Tendances et événements au Proche-Orient

Le rapport Winograd et les troubles politiques en Israël

La classe politique et les militaires en Israël retiennent leur souffle dans l’attente de la publication du rapport de la commission chargée d’enquêter sur les raisons de la défaite au Liban, présidée par le juge Eliahou Winograd. Les parties du rapport qui seront rendues publiques restent inconnues après les interventions et les fortes pressions états-uniennes visant à protéger le gouvernement de Ehud Olmert. Washington veut en effet éviter un séisme politique en Israël qui compromettrait tous ses plans au Moyen-Orient ainsi que le processus lancé à la conférence d’Annapolis, en novembre 2007. Selon des sources sûres, des informations compromettantes ainsi que des noms de personnalités libanaises qui auraient sollicité une guerre israélienne contre le Liban pour détruire le Hezbollah ont été supprimés de la version qui sera distribuée à la presse et à certains responsables israéliens.
En dépit des pressions états-uniennes, la crise au sein du gouvernement d’Ehud Olmert a commencé avant même la publication du rapport. Les informations sur des alliances défaites et d’autres constituées se multiplient. Des analystes n’excluent pas l’organisation d’élections législatives anticipées si le parti d’Olmert, Kadima, n’arrive pas à contourner les conclusions du rapport Winograd en s’alliant au Likoud pour parer à un éventuel départ des travaillistes du gouvernement.
En plus du séisme attendu après la publication du rapport, les déboires israéliens se multiplient sur le terrain. Les mouvements de résistance palestiniens renforcent leurs capacités militaires et leurs arsenaux de roquettes. Ce phénomène a atteint de telles proportions que des commentateurs se moquent déjà du Premier ministre en demandant la formation d’une nouvelle commission pour enquêter sur les échecs à Gaza.

Presse et agences internationales

HAARETZ (QUOTIDIEN ISRAELIEN)
 Raoubin Bedhestor
Des sources étrangères avaient fait état, dans le passé, de nombreux tirs d’essai de missiles balistiques de la base israélienne de Balmakhim, ces dernières décennies. Tel-Aviv s’était toujours refusé à tout commentaire. Mais la dernière fois, un changement est intervenu. Non seulement des sources militaires n’ont pas démenti le tir d’essai, mais elles ont qualifié ce test d’important et de dramatique pour la sécurité de l’État. Ainsi, le mur du secret s’est fissuré sans avertissement. Le processus d’élaboration d’une stratégie de dissuasion contre l’Iran a commencé. Un Iran nucléaire possédant des missiles balistiques capables d’atteindre Israël constitue un défi stratégique majeur. Le principal souci des faiseurs de décisions à Jérusalem sera comment empêcher l’Iran de tirer des missiles contre Israël.

YEDIOT AHARONOT (QUOTIDIEN ISRAELIEN)
 Sifer Blostky
À chaque fois que je les voyais, à Davos, assis aux tribunes en complet cravate, parlant un Anglais parfait, appelant sans détour à la destruction d’Israël, je pensais à Benyamin Netanyahu. Si l’ancien Premier ministre avait été invité au forum, aucun Iranien n’aurait quitté les lieux avec une suprématie au niveau des médias. Netanyahu aurait répondu, attaqué, critiqué. Il aurait donné une conférence de presse, aurait haussé le ton, afin que les présents sachent que ceux qui appellent à la destruction d’Israël n’ont pas leur place dans la communauté des peuples civilisés.

AL QABAS (QUOTIDIEN KOWEITIEN)
 Paul Ritcher
Les frictions qui se multiplient entre les États-Unis et la Russie autour de l’Iran ne sont qu’une des expressions des relations difficiles entre les deux pays, qui passent selon des experts et des diplomates, par leur plus mauvaise phase depuis la fin de la Guerre froide. Et la détérioration des rapports bilatéraux pourrait augmenter. Bien que les responsables états-uniens minimisent la gravité de la tension grandissante, une série d’indices a poussé des membres de l’administration Bush à réaliser que pour des raisons domestiques et géopolitiques, la Russie est plus confortable dans une position d’ennemi plutôt que d’allié des États-Unis. Le gouvernement de Vladimir Poutine, qui a renfloué ses caisses grâce aux pétrodollars, a développé une politique étrangère plus agressive et a défié l’administration Bush dans de nombreux dossiers ces derniers mois.
• Des sources ministérielles arabes citées par le quotidien koweïtien indiquent que l’ambiance dans laquelle s’est déroulée la réunion des chefs de diplomatie de la Ligue arabe « n’était pas normale ». « Les tensions étaient perceptibles avant la réunion qui a été reportée à plusieurs reprises », ont-elles ajouté.
Selon ces sources, le secrétaire général de la Ligue Amr Moussa a donné lecture d’un rapport « très réaliste et très gênant » en ce qui concerne les résultats de ses contacts à Beyrouth et à Damas. Amr Moussa aurait été « dur » à l’égard de la Syrie, et l’aurait accusée d’être « le facteur déterminant du maintien de la crise au Liban ». Il aurait également dévoilé la teneur de ses concertations avec le président syrien, affirmant que « l’agenda de Bachar el-Assad est complètement différent de celui de ses alliés au Liban ». « Le président syrien accorde une priorité absolue à l’amendement (des statuts) du tribunal international et ne prête aucune attention à la vacance de la présidence libanaise ou à la composition du prochain cabinet », aurait-il ajouté.
Amr Moussa aurait affirmé avoir mis en garde Bachar el-Assad contre « les retombées de la crise libanaise sur le sommet arabe de Damas ». Le secrétaire général de la Ligue aurait en outre évoqué « une influence syrienne et saoudienne au Liban », s’attirant une riposte cinglante des représentants de Damas et de Riyad. Il aurait aussi clairement pointé du doigt la Syrie et l’Iran, les accusant d’être responsables de l’impasse politique.
Une polémique aurait par ailleurs éclaté entre Amr Moussa et le ministre syrien des Affaires étrangères. Walid Moallem aurait fermement refusé la proposition du patron de l’organisation panarabe portant sur l’interprétation par la Ligue du deuxième point de sa feuille de route, à savoir celui qui concerne la formation du « gouvernement d’union nationale ». Le représentant syrien aurait également dénoncé « l’absence d’une délégation de l’opposition à la réunion ».

AL-KHALEEJ (QUOTIDIEN EMIRATI)
Le discours sur l’état de l’Union, prononcé par George Bush, le dernier avant un autre président et un autre discours, laisse les choses en leur « état », en dépit de l’impasse externe et interne dans laquelle se trouve l’administration. Tous ces problèmes ont fait que le soutien populaire a atteint un niveau inégalé, avec seulement 30% d’opinion favorables.

LIBERATION (QUOTIDIEN FRANÇAIS, GROUPE ROTHSCHILD)
 Entretien avec Ahmed Youssef, conseiller politique du Hamas
« Nous espérons pouvoir ouvrir un passage régulier entre la bande de Gaza et l’Égypte, sans interférence israélienne. L’accord antérieur avait été négocié en 2005 par Mohammed Dahlane avec ses amis américains : il ne nous engage pas. Nous ne voulons plus qu’Israël ait un droit de regard sur notre frontière (…) Si les Israéliens croient qu’on reviendra à la situation d’avant 1967 [lorsque l’Égypte administrait Gaza], ils s’illusionnent. Ce que nous voulons, c’est une Palestine indépendante. Israël ne peut pas se laver les mains de Gaza. Ils nous occupent et ils portent donc la responsabilité de la situation. S’ils continuent de nous pressurer comme ça, en pensant nous faire courber l’échine, la prochaine fois, nous enverrons un demi-million de Palestiniens forcer le passage d’Erez [qui sépare Israël du nord de la bande de Gaza] et entrer dans ce qu’ils appellent Israël. Ce qui s’est passé à Rafah est le début de la troisième Intifada ».

24 HEURES (QUOTIDIEN POPULAIRE SUISSE)
Les exportations d’armes suisses ont atteint cette année un record inégalé depuis 19 ans avec 464,5 millions de francs suisse (soit 288 millions d’euros). Les principaux clients sont l’Allemagne, le Danemark, les États-Unis, la Grande-Bretagne, les Émirats et le Pakistan.

LE TEMPS (QUOTIDIEN SUISSE CONSERVATEUR)
 Reportage de Richard Werly aux côtés du commandeur suprême de l’OTAN, le général Bantz Craddock, en Afghanistan
Le dispositif de l’OTAN en Afghanistan impressionne par sa puissance logistique. Sur place, les militaires ont pour mission à la fois de vaincre les talibans et de reconstruire le pays. Mais le premier objectif ne peut être mené à bien avec une armée classique contre une insurrection, quand au second il n’a guère de sens dans l’anarchie actuelle. En réalité, le dispositif de l’OTAN fonctionne surtout en vase clos dans les casernes de luxe de Kaboul.

EL MUNDO (QUOTIDIEN ESPAGNOIL, OPPOSITION)
Le juge Fernando Grande-Marlaska (n°3 de l’Audiencia Nacional) est au Liban pour enquêter sur l’attentat qui a coûté la vie à six soldats espagnols de la Finul.

THE DAILY TELEGRAPH (QUOTIDIEN POPULAIRE BRITANNIQUE)
Les audiences du procès de Parviz Khan ont commencé. Ce jeune homme de 37 ans enrageait de la présence de musulmans parmi les troupes britanniques en Afghanistan et en Irak. Il avait projeté, avec de petits dealers de drogue, d’enlever un de ces soldats à Birmingham et de « l’égorger comme un porc ». Ils auraient réalisé une vidéo de leur crime pour l’envoyer à Al-Jazeera.

THE GUARDIAN (QUOTIDIEN BRITANNIQUE, MAJORITE PARLEMENTAIRE)
• Riyad Seif, ancien parlementaire et actuel secrétaire général de la Déclaration de Damas (une coalition de cinq formations d’opposition) a été arrêté par les autorités syriennes. Lundi, 10 autres opposants, qui avaient été arrêtés en décembre au domicile de Seif, ont été jugés sans que les diplomates des États-Unis ou de l’Union européenne soient autorisés à observer leur procés.
• Trois Bahais ont été arrêtés hier en Iran pour propagande contre la foi islamique. 51 autres sont en attente de jugement. Cette minorité religieuse persécutée revendique 300000 membres dans le pays.

SYDNEY MORNING HERALD (QUOTIDIEN AUSTRALIEN)
Le chef de la police fédérale australienne, Mick Keelty, a défendu sa politique d’action contre-terroriste préventive. Elle est selon lui essentielle en cette matière pour protéger le public. Il était sous les feux de la critique depuis l’affaire Mohamed Haneef. Ce médecin avait été arrêté pour complicité dans l’attentat de Glasgow, avant d’être relâché par un tribunal, en l’absence de tout élément probant à son encontre.

THE NEW YORK TIMES (QUOTIDIEN ÉTATS-UNIEN)
• La Maison-Blanche a sévèrement réprimandé son ambassadeur aux Nations unies, Zalmay Khalilzad, qui s’était assis aux côtés du ministre iranien des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki, lors d’une table ronde du Forum de Davos.
• Le conflit à propos de la réduction des troupes en mission entre le général Patreus, commandant en chef en Irak, et le général Casey, chef d’état-major de l’armée de terre, se poursuit. En définitive, il semble que le discours sur l’état de l’Union du président Bush vise à préparer la nation à suspendre le retrait et à maintenir le même niveau d’engagement en Irak.
• Au même moment, un nouveau rapport de l’Inspecteur général pour la reconstruction fait apparaître des facturations excessives du corps des sapeurs de l’armée de terre et de l’Air Force. Le coût facturé est le double des réalisations effectives.

Audiovisuel international

AL-ARABIYA (CHAINE SAOUDIENNE)
 Walid Jumblatt, président du Parti socialiste progressiste (14-Mars)
« La Syrie cherche à revenir au Liban en y instaurant le chaos. De même, l’Iran souhaite s’imposer sur la scène arabe et internationale à travers le Liban. Ce sont les deux vrais problèmes du Liban. Ce qui compte aujourd’hui, c’est d’appliquer le plan arabe et l’entente sur les points encore en suspens se réalisera par la suite. Comment voulez-vous que je me comporte alors que moi, Saad Hariri et le Premier ministre Fouad Siniora, par exemple, sommes enfermés chez nous et que tous les trois mois, un attentat se produit ? Que veut donc Hassan Nasrallah ? À moins qu’il ne cherche à contrôler les chiites du Liban par le biais de wilayet el-fakih ? »

Tendances et événements au Liban

Le massacre du « dimanche noir » au centre de l’actualité

Le Liban vit toujours au rythme des répercussions du massacre du « dimanche noir » dans l’attente des résultats de l’enquête menée par l’armée pour déterminer les responsabilités :
 1. Certains journaux ont publié les détails de l’entretien qui a eu lieu entre le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, et le commandant en chef de l’armée, le général Michel Sleimane. Le chef de la Résistance a insisté sur la nécessité de mener une enquête sérieuse et rapide. Il a affirmé qu’il a fallu du temps pour bâtir la confiance entre le Hezbollah et l’armée et que la poursuite des bonnes relations entre les deux parties est tributaire du sérieux de l’enquête.
 2. De nouveaux détails sur le fil des événements de dimanche commencent à apparaître. Des membres de Forces libanaises ont été arrêtés. Leur chef, Samir Geagea, a reconnu ces arrestations et s’est rendu, mardi, chez le Premier ministre pour lui demander d’assurer la couverture nécessaire à ses miliciens qui ont tiré sur la foule à partir des toits des immeubles dans le quartier d’Aïn el-Remmané. Dans le même temps, tous les officiers et les soldats présents sur le terrain lors des événements sanglants sont interrogés dans le cadre de l’enquête.
 3. Sur le plan politique, les loyalistes poursuivent leur campagne visant à faire assumer à l’opposition la responsabilité des incidents de dimanche. Ils estiment que l’armée n’a fait que réprimer des émeutiers qui menaçaient l’ordre public, alors que l’opposition estime qu’un dysfonctionnement au niveau de l’institution militaire a provoqué un recours disproportionné à la violence. Les chefs de l’opposition soulignent que lors de troubles similaires —par exemple lors de l’attaque contre le quartier chrétien d’Achrafiyé par des manifestants sunnites pro-14 mars, le 5 février 2006 ; ou les tirs qui ont fait 40 blessés dans les rangs de la troupes de la part de partisans du 14-mars, le 23 janvier 2007— l’armée n’avait pas fait usage d’armes à feu.
 4. Le secrétaire général de la Ligue arabe, attendu à Beyrouth pour relancer le plan de règlement de la Ligue arabe, ne viendra pas avant le 3 février. Il préfère laisser passer un peu de temps pour que les esprits se calment après le massacre du dimanche noir.
 5. Les différents représentants de l’opposition ont mis l’accent sur la nécessité de faire face à toutes les tentatives visant à miner l’unité nationale à travers une exacerbation des tensions communautaires et sectaires par le 14-mars. L’opposition a rappelé que le conflit actuel au Liban est entre deux projets politiques, l’un national l’autre rattaché au projet états-unien.

Presse libanaise

L’ORIENT-LE JOUR (QUOTIDIEN FRANCOPHONE PROCHE DU 14-MARS)
 Scarlett Haddad
Après les graves incidents de dimanche, Amal et le Hezbollah d’une part, le commandement de l’armée de l’autre, sont plus que jamais conscients de la nécessité de surmonter cette épreuve et d’éviter tout ce qui peut mettre l’armée en confrontation avec la population. Les deux parties sont convaincues qu’un conflit ouvert entre la troupe et la Résistance sert en premier les intérêts de l’ennemi israélien, qui, selon une source militaire, a toujours œuvré dans ce sens en essayant inlassablement de monter l’armée contre le Hezbollah. Ce serait d’ailleurs les raisons des bombardements de positions militaires au cours de l’agression de l’été 2006. Malgré tout, l’armée n’a jamais modifié son idéologie et son engagement national. Ce serait donc bien dommage, voire désastreux, de tomber maintenant dans le piège de la discorde interne, surtout entre ceux qui ont versé côte à côte dans les mêmes tranchées, leur sang pour le pays.
C’est donc dans cette optique que le commandant en chef de l’armée, le général Michel Sleimane, s’est rendu lundi soir chez le secrétaire général du Hezbollah, après avoir été reçu dans la matinée par le président de la Chambre Nabih Berry. Ce serait d’ailleurs ce dernier qui aurait conseillé au général Sleimane de se rendre auprès de Nasrallah, mais en lui proposant des mesures concrètes, car, aurait dit Berry, Nasrallah ne se contentera pas de paroles ou de vagues promesses.
La réunion entre Nasrallah et Sleimane aurait commencé dans un climat un peu froid qui est devenu plus chaleureux au fil des échanges. Le secrétaire général du Hezbollah aurait fait remarquer qu’une partie des victimes tombées dimanche soir aurait été abattue de près alors que d’autres sont tombées à la suite de tirs provenant d’un peu plus loin. Il aurait aussi affirmé que le Hezbollah ainsi qu’Amal détiennent des films et des vidéos montrant que la troupe a bel et bien tiré sur les manifestants, qui, eux, jetaient des pierres.
Les vidéos montrent aussi des jeunes armés tirant sur la foule à partir des toits des immeubles. Il a ensuite réclamé une enquête rapide et sérieuse qui puisse permettre de déterminer les responsabilités et répondre aux questions suivantes : pourquoi l’armée a tiré sur les manifestants alors que ce n’est pas la première fois que des gens descendent dans la rue pour des revendications sociales ? S’il est vrai que les manifestants ont jeté des pierres sur les soldats faisant de nombreux blessés parmi eux, pourquoi la troupe s’est-elle déployée avec une telle violence et de façon aussi spectaculaire, comme si elle était sur un champ de bataille ? Qui lui a donné l’ordre de le faire ? Y a-t-il réellement eu des changements de dernière minute dans les unités militaires en charge de ce secteur ? Enfin, quid des tirs en provenance d’immeubles avoisinants ? Nasrallah a expliqué au commandant en chef de l’armée que la rue dans la banlieue sud bouillonne et que pour calmer les esprits et montrer que l’armée n’est pas hostile à la population, l’enquête doit être transparente et rapide, c’est-à-dire être bouclée au cours des prochains jours.
De fait, des arrestations ont été annoncées, dont celle d’un homme qui détient un fusil Kalachnikov, muni d’une lunette de franc-tireur. Cette kalachnikov, selon des sources proches de l’opposition, ne contenait plus qu’une balle quand elle a été confisquée. Ce qui signifie que son propriétaire avait tiré les vingt-neuf autres. Cependant, les sources judiciaires ont démenti l’arrestation de francs-tireurs.

Déclarations

 NAÏM KASSEM, SECRETAIRE GENERAL ADJOINT DU HEZBOLLAH
« L’opposition tiendra bon et obtiendra satisfaction de ses exigences, même si la crise devait durer jusqu’aux prochaines législatives. Nous sommes favorables à l’initiative arabe et nous soutenons la rectification qui y a été apportée lors de la dernière réunion de la Ligue, en ce qui concerne le dossier du prochain gouvernement. Ce qui s’est passé dimanche est un crime odieux et un massacre horrible. Cette affaire ne passera pas inaperçue et sera traitée comme il se doit, car ses répercussions sont énormes. Quels qu’aient été les motifs (des manifestations) et en dépit des éventuelles réserves quant à la forme qu’a pris le mouvement de protestation, rien ne permet de justifier le recours aux armes et les tirs qui ont fauché six martyrs. Il s’agit d’un crime avéré dont certains responsables sont connus. Nous réclamons donc une enquête sérieuse pour révéler l’identité de tous les criminels et de tous les conspirateurs. L’armée assume l’entière responsabilité de la recherche de la vérité car seuls ses soldats et les manifestants étaient sur le terrain. Certaines parties auraient-elles agi derrière le dos des soldats ou certains officiers auraient-ils pris des initiatives ? Nous ne nous prononcerons pas à cet égard en attendant les conclusions de l’enquête. Le Hezbollah et le mouvement Amal réclament une enquête rapide. Nous ne nous cacherons pas derrière les revendications sociales pour mobiliser la rue. Lorsque nous estimerons qu’il est nécessaire de manifester, nous descendrons dans les rues à visage découvert. Mais la patience de la population a ses limites (…) Je ne peux qu’exprimer ma douleur face aux propos de ceux qui ont pleuré les débris humains des soldats israéliens et qui n’ont exprimé aucune compassion à l’égard de leurs compatriotes. Le Hezbollah refuse toute confrontation entre chrétiens et musulmans ou entre sunnites et chiites. Nous réaffirmons notre attachement à l’entente stratégique avec le CPL (du général Michel Aoun). Celui qui voudrait nuire à cet accord se cassera la tête avant de pouvoir l’ébranler. Le général Aoun est le premier délégué de l’opposition avec lequel il faudrait négocier toute solution.

 MGR NASRALLAH SFEIR, PATRIARCHE MARONITE
« Nous passons par des jours difficiles, les gens sont divisés et se font la guerre, et les scènes auxquelles nous assistons aujourd’hui nous rappellent celles qui prévalaient à la fin des années 80 et au début des années 80. Ces scènes se répètent, comme si nous n’avions rien appris. Nous ne pouvons cependant perdre espoir parce que nous croyons en Dieu et nous avons confiance les uns dans les autres. Nous croyons dans le destin de notre pays, de tous ceux qui y vivent et de toutes ses composantes, en premier lieu la liberté. Celle-ci, nous devons la préserver, mais elle ne signifie pas pour autant que tout est permis. La liberté a des garde-fous, et nous devons nous y conformer afin de rester sur le droit chemin qui nous mènera à la réalisation de nos objectifs. Cette époque est pénible, nous aurions aimé que les divisions n’aient pas lieu, or elles affectent nos fils maronites, chrétiens et libanais en général. »

 OMAR KARAME, ANCIEN PREMIER MINISTRE (OPPOSITION)
« Il n’y a pas eu de changement par rapport à la candidature consensuelle du général Michel Sleimane, c’est une question tranchée et rien n’indique qu’il y aurait un changement à ce niveau. Concernant le prochain gouvernement, la majorité parlementaire pouvait garder la majorité des portefeuilles, mais il faut à l’opposition le tiers de garantie. Il n’y a pas d’inconvénients que la participation au gouvernement soit calculée sur base de la représentation au Parlement. Or l’opposition détient 45 % des sièges et la majorité 55 %.

 WIAM WAHHAB, CHEF DRUZE DE L’OPPOSITION
« L’armée est une ligne rouge (…). Un prix très élevé a été payé par le peuple libanais pour que cette institution soit un modèle d’unité pour tous, et quiconque se propose de creuser le fossé entre cette institution et la Résistance, ou encore entre elle et le milieu humain de la Résistance, se fait de grandes illusions. L’armée et la Résistance sont un seul et même camp. L’opposition fera barrage contre quiconque tente de relancer la guerre civile au Liban.

Tendances est un bulletin quotidien de veille politique sur le Proche-Orient, réalisé par l’agence New Orient News à Beyrouth. Retrouvez-le sur Voltairenet.org, en versions allemande, arabe, anglaise, espagnole et française. Consultez également Indicators, le bulletin quotidien de veille économique sur le Proche-Orient, disponible en versions anglaise, espagnole et arabe.