Tendances et événements au Proche-Orient

Israël torpille la trêve, la Résistance riposte aux tueries

Israël a repris les raids aériens et les assassinats systématiques de militants palestiniens à Gaza, tout en renforçant les punitions collectives imposées aux 1,5 millions d’habitants de ce territoire. Face à ce déferlement de violence, les mouvements de la Résistance ont riposté en tirant des roquettes contre les colonies israéliennes. Dans le même temps, le débat se poursuit en Israël sur les options à prendre. Dans ce contexte, plusieurs analystes relèvent une recrudescence des combats à Gaza et en Cisjordanie, une situation qui embarrasse fortement l’Autorité palestinienne et son président Mahmoud Abbas. Une lecture panoramique des derniers développements permet de noter les observations suivantes :
 1. Après l’escalade provoquée par Israël, l’Égypte a suspendu sa médiation et ses efforts en vue de négocier une trêve tacite entre l’État hébreu et le Hamas. Des sources palestiniennes ont qualifié ces pourparlers indirects de « manœuvres », car il est inacceptable qu’une accalmie soit observée à Gaza tandis que les assassinats se poursuivent en Cisjordanie. Cette source a réaffirmé que la direction de la Résistance palestinienne n’acceptera pas moins qu’une trêve globale en contrepartie de l’arrêt des tirs de roquettes. Sinon, le bombardement des colonies israéliennes et les attaques à l’intérieur d’Israël ne s’arrêteront pas.
 2. La médiation yéménite entre le Fatah et le Hamas se poursuit. Sanaa a accueilli des délégations des deux partis et les négociateurs tentent d’établir une plateforme d’action palestinienne commune.
 3. La presse jordanienne a rapporté que l’entraînement des forces de sécurité palestiniennes piétine en raison du refus des États-Unis de verser les budgets promis pour financer ces opérations. Le projet consiste à former et entraîner une force spéciale de 700 hommes relevant de la présidence palestinienne. Les journaux jordaniens ont indiqué que l’intervention d’Israël auprès de Washington retarde le déblocage des sommes nécessaires pour la poursuite de ce programme.
 4. Les analystes vont suivre de près la tournée moyen-orientale du vice-président états-unien, qui est arrivé dimanche. Dick Cheney axera ses entretiens avec les dirigeants qu’il va rencontrer sur le dossier palestinien. On craint déjà que sa visite inaugure une nouvelle vague de massacres dans les territoires palestiniens, comme cela avait été le cas au lendemain de la tournée de George Bush, en janvier. Dick Cheney va également exercer des pressions sur les satellites arabes des États-Unis pour les pousser à ne pas participer au sommet arabe de Damas.
 5. Le Jihad islamique en Palestine a annoncé avoir mis au point un missile d’une portée de 22 kilomètres, ce qui signifie que de nouvelles colonies et villes israéliennes se trouvent désormais sous le feu de la Résistance palestinienne. Cela devrait dissuader l’État hébreu de poursuivre ses massacres contre les civils palestiniens.

Presse et agences internationales

• Les conservateurs iraniens ont confirmé leur emprise sur le Parlement avec une majorité des deux tiers, selon des résultats partiels qui montrent leur force jusque dans la capitale Téhéran, la vitrine politique du pays. L’estimation donnée samedi par le ministre de l’Intérieur, Mostafa Pour Mohammadi, selon laquelle les conservateurs obtiendraient 71% des 290 sièges était inchangée.
Les conservateurs iraniens ont remporté au moins 163 sièges lors des législatives de vendredi dernier et sont assurés de disposer de la majorité au Majlis, qui compte 290 députés, rapportait dimanche la chaîne de télévision publique.

• Le porte-parole du gouvernement iranien a confirmé que son pays excluait désormais toute discussion avec les grandes puissances au sujet de son programme nucléaire controversé. « Nous sommes prêts à parler avec le monde entier de tous les sujets (...) mais la question des discussions sur le nucléaire avec le groupe 5+1 ou d’autres pays est terminée », a dit Gholam Hossein Elham, dans un point de presse. Le président Mahmoud Ahmadinejad avait opposé le 5 mars une fin de non-recevoir à l’offre des cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Chine, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie) et de l’Allemagne de reprendre des entretiens sur le programme iranien. Ce rejet avait suivi l’adoption le 3 mars d’une nouvelle résolution du Conseil (1803), renforçant les sanctions contre Téhéran à cause de son refus notamment de suspendre son enrichissement d’uranium.

ISNA (AGENCE DE PRESSE IRANIENNE)
Les autorités ont interdit neuf périodiques. La commission de la surveillance de la presse a notamment évoqué « la publication de photographies d’artistes corrompus étrangers et les détails de leur vie décadente, la publicité pour des médicaments interdits, publications d’articles contraires à la morale et des insultes contre les minorités ethniques ». Ces titres publiaient notamment des photographies d’actrices étrangères non voilées et d’actrices iraniennes ne respectant pas strictement le port du voile islamique. La commission a également donné des avertissements à 13 autres publications.

ITAR-TASS (AGENCE DE PRESSE RUSSE)
Le ministre russe des Affaires étrangères, Serguei Lavrov, a multiplié les rencontres en marge du sommet de l’Organisation de la conférence islamique à Dakar. Au cours de son entretien avec le Libanais Fouad Siniora, il a confirmé la position de la Russie axée sur « le soutien de la souveraineté, de l’indépendance politique, de l’intégrité territoriale et de l’unité du Liban, sur l’inadmissibilité d’une ingérence étrangère dans ses affaires, d’où qu’elle vienne ». Le ministre russe a souhaité que la crise intérieure au Liban soit surmontée sur la base de la concorde nationale et d’une rapide élection par consensus de la candidature du président libanais. L’entretien avec le Jordanien Salah Eddine Al-Bachir a été essentiellement consacré à la situation en Irak et dans la région, ainsi qu’au développement des relations russo-jordaniennes à la lumière des résultats de la visite du roi Abdallah II de Jordanie à Moscou. La rencontre avec l’Égyptien Ahmed Aboul Gheit s’est articulée autour de la situation au Kosovo et des perspectives du développement de la coopération russo-égyptienne. Enfin celui avec le prince Saoud Al-Faysal a été consacré au renforcement des relations économiques bilatérales.

RIA-NOVOSTI (AGENCE DE PRESSE RUSSE)
Le secrétaire d’État Condoleeezza Rice et le secrétaire à la Défense US Robert Gates sont attendus lundi à Moscou. Les rencontres porteront sur le déploiement du bouclier antimissile états-unien en Europe de l’Est ainsi que l’avenir des traités sur la réduction des armements stratégiques offensifs (Start-1) et sur les forces conventionnelles en Europe (FCE). Pour parvenir à un compromis, la délégation US devrait proposer la présence d’officiers russes sur les sites militaires états-uniens en Pologne et en République tchèque, la non-couverture du territoire russe par le radar tchèque et l’absence de missiles intercepteurs ensilés.

TVOI DEN (QUOTIDIEN RUSSE)
Les services spéciaux russes ont déjoué un projet d’assassinat de Vladimir Poutine sur la place Rouge le jour de l’élection présidentielle du 2 mars. Un ressortissant tadjik a été arrêté avec un arsenal d’armes à feu, lors d’une opération dans un appartement proche de la place Rouge, quelques heures avant que le président sortant n’y prononce un discours. Un informateur a prévenu le FSB quelques jours avant l’élection d’un projet d’assassinat du président Poutine et l’a informé qu’un appartement avait été loué dans cette intention de l’autre côté du fleuve qui longe le Kremlin. (Des agents des services spéciaux russes ont démenti samedi qu’un projet d’assassinat de Poutine ait été déjoué, ont rapporté des agences de presse russes. Ndlr).

AGENCE EUROPE (AGENCE DE PRESSE DE L’UNION EUROPEENNE)
Les aspects inacceptables et anti-communautaires du nouveau projet d’Union pour la Méditerranée ont été éliminés. Que reste-t-il ? Le vide et la méfiance. La querelle est aplanie, mais le résultat est tellement mince que l’on peut se demander s’il valait la peine de risquer une querelle franco-allemande. L’hypothèse d’une Union entre les pays riverains était inadmissible du point de vue de l’UE et ne correspond pas aux aspirations des pays de l’autre rive, et les phrases sur le projet de civilisation ont confirmé ce qu’elles étaient dès le départ : un exercice rhétorique. Tous les objectifs indiqués dans le petit texte que Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont soumis à leurs collègues du Sommet sont prévus par les instruments existants, qui couvrent en outre les domaines qui sont par définition communautaires, comme le commerce et (dans la zone Schengen) l’immigration légale.

EUROPOLITIQUE (AGENCE DE PRESSE DE L’UNION EUROPEENNE)
Le Conseil européen a eu un bref échange de vues, le 13 mars à Bruxelles, sur cette proposition d’Union pour la Méditerranée (édulcorée par rapport à une version initiale très controversée) que leur a présentée le président français Nicolas Sarkozy. « Nous sommes tombés d’accord sur la nécessité de relancer le processus de Barcelone, mais nous n’avons pas encore de position commune au sein du Conseil sur la manière de s’y prendre », a résumé Janesz Jansa, Premier ministre slovène, qui présidait le Conseil européen. Le Premier ministre tchèque, Mirek Topolanek, a indiqué que l’UM n’avait reçu qu’un soutien limité de la part des Etats membres, contrairement aux affirmations de M. Sarkozy. « S’il y avait eu un vote aujourd’hui, le projet ne serait pas passé, » a ajouté M. Topolanek, prédisant des débats houleux au Sommet européen de juin. Nicolas Sarkozy a reconnu que l’UM courait le risque d’être prise en otage par le conflit israélo-palestinien, comme ce fut le cas du processus de Barcelone, mais il a souligné qu’il fallait être proactif. L’organisation du sommet à Paris (13 et 14 juillet) pourrait être le premier test pour l’UM puisque de nombreux pays arabes pourraient refuser de participer si les Israéliens décidaient d’être présents. « Nous devrons trouver des astuces », a estimé M. Sarkozy, qui a ajouté avoir déjà reçu des signes positifs de la part du Maroc, de la Tunisie, de la Libye, de l’Algérie et de l’Égypte. »

LE FIGARO (QUOTIDIEN FRANÇAIS, GROUPE DASSAULT)
Le procureur près la Cour de cassation turque réclame l’interdiction du parti au pouvoir, l’accusant d’être « un foyer d’activités antilaïques ». Dans son réquisitoire de 162 pages transmis à la Cour constitutionnelle, Abdurrahman Yalcinkaya accuse l’AKP de chercher à instaurer la charia, si besoin en ayant recours au djihad. Amendements constitutionnels pour autoriser le foulard à l’université, restriction de la consommation d’alcool dans certaines municipalités ou références au Coran dans des discours constituent « les preuves » versées par le magistrat dans son dossier. Le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, a fustigé ces accusations, qui constituent selon lui « une action contre la volonté nationale », en rappelant que 16,5 millions d’électeurs avaient voté pour son parti aux élections législatives de 2007 (47 % des voix). Le chef du gouvernement, plusieurs de ses ministres, ainsi que le président de la République, Abdullah Gül, sont visés par une interdiction d’exercer toute activité politique pendant cinq ans.

LE MONDE (QUOTIDIEN FRANÇAIS, GROUPE LAGARDERE)
L’Allemagne et Israël vont donner le coup d’envoi de consultations gouvernementales qui se tiendront chaque année. Lundi 17 mars, les principaux ministres des gouvernements allemand et israélien se réuniront à Tel-Aviv. A cette occasion, des projets concrets scientifiques, culturels, économiques ou militaires doivent être lancés. Aujourd’hui, l’Allemagne est le partenaire européen le plus important d’Israël. Déjà dans le traité du Luxembourg signé en 1952, la RFA décidait de verser l’équivalent 1,72 milliard d’euros de réparations à l’État d’Israël et à la Jewish Claims Conference (JCC) en faveur des victimes juives du nazisme. Plus récemment cette confiance s’est illustrée en 2006 lorsqu’Israël a demandé à l’Allemagne de renforcer la force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) après la « guerre contre le Hezbollah » [sic].

LE TEMPS (QUOTIDIEN SUISSE)
• Malgré la réduction relative de la violence due au renforcement des troupes états-uniennes intervenu en 2007, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) estime que la situation humanitaire en Irak est « l’une des plus critiques au monde » dans un rapport de six pages publié ce lundi (voir document joint au bas de cet article). Le système de santé est en phase de délitement avancé. Plus de 2200 médecins et infirmières ont été tués et plus de 250 ont été enlevés. Sur les 34000 médecins que comptait le pays en 1990, au moins 20000 ont quitté le pays. Le système a commencé à se détériorer bien avant 2003. Les sanctions de l’ONU par exemple, appliquées pendant douze ans, ont forcé les Irakiens à se concentrer sur les soins d’urgence au détriment du traitement des maladies chroniques, des programmes de santé publique et du maintien des infrastructures. Le CICR essaie tant bien que mal de parer au plus pressé en fournissant du matériel de base. Les hôpitaux manquent par ailleurs de médicaments. Les blocs opératoires ne sont pas suffisants pour faire face à l’afflux de blessés graves. Il y a actuellement en Irak 172 hôpitaux publics offrant 30000 lits. Le pays en aurait besoin de 80000.
• La baise spectaculaire de la violence en Irak s’explique par deux phénomènes simultanés : la trêve proclamée unilatéralement par l’imam chiite Moqtada el-Sadr, et le retournement de 80000 combattants, essentiellement sunnites, par l’armée US. Ceux-ci reçoivent une solde d’environ 10 dollars par jour, tandis que les chefs tribaux qui les recrutent bénéficient de « dons » importants. Le général Petraeus résuma sa motivation dans Time, le 11 février : « On ne peut pas tuer toute une insurrection, on ne peut pas vaincre tout le monde. Il faut les retourner. » De son côté, le général Raymond Odierno, numéro deux du corps expéditionnaire affirmait, en février à Newsweek, avoir tardivement « réalisé que beaucoup de ces gens qui nous combattaient n’étaient pas vraiment des insurgés. Ils n’étaient pas vraiment idéologiquement opposés au progrès. [...] Ils essayaient juste de survivre. » On peut pourtant se demander si les États-uniens ne commettent pas la même erreur qu’en Afghanistan. Que veulent-ils ? Multiplier les « seigneurs de guerre » qu’il sera impossible de désarmer ? Préparer la prochaine guerre civile peut-être ? Remettre la minorité sunnite au pouvoir pour faire pièce à l’Iran et satisfaire ses alliés sunnites du Golfe, les Saoudiens, les Jordaniens, les Égyptiens ? »

LA TRIBUNE DE GENEVE (QUOTIDIEN SUISSE)
La cheffe de la diplomatie suisse, Micheline Calmy-Rey, doit assister aujourd’hui à la signature d’un contrat de livraison de gaz entre l’entreprise zurichoise Electricité de Laufenbourg (EGL) et la National Iranian Gas Export Company (Nigec). Le contrat prévoit la livraison dès 2011 de 5,5 milliards de mètres cubes de gaz annuels par la société nationale iranienne d’exportation de gaz. Ce gaz est principalement destiné à alimenter les centrales combinées d’EGL en Italie. Ce contrat gazier ne viole ni les sanctions de l’ONU ni les directives états-uniennes contre le commerce avec Téhéran, a souligné Micheline Calmy-Rey hier devant des journalistes à l’aéroport de Cointrin avant de s’envoler pour l’Iran. La conseillère fédérale a déclaré qu’elle avait informé les États-Unis du contrat et de l’importance stratégique pour la Suisse et l’Europe des livraisons de gaz en provenance d’Iran. Washington, qui veut imposer des sanctions plus strictes à l’Iran à cause de son programme nucléaire, ne voit pas ces affaires d’un bon œil. Lors d’une conférence de presse en décembre, EGL avait dit subir des pressions des États-Unis.

LA LIBRE BELGIQUE (QUOTIDIEN BELGE)
L’Assemblée générale des musulmans de Belgique renaît de ses cendres. L’association avait été placée en liquidation après l’inculpation de ses précédents dirigeants pour abus de biens sociaux. Elle a procédé hier à l’élection d’un nouvel exécutif de 17 membres. Un communiqué de samedi indique que le nouveau président, Semsettin Ugurlu, sera secondé par une vice-présidente francophone, Isabelle Praile, ainsi que par un vice-président néerlandophone, Mehmet Üstün. Cependant cette association est critiquée de l’intérieur même de la communauté musulmane où l’on souligne la difficulté de représenter à la fois Marocains et Turcs, sunnites et chiites etc. Beaucoup estiment que des assises de l’islam en Belgique sont nécessaires pour redonner une légitimité à la structure. Côté gouvernement, on s’inquiète de la possible présence dans cet exécutif de personnalités proches des Frères musulmans.

ABC (QUOTIDIEN MONARCHISTE ESPAGNOL)
 Editorial
La stratégie du général Petraeus en Irak peut se résumer ainsi : faire alliance avec les insurgés sunnites (anciens baasistes, membres d’al Qaida en Irak etc.) et salarier 80000 d’entre eux pour pacifier la zone sunnite ; simultanément faire alliance avec les chiites (le parti Al Dawa du premier ministre Nouri Al-Maliki et la milice du Mehdi de Moqtada el-Sadr) pour pacifier la zone chiite. Parfait. Mais alors pourquoi avoir renversé Saddam Hussein et menacé l’Iran ?

THE DAILY TELEGRAPH (QUOTIDIEN BRITANNIQUE)
Lufti Saber fut condamné à mort par Saddam Hussein. Il attendit 8 ans son exécution dans les geôles du dictateur avant d’être libéré à la faveur de l’amnistie décrétée juste avant l’intervention états-unienne. Il a travaillé comme assistant du Premier ministre Ayad allawi et est aujourd’hui au service des Britanniques. Face au chaos dans lequel est plongé son pays, il déclare aujourd’hui regretter Saddam Hussein. À son époque, dit-il, le pays fonctionnait. Aujourd’hui, plus personne ne prend de responsabilité, plus personne n’obéit, tout tombe en ruine.

THE GUARDIAN (QUOTIDIEN BRITANNIQUE, MAJORITE)
Le gouvernement britannique devrait rendre public cette semaine un projet de création de Conseil de sécurité nationale sur le modèle états-unien. Cette instance se substituerait à l’actuel Comité Cobra de manière à faciliter la cohérence des forces de sécurité. Lord Ashdown pourrait être nommé à sa tête. La question se pose de savoir quels nouveaux pouvoirs cette instance donnera aux services de contre-espionnage (MI5).

THE INDEPENDENT (QUOTIDIEN BRITANNIQUE)
Le Premier ministre Gordon Brown a accepté le principe d’une commission d’enquête sur la guerre en Irak… mais pas maintenant, pour ne pas perturber le processus en cours sur le terrain. De nombreuses questions se posent sur la manière dont la décision d’entrer en guerre a été prise, sur les avis des services de renseignement, sur les engagements de Tony Blair auprès de George Bush, sur les plans pour l’après-Saddam etc. La liste est longue. Quoi qu’il en soit, la guerre d’Irak restera dans les mémoires comme celles de Crimée ou celle des Boers : des conflits inutiles, où l’incompétence a sévi du début à la fin. Aujourd’hui la situation semble s’améliorer sur place. Ce n’est pas dû à une nouvelle politique, mais au contraire à un sinistre bilan : désormais les Irakiens se haïssent plus entre eux qu’ils ne haïssent les forces d’occupation.

THE AUSTRALIAN (QUOTIDIEN AUSTRALIEN, GROUPE MURDOCH)
 Martin Chulov (correspondant)
Plus que jamais le Liban est le champ clos des luttes entre puissances étrangères. La Syrie persiste à vouloir exercer une tutelle sur le pays. Elle n’a toujours pas établi d’ambassade à Beyrouth, ni reconnu le gouvernement. Le Proche-Orient se réorganise. Des alliances inhabituelles se font jour pour empêcher le retour de l’hégémonie iranienne [sic]. Ainsi le rapprochement entre Israël et l’Arabie saoudite. Pour briser l’axe syro-iranien, Washington tente d’une part d’isoler Bachar el-Assad en dissuadant les États arabes de participer au sommet de la Ligue à Damas ; et d’autre part, d’encourager Tel-Aviv à proposer —par l’intermédiaire d’Ankara— la restitution du Golan. Mais à Beyrouth, on craint que Bachar el-Assad n’accepte de rompre avec l’Iran qu’en échange d’une main-mise sur le Liban.

LA PRESSE CANADIENNE (QUOTIDIEN CANADIEN)
• Samedi des manifestations étaient organisées dans une vingtaine de villes, notamment à Toronto, Ottawa et Montréal, pour réclamer du gouvernement fédéral le retour des troupes de l’Afghanistan et à adopter le rôle qui revient au Canada, soit celui de gardien de la paix. Le chef du Nouveau Parti Démocratique (NPD), Jack Layton, a pris part à la manifestation à Toronto et s’est dit impressionné par le nombre de protestataires.
• Les analystes du ministère canadien de la Défense auraient discrètement prévenu le gouvernement Harper que la prolongation de la mission militaire en Afghanistan jusqu’en 2011 coûtera près de 2,5 milliards de dollars.
• Lors d’une audience de la Commission militaire de Guantanamo, jeudi, le nom du sergent Joshua Claus a été cité parmi les interrogateurs du jeune Canadien Omar Khadr. Or ce militaire US avait plaidé coupable en septembre 2005 de mauvais traitement et de voie de fait sur le détenu, connu sous le nom de Dilawar, à la base aérienne de Bagram. Claus avait été condamné à cinq mois de prison. Pour l’avocat militaire da la défense, cette information corrobore les allégations selon lesquelles Omar Khadr, arrêté à l’âge de 15 ans, a effectivement pu être torturé par les forces US comme il le prétend.

THE CHRISTIAN SCIENCE MONITOR (QUOTIDIEN ÉTATS-UNIEN)
Bien que des proches de l’imam chiite Moqtada el-sadr assurent que la trêve se poursuit, on enregistre depuis dix jours une succession d’incident dans les villes chiites laissant craindre un vaste regain de violence.

THE LOS ANGELES TIMES (QUOTIDIEN ÉTATS-UNIEN)
Le contre-amiral Gregory Smith a présenté à la presse une étude sur les motivations des combattants étrangers en Irak réalisée à parti d’interviews de détenus. Il s’agit d’hommes jeunes, célibataires, de milieux pauvres, venant à 40% d’Arabie saoudite. Ils appartiennent à des familles nombreuses dans lesquelles ils ne parviennent pas à s’affirmer. Ils ont un père autoritaire, voire abusif. Ils s’engagent dans le jihad pour se faire remarquer de leur famille, bien qu’ils ne l’informent pas de leur voyage. Ils sont recrutés à la mosquée ou sur leur lieu de travail, puis conduits par des passeurs en Irak via la Syrie. Ils n’ont pas d’expérience militaire préalable et ne sont pas particulièrement religieux. Avant leur passage, ils sont bien traités et amusés dans des boîtes de nuit. Une fois arrivés, ils sont séquestrés et astreint à lire le Coran avant d’être utilisés pour des actions violentes, souvent des actions suicides.

THE NEW YORK TIMES (QUOTIDIEN ÉTATS-UNIEN)
• Le journal a reconstitué la manière dont la décision de dissoudre l’armée irakienne avait été prise. L’idée a été présenté au président Bush par Paul Bremer lors d’une vidéo conférence le 22 mai 2003 et immédiatement acceptée sans consultation ni du secrétaire d’État Powell, ni de la conseillère de sécurité Rice, ni des généraux. Elle émanerait en fait du seul secrétariat à la Défense et aurait été évoquée, une semaine avant l’invasion, lors d’une présentation powerpoint par Douglas J. Feith, un assistant de Donald Rumsfeld. Toutefois, il avait alors été précisé qu’il ne fallait pas dissoudre toute l’armée d’un coup pour ne pas jeter sur le carreau une masse de chômeurs. Mais le Pentagone, qui espérait que les soldats irakiens se rendraient en masse lors de l’invasion, fut surpris et dépassé en les voyant déserter. On cru donc prendre acte de cette situation en prononçant une dissolution complète.
• John McCain a commencé sa tournée internationale accompagné de deux sénateurs, Joseph Lieberman (Indépendant) et Lindsey Graham (Républicain). Il s’est d’abord rendu à Bagdad affirmer que les Etats-Unis n’abandonneraient pas ce pays. Il sera mercredi à Londres pour un dîner de collecte de fonds à 1000 dollars le couvert.

THE WASHINGTON POST (QUOTIDIEN ÉTATS-UNIEN)
La Chambre des représentants a tenu mardi une audition à propos des déplacés et réfugiés irakiens. Ils sont 4,5 millions au total. Certains parlementaires ont déploré que les Etats-Unis ne remplissent pas leur devoir moral en leur venant en aide alors qu’ils sont responsable de leur détresse. D’autres, comme Dana Rohrabacher (Rep. Californie), estiment que les contribuables états-uniens n’ont pas à entretenir en Syrie ou en Jordanie des gens qui ont déserté leur pays au lieu de participer à son développement.

USA TODAY (QUOTIDIEN POPULAIRE ÉTATS-UNIEN)
Les compagnies aériennes protestent contre le rôle que le département de Sécurité de la patrie veut leur faire tenir. En effet, le Congrès a voté le principe du fichage dactyloscopique des voyageurs étrangers, mais le département n’a pas le personnel pour prendre les empreintes digitales de 33 millions de personnes par an. Il veut donc se défausser de cette responsabilité sur les compagnies aériennes, mais celles-ci font valoir que ce n’est pas leur travail et que ce n’est pas une pratique très commerciale.

THE WALL STREET JOURNAL (QUOTIDIEN ECONOMIQUE ÉTATS-UNIEN)
Faute de compétence, le gouvernement irakien ne sait comment gérer son argent et ne profite pas de la hausse du prix du pétrole. En 2006, il n’a dépensé que 22 % des 6 milliards de budget dont il disposait. En novembre 2007, il n’avait dépensé que 7 % de son budget de l’année évalué à 10 milliards. Les réserves monétaires ont triplé en trois ans et atteignent 22 milliards de dollars, auxquelles il faut ajouter 8 milliards sur des comptes à New York.

Déclarations

 ANGELA MERKEL, CHANCELLIERE ALLEMANDE
« Nous savons les menaces qui pèsent sur Israël depuis soixante ans et nous voulons contribuer (…) à parvenir, enfin, à une paix au Proche-Orient basée sur deux États, un État en Israël pour les juifs et un État pour les Palestiniens dans le territoire palestinien ».

Tendances et événements au Liban

Sommet de Damas : Les loyalistes attendent le signal de Riyad

Le Liban ira-t-il au sommet arabe de Damas ou boycottera-t-il cette réunion ? C’est la question qui alimente le débat politique interne qui a enregistré ces dernières 48 heures une série de développements :
 1. Les positions des différentes composantes du mouvement pro-américain du 14-mars restent divergentes au sujet de l’attitude à adopter à l’égard du sommet de Damas. Les faucons de la coalition au pouvoir, le chrétien Samir Geagea et le druze Walid Joumblatt, ont appelé au boycott de ce sommet, conformément aux instructions de Washington. De son côté, l’ancien président Amine Gemayel est favorable à la participation. Le Premier ministre de facto, Fouad Siniora, a pour sa part déclaré que la décision sera prise lors d’une réunion de son gouvernement. Des informations de presse affirment que le vote des deux ministres proches de Joumblatt fera pencher la balance en faveur du boycott.
 2. D’autres informations de presse rapportent que Fouad Siniora et Saad Hariri attendent la décision de l’Arabie saoudite avant de se prononcer. La proposition qui avait circulé selon laquelle le Liban serait représenté au sommet par le commandant en chef de l’armée, le général Michel Sleimane, qui est également le candidat consensuel à la présidence, n’est plus d’actualité.
 3. Terje Roed Larsen, chargé aux Nations unies du suivi de l’application de la résolution 1559 (qui stipule le désarmement de la Résistance libanaise et des organisations palestiniennes) effectue une tournée régionale. Il a été reçu en Arabie saoudite par le roi Abdallah. Cette visite coïncide avec des informations selon lesquelles M. Larsen tente de recueillir le soutien nécessaire pour l’organisation, à Paris, d’une conférence de soutien politique au gouvernement de libanais de facto. M. Larsen espère, au cours de cette conférence, faire assumer à la Syrie et à l’opposition libanaise la responsabilité du blocage.
 4. Des sources bien informées citées par la presse révèlent que l’opposition est en passe de prendre des mesures politiques et organisationnelles pour mettre sur pied des structures de coordination souples et efficaces.
 5. Des sources proches du bloc tripolitain (quatre députés membres du 14-mars) ont révélé à la presse que le bloc n’a pas participé aux travaux d’élaboration du document rendu public par la coalition au pouvoir samedi, et qui met sur un pied d’égalité l’Iran et Israël et appelle au désarmement de la Résistance.
 6. Le discours prononcé samedi par le général Michel Aoun devant des milliers de partisans à l’occasion du 14 Mars 1989 (lorsqu’il a déclaré la guerre de la libération) continue de susciter diverses réactions. La retransmission du meeting avait été accompagnée de brouillage dû à un sabotage des relais dans la station satellitaire de Jouret al-Ballout. Un employé proche du pouvoir —qui se vante d’être démocratique et de défendre la liberté d’expression— serait responsable de cet acte de vandalisme.
 7. Au Liban-Nord, les agressions perpétrées par des miliciens du clan Hariri contre des partisans des composantes sunnites de l’opposition se multiplient. À Tripoli, deuxième ville du pays, des partisans de Hariri ont pris d’assaut un centre médial relevant d’un parti sunnite de l’opposition. Les affrontements ont fait trois blessés.

Principaux développements au Liban

• Une cérémonie à laquelle participait le Hezbollah à Minié, au Liban-Nord, a été perturbée par des tirs de roquettes. Selon une source au sein des services de sécurité, ces deux roquettes ont été tirées au début et à la fin de ce rassemblement tenu en l’honneur de Yahia Skaf, un sunnite de Minié qui est détenu en Israël depuis une trentaine d’années.
Des mesures de sécurité importantes avaient été prises alors que la manifestation avait fait l’objet de menaces en cas de participation du Hezbollah.

• Une charge explosive a été découverte à 50 mètres du domicile du chef du Parti démocratique libanais, Talal Arslane. La charge, qui était apprêtée pour exploser, a été placée sur la route généralement empruntée par le leader druze de l’opposition.

Déclarations et communiqués

 MICHEL AOUN, CHEF CHRETIEN DE L’OPPOSITION
Ci-après de larges extraits du discours prononcé par le général Michel Aoun, samedi, devant des milliers de partisans, pour commémorer l’anniversaire du 14 Mars 1989.

« Aujourd’hui ne ressemble pas seulement à hier, mais il pourrait aussi ressembler à demain si la même équipe reste au pouvoir. L’indépendance a-t-elle été atteinte alors que les responsables continuent à se presser devant l’ambassade du plus puissant, guettant ses instructions et ses moindres signes ? Tout comme ils le faisaient à Anjar (ancien QG des services de renseignements syriens). Quelle est la différence entre un maître et un autre, du moment que leur présence est une atteinte à la liberté et à la volonté des Libanais. Il y a similitude entre les équipes qui tenaient le pays sous la tutelle syrienne et maintenant, ces mêmes équipes qui, avant, ignoraient la volonté du peuple et se cachent aujourd’hui derrière les fenêtres du Sérail, ignorant la population qui réclame la souveraineté, la participation, la réforme et le pain. Le pouvoir actuel vole les slogans des forces vives qui ont subi son oppression dans le passé et qui le retrouvent aujourd’hui dans un clonage parfait. Peut-on mettre sur un pied d’égalité ceux qui ont subi les affres de la prison et de la persécution avec ceux qui ont volé l’argent du peuple et contribué à détourner sa volonté et à saboter son indépendance ? Les esclaves d’hier sont-ils devenus les hommes libres d’aujourd’hui, alors qu’ils n’ont même pas le courage de prendre la main tendue vers eux si leur nouveau maître ne leur en donne pas l’autorisation ? Les instances politiques et religieuses souhaitent-elles imposer un nouveau Taëf, international cette fois, sous la menace de la discorde confessionnelle et des guerres régionales. Je propose l’adoption d’un nouvel accord national interne qui serait le fruit d’une entente entre toutes les parties loin des interférences étrangères. O grand peuple du Liban : l’aube viendra malgré l’obscurité qui règne actuellement. Cette équipe qui monopolise le pouvoir et se place sous les ordres de l’étranger sera remplacée par une autre transparente, libre et nationaliste, à la hauteur de vos espoirs et de votre aspiration à une vie digne pour vous et vos enfants. »

 COMMUNIQUE DU HEZBOLLAH EN REACTION AU « DOCUMENT » DU 14-MARS
« Le document politique lancé par les forces du pouvoir lors de la cérémonie du 14 mars mérite qu’on s’y arrête, surtout à cause des indications qu’il contient. Nous aurions voulu qu’il soit positif, qu’il soit axé sur les points communs (...) et non qu’il ait pour thème l’exclusion de l’autre (...) Le discours qui a dominé cette déclaration fondatrice est en quelque sorte une carte d’adhésion officielle au projet américain dans la région. Cette déclaration consacre de manière publique l’adhésion de la majorité aux choix américains. Celui qui tend la main à l’autre doit le reconnaître et coopérer avec lui pour bâtir un État. »

 NAÏM KASSEM, SECRETAIRE GENERAL ADJOINT DU HEZBOLLAH
« Nous aurions souhaité que la déclaration soit une entrée en matière pour une solution durable. Il est apparu que ce document est en fait un discours provocateur dénué de vision et d’un réel projet. Pourquoi nulle part dans ce document il n’est fait mention de l’agression israélienne, des fermes de Chebaa et des détenus en Israël, ainsi que des violations israéliennes répétées de l’espace aérien libanais ? Quelle est votre position à l’égard d’Israël ? »

 GEORGE BUSH, PRESIDENT DES ÉTATS-UNIS
Message de soutien au premier congrès premier congrès du Mouvement du 14-mars
« Vous avez fait face à de nombreux obstacles durant les 36 mois passés. La violence et le sabotage politique ont freiné votre détermination à œuvrer pour un Liban souverain et démocratique. Malgré cela, vous avez fait preuve d’un engagement ferme pour les principes que vous partagez avec des millions de Libanais qui voient en vous les défenseurs de leurs libertés. En dépit des difficultés, vous n’avez pas baissé les bras, et c’est pourquoi je vous félicite. Alors que vous œuvrez à bâtir un Liban souverain qui donne à ses fils la liberté individuelle et l’essor économique, loin des menaces de violence et de l’ingérence étrangère, soyez confiants que les États-Unis continueront à vous soutenir. »

 JOHN MCCAIN, SENATEUR ET CANDIDAT REPUBLICAIN A LA PRESIDENCE US
Message de soutien au Mouvement du 14-mars
« La Syrie et l’Iran veulent remettre la main sur le Liban et paralyser son gouvernement. Les promesses de liberté et d’indépendance des forces du 14 Mars ont été mises en échec par les forces de persécution qui font obstacle à la naissance d’un Liban libre. Le mouvement populaire qui a émergé le 14 mars après l’assassinat de Rafic Hariri a provoqué la défaite de l’occupant syrien et des agents iraniens au Liban. Mais trois ans plus tard, aucune de ses promesses n’ait pu être réalisée à cause des forces de persécution syro-iraniennes. Ceux qui pratiquent le crime organisé contre les patriotes libanais et privent le peuple de liberté doivent être traduits en justice. »

 JAVIER SOLANA, CHEF DE LA DIPLOMATIE DE L’UNION EUROPEENNE
« La pression sur la Syrie doit augmenter pour pouvoir au moins résoudre la situation au Liban. Toute la pression doit être exercée maintenant pour voir si le président libanais peut être élu avant le sommet arabe. La participation au sommet n’aura pas lieu au niveau attendu si l’élection n’a pas lieu. »

titre documents joints


"Irak : la crise humanitaire ne connaît pas de répit", Comité international de la Croix-Rouge, 17 mars 2008.


(PDF - 602.8 kio)

Tendances est un bulletin quotidien de veille politique sur le Proche-Orient, réalisé par l’agence New Orient News à Beyrouth. Retrouvez-le sur Voltairenet.org, en versions allemande, arabe, anglaise, espagnole et française. Consultez également Indicators, le bulletin quotidien de veille économique sur le Proche-Orient, disponible en versions anglaise, espagnole et arabe.