Tendances et événements au Proche-Orient

Une série d’indices en provenance de milieux palestiniens et arabes sur une éventuelle reprise du dialogue entre les mouvements de résistance palestiniens et l’Autorité de Mahmoud Abbas, est apparue ces dernières 48 heures. Diverses sources estiment que ce développement est le résultat de l’échec de la conférence d’Annapolis et de la conviction que tout pari sur des pressions états-uniennes sur Israël pour satisfaire une partie des demandes palestiniennes est perdant d’avance. Bien au contraire, après Annapolis, les barrages israéliens qui découpent la Cisjordanie, et le blocus sur Gaza ont été renforcés, dès le retour du Premier ministre Ehud Olmert de Washington. En parallèle, les pressions israéliennes sur Mahmoud Abbas, pour le pousser à une plus grande coopération avec les services israéliens dans la chasse aux résistants palestiniens, se sont considérablement accrues. Il est demandé à l’Autorité palestinienne de participer activement aux mesures de rétorsion économiques, financières et militaires destinées à étouffer la Bande de Gaza. L’Autorité, qui a tout misé sur Annapolis, sur trouve dans une situation peu enviable, et est fortement embarrassée devant son opinion publique.
Des sources palestiniennes bien informées affirment que le retour à l’accord de la Mecque, qui gère les relations entre les grands courants politiques palestiniens, est une option sérieusement envisagée, aujourd’hui. Les mouvements de résistance savent que la poursuite des divisions inter-palestiniennes, avec une Autorité faible et désorientée, pourrait avoir de graves répercussions. Ces mêmes sources s’attendent à une reprise très bientôt du dialogue entre le Fatah et le Hamas, et entre les différentes organisations. Ces discussions vont aboutir à une nouvelle configuration politique qui reflètera les rapports de forces naissant, qui ne sont pas en faveur des Etats-Unis et de ses alliés.

Presse et agences internationales

ASSOCIATED PRESS (AGENCE DE PRESSE BRITANNIQUE)
Le gouvernement iranien a annoncé d’une manière inopinée que l’Iran ne participera pas à la conférence du « dialogue de Manama », consacrée à la sécurité dans le Golfe, qui a inauguré ses travaux jeudi dans la capitale bahreini avec la participation de 23 délégations au niveau des ministres de la Défense, des Affaires étrangères et des conseillers à la sécurité nationale.
La délégation iranienne devait être conduite par le chef de la diplomatie, Manouchehr Mouttaki. Mais un porte-parole du bureau de presse de la conférence de Manama a annoncé que ni Mouttaki ni aucun autre responsable iranien ne sont attendus.
Des analystes avaient estimé que des rencontres auraient pu être organisées, en marge des travaux de la conférence, entre les Iraniens et les États-uniens, dont la délégation est dirigée par le secrétaire à la Défense, Robert Gates.

AL-KHALEEJ (QUOTIDIEN EMIRATI)
La conférence d’Annapolis, à travers laquelle George Bush a voulu feindre son intérêt pour le processus de paix à la fin de son mandat, est terminée, mais on n’a pas encore fini d’en parler. Surtout que les Arabes qui y ont assisté ne sont pas revenus avec une bonne nouvelle concernant leur initiative de paix et l’accélération des mesures visant à mettre un terme à l’occupation des terres et à l’édification de l’État palestinien. Malheureusement, il existe des Palestiniens et des Arabes, sans compter les États-uniens, qui croient l’ennemi. Ils le soutiennent dans ses mesures destinées à éradiquer de l’équation la Résistance. Pourtant, la résistance est un droit palestinien inaliénable. L’abandonner accorderait aux Israéliens un feu vert pour en finir définitivement avec la cause palestinienne.

AL-BAYAN (QUOTIDIEN QATARI)
Le report pour la septième fois de la séance de l’élection présidentielle au Liban, bien que toutes les forces politiques soient tombées d’accord sur le nom du général Michel Sleimane comme candidat unique, illustre à quel point la situation est compliqué et reflète l’importance des interférence étrangères dans les affaires libanaises. Malheureusement, ces ingérences interviennent avec la connaissance et l’accord de toutes les forces politiques locales. L’absence de lignes rouges devant les interventions extérieures est déplorable. Les qualifications du nouveau président libanais doivent être purement libanaises et doivent répondre aux souhaits et aux aspirations de la population, qui craint la perpétuation du vide et les conflits partisans.

LE MONDE (QUOTIDIEN FRANÇAIS, SOCIAL-DEMOCRATE)
• L’élection du nouveau président libanais est dans l’impasse car l’opposition la conditionne à un accord global incluant la composition du prochain gouvernement et le respect de l’accord conclu entre le parti du général Michel Aoun et le Hezbollah. Ces exigences sont jugées rédhibitoires par la majorité parlementaire qui y voit le jeu de la Syrie et de l’Iran pour monnayer la présidence libanaise auprès des Occidentaux. Malgré sept visites à Beyrouth, Bernard Kouchner n’a pu venir à bout des antagonismes.
• L’Institut européen en sciences des religions (IESR) et l’Ecole pratique des hautes études (EPHE) ont organisé un colloque à Paris sur les chrétiens d’Orient auquel ont participé nombre de chercheurs, mais aussi les principaux leaders religieux concernés. Au-delà de la situation difficile de cette population, son existence remet en cause bien des poncifs sur le prétendu clivage Orient-Occident.

LE FIGARO (QUOTIDIEN FRANÇAIS, MAJORITE PRESIDENTIELLE)
• Entretien avec Seif el-Islam Kadhafi, fils du Guide libyen
La Libye a considérablement changée en un an. Elle souhaite devenir un pays moderne et riche, un pont entre l’Europe et l’Afrique. La visite de mon père, lundi en France, achève un long processus de normalisation. Elle se caractérisera par la signature de nombreux contrats, notamment en ce qui concerne Airbus et le nucléaire civil. Nous restons persuadés de l’innocence de nos compatriotes dans les attentats pour lesquels ils ont été condamnés et demandons la réouverture du procès dans l’affaire du DC-10 d’UTA.
• La visite pour 6 jours en France du Guide libyen a suscité de vives polémiques, particulièrement après sa conférence de Lisbonne où il a déclaré : « Les superpuissances ont violé la légitimité internationale, le droit international et les Nations unies, et ont exécuté leurs décisions en dehors de ce cadre et donc il est normal que les faibles aient recours au terrorisme ».

LA CROIX (QUOTIDIEN FRANÇAIS, CATHOLIQUE)
La mission de bons offices européenne sur le statut du Kosovo prend fin lundi sur un constat d’échec. Les Albanophones musulmans ont refusé le statut d’autonomie et se déclarent prêts à proclamer unilatéralement leur indépendance. Bruxelles tente de gagner quelques semaines pour résoudre les problèmes au sein de l’Union. Le plan Ahtisaari prévoit en effet le déploiement de 3000 collaborateurs civils après l’indépendance, mais la Grèce, Chypre, la Slovaquie et l’Espagne refusent de reconnaître le nouvel État. De son côté, la Serbie devrait intenter des actions devant la Cour de La Haye contre tous ceux qui reconnaîtront l’indépendance. Le Conseil de sécurité doit débattre du sujet le 19 décembre.

LE TEMPS (QUOTIDIEN SUISSE, CONSERVATEUR)
Il est frappant d’observer la différence de traitement entre la presse française et la presse allemande du dernier sommet Sarkozy-Merkel. Il est passé presque inaperçu en France, tandis qu’il fait les gros titres et continue à faire les commentaires en Allemagne. Berlin est persuadé que Paris tourne son regard du côté de la Méditerranée et que l’Union européenne est en danger. Les Allemands observent le déclin de la culture française et s’en désolent. Die Welt s’interroge : « Vivre sans la France ? ».

Audiovisuel international

AL JAZEERA (CHAINE QATARI)
Émission : Entretien spécial
 Seymour Hersh, journaliste au New Yoker
Une source diplomatique US m’a dit que la participation de la Syrie à la conférence d’Annapolis s’inscrit dans le cadre d’un plan destiné à isoler l’Iran et non pas à relancer les négociations de paix entre Damas et Tel-Aviv au sujet des hauteurs du Golan
Les efforts de Washington visant à se trouver de nouveaux alliés modérés au Moyen-Orient et à isoler le Hezbollah et le Hamas, s’intègrent dans le cadre d’un plan plus vaste qui prévoit d’attaquer l’Iran.
Le rapport des agences états-uniennes du renseignement qui a filtré à la presse servira de prétexte pour lancer une attaque unilatérale contre l’Iran, après que l’administration Bush eut réalisé que le consensus international pour imposer des sanctions supplémentaires et plus sévères contre Téhéran fait défaut.

Tendances et événements au Liban

Le rendez-vous du 11 décembre, fixé par le chef du Législatif, Nabih Berry, pour l’élection d’un président de la République, sera précédé de nouveaux rounds de négociations qui seront centrées sur deux axes essentiels :
 1. Le package deal politique censé jeter les fondements d’un accord national nécessaire pour mener à terme l’élection du général Michel Sleimane :
Le point principal restant concerne l’identité du futur Premier ministre, maintenant que les autres questions ont été, en principe, réglées. En dépit du démenti publié vendredi soir par le bureau de Saad Hariri, il est pratiquement certain que le 14-mars a accepté les conditions posées par l’opposition au sujet de la répartition des portefeuilles et du contour de la nouvelle loi électorale. Ces tractations se poursuivent alors que les milieux du pouvoir tentent de répandre des informations sur des dissensions dans les rangs de l’opposition. A travers ces rumeurs, le 14-mars essaie, en fait, d’exporter vers l’opposition sa propre crise. Des dirigeants de l’opposition assurent que leurs rangs restent soudés derrière le général Michel Aoun, mandaté par tous les partis pour négocier avec le 14-mars. Et les informations faisant état d’un froid entre Aoun et Berry sont infondées. C’est le président du Parlement qui a orienté vers le général Aoun les médiateurs locaux et étrangers, leur affirmant qu’il ne pouvait y avoir de solution sans négociations avec le chef chrétien de l’opposition.
 2. Le mécanisme constitutionnel nécessaire pour amender la loi fondamentale et permettre l’élection du général Sleimane :
Les négociations, vendredi au Parlement, n’ont pas permis de surmonter l’écueil posé par le gouvernement Siniora. Considérée comme illégitime par l’opposition, cette équipe ne peut donc pas procéder à l’amendement constitutionnel. Une formule prenant en compte les exigences de l’opposition est actuellement à l’étude.

Presse libanaise

AN-NAHAR (QUOTIDIEN PROCHE DU 14-MARS)
La huitième séance de l’élection présidentielle, mardi, sera-t-elle la bonne ? La séance de vendredi a été reportée alors que de nombreux indices affirment que le prochain rendez-vous sera déterminant. Lundi, le Parlement va lancer le processus de l’amendement constitutionnel. Le lendemain, il élira le général Michel Sleimane à la présidence.

AS-SAFIR (QUOTIDIEN PROCHE DE L’OPPOSITION)
Les milieux régionaux et internationaux ont intensifié leurs pressions afin que le général du consensus, Michel Sleimane, soit élu à la présidence avant les fêtes de fin d’année. L’accession du commandant en chef de l’armée est tributaire de l’élimination pratiques, portant sur le mécanisme de l’amendement constitutionnel, et politique, portant sur l’identité du futur Premier ministre.

Tendances est un bulletin quotidien de veille politique sur le Proche-Orient, réalisé par l’agence New Orient News à Beyrouth. Retrouvez-le sur Voltairenet.org, en versions arabe, anglaise et française. Consultez également Indicators, le bulletin quotidien de veille économique sur le Proche-Orient, disponible en versions anglaise et arabe.