Tendances et événements au Proche-Orient

Israël fortement embarrassé par son échec à Gaza

De profondes divergences continuent de diviser les différentes sphères du pouvoir israélien sur l’attitude à adopter dans la Bande de Gaza. L’entourage du ministre de la Défense, Ehud Barak, évoque la poursuite de préparatifs pour lancer une vaste offensive terrestre. Mais les déclarations du Premier ministre, Ehud Olmert, traduisent une totale impuissance à réaliser les objectifs voulus dans ce territoire grand comme un mouchoir de poche et peuplé de plus d’1,5 millions de personnes.
Au milieu de cette confusion, des voix s’élèvent pour critiquer le fait que rien n’a été fait pour empêcher les mouvements de la Résistance palestinienne de poursuivre les tirs de roquettes contre les colonies israéliennes. Plusieurs enquêtes de presse et reportages télévisés israéliens ont mis sous les projecteurs ce qui est désormais appelé le « problème al-Qassam », du nom des roquettes tirées par la Résistance palestinienne. Des experts cités par les médias ont révélé que les organisations palestiniennes ont réussi à mettre au point des roquettes d’une portée de 17 kilomètres. De nombreux analystes ont par ailleurs tourné en dérision le projet de « Dôme de fer » qu’Ehud Barak a promis de mettre en place pour protéger Israël des projectiles palestiniens. En parallèle, de plus en plus de voix en Israël appellent au dialogue avec le gouvernement du Hamas pour trouver une issue après que les résultats de la campagne militaire tant promise semblent incertains.
Ehud Barak et le chef d’état-major, le général Gaby Ashkénazy, semblent déterminés à poursuivre la guerre d’usure s’articulant autour des raids aériens, des assassinats ciblés et des incursions limitées. Dans le même temps, ils menacent Gaza d’une invasion totale dont les préparatifs vont bon train.
Dans ce climat, des rapports de presse soulignent l’embarras de l’Autorité palestinienne qui coopère étroitement avec les Israéliens conformément à un agenda mis en place par les États-uniens depuis la Conférence d’Annapolis, et peaufiné lors de la tournée régionale de George Bush. En dépit de l’assistance fournie en matière de sécurité aux Israéliens, l’Autorité palestinienne n’a obtenu aucune concession significative en politique. De hauts responsables palestiniennes ont même exprimé leur désespoir de l’utilité des rencontres bilatérales entre Ehud Olmart et Mahmoud Abbas, exhortant les États-uniens à intervenir auprès des Israéliens. Plus les jours passent, plus Mahmoud Abbas perd le peu de crédibilité qu’il lui reste aux yeux de son peuple.

Presse et agences internationales

• Le Comité populaire contre le siège de Gaza (PCAS), un groupe politique indépendant dirigé par le député palestinien Jamal al-Khadouri, a appelé la population de Gaza à former « une chaîne humaine de Rafah à Beit Hanoun contre le blocus », soit environ 50 km le long de la route principale de Gaza du point de passage de la frontière égyptienne au sud au poste-frontière israélien au nord. Cette chaîne humaine vise à protester contre le bouclage total imposé le 17 janvier dernier par Israël à ce territoire palestinien contrôlé par le Hamas. Le PCAS a également été à l’origine d’une grève du commerce samedi sur le même thème, censée s’inscrire dans le cadre de manifestations à travers le monde. Le Hamas avait donné publiquement son appui à cette grève tout en soulignant qu’il n’en était pas l’organisateur.
L’armée israélienne se prépare quant à elle à faire face à une foule de Palestiniens de Gaza se dirigeant vers le territoire israélien, selon la radio militaire. Les responsables militaires craignent que la chaîne humaine ne se mue en une telle marche grâce au soutien en sous-main du Hamas. Ils craignent également que cette marche ne prenne l’allure du mouvement de foule palestinien vers l’Égypte de la fin janvier. Pendant dix jours, jusqu’au 3 février, plusieurs centaines de milliers de Palestiniens s’étaient rués sans contrôle en territoire égyptien pour se ravitailler en passant par des brèches ouvertes à l’aide d’explosifs et de bulldozers dans le mur marquant la frontière.

HAARETZ (QUOTIDIEN ISRAELIEN)
Les responsables israéliens redoutent que l’armée soit contrainte de réprimer durement les Palestiniens participant à une marche de protestation contre le blocus de Gaza et de faire de nombreuses victimes parmi la foule qui y participerait. Un porte-parole de l’armée a indiqué que celle-ci était « prête à faire face à toute manifestation qui serait organisée par les Palestiniens », sans donner plus de précision. Le ministre de l’Intégration Yaacov Edery a également assuré qu’Israël « est prêt à faire face à un tel scénario », tandis que le ministre des Infrastructures Binyamin Ben Eliezer a déclaré qu’il faisait « confiance » à l’armée israélienne. La police israélienne a, de son côté, placé ses forces en alerte dans le sud du pays pour parer à toute éventualité.

ISNA (AGENCE DE PRESSE IRANIENNE)
Des conservateurs critiques à l’égard de la politique du président Mahmoud Ahmadinejad ont présenté leur propre liste à Téhéran pour les législatives du 14 mars prochain. « Une liste de 37 personnes a été finalisée et nous allons choisir dans les prochains jours 30 personnes parmi elles pour la liste de Téhéran », a déclaré Hossein Mozafar, porte-parole de la Coalition élargie des défenseurs des principes. Celle-ci réunit les amis politiques d’Ali Larijani (ancien chef du dossier nucléaire), de Mohammad Bagher Ghalibaf (maire de Téhéran) et de Mohsen Rezaïe (ancien chef des Gardiens de la révolution). « Certains candidats de notre liste font également partie de la liste du Front uni des défenseurs des principes », qui regroupe les conservateurs plutôt proches du président Ahmadinejad, a affirmé M. Mozafar. « La présence d’une liste séparée peut créer un climat plus vivant et permettre la création d’un Parlement plus fort », a ajouté M. Mozafar, qui a critiqué la liste du Front uni qui, selon lui, manque de « personnalités acceptables et expérimentées ».

MEHR (AGENCE DE PRESSE IRANIENNE)
 Déclaration d’Ali Larijani
« Soit nos amis du Front uni utilisent le temps qui reste pour corriger la liste pour lui donner plus de chance, soit ils font preuve d’intransigeance et, à ce moment-là, les électeurs choisiront entre leur liste et les autres listes ».

• Le Conseil des gardiens de la Constitution, chargé de superviser les élections en Iran, a approuvé la candidature de 4 500 personnes et rejeté celle de 2 200 autres pour les législatives. 7 597 personnes étaient inscrites. 310 inscrits ont renoncé à leur candidature et que 569 autres personnes, dont la candidature avait été rejetée par les instances subalternes, n’ont pas fait appel auprès du Conseil.
Ces derniers jours, le Conseil des gardiens avait repêché plus de 1 000 candidats, dont certains réformateurs, mais pour le moment, faute d’avoir la liste complète des noms, il est difficile de dire combien de candidats modérés et réformateurs ont été repêchés.

• L’Iran a durci le ton contre les grandes puissances qui étudient une nouvelle résolution de l’ONU renforçant les sanctions contre la République islamique, en avertissant qu’il répondra de façon « appropriée ». « Nous prendrons une mesure appropriée dans le cas de l’adoption d’une nouvelle résolution » du Conseil de sécurité, a dit dans un point de presse le porte-parole de la diplomatie Mohammad Ali Hosseini, Il a expliqué, sans autre détail, que l’Iran « annoncera sa décision au moment opportun, en fonction du contenu de la nouvelle résolution ». Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité et l’Allemagne devaient se réunir ce lundi pour discuter d’un texte renforçant les sanctions contre l’Iran, à cause de son refus notamment de suspendre son enrichissement d’uranium.

• Le Pakistan a bloqué l’accès à YouTube et ordonné à tous les fournisseurs de services Internet de faire de même en raison de la « teneur blasphématoire » et portant atteinte à l’islam des vidéos diffusées sur le site. Le blocage du site a été ordonné jusqu’à nouvel ordre. Certains officiels ont avancé que le site avait été interdit d’accès, car il publiait des caricatures controversées du prophète Mohammad reproduites à nouveau par des journaux danois début février. Dix-sept journaux danois, dont les trois plus grands quotidiens nationaux, ont publié le 13 février, au nom de la liberté d’expression, une caricature du prophète Mohammad réalisée par un auteur qui était la cible d’un projet d’attentat déjoué mardi dernier par la police.

• L’Administration Bush a accusé les démocrates au Congrès de nuire à la collecte d’informations dont dépend la sécurité nationale en refusant un texte de loi controversé sur les écoutes antiterroristes. Le chef du renseignement US Mike McConnell et le ministre de la Justice Michael Mukasey estiment dans une lettre ouverte que l’opposition de la Chambre des représentants à un texte accordant une immunité judiciaire aux compagnies de télécommunications a fait perdre des informations aux services de renseignements, la loi précédemment en vigueur sur les écoutes étant entre-temps venue à expiration. L’Administration et le Congrès, où les adversaires démocrates de M. Bush sont majoritaires, s’affrontent sur le contenu d’une loi autorisant le renseignement à surveiller, sans mandat spécifique d’un juge, les appels et les courriers électroniques échangés entre les États-Unis et l’étranger si le soupçon terroriste existe.

• L’armée états-unienne a commencé une enquête pour déterminer les causes du crash d’un bombardier furtif B-2 survenu sur l’île de Guam dans le Pacifique, le premier incident impliquant ce type d’appareil. L’avion s’est écrasé au décollage de la base aérienne américaine d’Andersen, à Guam, mais son équipage est sain et sauf. Le B-2 coûte entre 1,2 et 1,3 milliards de dollars. Son prix peut aller jusqu’à 2 milliards avec les équipements.

• Raul Castro a succédé à son frère Fidel à la tête de l’État cubain pour un mandat de cinq ans. Raul Castro a annoncé qu’il « assumait la responsabilité » de la succession confiée par son frère Fidel, mais qu’il continuerait à le « consulter » pour les « décisions majeures ». « J’assume la responsabilité qui m’a été confiée avec la conviction que (...) le commandant en chef de la révolution cubaine est unique, Fidel est Fidel, comme nous le savons bien, Fidel est irremplaçable », a déclaré le nouveau président cubain lors de son premier discours après son élection. « Seul le Parti communiste peut être le digne héritier de la confiance que son leader a mise en lui », a-t-il ajouté.
Pragmatique, réputé excellent organisateur, le nouveau président s’est déjà engagé à assurer la « continuité » du socialisme, mais en œuvrant à des « changements structurels ».

LIBERATION (QUOTIDIEN FRANÇAIS, GROUPE ROTHSCHILD)
Le sommet bimestriel franco-allemand prévu le 3 mars a été reporté… au 9 juin. Officiellement, c’est juste un problème de calendrier ; officieusement, c’est un vrai désaccord à propos du projet d’Union pour la Méditerranée. Mme Merkel exige son extension aux États de l’UE. Le programme du grand sommet de Paris des 13 et 14 juillet ne l’a pas rassurée : le premier jour serait réservé aux méditerranéens. Le secrétaire d’Etat aux affaires européennes, Jean-Pierre Jouyet, ne cache plus son inquiétude : il craint que Paris mette en péril « la crédibilité » de sa présidence de l’UE.

LES ECHOS (QUOTIDIEN ECONOMIQUE FRANÇAIS, GROUPE ARNAULT)
La marche de la Serbie vers l’Union européenne risque d’être considérablement ralentie dans les semaines ou les mois qui viennent, en raison des violences contre les ambassades occidentales, jeudi dernier. Le chef de la diplomatie européenne, Javier Solana, a prévenu que la signature de l’accord de stabilisation et d’association (ASA) entre l’Union européenne et la Serbie ne pourrait intervenir dans ce climat de violence. Cet accord, prélude à d’éventuelles négociations d’adhésion, fait l’objet de discussions serrées depuis quelques mois et est bloqué en raison de l’opposition des Pays-Bas qui exigent l’arrestation de Radovan Karadzic et de Ratko Mladic.

L’HUMANITE (QUOTIDIEN COMMUNISTE FRANÇAIS)
 Entretien avec Georges Corm, économiste et historien libanais
« Je ne pense pas que le Liban puisse être embrasé pour diverses raisons. D’abord, l’opposition ne répond pas aux provocations de terrain dont elle est l’objet. Le pire qui puisse arriver, en effet, au Hezbollah, c’est d’être entraîné dans une guerre interne qui lui ôte son prestige et sa crédibilité. Les alliés du Hezbollah ont la même logique, notamment le Mouvement patriotique libre du général Aoun, qui joue un rôle très positif de maintien de la paix civile, quoiqu’en disent ses détracteurs dans les médias locaux et internationaux. Évidemment, on reproche au général de ne pas participer à la diabolisation du Hezbollah et donc de lui donner une légitimité dans la population chrétienne. C’est ce refus qui est, cependant, un élément important de la paix civile interne que beaucoup s’efforcent d’ébranler pour affaiblir le Hezbollah et toute la symbolique qu’il véhicule dans l’espace régional (…) La partie régionale et internationale qui se joue au Liban a trait au désir d’un remodelage de la région et de la suppression des deux résistances armées (libanaise et palestinienne). Les décideurs états-uniens et européens veulent absolument faire entrer le Liban dans l’orbite de leur politique, d’où ce soutien tout à fait exceptionnel au gouvernement de M. Siniora qui ne représente plus qu’une partie des Libanais, ce qui est totalement contraire aux traditions de consensualisme libanais. »
 Reportage d’Hassane Zerrouky
Combien étaient-ils à écouter le discours d’Hassan Nasrallah, retransmis via des écrans dans ce quartier de Roueiss, au cœur de Beyrouth-Sud ? Plusieurs centaines de milliers, beaucoup venus en famille, brandissant l’emblème national libanais mais aussi des drapeaux de couleur jaune du Parti de Dieu, rassemblés dans ce quartier décoré de portraits de Nasrallah et des martyrs du parti, dont celui d’Imad Moughnieh. Mais qu’importe le nombre, ce qui frappe ce vendredi 22 février c’est la discipline quasi militaire de cette marée humaine faisant montre d’un calme impressionnant (Quand Nasrallah apparaît sur l’écran une immense clameur se fait entendre. De temps à autre, comme un seul homme, la foule se lève, scande des mots d’ordre, le poing levé. Nasrallah assure : « Nous sommes là pour défendre nos compatriotes et nos villages lorsque l’État et le monde nous lâchent. » (…) Nasrallah n’est pas seulement un leader mais une véritable icône. Ici, c’est un État dans l’État. L’armée libanaise est présente, mais aux limites de ce faubourg populaire où grâce aux dons envoyés par la diaspora chiite, à l’argent des riches hommes d’affaires chiites, des tours s’élèvent en lieu et place des immeubles pulvérisés par les missiles israéliens durant l’été 2006 pour reloger ceux qui ont perdu leurs logements. Une chose est sûre : dans la crise que traverse le Liban, le Hezbollah est incontournable. Il vient d’en faire encore une fois la démonstration.

LE TEMPS (QUOTIDIEN SUISSE)
Trois jours après le lancement de l’opération terrestre par l’armée turque dans le nord de l’Irak contre les activistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), l’état-major turc affirme avoir tué depuis jeudi soir 112 membres du PKK et perdu 15 de ses hommes. Il a confirmé dimanche la perte d’un hélicoptère abattu par le PKK et assure avoir découvert de nombreuses caches d’armes et d’explosifs. Quant au nombre de troupes déployées dans le nord de l’Irak, aucune information officielle n’a été diffusée. Ankara a uniquement démenti les chiffres fournis par les médias, vendredi, évoquant la présence en Irak de 10000 soldats dont 3000 d’élite. Les autorités irakiennes évoquent un petit millier d’hommes. Hier, le journal Hürriyet évoquait une « débandade » du PKK et félicitait l’armée pour avoir pris le contrôle du camp de Cemco dans lequel ont été séquestrés en octobre dernier, durant trois semaines, huit soldats turcs. Les clichés de ces militaires posant devant le portrait du leader kurde Abdullah Öcalan avaient ébranlé la Turquie. Si l’on en croit en revanche le PKK, c’est l’armée turque qui serait en difficulté avec au moins 47 soldats tués contre trois morts parmi les activistes kurdes. Le chef militaire kurde, Bahoz Erdal, a menacé la Turquie de représailles urbaines et appelé « nos jeunes gens » à « rendre les villes (de Turquie) inhabitables ». Un autre chef du PKK souhaitait hier que les villes turques deviennent « l’enfer ».

EL PAIS (QUOTIDIEN ESPAGNOL, MAJORITE PARLEMENTAIRE)
 Analyse de José Ignacio Torreblanca
La leçon la plus importante de la sécession du Kosovo ne porte pas sur l’intégrité territoriale des États, le droit des minorités, ou le droit international, mais sur la fragmentation du pouvoir européen. Beaucoup se lamentent que le futur de l’Europe se décide à Washington, mais en définitive chaque État européen a pris sa décision et a divisé l’Union européenne en deux camps : 20 États du côté kosovar, 7 du côté serbe. A chaque crise, les ministres des Affaires étrangères européens se montrent un peu plus incapables d’unité.

ITAR-TASS (AGENCE DE PRESSE RUSSE)
L’ambassadeur de Russie auprès de l’OTAN, Dmitri Rogozine, a déclaré que « les éléments de la défense antimissile états-uniens ne sont pas destinés à se protéger contre l’Iran, mais sont censés le plus probablement être pointés sur la force stratégique de la Russie (…) Le Kosovo pourrait devenir un nouveau polygone [de tir] états-unien en Europe (…) La Russie utilisera ses force armées si l’Otan dépasse son mandat au Kosovo. »

THE NEW YORK TIMES (QUOTIDIEN ÉTATS-UNIEN)
Alors que la hausse des prix du pétrole profite à quelques arabes fortunés, elle provoque une hausse des prix des denrées de base considérable dans le monde arabe dont souffrent les plus pauvres. Le coût du chauffage a augmenté de 75% et les prix d’aliments comme les œufs, les pommes de terre ou les concombres ont doublés, suscitant des grèves, des manifestations, voire des émeutes du Maroc au Golfe persique.

THE WASHINGTON POST (QUOTIDIEN ÉTATS-UNIEN)
L’US Air Force a lancé hier une campagne de publicité dans les médias états-uniens (TV et presse écrite). Elle compte investir 26 millions de dollars cette année et 55 millions en 2009 pour montrer au public qu’elle est l’arme la plus engagée, la plus adaptable et la plus high-tech des forces armées. L’Air Force compte ainsi rectifier l’image que donnent les journaux télévisés, qui privilégient l’armée de terre et les forces spéciales, pour garantir son recrutement. Cependant, cette campagne de publicité pèsera aussi sur les débats du Congrès, qui refuse pour le moment de financer l’achat de F-22 et de C-17 que réclame l’Air Force.

THE WALL STREET JOURNAL (QUOTIDIEN ECONOMIQUE ÉTATS-UNIEN)
Selon le service de renseignement du département du Trésor, la Banque centrale (Bank Markazi) d’Iran procède à des transactions en dollars pour aider les banques iraniennes blacklistées à contourner l’embargo US. La Banque centrale d’Iran est la dernière artère qui relie l’économie iranienne au système bancaire mondial. Elle influe aussi sur l’économie régionale par le biais de l’Asian Clearing Union, qu’elle préside, et qui comprend notamment ses homologues d’Inde et du Pakistan. Le sous-secrétaire au Trésor, Robert Kimmitt, a affirmé dans un discours le 8 février qu’entre 2001 et 2006, la Banque Saderat avait viré 50 millions de dollars à des organisations paravent du Hezbollah via les filiales de la Banque centrale d’Iran à Londres et Beyrouth. De son côté, le sous-secrétaire adjoint au Trésor chargé des sanctions, Stuart Levey, se rendra prochainement à Bahrein et aux Émirats pour les convaincre de participer plus activement à l’embargo contre l’Iran. Cependant, les mesures prises en ce sens par les principales banques européennes semblent déjà avoir été contournées via une institution financière autrichienne, la Raiffeisen Zentralbank (RZB).

THE CHRISTIAN SCIENCE MONITOR (QUOTIDIEN ÉTATS-UNIEN)
Après les questions économiques, c’est la guerre d’Irak qui fait la différence entre les candidats à l’élection présidentielle états-unienne. John McCain a évoqué un effort à long terme comparable à la présence US au Japon et en Allemagne après la Seconde Guerre mondiale. Au contraire, Barack Obama et Hillary Clinton parlent d’un retrait rapide des troupes combattantes, ce qui n’est pas contradictoire avec la continuation de la formation et de l’encadrement des forces irakiennes. Pour les démocrates, les résultats enregistrés en Irak ne doivent pas masquer que la réelle menace terroriste pour les États-Unis s’est développée au Pakistan.

Audiovisuel international

NBC (CHAINE DE TELEVISION ÉTATS-UNIENNE)
Émission :Meet the Press
 Invité : Ralph Nader, défenseur des consommateurs aux Etats-Unis
« La vie politique américaine est étouffée par l’autocensure et le conformisme, de sorte que les vrais problèmes ne sont pas débattus. C’est pour briser les tabous que j’ai décidé de me présenter pour la troisième fois à l’élection présidentielle. Je suis candidat (…) Mon but est de faire valoir mon message en faveur de l’environnement, de la sécurité sur le lieu de travail et contre les intérêts d’affaires (…) Barack Obama a autocensuré ses meilleurs instincts. John McCain, lui, est le candidat pour la guerre éternelle. »

ABC (CHAINE DE TELEVISION ÉTATS-UNIENNE)
Émission : This Week
 Invité : sénateurs Joe Biden (Dém) et Bailey Hutchison (Rep)
De retour d’un voyage d’étude au Pakistan, les parlementaires observent que l’opposition dispose d’une majorité pour gouverner, mais qu’elle est insuffisante pour destituer le président Musharraf. Cependant, ils conseillent à ce dernier de démissionner à l’amiable pour éviter une crise constitutionnelle au pays.

PREMIERE CHAINE PUBLIQUE RUSSE
Émission : Jugez par vous-mêmes
Vitaliy Tretyakov, rédacteur en chef de Political Class, a affirmé que l’ONU ne pourra pas se relever de l’affaire du Kosovo. Un point de vue que l’historien Boris Sokolov a relativisé en soulignant que l’ONU avait survécu à d’autres crises comme l’invasion illégale de l’Irak. Le représentant de l’ambassade de Serbie a rappelé que 250 000 Serbes avaient déjà été contraints de quitter le Kosovo et que plus personne ne pouvait défendre les 125 000 restants. A l’issue de l’émission un panel de téléspectateurs a voté à 51 % que la crise kosovare marquait la fin du droit international et de l’ONU.

Tendances et événements au Liban

Moussa poursuit sa mission en dépit du blocage états-unien

Loyalistes et opposants sont restés discrets sur les résultats de la réunion de quatre heures qui a groupé leurs représentants, dimanche soir, sous l’égide du secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa. Une autre réunion devait avoir lieu ce lundi pour tenter de trouver un compromis qui sortirait le pays de la crise dans laquelle il est plongé depuis près de deux ans. Un décryptage des derniers développements permet de faire les observations suivantes :
 1. Les milieux politiques et médiatiques de tendances diverses ont établi un lien entre le climat entourant la mission d’Amr Moussa à Beyrouth et la réunion qui a groupé à Riyad le roi Abdallah d’Arabie saoudite et le président égyptien Hosni Moubarak. Rien n’a filtré sur les résultats du sommet entre les deux dirigeants arabes, permettant de mieux comprendre les développements à venir. D’autre part, la Jordanie, dont le roi Abdallah II arrive ce lundi à Riyad, a mis l’accent sur la nécessité de faire réussir le sommet arabe de Damas. La Syrie, elle, a assuré que les préparatifs du sommet ont atteint un point de non-retour et que cette réunion arabe aura lieu quel que soit le nombre de participants ou le niveau de représentation.
 2. Les rares informations qui ont filtré sur la réunion de dimanche soir entre le chef chrétien de l’opposition, Michel Aoun, et Saad Hariri et Amine Gemayel pour le 14-mars, ne font état d’aucun changement fondamental dans les positions des deux parties. Mais la durée de la réunion (4 heures) et la décision d’organiser une seconde rencontre ce lundi, montrent que les entretiens étaient sérieux.
 3. Les cérémonies se poursuivent dans différentes régions du Liban et dans d’autres pays pour commémorer la mort du chef militaire de la Résistance, Imad Mughniyé. Les dirigeants de l’opposition ont mis l’accent, lors de ces rencontres, sur la nécessité de se préparer pour faire face aux menaces israéliennes. Surtout que le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a indiqué, lors de son dernier discours, qu’il faut approcher le dossier de la crise interne à la lumière des menaces israéliennes de lancer une nouvelle guerre contre le Liban.
 4. Le Bahreïn a rejoint les pays ayant conseillé à leurs ressortissants d’éviter le Liban, considéré comme zone dangereuse. Selon les analystes, toutes ces mises en garde s’inscrivent dans le cadre d’un scénario américain visant à faire planer le spectre de l’internationalisation de la crise sous prétexte que la situation devient dangereuse au Liban, après l’échec de toutes les tentatives destinées à provoquer des confrontations internes. Les efforts états-uniens pour provoquer une discorde vont se poursuivre, mais l’opposition est déterminée à les faire échouer.

Principaux développements au Liban

• Après l’Arabie saoudite et le Koweït, c’était au tour du Bahreïn de déconseiller à ses ressortissants de se rendre au Liban. Dans un communiqué qui concerne également les voyages en Irak et dans le nord du Pakistan, le ministère des Affaires étrangères du royaume a estimé que « les conditions de sécurité dans ces pays nécessitent la prudence », conseillant aux Bahreïnis de ne pas se rendre dans ces régions pour éviter « les actes de terrorisme ».
Le gouvernement koweïtien avait pour sa part recommandé à ses ressortissants de « différer leur voyage » au Liban « en raison des circonstances politiques », après une menace anonyme d’attentat contre son ambassade à Beyrouth, jeudi. Lundi dernier, l’Arabie saoudite avait conseillé à ses ressortissants de ne pas se rendre au Liban en raison de sa situation « instable ». Le jour même, la France avait annoncé la fermeture de deux de ses centres culturels dans les villes de Tripoli et de Saïda.

• Des affrontements ont opposé samedi des partisans des Forces libanaises (14-mars) à d’autres du Parti syrien national social (PSNS, opposition) dans la région de Deddé, au Liban-Nord. Les partisans des deux camps se sont battus à coups de bâtons. Il a fallu l’intervention des forces de sécurité et de l’armée libanaise pour mettre fin à l’incident au cours duquel dix personnes ont été blessées. Les éléments des Forces libanaises ont utilisé des armes à feu.

Déclarations publiques

 MOHAMMAD FNEICH, MINISTRE DEMISSIONNAIRE DE L’ENERGIE (HEZBOLLAH)
« Nous réaffirmons la volonté de l’opposition de coopérer avec ses adversaires politiques parce qu’elle veut faire face aux défis auquel le pays est confronté. Mais si le 14-mars mise sur le facteur temps dans l’espoir d’un éventuel changement régional promis par les États-uniens ou d’une nouvelle guerre israélienne, cette coalition serait en train de mettre en danger le sort du pays. Une guerre régionale qui éclaterait alors que notre unité et notre immunité internes ne sont pas consolidées, risque de miner la paix civile.
À ceux qui misent sur une nouvelle guerre sioniste, je dis à titre de conseil : ne vous placez pas dans le camp israélien, car nous ne pourrons pas faire preuve d’indulgence en faisant face à une éventuelle agression israélienne. La riposte sera plus dure que celle de juillet 2006. Soyez sûrs que les résultats ne seront pas tels que vous les escomptez. Aussi, l’intérêt national commande que vous acceptiez le principe d’un règlement avant que la crise ne se complique. Ce temps perdu et cette incapacité à prendre une décision ne sont pas dans l’intérêt du Liban et vous rendront responsables de tout préjudice qui sera porté au pays. L’opposition ne peut pas accepter d’être éliminée ou de confier le pays à ceux dont les orientations politiques et la capacité à préserver les réalisations nationales ne lui inspirent pas confiance. »

 AMMAR MOUSSAOUI, ANCIEN DEPUTE (HEZBOLLAH)
« Tous les dirigeants du 14-mars tiennent un langage étudié qui fait partie du plan qui leur est confié et qui s’inscrit, au niveau politique, dans le prolongement des résultats de l’assassinat de Mughniyé. Je reproche aux loyalistes de n’avoir pas réagi aux propos (du sous-secrétaire d’État US, ndlr.) David Satterfield, qui avait prédit l’échec de l’initiative arabe, ce qui prouve que celle-ci est, pour eux, un moyen de perdre le temps en attendant des circonstances déterminées ou des événements qui se produiront au cours des prochains mois et qui leur permettront de ne pas faire des concessions. Ceux qui affirment que nous n’avons pas le droit d’entraîner le Liban vers une guerre n’ont pas réagi à l’assassinat d’Imad Mughniyé. Le courant loyaliste ressemble, à cause de l’état dans lequel il se trouve et de sa réalité, au million et demi de personnes qui étaient rassemblées place des Martyrs (pour la commémoration du troisième anniversaire de l’assassinat de Rafic Hariri), en ce sens qu’il est l’incarnation d’un mensonge. Sauf que ce mensonge a trop duré. »

 NAWAF MOUSSAOUI, RESPONSABLE DES RELATIONS INTERNATIONALES DU HEZBOLLAH
« Le départ des États-uniens du Moyen-Orient est une question de temps. Une guerre contre l’Iran marquera la fin des États-Unis dans la région. Lorsque (le secrétaire général du Hezbollah, ndlr.) sayyed Hassan Nasrallah menace d’écraser l’armée israélienne, il faut être sûr que cette menace sera mise à exécution si l’ennemi songe à une nouvelle invasion. »

 WALID JOUMBLATT, CHEF DRUZE DU 14-MARS
« Le prochain président de la République doit être élu en disposant d’une liberté d’action suffisante, grâce à un gouvernement fort, sans tiers de blocage. Il y a une contradiction entre le discours tenu par sayyed Hassan (Nasrallah, le chef du Hezbollah) lors des obsèques d’Imad Mughniyé et les propos tenus vendredi dernier.
Il a commencé par parler de guerre ouverte pour affirmer ensuite qu’Israël a lancé une guerre ouverte. Certes, la guerre avec Israël se poursuit. Mais nous priverons Israël de tout prétexte qu’il pourrait invoquer pour déclencher une guerre en rétablissant la souveraineté de l’État sur tout le territoire. Il existe deux types de guerre ouverte. Il y a en premier la guerre militaire. Notre brave armée est parfaitement capable d’intégrer l’arsenal du Hezbollah et de préserver la spécificité du Liban-Sud. Quant à la guerre des SR qui fait rage de Buenos Aires à la Turquie, nous ne sommes pas concernés par cette lutte de terrorisme et d’espionnage. »

Tendances est un bulletin quotidien de veille politique sur le Proche-Orient, réalisé par l’agence New Orient News à Beyrouth. Retrouvez-le sur Voltairenet.org, en versions allemande, arabe, anglaise, espagnole et française. Consultez également Indicators, le bulletin quotidien de veille économique sur le Proche-Orient, disponible en versions anglaise, espagnole et arabe.