Tendances et événements au Proche-Orient

La question de la participation au sommet de Damas

Les regards se tournant dans la région sur les contacts interarabes concernant le sommet de Damas qui doit avoir lieu les 28 et 29 mars. À la demande des États-Unis, un groupe de pays a ouvertement lié cette échéance à la résolution de la crise libanaise. À un moins de ce sommet, le paysage politique présente les caractéristiques suivantes :
 1. Des informations font état d’une probable visite de M. Amr Moussa en Syrie dans le cadre des préparatifs du sommet de Damas qui débuteront officiellement lors de la réunion du Conseil des ministres arabes des Affaires étrangères, le 5 mars au Caire.
 2. L’íncertitude entoure la participation ou le niveau de représentation des États membres du Conseil de coopération du Golfe et de la Jordanie. Plusieurs pays ont déjà reçu des invitations officielles et ont promis de participer au plus haut niveau. Certains États ont leurs propres calculs et souhaitent ménager leurs relations avec Damas. D’autres jouent les médiateurs entre la Syrie et l’Arabie saoudite. Les relations entre ces deux pays sont très tendues et le royaume wahhabite semble déterminé à recourir à l’escalade après avoir muté à Manama son ambassadeur accrédité à Damas. Riyad a cependant qualifié cette mesure de « routinière ».
 3. Amr Moussa a assuré que le sommet arabe aura lieu à Damas à la date prévue. Selon certaines informations, le président égyptien, qui aurait décidé de se faire représenter au sommet par le ministre des Affaires étrangères, Ahmad Aboul Gheith, pourrait visiter Damas avant fin mars.
 4. De nombreux États ont assuré à la Syrie qu’ils participeraient au sommet au plus haut niveau. Des présidents et chefs d’État de pays non-arabes seront également présents, donnant au sommet de Damas une importance particulière. De toute façon, quels que soient le niveau de participation de certains pays, Bachar al-Assad sera le président du sommet arabe pour l’année à venir. La passation de pouvoir ne nécessite pas la présence du président sortant, le roi Abdallah. Le précédant du sommet de Tunis est encore vivant, lorsque le président Zein al-Abidine Ben Ali, qui avait refusé que la présidence lui soit remise par un ministre (le roi de Bahrein n’était pas venu au sommet), s’était autoproclamé président.
 5. Plusieurs sources arabes assurent que la question palestinienne doit figurer en tête des priorités du sommet de Damas en raison de la poursuite des massacres et du blocus israéliens. Aussi, est-il important de soutenir la résistance du peuple palestinien.

Presse et agences internationales

• Le Premier ministre israélien Ehud Olmert a réaffirmé sa détermination à parvenir à une solution à deux États avec les Palestiniens, mais s’est montré sceptique sur les chances d’un accord en 2008, comme le souhaite George Bush. « Nous sommes déterminés à parvenir à un accord durant l’année 2008. Je ne suis pas sûr que nous y parviendrons », a dit Olmert à des hommes d’affaires japonais et israéliens, lors d’un forum économique à Tokyo. Il n’y a pas aujourd’hui de « meilleure opportunité », a souligné M. Olmert, ajoutant : « Nous voulons faire tous les efforts possibles pour saisir cette opportunité. » « Ces derniers jours, nous faisons des efforts exceptionnels pour résoudre les divergences avec nos voisins palestiniens. Nous espérons conclure un accord qui conduira à une solution à deux États, un État palestinien et l’État d’Israël », a dit le Premier ministre israélien

• Le général Amos Yadlin, chef du renseignement militaire israélien, a déclaré que des membres d’Al-Qaëda seraient parvenus à s’infiltrer dans la bande de Gaza, après l’ouverture par le Hamas de la frontière entre l’Égypte et Gaza, en janvier dernier. Lors de la réunion hebdomadaire du comité parlementaire de la Défense et des Affaires étrangères, Amos Yadlin a soutenu que la brèche dans le mur de séparation avait également permis au Hamas « de faire revenir ceux qui étaient partis en Syrie et en Iran pour y être entraînés, dont parmi eux des snipers, des experts en explosifs et en roquettes ».

• L’armée US a arrêté le directeur de l’information d’une grande chaîne de télévision irakienne parce qu’il pourrait disposer d’informations sur des « activités criminelles parrainées par l’Iran », selon un porte-parole militaire. Hafedh al-Béchara, directeur de l’information de la chaîne al-Fourate, a été arrêté la semaine dernière à son domicile avec son fils, accusé d’appartenir à un groupe rebelle soutenu par Téhéran. L’armée US avait déclaré dans un premier temps que M. Béchara avait été interpellé après la découverte, chez lui, d’une mitrailleuse non autorisée.

YEDIOT AHARONOT (QUOTIDIEN ISRAELIEN)
Deux militaires israéliens ont été blessés lors d’un essai sur un missile pris au Hezbollah durant la guerre au Liban à l’été 2006, ont indiqué hier des sources militaires et la presse. Un officier a été grièvement blessé et un soldat a été plus légèrement atteint. Les deux hommes voulaient tester l’impact du missile sur une protection blindée. Le missile a explosé prématurément du fait d’un défaut dans le lanceur. Un officier a été chargé de mener une enquête sur les circonstances de l’accident, qui n’est pas le premier sur cette base. Les blindés israéliens, en particulier les Merkava III et IV, disposent de divers systèmes de protection contre des missiles antichars. Cependant les missiles antichars de nouveaux modèles tirés par les combattants du Hezbollah au Liban-Sud à l’été 2006 avaient infligé des pertes sévères à l’armée israélienne, qui cherche depuis la parade. Les missiles les plus efficaces sont les Metis-M, et les Kornet, de fabrication russe, selon les experts. Le Hezbollah dispose aussi de nombreux Sager de nouvelle génération, une arme de conception russe fabriquée en Iran, ainsi que de deux autres missiles de fabrication russe, le Spigot et le Kuntrus, selon ces sources. Ces missiles ont des portées de 1,5 km à 5 km et sont capables de percer des blindages de 400 mm à 1000 mm.

AGENCE EUROPE (AGENCE DE PRESSE DE L’UNION EUROPEENNE)
Une conférence ministérielle sur les nouvelles technologies et la société de l’information dans l’espace EuroMed a lieu mardi 26 et mercredi 27 février au Caire, en Égypte. Le thème proposé est la « mise en place d’un environnement favorable à la société de l’information ». La réunion est placée sous l’égide de l’UE qui est représentée par la Slovénie et la Commission européenne. 250 participants sont attendus.

EUROPOLITIQUE (AGENCE DE PRESSE DE L’UNION EUROPEENNE)
L’Union européenne a réitéré, le 25 février, son appel à la Turquie à « s’abstenir de toute intervention militaire disproportionnée » à l’encontre des 3500 rebelles du PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan) basés dans le nord de l’Irak. « Tout en reconnaissant la légitimité de la Turquie à vouloir protéger sa population du terrorisme », la Présidence slovène de l’UE invite Ankara à respecter « l’intégrité territoriale de l’Irak ainsi que les droits de l’homme et l’Etat de droit ».

ITAR-TASS (AGENCE DE PRESSE RUSSE)
Le président israélien Shimon Peres, les frères d’Hillary Clinton, l’oligarque russe Roman Abramovitch et le magnat de l’empire de presse et de télévision Rubert Murdoch sont attendus entre autres à Tbilissi pour les obsèques de l’ancien candidat juif à la présidentielle géorgienne Badri Patarkatsichvili, mort le 13 février à Londres dans des circonstances suspectes.

LE FIGARO (QUOTIDIEN FRANÇAIS, GROUPE DASSAULT)
Relancer formellement la coopération antiterroriste avec Riyad dans l’espoir de voir Paris décrocher certains contrats commerciaux ou d’armement, c’était l’objectif non dit de la visite du ministre français de l’Intérieur Michèle Alliot-Marie, hier, auprès de son homologue le prince Nayef. Ce voyage devrait permettre de tourner la page sur les cafouillages franco-français, qui ont marqué la période de rivalité Chirac-Sarkozy, et ont exaspéré les dirigeants saoudiens.

L’HUMANITE (QUOTIDIEN FRANÇAIS, COMMUNISTE)
Pour la première fois depuis sa création, un président communiste va siéger au Conseil européen. Le nouveau président chypriote, Demetris Christofias, ne se fait pas d’illusions sur son poids dans cette instance, mais il entend l’utiliser pour faire avancer la justice sociale et la réunification de Chypre.

LIBERATION (QUOTIDIEN FRANÇAIS, GROUPE ROTHSCHILD)
Rien en va pas plus entre Paris et Berlin. L’Union pour la Méditerranée est au cœur du désaccord. Le sommet franco-allemand du 3 mars vient d’être reporté à juin et un rendez-vous entre la ministre de l’Économie, Christine Lagarde, et son homologue allemand, Peer Steinbrück, prévu hier, est passé à la trappe. « On peut se demander si les dirigeants français considèrent les rencontres avec leurs homologues allemands comme facultatives, note le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung. En ce qui concerne Peer Steinbrück, tout laisse à penser qu’il est devenu persona non grata à Paris depuis qu’il a osé contredire publiquement Nicolas Sarkozy lors d’un sommet Ecofin. Sarkozy avait demandé à Angela Merkel de désavouer son ministre, ce qu’elle n’avait bien entendu pas fait. Sarkozy, qui traite ses contradicteurs avec une certaine brutalité, n’a sûrement pas oublié l’affaire. »

LE MONDE (QUOTIDIEN FRANÇAIS, GROUPE LAGARDERE)
La France semble déterminée à renvoyer en Afghanistan des commandos des forces spéciales. Celles-ci avaient été partiellement retirées en janvier 2007 par Jacques Chirac (sur 200 hommes, seuls 50 étaient restés pour former les forces spéciales afghanes). C’est à l’occasion du prochain sommet de l’Otan, en avril, à Bucarest, que M. Sarkozy devrait faire des annonces sur une extension de l’engagement militaire français, qui s’élève actuellement à près de 1900 hommes si l’on compte les soldats basés au Tadjikistan voisin. Depuis son élection, M. Sarkozy a envoyé des avions de combat supplémentaires à Kandahar, et accru l’effort de formation de l’armée afghane. En outre, Paris se prépare à accueillir, en juin, une conférence internationale sur l’Afghanistan, décrite à l’Elysée comme un geste de soutien à M. Karzaï. Pour M. Sarkozy, le dossier afghan s’insère en outre dans une séquence diplomatique plus large, qui met en jeu l’ambition affichée de relancer l’Europe de la défense à l’occasion de la présidence française de l’Union européenne, au second semestre 2008, de même que l’idée, lancée en août 2007, que la France puisse « reprendre toute sa place » au sein d’une Alliance atlantique « rénovée ». Ce dernier point pourrait faire l’objet d’annonces au printemps 2009, lorsque sera célébré le 60e anniversaire de l’OTAN.

LES ECHOS (QUOTIDIEN ECONOMIQUE FRANÇAIS, GROUPE ARNAULT)
Malgré la crise financière, le marché des obligations islamiques, également appelées « sukuks », s’envole. Les émissions de ces titres qui respectent les préceptes de la charia ont affiché une croissance record l’an dernier, progressant de 71%, à 32,65 milliards de dollars, d’après une étude de Moody’s. Et elles devraient continuer d’augmenter au rythme de 30% à 35% par an au cours des prochaines années, prédit l’agence de notation. Résultat, le marché des obligations islamiques atteindrait 200 milliards de dollars d’ici à 2010, contre 97,3 milliards de dollars actuellement, d’après elle.

LE TEMPS (QUOTIDIEN SUISSE)
Le secrétaire d’État français aux Affaires européennes, Jean-Pierre Jouyet (ancien directeur de cabinet de Jacques Delors, lorsque celui-ci présidait la Commission européenne), a tenté hier de calmer les esprits à propos des tensions entre Paris et Berlin. Le budget conséquent de la présidence française - 190 millions d’euros contre 62 pour la Slovénie - a ainsi été calculé, « sur la base de celui de la présidence allemande en 2007 ». Le « formidable travail d’équipe » entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel pour accoucher du Traité de Lisbonne, qualifié « d’œuvre collective », a aussi été salué. Mais la clarification la plus attendue a été celle sur l’Union méditerranéenne, chère à l’Élysée. « Il s’agit d’une Union pour la Méditerranée. Le glissement sémantique n’est pas neutre », a précisé Jean-Pierre Jouyet.

EL PAIS (QUOTIDIEN ESPAGNOL, MAJORITE)
Un étudiant iranien de 19 ans, Seyed Medhi Kazemi, vient de demander l’asile politique aux Pays-Bas après se l’être vu refusé au Royaume-Uni. Le jeune homme, qui est homosexuel, craint pour sa vie s’il retourne dans son pays. L’homosexualité y est toujours théoriquement punie de mort, mais l’un de ses cousins a effectivement été exécuté pour ce motif en avril 2006. L’orientation sexuelle n’est pas reconnue comme un motif d’asile par Londres.

THE DAILY TELEGRAPH (QUOTIDIEN BRITANNIQUE)
80 théologiens turcs vont procéder à une réévaluation des Hadiths, ces paroles accumulées au cours des temps et attribuées au prophète Mahommet. Il s’agit de dépoussiérer l’islam en le débarrassant de contenus apocryphes. Le responsable de cette recherche, Mehmet Gormez, dément qu’elle soit inspirée par les États-Unis. Cet effort est financé par Ali Bardokoglu, le responsable des Affaires religieuses du gouvernement musulman de Recep Tayyip Erdogan. Des experts non-musulmans y sont associés, comme le jésuite Felix Koerner

THE GUARDIAN (QUOTIDIEN BRITANNIQUE, MAJORITE)
• Un tribunal a ordonné hier la publication des comptes rendus de réunion du cabinet Blair relatifs à la décision d’entrer en guerre en Irak. Les juges ont considéré que le droit du public a être pleinement informé sur un sujet aussi grave et controversé imposait cette décision. Un document déjà publié atteste que Tony Blair avait pris l’engagement auprès de George Bush d’envoyer les troupes britanniques en Irak deux mois avant d’en avoir débattu au sein du cabinet.
•Cinq hommes ont été condamnés hier par un tribunal londonien à des peines pouvant aller jusqu’à 5 ans de prison pour s’être adonnés à des exercices de type camp de formation d’Al-Qaïda. Les cinq condamnés, tous musulmans, s’entraînaient physiquement depuis deux ans dans une ferme et dans un centre de paintball. Les écoutes téléphoniques du MI5 montrent qu’ils évoquaient entre eux la possibilité d’utiliser ce savoir-faire pour le jihad. Ils ont plaidé coupables des faits qui leur sont reprochés. Il n’a pas été retrouvé chez eux d’armes ou d’explosifs. Le juge a souligné qu’ils n’étaient pas condamnés pour leurs idées, mais pour des faits : à savoir que leurs exercices sportifs étaient une préparation physique à la commission d’attentats.

THE INDEPENDENT (QUOTIDIEN BRITANNIQUE)
La chaîne de télévision Al-Arabiya a diffusé hier une vidéo de l’un des cinq otages britanniques en Irak (un consultant de BearingPoint et quatre gardes de la compagnie Garda-World affectés au ministère des Finances). Ils seraient prisonniers d’un groupe dénommé Résistance islamique chiite. Celui-ci réclame la libération de neuf prisonniers irakiens en échange de la libération des otages.

THE FINANCIAL TIMES (QUOTIDIEN ECCONOMIQUE BRITANNIQUE)
Le gouvernement britannique n’avait envoyé aucun de ses ministres à la dernière conférence sur la sécurité à Munich, juste son ambassadeur en Allemagne. Ceci s’explique non pas parce que Londres boude cette manifestation, mais parce que le gouvernement Brown n’a pas de stratégie militaire et ne souhaitait pas avoir à s’expliquer. Il veut réduire les dépenses, mais envoyer des hommes en Afghanistan. Il a promis de construire deux porte-avions, mais n’a pas le budget pour des bâtiments légers etc. Il semble que M. Brown espère beaucoup de la réintégration possible de la France dans le commandement intégré de l’OTAN. Il pourrait alors relancer le programme franco-anglais d’armement de Saint-Malo.

CHRISTIAN SCIENCE MONITOR (QUOTIDIEN ÉTATS-UNIEN)
 Helena Cobban
Depuis 2005, les analystes spéculent sur le fait que le Liban pourrait replonger dans la guerre civile. Mais cela ne s’est pas produit. Pourquoi ? Mon principal point de comparaison est avril 1975. À ce moment-là, je n’étais au Liban que depuis quelques mois, au début de ma carrière de journaliste. En avril, les miliciens du parti phalangiste ont attaqué un autobus rempli « d’ennemis » palestiniens lors d’une embuscade tuant 27 personnes. Le pays tout entier était une poudrière, qui abritait six ou sept factions armées : quelques palestiniens, certains Libanais. Je suis partie en 1981. Mais la guerre s’est poursuivie jusqu’en 1989, lorsque la lassitude de la guerre et les efforts de l’Arabie saoudite et d’autres diplomaties ont produit l’accord de Taëf, qui a finalement permis à restaurer le calme et à la reconstruction de commencer. Quand je suis revenu à Beyrouth au mois de janvier de cette année, j’ai trouvé l’atmosphère dans la plupart –mais pas tous– des quartiers de la ville sensiblement plus calme et plus détendue qu’elle ne l’était en avril 1975. Le 14 février, Beyrouth a accueilli deux immenses rassemblements publics, organisés par les forces politiques diamétralement opposées. Le matin, il y avait une grande commémoration en plein air du troisième anniversaire de l’assassinat de Rafic Hariri, et dans l’après-midi, le Hezbollah a accueilli une toute aussi grande foule pour les obsèques d’Imad Mughniyé. Malgré le potentiel d’affrontements, rien ne s’est passé. Plusieurs raisons à cela : les mauvais souvenirs de la dernière guerre civile, un essoufflement des idéologies et la montée d’une nouvelle génération, les soucis économiques, l’absence des troupes syriennes qui ont été un paratonnerre, et les efforts persistants pour contenir et atténuer les tensions que beaucoup de dirigeants libanais ont eux-mêmes créées. Ces facteurs continueront-ils à garder le Liban à l’abri de la guerre civile ? On peut l’espérer. »

THE LOS ANGELES TIMES (QUOTIDIEN ÉTATS-UNIEN)
Le Maroc est sous le choc après la saisie d’un arsenal et l’arrestation la semaine dernière de 35 suspects. Ils sont accusés d’avoir préparé la déstabilisation du royaume en vue d’y instaurer un régime islamique extrémiste. Le leader du groupe, Abdelkader Belliraj, résidant en Belgique, aurait été entraîné en Afghanistan et en Algérie par Al-Qaeda et aurait financé les opérations grâce à des hold-up en Europe. La surprise, c’est que les suspects sont des notables : politiciens, chefs d’entreprise, fonctionnaires, pharmaciens et même un commissaire de police et un journaliste télé. Cette affaire laisse certains analystes perplexes : les politiciens et le journaliste (Abdelhatif Sriti, le correspondant local d’Al-Manar) sont des chiites modérés, liés au Hezbollah libanais, que l’on voit mal opérant pour les sunnites d’Al-Qaïda. Cette bizarrerie serait au contraire le signe de l’importance de cette affaire pour Claude Moniquet, un expert anti-terroriste belge travaillant pour le gouvernement marocain.

THE NEW YORK TIMES (QUOTIDIEN ÉTATS-UNIEN)
Les démocrates ont décidé de changer de tactique dans leur critique de la guerre d’Irak. Ils ont d’abord réagi aux déclarations du Pentagone pour montrer qu’en juillet prochain, à l’issue du retrait partiel, il resterait 8 000 GI’s de plus en Irak qu’avant l’escalade. Ensuite, le sénateur Jack Reed a souligné qu’il fallait un plan à long terme et qu’on ne pouvait compter éternellement sur 14 0000 hommes sur place. De son côté, le sénateur John Kerry, de retour d’Afghanistan, a plaidé que la situation s’y dégrade parce que toutes les ressources sont tournées vers l’Irak. Enfin, John Edwards a annoncé le lancement d’une campagne de publicité de 20 millions de dollars pour dénoncer le prix de la guerre. Le sénateur Russ Feingold tente d’ouvrir le débat sur deux projets de loi : le premier limiterait les dépenses en Irak, le second contraindrait l’administration Bush à préciser sous 60 jours sa stratégie à long terme pour l’Irak.

THE WASHINGTON POST (QUOTIDIEN ÉTATS-UNIEN)
• L’envoyé spécial de l’Onu pour le processus de paix au Proche-Orient, Robert H. Serry, a indiqué hier au Conseil de sécurité que le blocage de Gaza mettait en danger la santé des Palestiniens, la poursuite de l’initiative d’Annapolis, et la perspective de la solution à deux États. De son côté, le coordinateur de l’aide humanitaire, John Holmes, a relaté que le blocage a effondré l’économie de Gaza. Désormais 80% de la population est dépendante de l’aide alimentaire internationale, tandis que les cas d’anémie et de diarhée chez les enfants se développent de manière exponentielle. L’ambassadeur d’Israël, Dan Gillerman, a reproché aux fonctionnaires onusiens de se focaliser sur les conséquences de la crise et d’en ignorer la cause : le terrorisme du Hamas.
• Par un surprenant revirement stratégique, les Républicains ont accepté hier l’ouverture d’un débat au Sénat sur un possible retrait des troupes d’Irak dans les 120 jours. Bien qu’ils restent opposés à tout calendrier de retrait, ils espèrent mettre ce débat à profit pour publiciser l’amélioration de la situation en Irak depuis l’escalade (surge), c’est-à-dire au contraire l’envoi de 30000 hommes supplémentaires.

USA TODAY (QUOTIDIEN POPULAIRE ÉTATS-UNIEN)
 Éditorial de Jonathan Turley
Le témoignage de Steven Bradbury, le conseiller du ministère de la Justice, devant le Congrès était scandaleux. Mais aucun parlementaire n’a réagi. M. Bradbury a soutenu que l’administration Bush ne pratiquait pas la torture à l’issue d’une comparaison entre la pratique la baignoire (waterboarding) par la CIA et celles de l’Inquisition espagnole, qui selon lui n’auraient aucun rapport « excepté l’eau ». Il existe en effet, une petite variante technique, nous avons opté pour la manière de procéder des Khmers rouges. C’est un fait : même aux yeux de nos alliés Britanniques, nous sommes des tortionnaires, plus rien ne nous sépare des Iraniens et des Birmans.

TIME MAGAZINE (HEBDOMADAIRE ÉTATS-UNIEN)
 Nicholas Blandford
Le Hezbollah a juré de venger l’assassinat d’Imad Mughniyé, et Israël prend cette menace au sérieux. L’État hébreu a placé son armée en état d’alerte et a renforcé ses positions sur la frontière nord avec le Liban. Des batteries anti-missiles Patriot ont été déployées près de Haïfa. Même les compagnies aériennes assurant des vols vers Israël ont reçu pour instruction de veiller à ce que tous les passagers soient assis une demi-heure avant l’atterrissage afin de les protéger contre les détournements et les attaques aériennes du type 11-septembre.
Le Hezbollah est également en alerte. Au Liban-Sud, les jeunes qui vivent et travaillent habituellement à Beyrouth la semaine, sont de retour dans leurs villages d’origine, signe visible que le Hezbollah a placé ses cadres en attente. « Nous sommes prêts pour une autre guerre, et elle viendra », explique un commandant de l’unité locale du Hezbollah qui a combattu en 2006. Chez lui, un walkie-talkie est constamment à portée de main pour qu’il puisse rester en contact avec ses pairs.
À chaque fois qu’Israël a choisi la manière forte au Liban dans le passé, le Hezbollah en est toujours sorti plus populaire. Alors même que le Hezbollah prépare un autre affrontement avec Israël, ses dirigeants devront composer avec les limites de l’endurance et de la lassitude de ses partisans chiites.

Audiovisuel international

AL ARABIYA (CHAINE SAOUDIENNE)
Émission : Rencontre spéciale
 INVITE : BAN KI-MOON, SECRETAIRE GENERAL DES NATIONS UNIES
« Je fais part de ma profonde préoccupation et ma frustration face au manque de progrès au Liban. Le vide constitutionnel qui dure depuis très longtemps et le report pour la quinzième fois de l’élection présidentielle sont tout simplement inacceptables. Les responsables libanais doivent élire un président et restaurer la stabilité politique avec une forte coopération des pays de la région. En tant que secrétaire général, j’ai visité deux fois le Liban et j’ai fait de mon mieux ; je continuerai à discuter de ce sujet avec les leaders de la communauté internationale, mais c’est au peuple et au gouvernement libanais de décider de leur futur ; et encore fois, j’espère qu’ils prendront en compte ce futur (…) Nous avons reçu un engagement pour un budget suffisant pour la création du tribunal et son fonctionnement pour les douze premiers mois. Nous avons encore besoin de près de 90 millions de dollars pour les deux prochaines autres années. J’exhorte encore une fois les pays membres de l’Onu à apporter leur contribution. Conformément à la résolution 1757, il est entendu que le secrétaire général engagera le processus de création du tribunal lorsqu’il aura suffisamment de contributions pour financer la création du tribunal et douze mois d’activité de celui-ci, plus des annonces de contributions correspondant aux dépenses prévues pour les vingt-quatre mois suivants d’activité du tribunal. Si les contributions étaient insuffisantes, le secrétaire général et le Conseil de sécurité étudieraient d’autres moyens de financement. L’objectif et le principe de l’établissement du tribunal spécial étaient d’envoyer un message fort : qu’il n’y a pas d’impunité pour les instigateurs et responsables de ces crimes. C’est là le principal objectif. Et par conséquent, lorsqu’un pays contribue financièrement à un tribunal spécial, il ne devrait pas y avoir des préoccupations politiques (…) Jusqu’à présent, aucun pays européen n’a vraiment formulé son intention de retirer ses troupes du Liban-Sud. La Finul joue un rôle important pour la stabilité dans cette région. J’espère sincèrement que la communauté internationale continuera à maintenir son engagement dans la Finul jusqu’à la restauration de la paix et la sécurité. »

Tendances et événements au Liban

Qui a torpillé la troisième mission de Moussa ?

Une forte tension règne au Liban après la multiplication des déclarations alarmistes sur la situation au pays du cèdre dans les capitales arabes et internationales. Le 14-mars et l’opposition se sont rejetés la responsabilité de l’échec de la troisième mission du secrétaire général de la Ligue arabe. Mais qu’en est-il réellement ?
 1. Le quotidien al-Akhbar a publié le procès verbal de la réunion entre le général Michel Aoun, représentant l’opposition, et MM. Amine Gemayel et Saad Hariri pour le 14-mars. Il apparait que les deux représentants loyalistes ont rejeté en bloc toutes les propositions présentées par le chef chrétien de l’opposition.
 2. Les représentants du 14-mars ont rejeté les propositions concernant la composition du futur gouvernement, la nouvelle loi électorale, la réactivation du Conseil constitutionnel et refusé d’intégrer dans la prochaine déclaration ministérielle le retour des déplacés de la guerre civile, chose dont le chef druze Walid Joumblatt ne veut pas entendre parler.
 3. Lors de la réunion, le secrétaire général de la Ligue arabe a annoncé qu’il allait informer les ministres arabes des Affaires étrangères des résultats de sa mission et de la teneur des discussions entre loyalistes et opposants. Amine Gemayel s’y est opposé, de crainte que le 14-mars n’apparaisse comme la partie qui torpille toute les solutions à la crise libanaise.
 4. Des milieux médiatiques proches du 14-mars montrent que les loyalistes libanais misent sur les pressions arabes sur la Syrie au sujet du sommet afin de réaliser de deux choses l’une : soit transférer le sommet vers un autre pays ou son report, sauf si Damas acceptait d’intervenir auprès de l’opposition libanaise afin qu’elle accepte de capituler politiquement devant le 14-mars. Dans les deux cas, la coalition au pouvoir considèrera avoir remporté la manche.
 5. De son côté, l’opposition reste déterminée à préserver l’unité nationale en obtenant une réelle participation au pouvoir à travers un package deal portant sur toutes les questions : présidence, gouvernement, grandes orientations politiques.
 6. Des informations de presse font état d’un possible de la France sur le dossier libanais à travers une nouvelle initiative. La rencontre ce mercredi entre un haut fonctionnaire du Quai d’Orsay et le chef du bloc parlementaire du Hezbollah constitue un indice dans ce sens.
 7. Des sources syriennes ont réaffirmée que les pressions cherchant à lier le sort du sommet de Damas et la solution à la crise libanaise échoueront. Les autorités syriennes estiment qu’une telle approche ne fera que compliquer la situation au Liban et déstabilisera davantage le pays. Le sommet aura bien lieu à Damas, à la date prévue, quel que soit le niveau de représentation.
 8. Les Libanais attendent les positions que doit énoncer ce jeudi le général Michel Aoun lors d’une interview télévisée.

Déclarations et communiqués

• Ludovic Pouille, sous-directeur de la zone Égypte-Levant au Quai d’Orsay, devait rencontrer ce mercredi à Beyrouth des responsables du Hezbollah avec, à leur tête, le chef du bloc parlementaire du parti, Mohammad Raad.

 COMMUNIQUE DU BLOC PARLEMENTAIRE DU GENERAL MICHEL AOUN (OPPOSITON)
« La majorité (14-mars) a refusé toutes les propositions de compromis, même celles qui sont inspirées de l’initiative arabe. Elle persévère dans sa logique de monopole du pouvoir. Le représentant de l’opposition, le général Michel Aoun, a fait preuve de flexibilité allant même jusqu’à accorder des concessions portant sur la composition du prochain cabinet. Mais le camp loyaliste est demeuré intransigeant et a prouvé qu’il ne veut pas de solution. La majorité assume l’entière responsabilité de l’échec de l’initiative arabe et de celles qui l’ont précédée et de toutes les conséquences et les dommages qui pourraient en résulter. »

 NAWAR SAHILI, DEPUTE DU HEZBOLLAH
« Les États-Unis ont entravé l’initiative arabe ainsi que toute tentative visant à dénouer la crise. Le Liban ne peut être gouverné qu’à travers un partenariat politique digne de ce nom. Le camp loyaliste continue d’imposer des conditions rédhibitoires et refuse les compromis, alors que l’opposition a franchi plusieurs pas en avant, au point où ses partisans l’ont accusée d’accorder trop de concessions. »

 SAMIR GEAGEA, CHEF CHRETIEN DU 14-MARS
« Certaines personnes qui prétendent défendre les droits des chrétiens se sont saisies aujourd’hui du dossier de la loi électorale. Or il se trouve que l’unique mesure qui serait utile pour la communauté chrétienne est la tenue du scrutin présidentiel qui est aujourd’hui négligé par ces mêmes parties. La loi électorale de 1960 est obsolète. Elle n’est pas idéale pour les chrétiens, en raison des changements démographiques des dernières années. À titre d’exemple, Marjeyoun et Hasbaya sont réunies en une seule circonscription en vertu de cette loi. Pouvons-nous accepter ceci ? Il en est de même pour Saïda et Zahrani, Baalbeck et le Hermel, etc. Au nom des intérêts des chrétiens, il faudrait un découpage fondé sur les plus petites circonscriptions possibles. »

 WALID JOUMBLATT, CHEF DRUZE DU 14-MARS
« Je ne vois pas de fin possible à la crise actuelle à court terme. Le Hezbollah fournit des armes et assure un entraînement militaire aux partisans de ses partis alliés. Il n’y aura toutefois pas de conflit armé. Une telle confrontation ne servira les intérêts de personne. Les derniers incidents n’ont été que des escarmouches. La majorité refuse d’accorder à l’opposition le tiers de blocage. Le secrétaire général du Hezbollah cherche à terroriser la majorité. Il fixe un pistolet contre notre tempe, en affirmant présenter une offre qui ne peut être refusée. Jusqu’à maintenant, moi, j’ai refusé ! Tant que Bachar el-Assad sera tranquille, le régime syrien demeurera sain et sauf. Le Liban est donc dans un pétrin, d’autant que le pays est ciblé par l’expansionnisme et l’impérialisme iraniens. Le monde arabe est divisé, je pense que le sommet arabe n’aboutira à rien... à moins qu’un miracle ne survienne. Mais je ne crois pas aux miracles. »

Tendances est un bulletin quotidien de veille politique sur le Proche-Orient, réalisé par l’agence New Orient News à Beyrouth. Retrouvez-le sur Voltairenet.org, en versions allemande, arabe, anglaise, espagnole et française. Consultez également Indicators, le bulletin quotidien de veille économique sur le Proche-Orient, disponible en versions anglaise, espagnole et arabe.