Ces dernières semaines, les discussions sur la possibilité de construire un État palestinien pour résoudre le conflit israélo-palestinien ont été relancées. Cette question commence à être discutée par des groupes et des personnes appartenant à l’establishment militaire et politique des deux camps. Il n’est pas impossible que nous soyons en train de changer de paradigme et d’abandonner celui des « deux États, qui après tout à moins de 20 ans.
Le plan d’Ariel Sharon par exemple implique un « désengagement » qui pourrait entraîner une fracture nationale et qui fera disparaître l’éventualité d’un État palestinien. Dès lors, certains militaires de haut rang envisagent, après ce retrait et une fois que le monde sera convaincu qu’il n’y a personne avec qui discuter de renoncer à la solution des deux États, de laisser des parties des territoires occupés à la Syrie, à la Jordanie et à l’Égypte. Il est fou de penser que les États arabes accepteraient de devenir les supplétifs de Tsahal contre le nationalisme palestinien, mais une telle demande permettrait de rejeter la responsabilité des problèmes sur les pays arabes. Beaucoup d’Israéliens estiment également que la barrière de séparation transforme le conflit israélo-palestinien en problème frontalier et éloigne la « menace démographique ». En réalité, en rendant les Palestiniens dépendants économiquement, le mur rend la solution des deux États impossible et renforce la stratégie de l’État unique. Notons également que l’État unique binational n’est pas un risque pour l’avenir, c’est une situation qui existe actuellement.

Source
Ha&8217;aretz (Israel)
Quotidien de référence de la gauche intellectuelle israélienne. Propriété de la famille Schocken. Diffusé à 75 000 exemplaires.

« The injustice of the new formula », par Meron Benvenisti, Ha’aretz, 21 octobre 2004.