Au début du mois de septembre, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté une résolution appelant au départ de toutes les forces étrangères stationnées au Liban. La résolution était présentée par un couple inhabituel : la France, qui veut restaurer sa sphère d’influence au Liban, et les États-Unis, qui veulent un Liban plus accommodant, une Syrie plus faible et casser la relation triangulaire Liban-Syrie-Iran contre Israël et l’influence états-unienne. Toutefois, la résolution a échoué et le Parlement libanais a adopté un texte offrant une prolongation de mandat de trois ans à Émile Lahoud, un partisan de Damas. Les États-Unis ont haussé le ton et menacé de geler les possessions de dirigeants syriens ou libanais non-coopératifs. C’est cette menace qui a sans doute poussé le milliardaire Rafik Hariri à démissionner de son poste de Premier ministre, lui qui possède de nombreux holdings aux États-Unis.
Les efforts des États-Unis peuvent sembler légitimes, mais ils sont dangereux. Damas a envoyé des troupes au Liban à contrecœur pour stabiliser un pays dont le conflit risquait de s’étendre sur son territoire. Il faut se souvenir qu’à l’époque, le Liban vivait une situation analogue à celle de l’Irak aujourd’hui en termes de violence. Bien sûr, la Syrie a utilisé sa présence au Liban pour défendre ses intérêts, mais personne ne peut prédire comment évoluerait le Liban sans la présence syrienne. On peut imaginer une poussée des islamistes, un retour des tensions avec Israël ou une arrivée des seigneurs de guerre. En outre, les Libanais sont davantage prêts à accepter la Syrie que la France ou les États-Unis.

Source
Los Angeles Times (États-Unis)

« Danger in Pushing Syria Out of Lebanon », par Martha Kessler, Los Angeles Times, 1er novembre 2004.