Tendances et événements au Proche-Orient

La priorité de Bush : « Contenir l’Iran »

Le président George Bush a fixé l’objectif de la tournée moyen-orientale qu’il commence dimanche : « contenir l’influence de l’Iran dans la région ». Ce thème était au centre de voyages d’étude et d’information, effectués par des équipes de chercheurs d’instituts et de think tank occidentaux. Ces chercheurs ont élaboré des recommandations allant dans ce sens après que le rapport des agences US du renseignement, assurant que Téhéran avait suspendu son programme nucléaire militaire en 2003, ait écarté l’option militaire contre l’Iran.
Les débats en cours dans les cercles de décision états-uniens permettent de relever les indices suivants :
1-Les États-uniens, toutes tendances confondues, sont unanimes sur la nécessité de rassurer Israël et de renforcer l’alliance avec lui sur les plans financier, militaire et sécuritaire, de manière à absorber les conséquences du rapport des agences US du renseignement. Washington s’est engagé à intervenir directement si l’évolution du programme nucléaire iranien constitue un danger pour l’État hébreu. En parallèle, les États-Unis vont maintenir, et si possible renforcer, le régime des sanctions contre l’Iran. Tous ces thèmes vont apparaitre avec force dans les discours que Bush va prononcer lors de sa tournée.
 2. La question syrienne reste très présente dans les cercles de décision états-uniens. Ceux-ci continuent d’examiner les moyens d’affaiblir la relation entre la Syrie et l’Iran sous prétexte d’« encourager Damas à devenir plus indépendant à l’égard de Téhéran ». Pour tenter de faire réussir ce pari, certains milieux en Israël proposent de réactiver le volet syro-israéliens des négociations. Des experts du WINEP ont proposé d’étudier des motivations et des offres qui pourraient inciter la Syrie à prendre ses distances vis-à-vis de l’Iran. Parmi ces propositions, faire miroiter l’amélioration des relations syro-arabes, dont la visite à Damas du roi Abdallah II de Jordanie constituait un avant-goût. Si la Syrie fait preuve de plus de flexibilité, l’Arabie saoudite et l’Égypte pourraient lui emboiter le pas. Mais d’autres spécialistes insistent sur la nécessité de ne pas faire trop de concessions à la Syrie, surtout au Liban.
 3. Le principal problème auquel est confronté George Bush lors de sa tournée est sa capacité à provoquer une percée sérieuse sur le volet des négociations israélo-palestiniennes après la conférence d’Annapolis. Les tentatives de renflouer l’Autorité palestinienne auprès de son opinion publique se heurtent au refus catégorique d’Israël de présenter des concessions significatives à la partie palestinienne.

Presse et agences internationales

AL-CHARK AL-AWSAT (QUOTIDIEN SAOUDIEN)
 David Ignatius
En 2007, si nous étions convaincus d’une chose en juin, le mois d’après, on croyait le contraire. La situation en Irak est le meilleur exemple de ces avis contradictoires. En milieu d’année, les États-uniens pensaient que la guerre serait une véritable catastrophe. Au début de l’été, les analystes des deux partis étaient convaincus que la décision de retrait avait été prise. La décision de George Bush d’envoyer 30 000 soldats supplémentaires était considérée comme celle d’un chef isolé et coupé des réalités sur le terrain. Et puis les choses ont commencé à changer en Irak : la violence a considérablement baissé et ce pays n’était plus au centre des discussions.

THE ECONOMIST (HEBDOMADAIRE BRITANNIQUE)
Les élections serrées et intègres dans un des pays clé du continent africain sont un exemple à suivre. Il ne s’agit pas de l’Afrique du Sud, où l’élection de Jacob Zoma à la tête de l’ANC, le 18 décembre, a constitué un coup décisif à son adversaire Thabo Mbeki. Le Kenya ne dispose peut-être pas des mêmes atouts attractifs que l’Afrique du Sud. Mais en tant que modèle de stabilité et de prospérité en Afrique de l’Est, le caractère démocratique du processus électoral en cours dans ce pays est très important. Les voisins du Kenya qui sont le Soudan, l’Éthiopie, l’Ouganda et la Somalie, souffrent d’une manière ou d’une autre, de guerre, de luttes tribales, d’oppression gouvernementale et de racisme.

EL PAIS (QUOTIDIEN ESPAGNOL)
 Jeffrey Sax
De nombreuses régions théâtres de guerres dans le monde –comme l’Afghanistan, l’Irak, le Pakistan, la Somalie et le Soudan- ont des problèmes similaires qui constituent les racines des conflits qui les secouent. Il s’agit de pays pauvres, régulièrement victimes de catastrophes naturelles, ayant une forte démographie, une population jeune, et qui épuisent rapidement leurs ressources alimentaires. La seule façon de régler tous ces problèmes est de recourir au développement permanent et durable. Mais les États-Unis persistent à vouloir traiter les conséquences et non pas les véritables maladies, et usent partout de moyens militaires.

WALL STREET JOURNAL (QUOTIDIEN ÉTATS-UNIEN)
Selon des sources de la Maison-Blanche, le président George Bush projette de prononcer le principal discours de sa tournée moyen-orientale à Abou Dhabi, pour mettre l’accent sur la rapide croissance économique et les opportunités grandissantes dans les pays du Golfe. Cette allocution, le 13 janvier, devrait proposer les États du Golfe, notamment les Émirats arabes unis, comme modèle à suivre pour les autres pays arabes. En mettant en avant des modèles du type émirati, la Maison-Blanche veut encourager d’autres pays, plus particulièrement l’Arabie saoudite, à ouvrir leurs économies et leurs sociétés plus rapidement et à se concentrer sur le développement économique plutôt que sur le conflit avec Israël.

AL-KHALEEJ (QUOTIDIEN EMIRATI)
Quel Irak promet-on aux Irakiens ? Un pays qui termine une année dans un bain de sang et en accueille une nouvelle dans un torrent de sang. C’est l’occupation qui est responsable de ce chaos qu’elle utilise pour justifier sa présence et façonner un pays servant sa stratégie et ses intérêts. Les chiffres de 2007 font état de 16 000 morts, sans parler des blessés et des handicapés et des milliers de milliers de déplacés et de réfugiés. Aucune lumière ne pointe au bout du tunnel et rien ne montre que la tragédie vécue par ce pays est en passe de se terminer, surtout que l’occupant s’est accordé une année supplémentaire.

TECHRINE (QUOTIDIEN SYRIEN)
 Mounzer Eid
Depuis la fin de la conférence d’Annapolis, Israël s’est engagé à plusieurs reprises à suspendre la colonisation. Mais ce qui se produit sur le terrain montre tout à fait le contraire. Jérusalem occupée et la Cisjordanie sont le théâtre d’une course contre la montre pour construire de nouveaux logements dans les colonies et en adjuger d’autres avant la venue au Moyen-Orient du président George Bush, la semaine prochaine. Les agissements israéliens prouvent que les États-Unis ne sont pas le parrain impartial qui souhaite contribuer à une paix juste et globale, et que les promesses de Ehud Olmert, comme celles de ses prédécesseurs, ne sont que des paroles dans l’air.

• Le guide suprême de la révolution iranienne, l’ayatollah Ali Khaménei, a assuré que l’Iran n’a pas besoin d’établir des relations avec les États-Unis dans la période actuelle.

Tendances et événements au Liban

L’opposition se prépare dans le calme

Bien que le chef du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, ait tenu des propos calmes et constructifs, accordant un délai supplémentaire aux médiations, le Premier ministre Fouad Siniora et d’autres figures du 14-mars ont réagi avec virulence. La réaction hystérique des loyalistes a fait monter la tension politique, à quelques jours de la réunion des ministres arabes des Affaires étrangères, prévue dimanche au Caire.
Le climat politique ambiant montre une grande mobilisation et reflète les indices suivants :
 1. Les dirigeants de l’opposition ont commencé des concertations loin des feux de la rampe pour définir un plan d’action dans les semaines à venir afin de faire face au blocage politique.
 2. Le 14-mars écarte tout accord politique global avant l’élection présidentielle et refuse catégoriquement d’accorder le tiers des portefeuilles à l’opposition dans un gouvernement d’union nationale.
 3. Toutes les médiations sont interrompues et le flou le plus total entoure les résolutions qui pourraient être prises par les ministres arabes des Affaires étrangères lors de leur conseil extraordinaire, dimanche. Les États-Unis vont exercer de fortes pressions sur les ministres arabes afin de coincer l’opposition libanaise et préparer le terrain à une éventuelle internationalisation de la crise sous une couverture arabe. Mais certaines informations font état d’une timide médiation égyptienne entre Damas et Riyad, qui pourrait se traduire par un début de réconciliation entre les deux capitales et, par conséquent, une éclaircie au Liban.
 4. Les observateurs ne s’attendent à aucun déblocage sur les différents dossiers chauds au Moyen-Orient avant la fin de la tournée de George Bush, essentiellement consacrée au renforcement des positions israéliennes. On ne sait toujours pas si le président états-unien a inclus le Liban au programme de sa tournée. Mais s’il vient, l’opposition libanaise se promet de lui réserver un accueil « digne » des crimes qu’il a perpétré ou couvert dans la région ces dernières années.

Presse libanaise

AN-NAHAR (QUOTIDIEN PROCHE DU 14-MARS)
Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, poursuit ses contacts pour préparer le conseil ministériel extraordinaire de dimanche. Il est entré en contact avec le président du Parlement Nabih Berry et le Premier ministre Fouad Siniora. Dans une interview à la chaine (saoudienne, ndlr) al-Arabiya, Moussa a déclaré qu’il est possible qu’un accord interarabe intervienne pour régler la crise libanaise. « Il y a une responsabilité libanaise, arabe et internationale pour régler cette crise », a-t-il ajouté. Il a cependant reconnu l’existence d’« intérêts divergents et des mains étrangères » au Liban.

AD-DIYAR (QUOTIDIEN PROCHE DE L’OPPOSITION)
Le gouvernement a poursuit ses réunions et a adopté, jeudi, une série de points inscrits à l’ordre du jour. Il a chargé le ministre des Affaires étrangères par intérim, Tarek Mitri, de représenter le Liban au conseil ministériel arabe. Il conduira une délégation composée des MM. Mohammad Chatah, le conseiller de Siniora, et le secrétaire général du ministre des Affaires étrangères, Bassam Naamani. Selon certaines informations, Fouad Siniora aurait appelé au téléphone le ministre démissionnaire des Affaires étrangères, Fawzi Sallooukh (membre de l’opposition, ndlr) pour lui demander de présider la délégation libanaise. Mais ce dernier aurait répondu que la Ligue arabe devrait inviter au conseil ministériel des représentants de l’opposition et du 14-mars pour connaitre les avis des deux parties libanaises.

Audiovisuel libanais

LBC (CHAINE PROCHE DU 14-MARS)
Émission : Les gens en parlent
 Ali Hassan Khalil, député (opposition)
L’opposition a entièrement confiance dans le général Michel Sleimane et elle le considère comme son candidat à la présidence. Mais elle n’a pas confiance dans le 14-mars.
Il faut que le président exerce minutieusement ses prérogatives et récupérer celles qui lui ont été volées (par le gouvernement Siniora, ndlr).
La réponse de Saad Hariri au ministre Walid Moallem comportait une menace d’internationaliser la crise et de transporter au Conseil des ministres le dossier de la présidentielle.
 Ghattas Khoury, ancien député (14-mars)
Les propos de Hassan Nasrallah affirmant que les maronites et les chiites sont hostiles à l’implantation des réfugiés palestiniens, alors que les sunnites y sont favorables, sont dangereux.
Tous les problèmes seront réglés quand le Hezbollah acceptera de participer à la construction de l’État.

Tendances est un bulletin quotidien de veille politique sur le Proche-Orient, réalisé par l’agence New Orient News à Beyrouth. Retrouvez-le sur Voltairenet.org, en versions allemande, arabe, anglaise, espagnole et française. Consultez également Indicators, le bulletin quotidien de veille économique sur le Proche-Orient, disponible en versions anglaise, espagnole et arabe.