Tendances et événements au Proche-Orient

La question iranienne donne lieu dans les cercles médiatiques et politiques arabes à de bizarres contradictions reflétant une grande confusion chez les élites dirigeantes. Experts et analystes relèvent les observations suivantes :
 1. L’Arabie saoudite et les pays membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) tentent, collectivement ou individuellement, de renforcer leurs relations avec la République islamique d’Iran. Les mesures vers une normalisation s’accélèrent, notamment de la part de Riyad, qui a multiplié ces dernières semaines les gestes apaisants à l’égard de Téhéran, le dernier en date étant l’invitation personnelle adressée par le roi Abdallah Ben Abdel Aziz au président Mahmoud Ahmadinejad afin qu’il se rende en pèlerinage à la Mecque.
 2. En parallèle, les médias saoudiens poursuivent leur campagne contre le Hezbollah, le Hamas et la Syrie. Ces trois acteurs sont accusés d’entretenir des liens étroits avec… l’Iran.
 3. Il est clair que cette ouverture en direction de Téhéran est liée aux changements intervenus dans l’approche des États-Unis vis-à-vis du dossier iranien. Lorsque Washington battait les tambours de la guerre, les médias saoudiens ont lancé une campagne sans précédent contre la République islamique, l’accusant de tous les maux. Il semble qu’un nouveau mot d’ordre ait été communiqué après la publication du rapport des 16 agences états-uniennes du renseignement, confirmant que l’Iran avait suspendu son programme nucléaire militaire depuis 2003, inaugurant ainsi une nouvelle phase dans ce dossier.
 4. Les relations entre la Syrie, le Hezbollah et le Hamas d’une part, et l’Iran d’autres part, sont dictées par la position iranienne concernant le conflit israélo-arabe. Depuis la révolution de 1979, Téhéran s’est résolument rangé du côté des Arabes dans leur conflit avec Israël. Il y a en réalité deux camps arabes qui s’affrontent : les « modérés » du groupe de Charm el-Cheikh, qui s’alignent sur la politique pro-israélienne des États-Unis. Et l’axe résistant, qui refuse de baisser les bras.
Dans leurs relations avec l’Iran, les Arabes « modérés » sont victimes de schizophrénie. Mais le véritable baromètre reste l’attitude vis-à-vis du conflit israélo-arabe.

Presse et agences internationales

MAARIV (QUOTIDIEN ISRAELIEN)
Une source israélienne haut placée a indiqué qu’Israël refuse de participer à la conférence de Moscou prévue au printemps prochain en vue de relancer le processus de paix avec la Syrie. Tel-Aviv veut ainsi protester contre politique de la Russie à l’égard de la Syrie, de l’Iran et du Hamas.
Israël cherche à torpiller la conférence de Moscou à cause de la position russe sur le dossier du nucléaire iranien, d’une transaction d’armes effectuée avec la Syrie et du soutien apporté par la Russie à la formation d’un gouvernement d’union nationale entre le Hamas et le Fatah.

HAARETZ (QUOTIDIEN ISRAELIEN)
Des sources diplomatiques européennes ont révélé que les tentatives d’échanger des messages entre Israël et la Syrie ces derniers mois ont échoué à cause de l’impossibilité de s’entendre sur un ordre du jour commun en vue de relancer les négociations entre les deux pays. Les Syriens veulent limiter les pourparlers à la seule question des hauteurs du Golan occupé.

JERUSALEM POST (QUOTIDIEN ISRAELIEN, NEO-CONSERVATEUR)
La Russie tente d’accroître son influence au Proche-Orient. Le projet d’une conférence de paix à Moscou en Israël, les Palestiniens, et la Syrie semble abandonné au profit d’une rencontre moins ambitieuse au niveau des hauts fonctionnaires des Affaires étrangères. La Russie dispose d’une influence certaine sur la Syrie qu’elle arme, mais redoute que l’axe Iran-Syrie-Hamas-Hezbollah ne finisse par créer des tensions parmi sa population musulmane.

• Le chef de la Force intérimaire des Nations unies au Liban-Sud, le général Italien Claudio Graziani, a déclaré que la Finul déploie des efforts pour installer une zone tampon au Sud du Litani où seule l’Armée libanaise serait présente. Lors d’une cérémonie à l’occasion de Noël dans le village de Cana, le général Graziani a ajouté que la Finul s’efforçait de maintenir le calme des deux côtés de la frontière entre Israël et le Liban. Il a assuré que les Casques bleus poursuivraient leur mission en dépit des dangers qui pourraient survenir.

• Selon le directeur des affaires internationales à la compagnie de pétrole iranienne, Ghanemi Fard, les revenus pétroliers de l’Iran les 11 premiers mois de 2007 s’élèvent à 52 milliards de dollars. Cité par les agences de presse iraniennes, cheikh Fard a indiqué son pays était le quatrième exportateur de pétrole du monde, avec 2,4 millions de barils vendus par jour. L’Iran prévoit des recettes de 70 milliards de dollars durant l’année fiscale qui s’achève en mars 2008.

• La Russie a annoncé qu’elle avait commencé à livrer du combustible nucléaire à l’Iran pour la centrale de Bouchehr , « sous le contrôle » de l’AIEA.
Les premiers conteneurs de combustibles, « préalablement scellés par des inspecteurs de l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique) », sont arrivés dimanche sur le site de Bouchehr dans le sud de l’Iran, a annoncé le constructeur russe de la centrale, Atomstroïexport, dans un communiqué.
« Ils ont été placés dans un entrepôt spécial, sous garantie de l’AIEA, auquel un système international de ‘garde et de surveillance’ est appliqué », a-t-il ajouté.
Au total, 163 blocs principaux et 17 de réserve contenant de l’uranium U-235 enrichi à 3,62% seront livrés « par étapes pendant deux mois ». Le combustible doit être livré six mois avant la mise en service de la centrale.
« Tout le combustible livré se trouvera pendant toute la durée de sa présence sur le territoire iranien sous la garantie et le contrôle de l’AIEA », a insisté le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.
« La partie iranienne a, en complément, présenté des garanties écrites que ce combustible serait utilisé exclusivement pour la centrale de Bouchehr », a-t-il ajouté. Une fois usagé, il « sera ramené en Russie pour y être retraité et stocké ».
En contrepartie, Moscou a appelé l’Iran à « prouver le caractère pacifique de son programme nucléaire » et à « arrêter ses travaux d’enrichissement d’uranium », en notant que l’approvisionnement de Bouchehr en combustible était « assuré pour toute sa durée d’exploitation ».
L’Iran a aussitôt répliqué qu’il poursuivrait son enrichissement d’uranium afin d’alimenter sa future centrale nucléaire de Darkhoyen (sud).
« Nous avons une centrale autochtone avec une capacité de 360 mégawatts à Darkhoyen qui est en construction, et cette centrale aura besoin de combustible », a déclaré le chef de l’organisation iranienne de l’énergie atomique Gholam Reza Aghazadeh.

• Le gouvernement israélien a alloué dimanche plus de 200 millions de dollars à un projet de mise au point en coopération avec les États-Unis d’un système capable de détruire les roquettes en vol, notamment celles tirées contre l’État hébreu depuis la Bande de Gaza ou le Liban, selon des responsables israéliens de la défense ayant requis l’anonymat.
Le système « Iron Dome » (« Dôme de fer ») utilise un radar sophistiqué pour repérer les projectiles et déclencher automatiquement des tirs qui vont les détruire. Les sociétés israélienne Rafael et états-unienne Raytheon ont remporté l’appel d’offres l’an dernier pour ce programme que ses détracteurs jugent trop onéreux.
L’enveloppe de 810 millions de shekels attribuée par le cabinet de sécurité dimanche correspond à cinq années de travaux, selon les mêmes sources. La première batterie serait prête à être déployée d’ici 2012.
L’État hébreu a été impuissant jusqu’ici à faire cesser les tirs quotidiens de roquettes Kassam artisanales des résistants palestiniens de Gaza contre le sud de son territoire. Pendant la guerre au Liban à l’été 2006, les combattants du Hezbollah avaient tiré quelque 4000 roquettes Katioucha pour riposter aux raids aériens israéliens qui ont fait près d’un millier de morts et quelques 4000 blessés civils.

AL-BAYAN (QUOTIDIEN EMIRATI)
Il semble que l’année qui s’écoule n’est pas disposée à terminer ses derniers jours dans une ambiance de calme et d’apaisement au Liban. Les protagonistes locaux, régionaux et internationaux sont déterminés à pousser le pays vers une voie encore plus dangereuse et compliquée. La vacance à la présidence dure depuis un mois et la crise s’aggrave davantage. A quand le réveil des Libanais ?

AL-WATAN (QUOTIDIEN SAOUDIEN)
Les négociations entre Palestiniens et Israéliens ont-elles une chance d’aboutir alors que l’Etat hébreu poursuit ses crimes contre les habitants de la Bande de Gaza ? Le processus de paix peut-il arriver à une fin heureuse alors que le gouvernement de Ehud Olmert continue sa politique d’expansion des colonies en Cisjordanie ? Et peut-on parler de stabilité et de prospérité alors que les Israéliens s’entêtent à refuser toutes négociations autour de Jérusalem ? Les Palestiniens doivent se poser toutes ces questions afin que le processus lancé à Annapolis soit basé sur une réelle compréhension des politiques israéliennes.

WASHINGTON POST (QUOTIDIEN ÉTATS-UNIEN)
 Charles Krauthmer
Quatre mois seulement après les attaques du 11-Septembre, le président George Bush a qualifié l’Irak, l’Iran et la Corée du Nord d’Axe du Mal. Il a affirmé que l’affaiblissement de ces « régimes voyous » était une mission urgente dont dépendait la sécurité nationale des États-Unis. L’opinion publique jugera du degré de réussite du président à ce niveau. Six ans après sa déclaration et avec l’approche de la fin de son mandat, George Bush aura vaincu en Irak, échoué en Iran et réalisé un score nul en Corée. Avec l’absence de véritables choix dans les dossiers coréen et iranien, la politique de l’Administration arrive à sa fin sur ces deux fronts. La Maison-Blanche a fait ce qu’avait proposé le sénateur George Eitken pour le Vietnam : « Proclamez la victoire et retirez-vous ». Si Bush ou son successeur appliquent la proposition du sénateur en Irak, l’histoire ne le leur pardonnera pas.

LE JOURNAL DU DIMANCHE (HEBDOMADAIRE FRANÇAIS)
Nicolas Sarkozy a effectué un voyage éclair de cinq heures à Kaboul. Il a rendu visite aux forces française à la veille de Noël et s’est entretenu avec le président Karzaï. Il s’agissait de déterminer comment la France peut répondre à l’appel de George Bush pour renforcer les forces de l’Otan sur place. La décision devrait être annoncée au sommet de l’Alliance atlantique à Bucarest. « Il se joue ici une guerre contre le terrorisme et le fanatisme que nous ne pouvons et ne devons perdre ! » a martelé le président français.

LE FIGARO (QUOTIDIEN FRANÇAIS, MAJORITE PRESIDNTIELLE)
 Entretien avec André Glucksmann, essayiste (qui a accompagné Sarkozy à Kaboul)
C’est l’invasion des communistes russes, et les destructions qu’elle a entraînées, qui a permis l’installation des fanatiques talibans en Afghanistan. Aujourd’hui, le principal danger, c’est Poutine. Sarkozy a le mérite d’avoir mis la question des droits de l’homme au centre de la politique étrangère française.
• A Paris, l’état-major est convaincu que la solution en Afghanistan n’est pas seulement militaire et l’on déplore le choix états-unien de la contre-insurrection. Sur place, Rory Stewart, un proche de la famille royale britannique qui dirige aujourd’hui la Turquoise Mountain Foundation, estime que « l’erreur, c’est de s’être lancé dans une hasardeuse aventure de contre-insurrection (…) Les forces internationales auraient dû se contenter de contre-terrorisme, avec des missions légères et spécifiques, en laissant le développement et la reconstruction à ceux qui savent le faire, et le règlement politique aux Afghans. C’était au gouvernement afghan de négocier avec les talibans, les chefs de tribus, en ralliant ceux qui jouaient le jeu et en excluant les autres ».

LA CROIX (QUOTIDIEN FRANÇAIS, CATHOLIQUE)
L’annonce de la conversion de Tony Blair au catholicisme suscite plus d’irritation chez les catholiques britanniques que chez les anglicans. On lui reproche d’avoir repoussé cette annonce pendant 20 ans pour ne pas gêner sa carrière politique, et d’avoir agi lorsqu’il était Premier ministre sans tenir compte des enseignements de l’Église de Rome. « S’il montrait au moins un soupçon de contrition sur l’Irak, il serait plus proche de la moralité de l’Église catholique », s’agace le député catholique Peter Kilfoyle.

LIBERATION (QUOTIDIEN FRANÇAIS, OPPOSITION)
 Sid Abdellaoui et Ahmad Mahjoor, université de Rouen
La France doit s’investir militairement en Afghanistan. Car un échec (1) aurait des conséquences sur la paix mondiale (2) marquerait le renoncement de l’Otan à soutenir les processus de démocratisation (3) favoriserait le trafic de l’opium (4) provoquerait des flux migratoires jusqu’en Europe.

LE PARISIEN-AUJOURD’HUI EN FRANCE (QUOTIDIEN FRANÇAIS)
Nicolas Sarkozy passera Noël à l’Old Winter Palace de Louxor, puis il s’envolera pour Charm el-Cheikh où il sera rejoint par son ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner et la compagne de celui-ci la journaliste Christine Ockrent. Ils seront logés dans la villa du cheikh d’Abou Dhabi. Au retour, il fera une halte au Caire pour rencontrer Hosni Moubarak.

LE TEMPS (QUOTIDIEN SUISSE, CONSERVATEUR)
Les Occidentaux ont réalisé un spectaculaire tête-à-queue à Beyrouth. Ils ont cru pouvoir négocier avec la Syrie avant la conférence d’Annapolis, mais il n’ont rien reçu en échange. Les alliés de Damas persistent à bloquer l’élection présidentielle libanaise en transformant les deux thèmes chers à Bachar el-Assad en casus belli : le désarmement du Hezbollah et la tenue du Tribunal international dans l’affaire Hariri. La majorité du 14-mars craint le retour de la tutelle syrienne sur le pays, c’est pourquoi Nicolas Sarkozy et George W. Bush ont dû donner de la voix.

THE GUARDIAN (QUOTIDIEN BRITANNIQUE, TRAVAILLISTE)
Deux députés, Jeffrey Donaldson (DUP) et Phyllis Starkey (Labour), ont demandé l’ouverture d’une enquête parlementaire sur le rôle de la firme de sécurité privée britannique ArmorGroup en Irak. Selon d’anciens employés, la compagnie n’aurait pas transmis à l’armée britannique les renseignements dont elle disposait sur l’infiltration de la police irakienne, mettant ainsi en danger les soldats de Sa Majesté. En outre, elle aurait surfacturé ses prestations en surévaluant le nombre de ses hommes sur place.

EL PAIS (QUOTIDIEN ESPAGNOL, SOCIAL-DEMOCRATE)
C’est le nouveau général de brigade Luis Feliú qui commandera les forces de l’ISAF en Afghanistan à partir de février et pour une durée d’un an. C’est un parent du général homonyme qui commanda les forces espagnoles en Irak à l’époque du gouvernement Aznar.

EL MUNDO (QUOTIDIEN ESPAGNOL, DEMOCRATE-CHRETIEN)
_Le juge Ismael Moreno a rouvert le dossier du marchand d’armes syro-espagnol Monzer Al-Kassar, qui avait été jadis accusé d’avoir fourni les armes pour le piratage de l’Achille Lauro (1985). Al-Kassar, surnommé « le prince de Marbella », vit aujourd’hui au palais Mifaldi dans la petite ville balnéaire. Il a été mis en cause dans de nouvelles affaires par Mustafá Setmarian, un autre syro-espagnol, membre d’Al-Qaïda, qui a été arrêté par la CIA au Pakistan.
Dans le dossier d’accusation figure une note sur l’implication d’Al-Kassar dans l’organisation d’un faux témoignage relatif à l’assassinat de Rafic Hariri. Le capitaine syrien Zuheir Mohamed Al Sadik aurait séjourné à Marbella le 15 juin 2006 sous la protection de Rifaat el-Assad, l’ancien vice-président syrien qui y possède une villa. Il y aurait rencontré des responsables de la CIA. Al-Sadik est aujourd’hui incarcéré en France.

JEWISH TELEGRAPH AGENCY
Le Commandement du front intérieur des Forces de Défense israéliennes lance aujourd’hui une campagne nationale de formation. Un livret intitulé « Etre protégé et préparé », disponible en plusieurs langues, sera distribué à la population. Les masques à gaz distribués en 2003 seront ramassés pour être prochainement remplacés par de nouveaux kits.

Audiovisuel international

AL-ALAM (CHAINE IRANIENNE ARABOPHONE)
Interview spéciale
 Moshen Bilal, ministre syrien de l’Information
La Syrie est disposée à accueillir le prochain sommet arabe en mars 2008. Elle souhaite que ce sommet soit une occasion pour régler les divergences et réactiver la solidarité inter-arabe conformément à des principes efficaces et utiles.
La Syrie déploiera tous les efforts possibles pour reconstruire la solidarité entre les Arabes et aboutir à une compréhension entre tous les États musulmans.

Tendances et événements au Liban

Tous les indices montrent que la situation au Liban se dirige vers une dangereuse escalade après l’intervention des États-Unis qui a miné les démarches franco-syriennes pour tenter de dégager un compromis entre le 14-mars au pouvoir et l’opposition. Ces efforts avaient enregistré de sérieux progrès et des arrangements avaient été trouvés au sujet du gouvernement d’union nationale et de la nouvelle loi électorale.
Dans ce contexte tendu, il est fort probable que la séance de l’élection présidentielle, prévue samedi 29 décembre, sera reportée pour la onzième fois consécutive. Selon certains analystes, cette situation de crise pourrait se poursuivre jusqu’au printemps prochain, et peut-être au-delà. Au sein du 14-mars, des dissonances apparaissent sur la conduite à adopter dans la période à venir, bien que les principaux ténors de cette coalition soient d’accords pour ne pas donner à l’opposition une participation réelle et effective au sein de l’Exécutif, à travers le tiers des portefeuilles. Les déclarations d’un des principaux chefs du 14-mars, Walid Joumblatt, montrent que la coalition au pouvoir n’envisage pas, pour l’instant, d’accepter une formule assurant un véritable partenariat politique. _ Mais Joumblatt ainsi que l’autre leader du 14-mars, Saad Hariri, ne semblent pas disposés à répondre favorablement à l’appel de George Bush à élire un président à la majorité simple. Les chrétiens du 14-mars, eux, souhaiteraient exécuter les instructions du président états-unien, car ils savent que c’est l’un des leurs qui serait élu.
Une source dirigeante au sein de l’opposition affirme que l’intervention US dans la crise est flagrante, et reproche à la France de ne pas avoir réussi à protéger son initiative du sabotage pratiqué par Washington. L’objectif des États-Unis étant de rattacher la crise libanaise aux dossiers des contentieux régionaux afin de pouvoir utiliser le Liban comme carte dans le marchandage en cours avec la Syrie et l’Iran. D’ici là, le Liban doit rester sous le contrôle de Fouad Siniora et de son équipe.
La même source ajoute que l’opposition est déterminée à faire face à l’escalade initiée par le gouvernement de Siniora. Elle sera ferme et intransigeante face à toute tentative de cette équipe de faire main basse sur les prérogatives du président de la République.

Presse libanaise

AS-SAFIR (QUOTIDIEN PROCHE DE L’OPPOSITION)
Les derniers développements au Liban montrent que l’option du vide institutionnel est appelée à durer longtemps. C’est d’ailleurs ce à quoi a fait allusion le secrétaire d’État adjoint, David Welch, lors de ses entretiens avec des figures du 14-mars. « Si vous n’élisez pas le général Michel Sleimane sans conditions préalables, il faut que vous vous adaptiez avec un Fouad Siniora à la tête du pouvoir jusqu’à nouvel ordre », a-t-il dit à ses interlocuteurs.

AN-NAHAR (QUOTIDIEN PROCHE DU 14-MARS)
La violente campagne lancée par de hauts dirigeants de l’opposition contre le gouvernement survient à la veille d’une réunion du Conseil des ministres ce lundi. Elle illustre le retour de la crise à la case départ. La littérature politique des derniers jours a montré que le bras de fer a pour enjeu le gouvernement. La question de la présidentielle a été mise de côté et la majorité s’apprête à voter, au gouvernement, un projet d’amendement de la l’article 49 de la Constitution permettant l’élection du général Michel Sleimane à la présidence.

Tendances est un bulletin quotidien de veille politique sur le Proche-Orient, réalisé par l’agence New Orient News à Beyrouth. Retrouvez-le sur Voltairenet.org, en versions allemande, arabe, anglaise, espagnole et française. Consultez également Indicators, le bulletin quotidien de veille économique sur le Proche-Orient, disponible en versions anglaise, espagnole et arabe.