Depuis 13 ans que la Guerre froide est terminée, l’arsenal nucléaire états-unien, destiné à prévenir une attaque soviétique par la menace, est devenu de plus en plus inadapté pour dissuader une menace plus diversifiée, mais toujours mortelle. Dissuader les États voyous et les groupes terroristes d’utiliser des armes de destruction massive est toujours possible, mais nous devons adapter nos forces nucléaires. Les efforts de l’administration Bush dans ce domaine ont été freinés par ceux qui pensent que les États-Unis devraient se concentrer sur la lutte contre la prolifération. Ils utilisent quatre arguments pour défendre leur opinion :
 Les nouvelles armes nucléaires de moindre puissance vont diminuer la distinction entre armes conventionnelles et nucléaires et rendre leur usage plus probable. Cette affirmation est à la fois fausse est illogique puisque notre objectif est la dissuasion. Les dirigeants d’un État voyou pourraient penser que nous n’utiliserons pas nos armes actuelles contre leurs installations car leur puissance provoquerait trop de morts non-combattants, ainsi, ils poursuivront leur provocation et l’usage d’une bombe sera plus probable. Si nous avions des bombes de plus faibles puissances, ils se sentiraient effectivement menacés.
 Les anciennes bombes servaient à la dissuasion, les mini-bombes seront réellement utilisées. C’est faux, en fait, les anciennes bombes étaient dissuasives car elles étaient adaptées à notre adversaire de la Guerre froide. Il faut faire de même aujourd’hui.
 On ne peut pousser les pays à stopper leur prolifération en développant de nouvelles armes nucléaires. Ce n’est pas incompatible puisque nous sommes une des cinq puissances nucléaires reconnues par le Traité de non-prolifération.
 Le développement de ces armes est une violation de l’article 6 du Traité de non-prolifération qui exige que les États nucléaires œuvrent à la dénucléarisation. La production de ces armes n’empêche pas une dénucléarisation puisque nous avons effectivement cessé la course aux armement avec l’URSS et diminué la taille de notre arsenal. Aujourd’hui nos réalisations servent la dénucléarisations en diminuant l’impact de nos armes.

Source
Washington Post (États-Unis)
Quotidien états-unien de référence, racheté en août 2013 par Jeff Bezos, fondateur d’Amazon.

« New Threats, Old Weapons », par Robert R. Monroe, Washington Post, 16 novembre 2004.