Tout au long de sa carrière politique, Yasser Arafat a été l’objet de campagnes d’assassinats pour éliminer non pas ce qu’il était, mais ce qu’il représentait : le peuple palestinien. Pour moi, il est le De Gaulle palestinien, celui qui a été l’architecte du renouveau du mouvement national.
Dans les années 70, son discours était la construction d’une Palestine pluri-culturelle où tous seraient égaux, mais après 1973 et la guerre du Kippour, il comprit que la violence était inutile et qu’il fallait négocier pour parvenir à la création de deux États séparés. Il devint donc le chef de file des pragmatiques. Au début des années 80, nous fûmes reconnus par l’Union européenne, mais en même temps nous étions obligés de quitter le Liban suite à la rupture du cessez-le-feu par Ariel Sharon.
La dernière fois que je l’ai vu, le 20 octobre, il était très malade, mais il m’a demandé quelles étaient les chances d’une initiative britannique après les élections états-uniennes en faveur d’une relance du processus de paix. Il m’a demandé de rester proche du gouvernement de Tony Blair.
Nous avons aujourd’hui, une opportunité de relancer la paix. Pas à cause de la mort d’Arafat, mais à cause de la réélection de George W. Bush. Peut-être voudra-t-il rentrer dans l’Histoire et pacifier la région.

Source
The Guardian (Royaume-Uni)

« Our own Palestinian De Gaulle », par Afif Safieh, The Guardian, 12 novembre 2004.