La prochaine direction palestinienne ne sera pas le résultat d’un scrutin, quel que soit le résultat du vote. C’est une part du pernicieux héritage de Yasser Arafat.
Beaucoup ont cru que l’exposition à la société ouverte israélienne allait pousser les Palestiniens à adopter le système démocratique après les accords d’Oslo, mais le système importé de Tunis par Arafat et ses collègues était totalement différent. Il tua dans l’œuf toutes les promesses de société ouverte et, comme les autres potentats arabes, Arafat fonda son pouvoir sur le contrôle personnel et sur les milices armées. L’Autorité palestinienne est devenue un régime de polices secrètes. Dennis Ross a récemment écrit dans son livre The Missing Peace que quand il avait demandé à Arafat pourquoi il avait sept services de sécurité, Arafat lui avait répondu, « Moubarak en a 12 ». Depuis, ces forces de sécurité forment la base du pouvoir palestinien.
En cela, l’Autorité palestinienne est représentative de la politique dans le monde arabe qui ne s’est pas modernisée en 20 ans. Ce n’est pas un problème inhérent à l’islam comme le montre la Turquie, le Bangladesh ou même l’Iran, qui malgré l’échec des réformateurs est plus pluraliste que les pays arabes. Le problème est que les Palestiniens, comme les Arabes, n’ont pas les éléments constitutifs d’une société civile : le pluralisme, la tolérance, le courage civil, le non-conformisme ou la responsabilité individuelle.
Peut-être que le successeur d’Arafat sera plus tolérant, mais son pouvoir reposera sur un baril de poudre.

Source
Jerusalem Post (Israël)

« Out of the barrel of a gun », par Shlomo Avineri, Jerusalem Post, 17 novembre 2004.