Tendances et événements au Proche-orient

L’appel au dialogue de Abbas au Hamas, une manœuvre ?

Les déclarations de Mahmoud Abbas à la veille du nouvel an ont constitué le développement le plus important sur la scène palestinienne. Le président de l’Autorité palestinienne s’est dit prêt à reprendre le dialogue avec le Hamas et les autres mouvements de la Résistance palestinienne. Les analystes ont interprété ces propos comme un chantage exercé sur l’administration états-unienne et le gouvernement d’Ehud Olmert, à la veille de la tournée régionale de George Bush. Ainsi, M. Abbas menace de revenir à l’accord de la Mecque entre le Fatah et le Hamas, dans l’espoir de pousser les États-uniens et les Israéliens à lui accorder une plus grande marge de manœuvre, même dans la forme, devant l’opinion publique palestinienne. Celle-ci voit d’un mauvais œil les concessions présentées par l’Autorité palestinienne sans contrepartie politique, tandis que les assassinats et les agressions israéliennes se poursuivent de plus belle.
Une autre explication veut que l’appel au dialogue de Mahmoud Abbas soit dicté par la pression de la rue palestinienne et de la base du Fatah, dont de nombreuses unités refusent l’arrêt de la lutte armée et participent activement aux opérations de résistance anti-israéliennes. Des voix s’élèvent au sein du mouvement de Mahmoud Abbas pour dénoncer la coopération sécuritaire avec les Israéliens, alors que l’option de la résistance armée continue de montrer son efficacité et sa capacité d’influence à l’intérieur d’Israël.

Presse et agences internationales

WASHINGTON POST (QUOTIDIEN ÉTATS-UNIEN)
L’assassinat de l’ancienne Premier ministre du Pakistan, Benazir Bhutto, a mis à nu les candidats à la présidence des États-Unis et montré leur façon de gérer des crises extérieures imprévues. Ainsi, le candidat démocrate John Edwards est entré en contact téléphonique avec le président Pervez Musharraf pour l’inciter à continuer sur la voie de la démocratie, lui demander de permettre à des commissions internationales d’enquêter sur l’attentat, l’encourager à maintenir la date des élections législatives et rendre publics les noms des auteurs du crime. La candidate démocrate Hillary Clinton et le prétendant républicains John McCain, qui connaissent personnellement Benazir Bhutto et Pervez Mushaarraf, ont incité le Pakistan à persévérer sur la voie de la démocratie.

NEW YORK TIMES (QUOTIDIEN ÉTATS-UNIEN)
• Les problèmes dévastateurs entre Palestiniens et Israéliens ont étouffé la lueur d’espoir qui est apparue lors de la Conférence d’Annapolis, surtout que les pays arabes n’ont pas levé le petit doigt pour inciter les deux parties à avancer sur la voie de la paix. De même que les États-Unis n’ont pas respecté leurs engagements en raison des doutes israéliens. Washington va être obligé de mettre en place de nouveaux mécanismes pour surveiller la conduite des deux parties et les pousser à honorer leurs promesses. La Conférence d’Annapolis a atteint son premier objectif qui est un accord entre Israéliens et Palestiniens à entamer des négociations afin d’aboutir à un traité de paix vers la fin 2008. Mais jusqu’à présent, les deux protagonistes ne se sont même pas entendus sur les noms des membres des deux délégations chargées de négocier les questions des frontières, des réfugiés, de l’avenir de Jérusalem et de la sécurité d’Israël. Il faut profiter de la venue de George Bush au Moyen-Orient pour construire une base solide pour le processus de paix.
• Le comportement de certains responsables politiques qui ont comploté pour détruire les preuves sur les tortures infligées à des détenus, est honteux et indigne. Ce type d’agissements est devenu normal depuis les attentats du 11-Septembre qui ont terrorisé le monde à cause de ce nouvel ennemi. Mais cela ne nie pas le fait que la défense de la sécurité des États-Unis passe par la sauvegarde des valeurs humaines et du modèle incarnés par cette nation, et non pas comme l’a fait George Bush par la violation de la Constitution et des Traité internationaux. Une attitude qui n’a fait qu’amplifier le sentiment anti-américain, sans assurer au pays une plus grande sécurité.

AL-QABAS (QUOTIDIEN KOWEITIEN)
 Oliver Thomas
Les États-Unis ne peuvent pas permettre à Ben Laden de transformer la lutte contre le terrorisme en conflit entre les civilisations et en guerre de religion. Si les USA sortent gagnants de leur guerre, ce n’est pas parce qu’ils auront vaincu tous leurs ennemis, mais parce qu’ils auront retrouvé leur niveau moral élevé en réussissant à conquérir la raison et le cœur du musulman ordinaire, conformément aux enseignements du Christ qui appelle à transformer l’ennemi en ami. Mais les musulmans doivent eux même se débarrasser de ces extrémistes. Toutefois, les opérations miliaires doivent aller de pair avec l’action humanitaires en Irak, en Cisjordanie, au Bengladesh et ailleurs dans le monde islamique.

AL-KHALEEJ (QUOTIDIEN EMIRATI)
Si c’est l’intérêt du peuple palestinien, son présent et son futur, qui dictent l’action du Hamas, comme il le dit, pourquoi le mouvement ne procède-t-il pas à une révision de sa politique et de ce qu’elle a réalisé pour les Palestiniens depuis juin 2007, lorsque son conflit avec le Fatah s’est transporté dans les rues de Gaza ? Depuis ces combats, qui ont fait de nombreuses victimes, la division inter-palestinienne a été consacrée, la Bande de Gaza est soumise à un blocus, et des sanctions ont été imposées à ce territoire dont la population souffre de privations sous prétexte de vouloir punir le Hamas. Il faut revenir aux origines : la libération, l’État palestinien avec Jérusalem pour capitale, sans colons ni colonies. L’État doit être viable, comme tous les pays du monde, disposant d’une souveraineté sur terre, sur mer et dans les cieux. Les détenus doivent être libérés, les réfugiés doivent revenir et les Palestiniens doivent pouvoir jouir d’une vie digne et sereine, comme tous les peuples de la planète.

AL-WATAN (QUOTIDIEN SAOUDIEN)
La guerre des communiqués entre le gouvernement et le Parlement libanais est le tournant le plus dangereux dans la crise qui secoue le Liban depuis plus d’un an. Il semble en effet que les protagonistes ont décidé de transformer le conflit qui avait une connotation partisane en lutte entre les institutions, censées défendre la démocratie. Ceux qui suivent de près la crise libanaise notent que les différends entre les protagonistes s’articulent autour de deux points : le moyen de mener à terme l’échéance présidentielle qui bloque depuis deux mois ; et la légitimité du maintien en place du gouvernement contrôlé par la majorité parlementaire. Bien que la crise a perturbé la vie des Libanais et montré combien était profond le fossé entre les principales forces politiques, certains y voient un signe de la bonne santé politique et sociale du pays, et le tribut que le pays doit verser pour avoir choisi la voie de la démocratie. Une voie qu’il a préservée au prix des sacrifices de ses fils et de la solidarité de ses frères.

Audiovisuel international

CHAINE SATELLITAIRE SYRIENNE
Principal journal du soir
 Moshen Bilal, ministre syrien de l’Information
La Syrie œuvre en vue de réaliser la paix juste et globale au Moyen-Orient, pour recouvrer la souveraineté syrienne sur le Golan et obtenir le retrait israélien des territoires occupés en 1967.
Damas déploie des efforts afin que les Libanais arrivent à régler la crise en élisant un président de la République consensuel et en formant un gouvernement d’unité nationale.

Tendances et événements au Liban

Intervention très attendue de Hassan Nasrallah

Le Liban entame l’année 2008 avec un horizon bouché et une recrudescence de la tension politique. Depuis l’automne 2006, le débat tourne autour d’un seul et même thème : le partenariat entre les différentes composantes du pays dans le cadre d’un gouvernement d’union nationale que le 14-mars au pouvoir refuse de donner à l’opposition, qui représente pourtant plus de la moitié des Libanais. La situation s’est de nouveau crispée après l’intervention des États-Unis qui ont torpillé l’initiative frano-syrienne avec la complicité de certains pays arabes.
Les principaux indices révélateurs sur les plans politiques et médiatiques sont les suivants :
 1. Une intervention télévisée très attendue du secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, mercredi soir.
 2. Le chef chrétien de l’opposition, le général Michel Aoun, a réclamé des clarifications au patriarcat maronite sur les déclarations du ministre du Tourisme Joe Sarkis (membre des Forces libanaises, 14-mars), selon lequel le gouvernement de Fouad Siniora avait obtenu la couverture du patriarche Nasrallah Sfeir pour exercer pleinement les prérogatives de la présidence de la République, vacante depuis le 23 novembre 2007.
 3. L’attitude française se caractérise par une contradiction flagrante, dénotant ainsi la grande confusion qui règne dans les coulisses diplomatiques de Paris à cause des fortes pressions exercées par les États-Unis, hostiles à toute entente inter-libanaise. D’un côté, Nicolas Sarkozy annonce sur un ton sévère l’interruption des contacts avec Damas. De l’autre, son principal conseiller, Claude Guéant, appelle deux fois le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Moallem, après la déclaration du président français au Caire.
 4. La réunion des ministres arabes des Affaires étrangères, convoquée dimanche, soulève de nombreuses questions sur la position et le rôle réels de l’Égypte et de l’Arabie saoudite dans la crise libanaise. Sont-ils pompiers ou pyromanes ? S’ils souhaitent vraiment trouver une solution consensuelle à la crise libanaise, cela signifie qu’ils doivent se libérer des pressions états-uniennes, ce qui ne semble pas le cas jusqu’à présent.
 5. Le report de la venue à Beyrouth de l’adjoint du secrétaire général de la Ligue arabe montre que le terrain n’est pas encore prêt à une réunion ministérielle fructueuse qui contribuerait à faire baisser la tension au Liban. Surtout que le président de la Chambre, M. Nabih Berry, va demander des comptes à Hicham Youssef qui avait transmis des engagements de la part du 14-mars qu’en cas de vacance de la présidence, le gouvernement de Fouad Siniora n’exercerait pas les prérogatives du chef de l’État.

Presse libanaise

La plupart des journaux libanais ont chômé sur décision syndicale pour marquer le nouvel an, comme le veut la tradition au Liban.

AL-MOUSTAQBAL (QUOTIDIEN APPARTENANT A LA FAMILLE HARIRI)
Paris a officiellement annoncé la rupture de ses contacts avec la Syrie. Le directeur du bureau du secrétaire général de la Ligue arabe, Hicham Youssef, a reporté sa visite, prévue à Beyrouth cette semaine, au lendemain de la réunion du conseil ministériel arabe.

Tendances est un bulletin quotidien de veille politique sur le Proche-Orient, réalisé par l’agence New Orient News à Beyrouth. Retrouvez-le sur Voltairenet.org, en versions allemande, arabe, anglaise, espagnole et française. Consultez également Indicators, le bulletin quotidien de veille économique sur le Proche-Orient, disponible en versions anglaise, espagnole et arabe.