certes, pour des crimes graves, les juges doivent pouvoir disposer de sanctions lourdes. Mais la peine capitale ne se justifie pas car son effet dissuasif ne peut être prouvé. Elle est inhumaine, car une erreur juridique ne peut jamais être exclue à 100%. L’Etat risque – en appliquant la peine de mort – de se transformer en meurtrier. Pour ces raisons la peine de mort doit être bannie. Tous les Etats membres du Conseil de l’Europe s’y sont engagés. Mais le droit à la vie est une valeur universelle, un droit qui doit être protégé par tous les gouvernements de la planète.
La lutte contre la peine de mort s’inscrit dans la liste des priorités pour notre politique de droits humains. La Suisse participe activement aux débats contre la peine de mort qui se déroulent au sein des organisations internationales comme l’ONU, le Conseil de l’Europe et l’OSCE. Elle soutient l’engagement abolitionniste des organisations non-gouvernementales. Dans ses relations bilatérales, la Suisse engage également des dialogues avec de nombreux pays sur la problématique de la peine capitale.
Certains Etats ne veulent pas renoncer à la peine de mort. L’effort de persuasion de l’opinion internationale doit continuer. Le dialogue et la propagation des idées sont les meilleurs moyens. A ce titre, la journée internationale contre la peine de mort est un événement important. Je félicite les organisations non-gouvernementales regroupées dans la « Coalition mondiale contre la peine de mort » ainsi que le Conseil de l’Europe qui ont proclamé le 10 octobre journée internationale contre la peine de mort. La commémoration d’une journée contre la peine capitale sert à sensibiliser l’attention internationale. Aussi longtemps qu’il y aura des condamnations à mort et que le droit de certains Etats les prévoira, l’abolition de la peine de mort devra rester en tête des priorités de la politique internationale des droits humains.
Je remercie les responsables du Conseil de l’Europe et de l’Union européenne, ainsi que les représentants de leurs Etats membres, qui se sont réunis le 9 octobre à Lisbonne lors d’une conférence internationale contre la peine de mort, organisée par la présidence portugaise de l’UE avec le soutien de la Commission européenne. Cette conférence nous donne l’occasion de réaffirmer l’engagement de l’Europe en faveur de l’abolition de la peine de mort dans le reste du monde et appellera à un moratoire universel.

Source : Département fédéral des Affaires étrangères, www.admin.ch