Tendances et événements au Proche-Orient

Quelques jours à peine se sont écoulés depuis la fin de la Conférence d’Annapolis que le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, a exposé sa vision et son interprétation des résultats de cette rencontre. Il a décidé d’agrandir les colonies situées dans les territoires palestiniens occupés en 1967 et de poursuivre la politique des assassinats ciblés et collectifs et les arrestations de militants et de civils palestiniens.
Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a lancé un cri de détresse, exhortant le président états-unien à intervenir pour freiner l’expansionnisme israélien. George Bush a répondu à ce SOS en annonçant son intention d’entreprendre une tournée au Moyen-Orient, début 2008, qui ne sera probablement qu’une nouvelle opération de relations publiques, semblable à celle qui a été organisée à Annapolis.
Face à ces développements, des sources palestiniennes bien informées ont indiqué que de sérieux progrès ont été réalisés en vue d’une reprise du dialogue entre les différents mouvements palestiniens. Des personnalités et des organisations qui avaient exprimé leur appui à Mahmoud Abbas après les incidents de Gaza, qui se sont terminés par la prise de contrôle de la bande par le Hamas, en juin dernier, estiment désormais que seule l’unité palestinienne est susceptible de sauvegarder les droits élémentaires du peuple palestinien. Le rapprochement entre les principaux mouvements pourrait contrer l’expansionnisme territorial d’Israël, qui jouit d’un soutien sans limites de la part des États-uniens. Ces mêmes sources révèlent qu’une série de contacts va avoir lieu dans les prochains jours entre les différents mouvements palestiniens, avec la bénédiction de pays arabes et de puissances régionales, qui souhaitent renforcer la position des Palestiniens en cette période délicate.

Presse et agences internationales

• Dans un article publié dans la presse israélienne, Eytan Happer estime qu’il n’y a rien, absolument rien de plus urgent pour Israël que de se concentrer sur le dossier du nucléaire iranien. Ni le terrorisme, ni l’État palestinien, ni la pauvreté, ni la grève des enseignants, n’ont autant d’importance que cette question. La bombe iranienne doit figurer en tête des préoccupations à cours terme, jusqu’à ce que l’on soit sûr que l’épée n’est plus suspendue au-dessus de nos têtes. Nous espérons que les rapports états-uniens qui affirment que le projet iranien est reporté jusqu’à 2013 soient vrais. Mais que ferions-nous s’il s’avère que les agences US se sont trompées comme ce fut le cas en Irak. Que Dieu bénisse les États-Unis ! Mais Dieu nous a rendu un plus grand service. Il nous a bénis un peu plus que les États-uniens.

AL KHALEEJ (QUOTIDIEN EMIRATI)
Le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, en est arrivé à déclarer que la normalisation des relations avec Israël est un besoin et une nécessité arabes. Y’a-t-il un dirigeant arabe qui oserait lui répondre ? Beaucoup a été dit et écrit au sujet de la conférence d’Annapolis ces derniers mois. Il est très vite apparu que cette rencontre n’était qu’une simple opération de relations publiques, voulue par George Bush et Ehud Olmert, pour donner l’impression qu’ils font bouger les choses. Les assassinats quotidiens en Palestine, la colonisation, la judaïsation, le blocus se poursuivent. Et l’auteur de la promesse de « l’État des juifs » arrive bientôt dans la région, alors que les promesses d’Annapolis se sont évaporées. Les Arabes attendent. Si seulement ils avaient utilisé l’arme du boycott d’Israël au lieu de courir pour normaliser leurs relations !

TECHRINE (QUOTIDIEN SYRIEN)
 Ezzeddine Darwiche
« Bush dans la région début janvier 2008 pour booster le processus de paix ». Ce titre à occupé une place de choix dans la plupart des médias, mais était accompagné d’une note de scepticisme. Si Bush continue de répéter le refrain que le gouvernement d’Olmert œuvre pour la paix, non seulement il ne réussira aucun percée mais provoquera davantage de tensions et de complications. Il inscrira son nom au registre des présidents états-uniens qui ont le plus porté atteinte à la paix et au Moyen-Orient. Les Arabes ne posent aucun problème à la paix. C’est Israël qui dresse les obstacles. George Bush et son administration le savent mais persistent à l’ignorer. Est-il possible, dans ces circonstances, de réaliser la paix ?

AL-WATAN (QUOTIDIEN SAOUDIEN)
Israël essaie d’exploiter les résultats de la conférence d’Annapolis pour servir ses intérêts. Les dirigeants de Tel-Aviv ont tenté de faire croire à leur opinion publique qu’ils ne sont allés à Annapolis qu’à leurs conditions, la première étant de ne pas s’entendre au préalable sur un communiqué final, même si le président George Bush a obtenu à la dernière un pseudo-communiqué. Les Israéliens étaient clairs à Annapolis et lors des différentes étapes des négociations. Leur principal souci est de normaliser les relations avec les Arabes. Mais ils savent pertinemment qu’ils n’obtiendront pas ce qu’ils souhaitent avant la mise en œuvre des résolutions internationales concernant le conflit israélo-arabe, notamment le retrait des territoires occupés en 1967 et l’édification d’un État palestinien ayant Jérusalem comme capitale, sans oublier le retour des déplacer. Mais Israël multiplie les manœuvres autour de toutes ces questions et autour de l’initiative arabe.

YEDIOT AHARONOT (QUOTIDIEN ISRAELIEN)
• La crédibilité des agences du renseignement états-uniennes est de nouveau à l’épreuve. Au même titre que la bonne ou la mauvaise utilisation par l’administration Bush des informations des agences dans sa politique étrangère. Si ces services annonçaient, un jour, que l’Iran a repris son programme militaire, il suffira que Téhéran les qualifie de menteurs. Un peu comme la célèbre histoire du berger, du loup, et des enfants. Qu’en est-il des services de renseignement français, allemands, britanniques et russes ? L’Ironie du sort est que le rapport des agences US confirme les conclusions des services russes et sape les arguments d’Israël qui a toujours soutenu que l’Iran était déterminé à fabriquer la bombe atomique.
• Le rapport des agences états-uniennes de renseignement comportent quelques bonnes nouvelles : l’Iran a suspendu son programme secret pour fabriquer une bombe atomique en 2003, grâce aux pressions internationales. Les conclusions de ce rapport renforcent la stratégie diplomatique mise en œuvre par l’administration Bush depuis 2005, qui avait pour objectif de mettre l’Iran devant le choix suivant : le programme nucléaire ou la normalisation des relations économiques avec le monde extérieur. Avant d’entamer des négociations directes, Washington doit obtenir de Téhéran des assurances sur le fait qu’il est disposé à mettre en œuvre les résolutions internationales et à prendre en compte les autres inquiétudes des États-Unis. Le rapport des agences de renseignement n’annule pas le signe qui n’est pas encore venu d’Iran.

LE FIGARO (QUOTIDIEN FRANÇAIS, MAJORITE PRESIDENTIELLE)
 Georges Malbrunot
Les agences de renseignement US disposent de nombreuses sources d’information et de possibilité d’action en Iran malgré la difficulté d’infiltrer ce pays. Au système de surveillance satellitaire s’ajoute en premier lieu le renseignement humain israélien, lequel se double d’actions commando pour assassiner des responsables du programme nucléaire et des leaders des Gardiens de la révolution. Les Moudjahidins du peuple, qui ont longtemps été la principale source humaine, sont aujourd’hui probablement infiltrés par les Iraniens. Les Kurdes d’Irak évitent de s’engager pour le compte des USA en Iran. Les services britanniques sont par contre bien implantés parmi les minorités kurdes et arabes d’Iran. En réaction, Téhéran aurait constitué un service de contre-espionnage spécialisé dans la protection de ses secrets nucléaires, Oghab 2.

LE MONDE (QUOTIDIEN FRANÇAIS, SOCIAL-DEMOCRATE)
• Le journal publie de larges extraits du rapport de la Direction du renseignement états-unien et en livre son analyse. Ce document montrerait a posteriori l’efficacité des pressions exercées sur l’Iran qui aurait ainsi été contraint de stopper son programme en 2003. Il en ressort qu’il faut écarter l’option de la guerre, mais maintenir la pression pour dissuader Téhéran de reprendre son programme.
• Dans son sixième rapport sur les crimes commis au Darfour présenté aux Nations unies, mercredi, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno Ocampo, dénonce la non-coopération du Soudan et demande au Conseil de sécurité d’en prendre acte.

LIBERATION (QUOTIDIEN FRANÇAIS, GAUCHE)
• Dossier de Une : « Les mauvaises fréquentations de Sarkozy »
Nicolas Sarkozy a renié ses promesses de campagne et s’est rapproché de personnalités qu’il dénonçait, il y a peu encore : Vladimir Poutine, Muammar el-Khadafi, Hu-Jintao, Bachar el-Assad (avec les liens étroits noués entre le secrétaire général de l’Élysée, Claude Guéant, et le beau-frère de Bachar, Assef Chawkat), Hugo Chavez et Idriss Déby. On attend encore les grands principes qui devaient régir la politique extérieure de la France.

LE TEMPS (QUOTIDIEN SUISSE, CONSERVATEUR)
Promesses de campagne oubliées, Nicolas Sarkozy se convertit à la realpolitik. C’est à très grande vitesse que le président français a effectué sa volte-face. Depuis son élection, il a rencontré deux fois Omar Bongo, président du Gabon depuis quarante ans. Il a reçu Denis Sassou-Nguesso, qui a repris le pouvoir au Congo-Brazzaville au prix d’une sanglante guerre civile, et Teodoro Obiang Nguema, l’ubuesque dictateur de Guinée équatoriale. Il a renoué les liens avec le pouvoir angolais, en faisant lever le mandat d’arrêt émis par la justice française à l’encontre de Pierre Falcone, un homme d’affaires proche du régime.

Audiovisuel international

AL-JAZEERA (CHAINE QATARI)
Le principal journal du soir
 Mahmoud Ahmadinejad, président de la République islamique d’Iran
Le rapport du renseignement états-unien sur le fait que l’Iran ne cherche pas à acquérir l’arme nucléaire constitue une victoire pour le peuple iranien.
Le peuple iranien aspire au dialogue, à condition qu’il soit basé sur la logique de la coopération et sur des bonnes intentions.

Tendances et événements au Liban

Les contacts autour de l’échéance présidentielle piétinent à cause du refus des loyalistes de conclure des arrangements politiques nationaux globaux avant l’élection du général Michel Sleimane à la présidence. Les efforts du ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, ont buté sur cet écueil. Le chef de la coalition au pouvoir, Saad Hariri, qui lorgne le poste de Premier ministre, a refusé de débattre des clauses de l’initiative du chef chrétien de l’opposition, le général Michel Aoun, qui avait annoncé le retrait de sa candidature à la présidence, demandant à Saad Hariri d’en faire de même.
Des sources du 14-mars ont réaffirmé le refus de la coalition au pouvoir de de tout engagement politique avant l’élection présidentielle, et ont estimé que le soutien à la candidature du général Michel Sleimane est déjà une concession de taille présentée par les loyalistes. Cependant, le ministre italien des Affaires étrangères, Massimo D’Alema, a révélé mercredi que la candidature du commandant en chef de l’armée est une initiative proposée par les ministres de la troïka européenne aux ténors du 14-mars lors de leur visite à Beyrouth, fin novembre. Ceux-ci n’ont fait qu’annoncer une décision prise par des puissances étrangères, démentant ainsi toutes les informations selon lesquelles le revirement du 14-mars au sujet de la candidature de Sleimane était une décision purement libanaise, dictée par l’intérêt supérieur du pays.
Pour leur part, des sources de l’opposition se félicitent du fait que l’accord de principe sur la candidature de Sleimane a assuré au pays une soupape de sécurité qui empêche toute déstabilisation. Maintenant que le danger imminent de voir le Liban sombrer dans la violence est écarté, il est important de discuter, la tête reposée et dans un climat détendu, des mesures nécessaires pour sortir définitivement le pays de la crise. Et cela n’est possible que si un véritable partenariat politique est instauré entre le 14-mars et l’opposition. Aussi, est-il indispensable de s’entendre sur les principales questions litigieuses qui ont constitué, ces derniers mois, autant de sujets de discorde.
L’opposition souhaite assurer au nouveau président tous les atouts nécessaires fin qu’il puisse réussir son mandat. Elle refuse que Michel Sleimane hérite d’un lourd fardeau et que le 14-mars agisse avec lui comme il l’a fait avec l’ancien président Emile Lahoud ces deux dernières années.

Presse libanaise

AS-SAFIR (QUOTIDIEN PROCHE DE L’OPPOSITION)
La crise évolue dans un cercle fermé : l’élection d’abord ou le compromis politique global avant ? Le sort de l’échéance présidentielle sera connu dans les prochaines heures. Le général temps exerce des pressions sur les acteurs de la crise.
Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-Moon, a exprimé sa crainte de voir l’élection présidentielle reportée davantage.

AN-NAHAR (QUOTIDIEN PROCHE DU 14-MARS)
La nouvelle mission silencieuse du ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, et la séance prévue vendredi pour l’élection présidentielle, se balancent entre l’optimisme prudent et le pessimisme fataliste.

Audiovisuel libanais

NBN (CHAINE PROCHE DE NABIH BERRY-OPPOSITION)
Émission : En résumé
 Albert Mansour, ancien ministre (opposition)
Le problème n’est pas dans la candidature ou l’élection du général Michel Sleimane mais dans le partenariat. L’opposition refuse que le 14-mars agisse avec Sleimane comme il l’a fait avec Emile Lahoud, l’ignorant et gouvernant en faisant fi de ses prérogatives.
Le nom de Michel Sleimane est le fruit d’un accord entre la Syrie et les États-Unis. Les propos de Samir Geagea visent à porter atteinte à l’image du Hezbollah. De toute façon, toutes les options et les slogans de Geagea sont tombés.

Tendances est un bulletin quotidien de veille politique sur le Proche-Orient, réalisé par l’agence New Orient News à Beyrouth. Retrouvez-le sur Voltairenet.org, en versions arabe, anglaise et française. Consultez également Indicators, le bulletin quotidien de veille économique sur le Proche-Orient, disponible en versions anglaise et arabe.