Beaucoup en Occident pensent que l’impasse dans la politique intérieure iranienne bloque tout espoir de réforme sociétale. Je ne suis pas d’accord. La société elle même, pas le gouvernement, crée du changement et l’Iran se dirige vers la démocratie via la transformation de l’éducation.
Hier, il était interdit de parler des Droits de l’homme dans les collèges militaires. Aujourd’hui des cours traitent de cette question. L’augmentation de 20 % des divorces est regrettable, mais il est aussi signe que le mariage traditionnel change et que les femmes gagnent en égalité. En outre, 60 % des étudiants sont désormais des étudiantes, 12 % des directeurs de publication sont des femmes comme 22 % des membres de l’association des journalistes professionnels. La société civile est dynamique et comprend 8 000 ONG, dont certaines dirigées par des femmes n’hésitent pas à défier les responsables politiques. Il y a peu, la religion traditionnelle estimait que seuls les croyants avaient des droits ; aujourd’hui, le grand ayatollah Hossein Ali Montazeri a affirmé que tous, quelle que soit leur foi, devaient avoir des droits.
Ce sont les signes d’un mouvement de société impossible à arrêter. L’État fait face à une pression sociale irréversible en faveur de la réforme. Cette réforme interne est préférable aux pressions extérieures.

Source
Washington Post (États-Unis)
Quotidien états-unien de référence, racheté en août 2013 par Jeff Bezos, fondateur d’Amazon.

« Hope for Democracy in Iran », par Emadeddin Baghi, Washington Post, 25 octobre 2004.