Nouvelle donne après le sommet de Damas

La réussite du sommet de Damas, dans la forme et sur le fond, inaugure une ère nouvelle dans le monde arabe et dans la région. Les déclarations et les commentaires qui ont accompagné et suivi le sommet font ressortir les observations suivantes :
 1. Le ton agressif des médias saoudiens et égyptiens à l’égard de Damas commence à baisser. Les conseils appelant à saisir la main tendue par la Syrie et à répondre favorablement à l’appel au dialogue du président Bachar al-Assad pour régler les différends interarabes se multiplient. Le président du sommet a adressé de nombreux messages en ce sens, que certains participants au sommet se chargeront de transmettre à Riyad et au Caire. Al-Assad s’est fixé comme objectif, durant sa présidence d’un an du sommet, de lancer des dynamiques permettant de renforcer la solidarité arabe et de consolider le principe du dialogue pour le règlement des divergences interarabes.
 2. La Déclaration de Damas (le communiqué final du sommet) propose une formulation nouvelle pour les dossiers arabes communs. Elle a ainsi appuyé la résistance du peuple palestinien a lié la mise en œuvre de l’initiative de paix arabe, adoptée au sommet de Riyad, le 28 mars 2007, au respect par Israël de ses obligations internationales. Le texte propose en outre la mise en place d’un mécanisme —que la présidence du sommet doit élaborer— pour traiter avec les dossiers irakien et palestinien. Enfin, la déclaration réitère le soutien des pays arabes aux efforts du secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, visant à régler la crise libanaise.
 3. Lors d’une conférence de presse conjointe avec Amr Moussa, le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Moallem, s’est montré pleinement satisfait de la réussite du sommet. Il a estimé que le seul fait que la réunion ait eu lieu à la date et à l’endroit prévus, en dépit des fortes pressions états-uniennes, constitue un succès. De même que la participation était semblable voire meilleure que lors de sommets précédents (Trois États étaient sous-représentés et un seul était absent). À part l’Arabie saoudite et Bahrein, tous les membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) étaient représentés au plus niveau —le sultan d’Oman, Qabous Ben Saïd, ne vient jamais personnellement aux sommets arabes—. Tous les pays du Maghreb arabe étaient également représentés au plus haut niveau.
 4. En faisant preuve de calme et d’ouverture, la présidence syrienne du sommet a donné l’exemple d’une gestion responsable et efficace des affaires arabes.

Agences et presse internationale

• Le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Moallem a affirmé hier que son pays se préparait à tous les cas de figure, y compris un possible recours à la force par Washington, si les tentatives diplomatiques américaines d’isoler Damas devaient échouer. « Une personne avisée doit faire tous ses calculs, notamment lorsque nous avons affaire à une administration qui sait comment frapper, mais ne sait pas comment sortir » du bourbier, a déclaré M. Moallem lors d’une conférence de presse à l’issue du sommet arabe à Damas. Il répondait à un journaliste qui l’interrogeait pour savoir si Damas craignait « une frappe états-unienne contre la Syrie ou l’Iran » si les efforts diplomatiques US d’isoler la Syrie devaient échouer. « Nous espérons que cela ne se produira pas. Nous souhaitons un dialogue et une entente pour éviter à la région de nouvelles destructions et aux États-uniens davantage de morts », a-t-il ajouté.

L’ORIENT-LE JOUR (QUOTIDIEN FRANCOPHONE LIBANAIS)
 Scarlett Haddad
« Nous avons confié désormais le dossier libanais aux îles Comores. Ce sera à eux de le résoudre puisque tout ce que nous faisons est mal interprété. » C’est par cette boutade que le président syrien Bachar el-Assad répond, avec un éclat de rire, à une question de L’Orient-Le Jour sur sa disposition à résoudre la crise libanaise. Il est 13h30 au Palais des Congrès, à Ebla, à 20 km de Damas, et le président syrien s’apprête à quitter les lieux, satisfait de la clôture sans problèmes du sommet arabe qui s’est tenu en Syrie, « envers et contre tout », comme on dit à Damas.
Bachar el-Assad avance lentement vers la sortie, saluant les présents et répondant à toutes les sollicitations. Lui et son entourage affichent un grand soulagement, et comme l’explique l’un de ses proches, « le sommet a été un succès pour la Syrie ». Ouvert sur les propos provocateurs du colonel libyen Moammar Kadhafi, il s’est terminé hier par la main tendue de l’émir du Qatar cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani. Entre ces deux moments forts, il y a en tout un travail de regroupement et d’aplanissement des obstacles qui a permis au président Assad de considérer qu’il a réussi « son sommet » et qui a surtout abouti à une déclaration finale réalisant un subtil équilibre entre les différentes positions arabes. D’abord, explique une source syrienne, la Syrie a obtenu un regain de solidarité arabe avec elle contre les pressions exercées dans le cadre du Syria Accountability Act. Autrement dit, la déclaration finale a soigneusement évité d’accuser nommément l’Administration Bush d’exercer des pressions sur la Syrie.
Ensuite, la Syrie a obtenu le retour au processus de paix arabe dans le cadre de la conférence de Madrid et basé sur le principe de la terre contre la paix, ce qui constitue un durcissement de la position arabe vis-à-vis d’Israël. D’ailleurs, la déclaration finale a encore été plus loin, rendant l’initiative de paix arabe tributaire des efforts accomplis par Israël dans le sens de cette paix. Or, les pays arabes dits modérés n’étaient pas favorables à un tel durcissement, mais le courant syrien l’a emporté et la décision a été adoptée à l’unanimité.
Selon des sources palestiniennes, lorsque le dossier libanais a été évoqué, le président syrien aurait déclaré qu’il ne fallait pas examiner ce dossier en l’absence du pays concerné. « C’est une question de principe et il ne faut pas créer un précédent », aurait-il souligné. Et les présents seraient aussitôt passés à autre chose.
Les mêmes sources précisent que la coordination semblait totale entre l’émir du Qatar et le président syrien, et tous deux comptent agir de concert au cours de l’année pour traiter les dossiers en suspens. Bachar al-Assad prend en charge l’Irak et la Palestine, en raison de ses relations avec l’Iran et les différentes parties irakiennes et palestiniennes. De son côté, l’émir du Qatar travaillera sur les relations entre l’Égypte, l’Arabie saoudite et la Syrie, et dans la foulée, il devrait aussi inclure le dossier libanais.
Mais la grande innovation de ce sommet, selon une source syrienne, c’est qu’il a « brisé la tradition des sommets arabes centrés autour de deux ou trois pays puissants et réduisant les autres au rang de figurants ». Désormais, poursuit la source syrienne, chaque pays a son poids et son rôle. L’Arabie saoudite et l’Égypte, qui sont « les deux géants » traditionnels, se sont prononcées, et les autres pays, même dans le Golfe, n’ont pas suivi. Il ne s’agissait certes pas, à travers ce sommet, de créer un axe antisaoudien ou anti-égyptien, précise la source syrienne, mais de donner à chaque pays le droit d’avoir son propre rôle.

• Le ministre israélien de la Défense Ehud Barak a affirmé que l’ouverture de négociations avec la Syrie constituait un « objectif central » de la diplomatie de son pays, a indiqué hier un communiqué de son ministère. « Israël considère l’ouverture de négociations avec la Syrie et la sortie de ce pays de la mouvance extrémiste comme un objectif central de sa politique », a affirmé M. Barak lors d’une rencontre vendredi avec des ambassadeurs européens, a précisé le communiqué. M. Barak a également souligné qu’Israël « suivait ce qui se passe au Nord, notamment le renforcement du Hezbollah avec le soutien de la Syrie ». Le ministre de la Défense a aussi affirmé que l’État hébreu était le « pays le plus puissant de la région, ce qui le met en position de tenter de parvenir à des arrangements » avec la Syrie.
Damas exige le retour total du plateau du Golan, occupé par Israël depuis 1967 et annexé en 1981, pour faire la paix avec Israël. Vendredi, le ministre israélien des Infrastructures, Binyamin Ben Eliezer, avait indiqué qu’Israël avait procédé à des tentatives pour relancer des négociations avec la Syrie. « Il y a des tentatives, ces derniers jours ainsi qu’auparavant », avait indiqué le ministre à la radio publique.
Le Premier ministre Ehud Olmert avait pour sa part évoqué mercredi la possibilité de discussions secrètes avec Damas. « Je suis prêt à faire la paix avec la Syrie. J’espère que les Syriens sont prêts à faire la paix avec Israël. J’espère que les circonstances nous permettront de nous asseoir ensemble (à la table des négociations), mais cela ne signifie pas que lorsque nous le ferons, vous en serez témoins », avait déclaré M. Olmert.

• Le chef de l’Armée du Mahdi, Moqtada Sadr, a ordonné hier à ses miliciens de se retirer des rues, une décision saluée par le gouvernement irakien après six jours de combats dans Bagdad et dans le sud du pays qui ont fait des centaines de victimes. « Nous avons décidé de nous retirer des rues de Bassora et d’autres provinces », a annoncé le chef chiite dans une déclaration, signée de son nom, publiée par son bureau à Nadjaf (centre-Sud). « Nous voulons que les Irakiens arrêtent de verser le sang, et qu’ils défendent l’indépendance et la stabilité du pays », a assuré le chef radical pour justifier sa décision.
Cet appel est « une bonne initiative qui va dans la bonne direction », a estimé le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki dans une déclaration à Bagdad. Le communiqué du bureau de M. Maliki ajoute que le « Premier ministre souligne que les opérations de sécurité à Bassora ne visent aucun groupe politique ou religieux, notamment le mouvement sadriste ». « Nous espérons que cela contribuera à stabiliser la situation, à faire appliquer la légalité et à soutenir le processus de reconstruction », assure le Premier ministre. Plus tard, il a promis que les miliciens qui déposeront leurs armes ne seraient pas poursuivis par la justice, un geste fait « en remerciement » de l’appel de Moqtada Sadr à ses combattants.
Les combats entre l’Armée du Mahdi, la milice de Moqtada Sadr, et les forces régulières irakiennes, appuyées par des unités américaines, ont fait plus de 270 tués et des centaines de blessées. Ils ont commencé le 25 mars à Bassora, le grand port pétrolier du sud de l’Irak, avant de s’étendre à d’autres villes du sud du pays et aux quartiers chiites de Bagdad.

• Les rafles dans les rangs des islamistes égyptiens à l’approche des élections municipales du 8 avril sont une « tentative éhontée de fausser » le scrutin, a estimé hier l’ONG Human Rights Watch (HRW). Les autorités égyptiennes ont intensifié ces dernières semaines la répression à l’encontre des Frères musulmans, principal groupe d’opposition du pays, dont plusieurs centaines de membres ont été arrêtés. « Ces arrestations massives d’activistes de l’opposition, en plus du procès militaire, sont une tentative éhontée de fausser les prochaines élections », a affirmé le responsable pour le Moyen-Orient de HRW, Joe Stork. Quarante dirigeants de la confrérie islamiste, accusés de financement d’une organisation interdite, sont actuellement jugés devant un tribunal militaire, dont les verdicts sont sans appel. La confrérie, créée en 1928, a été interdite en 1954, mais elle est relativement tolérée. « Le président égyptien Hosni Moubarak semble croire que le résultat des élections ne peut pas être laissé aux électeurs », a ajouté M. Stork. « Le gouvernement n’a inculpé aucun des 800 membres des Frères musulmans détenus de crimes réels. Il devrait les relâcher maintenant et permettre des élections justes », a poursuivi M. Stork. D’après l’ONG basée à New York, la décision de reporter le verdict du procès militaire au 15 avril, soit après les municipales, fait aussi partie de cette tentative de fausser le résultat du scrutin prévu le 8 avril et auquel les Frères musulmans participent avec 438 candidats.

• Près de 200 Égyptiens bloqués dans la bande de Gaza ont tenté dimanche de forcer le passage au terminal frontalier de Rafah pour regagner leur pays, mais en ont été empêchés par la police égyptienne. Environ 500 Égyptiens, en majorité des femmes et des enfants, sont bloqués depuis près de deux mois dans le petit territoire palestinien, qui partage une frontière de 14 km avec l’Égypte. L’Égypte refuse toujours qu’ils repassent la frontière, estimant que les raisons de leur entrée à Gaza sont « inconnues ».

AGENCE CHINE NOUVELLE (AGENCE DE PRESSE CHINOISE)
Le gouvernement chinois a exprimé son « très fort mécontentement » après la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne sur la situation au Tibet. « La question du Tibet est une question interne à la Chine. Aucun pays étranger, ni aucune organisation internationale n’a le droit de s’y ingérer », a affirmé un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Jiang Yu. « Nous espérons que l’Union européenne et ses États membres sauront faire la différence entre ce qui est légitime et ce qui ne l’est pas, en condamnant explicitement les crimes de ceux qui ont battu, détruit, pillé et brûlé, et évitant de faire sur cette question deux poids, deux mesures », a ajouté M. Jiang.

AFP (AGENCE DE PRESSE FRANÇAISE)
 Sebastian Smith
Le président russe Vladimir Poutine, invité-surprise du sommet de l’OTAN, pourrait jouer les trouble-fête, comme il sait si bien le faire, mais aussi opter pour une « réconciliation » avec l’Occident avant son départ du Kremlin.
Les dirigeants des 26 pays de l’OTAN se réunissent de mercredi à vendredi à Bucarest et, le dernier jour, M. Poutine fera son apparition pour la première fois à l’occasion d’une réunion spéciale Russie-OTAN alors que les différends se sont accumulés ces dernières années. Le maître du Kremlin, dont ce sera le chant du cygne sur la scène internationale où il s’est à plusieurs reprises démarqué de ses hôtes en créant la surprise, a le pouvoir de gâcher la fête ou, au contraire, d’en faire une réussite inattendue. « Il a le choix, mais qui sait ce qu’il va faire », souligne Viktor Kremeniouk, un analyste de l’Institut USA-Canada, basé à Moscou. Il pourrait à nouveau taper du poing sur la table sur deux politiques majeures de l’OTAN : l’expansion plus avant encore dans l’espace de l’ex-URSS et le soutien à l’indépendance du Kosovo vis-à-vis de la Serbie.
Mais, alors qu’il est l’hôte du sommet annuel de l’alliance militaire pour la première fois depuis la création du Conseil OTAN-Russie en 2002 et qu’il doit céder sa place au président élu Dmitri Medvedev, il pourrait bien venir les mains pleines. L’on s’attend notamment à ce que la Russie permette à l’OTAN d’établir une voie terrestre de transport en direction du nord de l’Afghanistan, ce qui lancerait une coopération sans précédent. D’autres avancées sont possibles lors de discussions avec le président George W. Bus, à Bucarest puis immédiatement après à Sotchi, dans le sud de la Russie. M. Bush, soucieux de redorer son image avant de quitter le pouvoir, s’est même déclaré « optimiste » quant aux possibilités de venir à bout des réticences de Moscou face au projet américain d’installation d’éléments de son bouclier antimissile en Pologne et en République tchèque. Autre sujet de discorde, le traité de limitation des armes conventionnelles en Europe (FCE) sera également abordé à Sotchi, selon Moscou.
Enfin, le représentant de la Russie auprès de l’OTAN a nié vendredi qu’une aide de la Russie aux forces internationales en Afghanistan soit liée à un rejet par l’OTAN d’un rapprochement avec l’Ukraine et la Géorgie. Ces deux ex-républiques soviétiques espèrent, au grand dam de Moscou, être invitées à l’occasion du sommet de l’Alliance à Bucarest à rejoindre le Plan d’action en vue de l’adhésion, dernière étape avant l’adhésion. Certains membres de l’OTAN, en particulier l’Allemagne, ont clairement dit qu’ils ne souhaitaient pas mécontenter la Russie. D’autres, dont la Pologne et les États-Unis, sont moins craintifs à ce sujet et M. Bush se rend à Kiev avant le sommet. Cette expansion de l’OTAN dans son ancienne sphère d’influence, associée au projet de bouclier officiellement orienté contre l’Iran, est perçue pas Moscou comme un encerclement progressif et une trahison des garanties données par l’Occident après la Pour Fiodor Loukianov, éditeur en chef de la revue La Russie dans les affaires mondiales, le plus probable résultat de la réunion de Bucarest sera un statu quo poli dans lequel l’OTAN refusera à la Géorgie et à l’Ukraine le Plan d’action tandis que la Russie devra se passer de concessions américaines sur le bouclier antimissile. « Aucun des deux côtés ne souhaite actuellement le conflit et je pense qu’ils vont simplement se mettre d’accord pour ne pas être d’accord et dire qu’ils vont continuer à travailler », a déclaré M. Loukianov.

Audiovisuel international

NBC (CHAINE ÉTATS-UNIENNE)
 Invité : Michael Hayden, directeur de la CIA
« Al-Qaida forme dans les zones tribales pakistanaises frontalières de l’Afghanistan des activistes qui ressemblent à des Occidentaux, capables de passer les frontières américaines sans attirer l’attention pour commettre de nouveaux attentats. Ils conduisent des agents dans cette région (A la frontière entre le Pakistan et l’Afghanistan) pour les former, des agents qui n’attireraient pas votre attention dans les files d’attente de l’aéroport Dulles, à Washington, en rentrant de l’étranger. Ils ressemblent à des Occidentaux et pourraient entrer dans ce pays sans attirer l’attention que d’autres susciteraient. La situation le long de la frontière pakistano-afghane présente un danger clair et immédiat pour l’Afghanistan, le Pakistan, l’Occident en général et les États-Unis en particulier. Il est très clair pour nous qu’el-Qaëda a pu établir au cours des 18 derniers mois un repaire sûr le long de la frontière qu’elle n’avait pas avant. Les États-Unis n’ont pas de meilleur partenaire dans la guerre contre le terrorisme que le gouvernement pakistanais. »

Tendances et événements au Liban

Confusion et déception dans les rangs des loyalistes

Les milieux politiques libanais, toutes tendances confondues, ont tenté d’analyser les résultats du sommet arabe de Damas et ses éventuelles répercussions sur la crise libanaise :
 1. Certains milieux loyalistes estiment que le gouvernement de facto de Fouad Siniora a raté une occasion en boycottant le sommet de Damas. L’opposition, elle, affirme que la réussite du sommet est une gifle assénée aux faucons du 14-mars qui pariaient sur l’échec ou le sabotage de la réunion.
 2. De nombreux analystes ont souligné le changement de ton du ministre saoudien des Affaires étrangères, Saoud al-Fayçal, plus conciliant que ses précédentes déclarations. Le chef de la diplomatie saoudienne a affirmé que personne ne cherche à isoler Damas, mettant l’accent sur le rôle de la Syrie dans la région. Ils ont également noté le discours calme, transparent et dénué de toute teinte vindicative du président Bachar al-Assad, qui a évité de répondre aux provocations. L’attitude responsable du président syrien ouvre grande la porte à un règlement des différends interarabes.
 3. Des figures de l’opposition ont souligné les contradictions dans les propos du ministre Al-Fayçal, qui a fait assumer à l’opposition la responsabilité du sabotage de l’initiative arabe pour un règlement de la crise libanaise. En effet, le prince saoudien avait déclaré, le 6 janvier au Caire, que cette initiative est un panier qu’il faut appliquer dans son intégralité. Dans sa dernière déclaration, il a résumé ce plan à un seul point : l’élection d’un président de la République.
 4. Les divers milieux politiques attendent les prochaines démarches d’Amr Moussa après que les dirigeants arabes l’aient réinvesti dans sa mission visant à trouver une solution à la crise libanaise. Les efforts du secrétaire général de la Ligue arabe consistent à aider les parties libanaises à s’entendre sur la formation d’un cabinet d’union nationale comme condition préalable à l’élection d’un président de la République.
 5. Le succès du sommet a semé la confusion dans les rangs loyalistes, surtout que cette réunion a consacré la Syrie dans son rôle de pays incontournable dans les dossiers de la région (Irak, Palestine, Liban). Ceux qui ont parié sur les capacités des États-Unis à isoler Damas sont bien déçus. L’ínfluence de Washington sur ses alliés arabes s’est avérée bien limitée. Seuls quatre pays ont cédé à ses pressions en réduisant le niveau de leur représentation.
 6. Les observateurs attendent de voir comment le 14-mars pro-américain compte concrétiser ses menaces de recourir à l’escalade après le sommet de Damas, surtout au niveau de l’élargissement du cabinet Siniora. Pour l’opposition, une telle mesure constituerait un franchissement des lignes rouges autant que l’élection d’un président à la majorité absolue. Elle provoquerait inéluctablement une confrontation aux graves conséquences.

Déclarations

 WALID MOALLEM, MINISTRE SYRIEN DES AFFAIRES ETRANGERE
« Le problème au Liban est interne et ne concerne pas la Syrie. Puisqu’il est question de souveraineté et d’indépendance, que les Libanais exercent leur souveraineté et règlent eux-mêmes leurs problèmes. Ils veulent l’élection d’un président avant la formation d’un gouvernement alors que les deux étapes devraient être réalisées concomitamment. Il s’agit d’une dénaturation de l’initiative arabe. »

 SLEIMANE FRANGIE, CHEF CHRETIEN DE L’OPPOSITION
« Un dialogue franc et clair est en cours avec le patriarche maronite. Le contentieux avec Bkerké (le siège du patriarcat maronite) est en voie de règlement. Je vous demande de savoir que nous sommes les enfants de l’Église. Nous croyons en l’Église et en notre christianisme. Nous sommes prêts à combattre au service de notre christianisme, mais dans le même temps, lorsqu’il y a des erreurs, nous dirons qu’il y a des erreurs. Le problème avec Bkerké est en voie de règlement, mais un règlement qui repose sur des bases et des mesures fixes et sur un programme, et non pas simplement sur le fait que notre patriarche est notre père et Bkerké notre mère. Tout le monde s’embrasse puis nous retournons là où nous étions il y a deux mois. Les choses ne doivent pas se passer ainsi. Il y a aujourd’hui un dialogue sérieux et clair avec le patriarche. Si seulement 10% des chrétiens sont avec nous, cela suffira pour que les chrétiens et Bkerké soient lésés. Notre point de vue est que lorsque tous les chrétiens ne sont pas regroupés autour de Bkerké, il y a un problème, car le patriarcat est la première et la dernière référence pour les chrétiens, et c’est la seule autour de laquelle il ne doit y avoir aucune divergence. Il faut ouvrir nos cœurs, le patriarche et nous-mêmes. Aux côtés du général Michel Aoun et avec la bénédiction du patriarche, nous sommes disposés à tenir une telle rencontre. Je pense que les problèmes peuvent être réglés de cette manière et non seulement par des baise-main. »

 NAÏM KASSEM, SECRETAIRE GENERAL ADJOINT DU HEZBOLLAH
« L’attitude du gouvernement à l’égard du sommet arabe a été risible et décevante. Tout se passe comme s’ils (le 14-mars) espéraient battre en brèche la position syrienne à partir de leur attitude enfantine, depuis le Liban. Ils ont parié sur l’absence de sommet, sur son report, alors qu’il n’a pas été ajourné. Le sommet a eu lieu, ils ont alors parié sur l’absence d’invitation en envoyant des signaux aux autres pays arabes afin de dire que le Liban a été négligé. Le Liban a été invité, ils ont ensuite espéré que les autres pays arabes boycotteraient le sommet. Le sommet a eu lieu sans le Liban. Le Liban a été exclue du sommet au lieu que la Syrie en soit exclue. »

 MOHAMMAD FNEICH, MINISTRE DEMISIONNAIRE DE L’ENERGIE (HEZBOLLAH)
« Il serait vain de parier sur une nouvelle offensive israélienne parce que la Résistance est désormais plus forte. Le but du boycott (par le 14-mars du sommet de Damas) est de faire en sorte que le Liban devienne l’ennemi de la Syrie. »

 COMMUNIQUE DE MOHAMMAD HUSSEIN FADLALLAH, GRAND ULEMA CHIITE
« Nous ne pouvons plus considérer la France comme une partie neutre dans ce qui se passe dans la région. En approuvant les crimes et massacres perpétrés en Palestine, la France en est devenue une associée. La place d’invité d’honneur accordée par la France à Israël lors du Salon du livre est un exemple de la position partiale française dans les affaires du Proche-Orient. Ces faits placent la France, en tant qu’État, sur le banc des accusés, et prouvent sa soumission à Israël et au sionisme mondial. Les juifs contrôlent des positions essentielles dans le cadre politique européen et les États européens continuent de vivre le complexe du nazisme. Mes critiques ne visent pas
l’Occident tout entier, ni la France dans son ensemble. »

Tendances est un bulletin quotidien de veille politique sur le Proche-Orient, réalisé par l’agence New Orient News à Beyrouth. Retrouvez-le sur Voltairenet.org, en versions allemande, arabe, anglaise, espagnole et française. Consultez également Indicators, le bulletin quotidien de veille économique sur le Proche-Orient, disponible en versions anglaise, espagnole et arabe.