Après le cessez-le-feu à Nadjaf entre les forces américaines et l’armée du Mehdi, beaucoup ont fait part de leur scepticisme quant à la réalité de la volonté de Moqtada Sadr de participer aux élections de janvier comme il l’a promis. Pourtant, deux évènements récents montrent que leur scepticisme était peut-être déplacé.
Le premier événement est l’intention affichée par M. Sadr de former un parti politique, parti qui devait initialement s’appeler le parti du Mehdi, mais qui adoptera l’appellation plus consensuelle de Front patriotique. Il apparaît de plus en plus que l’insurrection de cet été à Nadjaf et à Sadr City n’avait pas d’autres buts que de rassembler autour de Sadr les jeunes chiites pauvres, pas de chasser les forces d’occupation. Son parti pourrait avoir 55 % des voix en janvier prochain.
Le second événement est le retour au premier plan d’Ahmed Chalabi qui a publiquement rompu avec les États-Unis en mai. Pour les chiites, Chalabi a aujourd’hui les bons ennemis (Saddam Hussein, Washington, Iyad Allaoui et les sunnites) et il a les bons amis (les élites économiques chiites), par ailleurs, il a rencontré Ali Sistani une douzaine de fois. Il a aussi rencontré régulièrement les hommes de Sadr. Pas mal pour un homme présenté comme un mort politique cet été. Il est en train de reformer un parti politique qui développe des contacts avec les sunnites et les Kurdes.
Washington doit cesser de voir Sadr et Chalabi comme des ennemis car leur alliance pourrait être cruciale dans la construction d’un Irak libre.

Source
New York Times (États-Unis)
Le New York Times ambitionne d’être le premier quotidien global au travers de ses éditions étrangères.

« Iraq’s New Power Couple », par Bartle Breese Bull, New York Times, 15 octobre 2004.