Tendances et événements au Proche-Orient

Israël et l’Égypte menacent Gaza !

Le paysage régional s’est articulé, mercredi, autour de trois piliers : le sommet égypto-saoudien de Charm el-Cheikh, les vastes manœuvres israéliennes, et les développements militaires à Gaza. Dans ce contexte, on peut noter les observations suivantes :
 1. Des informations ont filtré sur d’énormes efforts déployés par l’Égypte pour convaincre le roi Abdallah de participer au sommet de Charm el-Cheikh que doit présider George Bush à l’occasion du 60ème anniversaire de la création d’Israël, en présence du président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, du roi Abdallah II de Jordanie et du Premier ministre israélien Ehud Olmert.
 2. Des informations de presse affirment qu’Abdallah d’Arabie et Hosni Moubarak sont convenus de donner une chance à la médiation menée par l’Algérie pour tenter régler leur différend avec la Syrie. D’autres informations indiquent que les dirigeants saoudiens et égyptiens ont chargé le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, d’une mission bien précise en Syrie. Le communiqué officiel publié après la rencontre montre que les deux dirigeants ont une nouvelle fois lié la normalisation de leurs relations avec Damas au règlement de la crise libanaise. Mais les observateurs notent que le ton du communiqué était moins virulent que par le passé. Le paragraphe consacré au Liban insiste sur la nécessité de « convaincre toutes les parties libanaises de s’entendre dans le but de mettre à exécution l’initiative arabe de règlement de la crise ».
 3. Parallèlement à la poursuite des vastes manœuvres en Israël, de plus en plus d’indices laissent croire à l’imminence d’une invasion d’envergure de la Bande de Gaza, qui sera certainement accompagnée de massacres et d’assassinats. Dans une action préventive, les mouvements de la Résistance palestinienne ont menée une opération réussie contre un poste militaire israélien faisant deux morts israéliens, alors qu’un troisième soldat a été tué et plusieurs autres blessés dans un incident séparé. De l’avis de nombreux observateurs, les efforts visant à instaurer une trêve à Gaza se sont effondrés. Après avoir joué les médiateurs entre le Hamas et Israël, l’Égypte a menacé la Résistance palestinienne de représailles si une nouvelle tentative de forcer la frontière avait lieu (Voir ci-dessous). Tous ces développements laissent présager des développements dramatiques. Il semble qu’Israël compte mettre à profit ses manœuvres pour tenter, une nouvelle fois, d’affaiblir la Résistance palestinienne, en perspective de la signature d’une déclaration de principe avec Mahmoud Abbas sous l’égide de George Bush, vers la mi-mai.
 4. Les milieux politiques et médiatiques israéliens continuent leurs supputations concernant la nature de la riposte du Hezbollah à l’assassinat de son chef militaire, Imad Mughniyé, tué le 12 février à Damas dans un attentat à la bombe. Les différents analystes ne cachent pas leurs craintes à ce sujet, en dépit des intimidations israéliennes qui ont atteint le stade de menaces d’une guerre totale avec la Syrie en cas d’attaque du Hezbollah. Dans ce contexte, de nouvelles informations font état d’une médiation menée par le Qatar et Oman avec la Syrie à la demande d’un pays arabe qui serait impliqué dans l’assassinat de Mughniyé. Le but étant de demander le report de l’annonce des résultats de l’enquête, surtout que les investigations ont permis l’arrestation d’un officier saoudien, employé à l’ambassade de son pays à Damas, pour son implication dans l’assassinat.

Presse et agences internationales

TECHRINE (QUOTIDIEN SYRIEN)
 Ezzeddine Darwiche
Le cinquième anniversaire de l’invasion de l’Irak et de la chute de Bagdad –le 9 avril 2003- devrait être, pour les Irakiens, une occasion de réfléchir tous ensemble sur ce que devrait être l’Irak de demain et non seulement une occasion pour méditer sur ce qui s’est passé ces cinq dernières années.

• Couverts par une quinzaine de tirs de mortier, plusieurs combattants palestiniens appartenant à trois groupes différents ont attaqué mercredi le terminal de Nahal Oz, entre le nord de la bande de Gaza et Israël, avec l’objectif d’enlever des soldats. Peu après l’attaque commando, l’armée israélienne a procédé à un tir d’artillerie contre une maison, dans le secteur du terminal de Nahal Oz, tuant trois personnes et en blessant trois autres. Les victimes sont toutes des civils. Deux autres personnes, un civil et un combattant, ont été tuées dans un autre raid aérien dans la zone. Le Jihad islamique et deux autres groupes armés, les Comités de la résistance populaire (CRP) et les Brigades des moujahidine, ont revendiqué l’attaque dans un communiqué. « L’opération martyre lancée, appelée “Opération briser le siège”, avait pour objectif d’enlever des soldats sionistes », a affirmé le porte-parole des CRP. Le porte-parole du Jihad islamique a assuré que l’attaque intervenait après la mort d’un autre soldat israélien, tué à l’aube dans le sud de la bande de Gaza, et serait suivie par « d’autres pour répondre aux agressions israéliennes ».

• L’Égypte a placé ses forces de sécurité à la frontière avec la bande de Gaza en état d’alerte après des menaces du Hamas de prendre d’assaut les points de passage du territoire. Le Jihad islamique a émis les mêmes menaces. « Le siège est sévère et humiliant pour le peuple palestinien. J’ai dit aux Égyptiens que si la situation se poursuivait, il y aurait une explosion contre eux et le choix sera difficile : soit ouvrir la frontière, soit ouvrir le feu », a affirmé un responsable du Jihad à Gaza Mohammad al-Hindi. Le Caire a vivement réagi à ces propos, assurant qu’une nouvelle violation ne serait pas tolérée. « L’Égypte ne prendra pas à la légère la protection de ses frontières contre toute tentative de les violer, de la part de qui que ce soit », a déclaré une source officielle citée par l’agence égyptienne MENA. « L’Égypte refuse les tentatives de provocation ou de pression de la part de qui que ce soit », a pour sa part déclaré le ministère égyptien des Affaires étrangères dans un communiqué, en faisant part de son « extrême stupéfaction » et de sa « condamnation » des propos des responsables du Jihad et du Hamas.

ANADOLU (AGENCE DE PRESSE TURQUE)
Les responsables européens ont mis en garde la Turquie face à une catastrophe que pourrait entraîner une interdiction du parti au pouvoir de la Justice et du Développement (AKP). « L’interdiction de l’AKP sera lourde de conséquences », a averti le Haut Représentant (HR) pour la PESC, (Politique Etrangère et Sécurité Commune de l’Union européenne), Javier de Solana et ajouté qu’une décision d’abolition porterait un coup dur aux relations entre Ankara et l’UE. Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a appelé au « respect de la volonté de la majorité des électeurs turcs », mais également au « respect de la démocratie laïque turque ». « La Turquie va devoir convaincre l’Europe qu’il est de son intérêt de l’intégrer en son sein », a-t-il déclaré. Ces mises en garde interviennent avant la visite à Ankara de Manuel Barroso et du commissaire européen à l’élargissement Olli Rehn

ITAR-TASS (AGENCE DE PRESSE RUSSE)
• Le président ukrainien Viktor Yuschenko, accompagné d’une importante délégation ministérielle, effectue une visite officielle en Égypte. Il a été reçu par le président Hosni Moubarak à Heliopolis et devrait rencontrer le Premier ministre, le président de l’Assemblée nationale et le secrétaire général de la Ligue arabe. Plusieurs accords économiques sont prévus, notamment en matière de coopération spatiale.
• Une délégation de l’American Jewish Committee est à Moscou. Elle a été reçue par le ministre des Affaires étrangères, Serguei Lavrov. L’entretien a principalement porté sur les relations entre la Russie et les Etats-Unis, ainsi que sur le Proche-Orient.

RIA-NOVOSTI (AGENCE DE PRESSE RUSSE)
L’Arabie saoudite a remis mercredi 500 millions de dollars au Centre de coordination de l’action contre les mines de l’Onu au Liban pour le déminage du territoire dans le sud du pays où il reste environ un million de bombes à fragmentation larguées par Israël durant la guerre contre le Hezbollah en 2006. Selon le Bureau libanais national pour le déminage, 85% du million de bombes non explosées se trouvent au sud du fleuve Litani. Quarante personnes ont été tuées et 252 autres blessées dans ce secteur en deux ans. Les spécialistes de l’Onu et de plusieurs ONG internationales, les sapeurs de l’armée libanaise et de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL) ont déminé 42% des territoires dangereux. Le refus d’Israël de fournir des informations sur les coordonnées des zones où les troupes israéliennes ont tiré des bombes à sous-munitions complique les travaux.

LA LIBRE BELGIQUE (QUOTIDIEN BELGE)
Vingt jours, à peine, ont passé depuis la nomination du CD & V Yves Leterme comme Premier ministre et, déjà, les gages de bonne volonté atlantiste donnés par la Belgique se multiplient. Ainsi, après la confirmation de l’envoi de militaires supplémentaires et d’avions de combat F-16 dans le Sud afghan (à Kandahar), il apparaît que le gouvernement belge -en particulier le ministre de la Défense Pieter De Crem (CD & V), son collègue des Affaires étrangères Karel De Gucht (Open VLD) et le Premier ministre Leterme- redouble d’ardeur afin de permettre à l’Otan d’intégrer son nouveau siège dès 2013. Les travaux commenceront prochainement à Bruxelles pour une facture de 1,4 milliards d’euros.

THE TIMES (QUOTIDIEN BRITANNIQUE, GROUPE MURDOCH)
Lors de la bataille de Bassora, le Premier ministre irakien Nourai Al-Maliki a refusé de rencontrer le général de brigade Julian Free venu lui apporter le soutien des troupes britanniques encore stationnées sur l’aéroport. Il a préféré faire appel aux États-uniens, qui ont dépêché 150 hommes stationnés sur place et 550 casernés à Bagdad s’ajoutant à l’ensemble des conseillers US qui encadraient l’opération. M. Maliki n’a pas pardonné aux Britanniques d’avoir conclu un marché avec l’Armée du Mehdi aux termes duquel des prisonniers sadristes ont été relâchés et la milice de Sadr s’est abstenue d’attaquer les Britanniques au cours de leur retrait. Selon certaines sources, M. Maliki aurait également refusé un appel téléphonique du Premier ministre Gordon Brown lors du sommet de l’OTAN, mais ce point est démenti par les autorités.

THE GLOBE AND MAIL (QUOTIDIEN CANADIEN)
La reprise de l’audience préliminaire de la Commission militaire de Guantanamo dans l’affaire Omar Kadr a été ajournée. La défense du jeune Canadien, âgé de 15 ans lors de sa capture, entend faire citer à comparaître l’auteur d’un rapport surt la fusillade survenue lors de l’arrestation. La première version de ce document, qui a été ultérieurement altéré, innocentait Kadr. Mais hier, lorsque la défense a voulu consulter la boîte d’archives, celle que le greffe lui a remis était vide.

DAWN (QUOTIDIEN PAKISTANAIS)
La secrétaire d’État Condoleezza Rice a abrogé les mesures restrictives édictées à l’encontre du Pakistan après la prise du pouvoir par Pervez Musharraf. Désormais le pays peut prétendre normalement à l’aide civile et militaire US. Au demeurant celle-ci s’était quand même poursuivie durant la période Musharraf au nom de la lutte contre le terrorisme.

THE WASHINGTON POST (QUOTIDIEN ÉTATS-UNIEN)
• Le président Bush devrait à la fois annoncer qu’il ramène la période de mission des GI’s outremer à 12 mois (au lieu de 15 depuis actuellement) et qu’il suspend la réduction des effectifs en Irak conformément aux recommandations du général Petraeus.
 William Arkin
Le général Petraeus s’est brillamment sorti de son audition au Sénat. Il existe désormais un consensus pour affirmer que l’escalade (« surge ») a fonctionné. Pourtant, lorsque cette stratégie fut décidée, c’était pour dégager un espace politique qui permette de stabiliser le pays. Or la baisse de la violence n’a rien permis de stabiliser. Il y a également un consensus pour une période de 45 jours d’interruption du retrait et d’évaluation. Mais qu’il y-a-t-il à évaluer ? Pourquoi pourrait-on faire avec seulement 100000 hommes ce que l’on n’est pas parvenu à réaliser avec 140000 ? En réalité l’escalade n’a pas été conçue en fonction des besoins irakiens, mais de ceux de l’Armée de terre US. Et il en est de même pour la pause. La bonne nouvelle, c’est que nos troupes peuvent se maintenir sans crainte ; la mauvaise c’est que, quelque soit le prochain président des États-Unis, nous n’avons aucune idée de ce que nous pouvons faire maintenant en Irak.

THE CHRISTIAN SCIENCE MONITOR (QUOTIDIEN ÉTATS-UNIEN)
Les auditions du général Petraeus et de l’ambassadeur Crocker au Sénat ont été dénaturées par la perspective de l’élection présidentielle. John Mccain n’avait d’autre but que d’affirmer l’efficacité de l’escalade (« surge »). Hillary Clinton plaidait pour la planification du retrait et voulait s’assurer que l’accord de sécurité irako-US n’hypothéquerait pas sa politique si elle devait accéder à la Maison-Blanche. Quand à Barack Obama, il s’est attaché à montrer que les États-Unis devaient reformuler leurs objectifs en Irak faute de quoi ils ne pourraient trouver de porte de sortie honorable.

USA TODAY (QUOTIDIEN POPULAIRE ÉTATS-UNIEN)
L’épisode de Bassora aura montré que l’homme le plus puissant d’Irak aujourd’hui, c’est Moktada el-Sadr. Cet énigmatique clerc chiite n’a eu qu’à appuyer sur le bouton pour que tous les progrès de l’escalade (« surge ») soient réduits à néant. Sadr déclare le cessez-le-feu et c’est la paix, il lance ses hommes au combat et c’est le chaos. Ses relations avec le Premier ministre Nouri Al-Maliki sont complexes : d’une part il l’a soutenu pour arriver au pouvoir, d’autre part il lui reproche de s’accommoder de la présence US. De son côté, Maliki après s’être appuyé sur Sadr s’est lentement retourné et tente aujourd’hui d’éliminer son rival au sein de la communauté chiite. Mais que veut-il au juste ? Certains affirment qu’il se contenterait d’une participation au pouvoir.

THE LOS ANGELES TIMES (QUOTIDIEN ÉTATS-UNIEN)
Il y a cinq ans encore, Barack Obama affichait sa proximité avec des intellectuels palestiniens et participait à des soirées où l’on stigmatisait la politique israélienne. Aujourd’hui, il a coupé les ponts et affirme soutenir le droit d’Israël à la sécurité. Rien dans ses discours ne laisse entrevoir une sympathie pour les Palestiniens, mais les organisations pro-Palestiniennes sont sûres qu’il n’a pas changé. Officiellement il est partisan de la solution à deux États, mais on lui attribue des propos bien différents qu’il continuerait à prononcer en privé.

THE NEW YORK TIMES (QUOTIDIEN ÉTATS-UNIEN)
Les prisonniers qui ont été transférés de Guantanamo ou Bagram et remis aux autorités afghanes sont jugés de manière expéditive. Les procès durent en moyenne une demi-heure. L’accusation se fonde généralement sur des notes des forces US. Il n’y a pas d’audition de témoins, et encore moins de confrontation. Les sentences peuvent aller jusqu’à 20 ans de réclusion.

• Quatorze personnes au moins ont été secrètement transférées en Jordanie par la CIA pour y être interrogées et torturées depuis les attentats du 11 septembre 2001, affirme Human Rights Watch (HRW) dans un rapport publié mardi. Le gouvernement jordanien a rejeté les accusations de HRW en les déclarant dénuées de tout sérieux. Le rapport de l’ONG est « faux et fondé sur des allégations et des conclusions individuelles elles-mêmes fondées sur des éléments non objectifs », a déclaré Nasser Djoudeh, secrétaire d’État à l’Information et à la Communication cité par des journaux jordaniens. Le président George Bush affirme que son pays ne pratique pas la torture. Son gouvernement a reconnu avoir envoyé des terroristes présumés dans d’autres pays, mais seulement en obtenant de ces États l’assurance qu’ils seraient traités en conformité avec le droit international. Un porte-parole de la CIA, Paul Gimigliano, a dit qu’en règle générale, l’agence de renseignements ne commentait pas les allégations de transferts portant sur des cas précis.

• Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a décidé mercredi de limoger les ministres de l’Économie, Davoud Danesh Jafari, et de l’Intérieur, Mostapha Pour Mohammadi, signe des désaccords croissants au sein du gouvernement en particulier sur la politique économique. Le président Mahmoud Ahmadinejad « a parlé avec nos deux collègues (...) et leur a demandé de servir à d’autres postes », a déclaré le porte-parole du gouvernement Gholamhossein Elham, qui avait pourtant démenti samedi tout changement au sein du cabinet. Les deux changements annoncés mercredi portent au total à neuf le nombre de membres du cabinet remplacés en deux ans et demi. Aucune explication n’a été donnée sur les raisons du remplacement du ministre de l’Intérieur, un religieux conservateur et un révolutionnaire de la première heure.

• Les islamistes somaliens ont repris sans combat le contrôle de la ville stratégique de Jowhar, au nord de la capitale Mogadiscio, pour la deuxième fois en deux semaines, a annoncé mercredi un porte-parole des insurgés. Les combattants islamistes, chassés de Mogadiscio fin 2006 par les forces gouvernementales et leurs alliés éthiopiens, avaient brièvement occupé cette localité le 26 mars, avant de l’évacuer. Les islamistes ont profité de la prise de la ville pour libérer des détenus de la prison locale. D’autre part, une ONG somalienne a ravitaillé en nourriture et en eau, à la demande des pirates, le voilier de luxe français Le Ponant, détourné vendredi au large de la Somalie. Une trentaine de membres d’équipage du yacht, dont 22 Français, étaient à bord lorsqu’il a été détourné. « Les otages ne sont pas malades et ils ne sont pas menacés par leurs ravisseurs. Nous continuerons à surveiller leurs besoins humanitaires », a précisé l’ONG.

• Le futur président russe, Dmitri Medvedev, a critiqué hier les Occidentaux qui selon lui agissent, comme au Kosovo, en « contradiction » avec les résolutions de l’Onu, lors de sa première rencontre avec le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon. La Russie, alliée traditionnelle de la Serbie, était opposée à la reconnaissance par la communauté internationale de la proclamation unilatérale d’indépendance du Kosovo. Accueillant M. Ban au Kremlin, où il a déjà des bureaux en attendant de prendre le 7 mai le fauteuil de Vladimir Poutine, M. Medvedev s’est dit « heureux de rencontrer et d’accueillir (...) en qualité de président élu » le secrétaire général de l’Onu. Ban Ki-moon effectue sa première visite officielle en Russie depuis sa prise de fonction à la tête de l’Onu début 2007. Il a également rencontré le président sortant, Vladimir Poutine, et doit prononcer un discours à l’université de Moscou.

Think Tanks

CONFERENCE « LA RUSSIE, LE MOYEN-ORIENT ET LE DEFI DE L’ISLAM RADICAL »
A l’initiative du Shalem Center (Natan Sharansky) et du Centre interdisciplinaire d’Herzliya (Moshe Bar Niv) une journée de conférence s’est tenue au Sheraton de Jérusalem sur le thème « La Russie, le Moyen-Orient et le défi de l’islam radical ». Côté israélien, plusieurs orateurs représentaient le gouvernement, tandis que côté russe, aucun responsable actuellement aux affaires n’était présent.
Lors de son intervention, l’ancien Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré : « Rien ne peut arrêter les Iraniens, ni la force, ni même la peur de la riposte (…) Par le passé, le Hezbollah était un État dans l’État au Liban, il semble qu’aujourd’hui c’est le gouvernement libanais qui est un État dans un bastion du Hezbollah »
Amos Gilad, directeur du bureau diplomatique du ministère de la Défense, a déclaré : « La Russie comprend évidemment ce que signifie un Iran nucléaire, mais estime sans doute que cela ne pourra se produire que dans une dizaine d’années, alors que selon nous de telles transformations peuvent se produire dans les deux années à venir (…) Je ne doute pas un seul instant que la Russie voit les menaces, mais pour des raisons politiques liées à sa vision de sa propre place dans le monde, elle entreprend des démarches qui renforcent nos ennemis (…) Elle s’appuie sur des éléments que nous jugeons agressifs », a-t-il poursuivi. À titre d’exemple, M. Gilad a évoqué les fournitures du complexe militaro-industriel russe en Syrie. « Même s’il s’agit d’armements défensifs, cela renforce le sentiment de sécurité de la Syrie et la pousse à soutenir plus énergiquement la terreur ».

Tendances et événements au Liban

Le scandale as-Siddik et le problème de Joumblatt avec la Russie

La scène libanaise a été le théâtre d’une série de développements significatifs dont voici les plus importants :
 1. La polémique autour de l’appel du président du Parlement à une reprise du dialogue national, se poursuit. Nabih Berry a fixé l’ordre du jour aux trois points de l’initiative arabe de règlement de la crise libanaise : l’élection à la présidence du candidat consensuel Michel Sleimane ; la formation d’un gouvernement d’union nationale ; l’adoption d’une loi électorale juste et équitable. Tandis que des milieux des Forces libanaises et du Courant du futur (respectivement, des partis chrétien et sunnite du 14-mars pro-US) ont continué leur campagne contre M. Berry, une autre figure du 14-mars, l’ancien chef de l’Etat Amine Gemayel, s’est rendu chez le président de la Chambre. D’autres personnalités de la coalition au pouvoir ont salué la démarche de M. Berry.
 2. Dans un communiqué publié par son bureau, M. Berry a sévèrement répondu au ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, l’accusant d’avoir trahi une amitié de 30 ans. Le chef de la diplomatie française avait affirmé que M. Berry n’est « pas libre de ses mouvements », lui reprochant d’avoir « fermé les portes du Parlement ». Le président de la Chambre a nié avoir demandé un rendez-vous avec les responsables français et a précisé qu’il n’avait pas l’intention de leur de sitôt.
 3. De Bahreïn, où il se trouve dans le cadre d’une tournée arabe, le Premier ministre de facto, Fouad Siniora, a tenté d’atténuer ses critiques des jours précédents contre M. Berry. Il a affirmé qu’il avait du respect pour le chef du Législatif. Les analystes estiment que ce recul s’explique par le climat défavorable à toute escalade au Liban perçu par M. Siniora chez les dirigeants des pays qu’il rencontrés.
 4. Le député du Metn (Mont-Liban), Michel Murr, a organisé un meeting populaire au cours duquel il a officiellement annoncé son divorce avec le général Michel Aoun et son retrait de son bloc parlementaire. M. Murr a insisté sur la priorité de l’élection présidentielle sur toute autre considération. La réponse du général était calme et posée, affirmant qu’il était du droit de tout individu d’adopter les positions qui lui semblent les plus conformes à ses convictions (Voir ci-dessous).
 5. La disparition du faux témoin dans l’affaire Hariri, le Syrien Mohammad Zouhair al-Siddik, continue de faire des remous. Bernard Kouchner avait affirmé que M. as-Siddik avait quitté son domicile il y a près d’un mois. Le quotidien syrien al-Watan a publié mercredi une déclaration du frère de Mohammad as-Siddik, Imad, qui a accusé les autorités françaises d’avoir facilité sa disparition ou de l’avoir « liquidé ». « Les autorités françaises auraient facilité la disparition de Mohammad Zouheir as-Siddik en vue de le faire liquider par une autre partie, ou bien elles l’ont elles-mêmes liquidé », a déclaré Imad. Mardi, des sources policières françaises avaient indiqué que le faux témoin, un déserteur syrien qui s’était fait passer pour un colonel des services de renseignement, « n’était pas assigné à résidence » et n’était soumis « à aucun contrôle judiciaire », de sorte qu’il pouvait aller et venir sans avoir à en informer quiconque. « Mon frère était sous la protection des autorités françaises », a assuré son frère Imad qui réside à Damas. Il a accusé des « parties libanaises », dont le ministre des Télécommunications Marwan Hamadé, d’« avoir comploté avec les Français pour liquider mon frère ». Dans une déclaration à la presse, le député Hassan Fadlallah, membre du bloc parlementaire du Hezbollah, a accusé Paris de cacher le témoin. « La France détient-elle des informations susceptibles d’influencer l’enquête et qui ont été cachées ? » s’est interrogé Hassan Fadlallah. Selon le député, le ministre français des Affaires étrangères aurait mieux fait de « révéler les véritables raisons qui ont conduit à cacher le “témoin à charge” et pour lesquelles la France a refusé de le remettre aux autorités libanaises ». « Cette affaire soulève beaucoup de questions sur le rôle de la France. Y a-t-il complicité avec des parties locales dont l’intérêt est d’empêcher l’enquête d’aboutir à la vérité ? »
Pour sa part, l’ancien directeur de la SG, Jamil Sayyed, détenu dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat de Rafic Hariri, a adressé au procureur de la République et au juge d’instruction chargé de l’enquête, un message dans lequel il leur fait assumer la responsabilité « de la disparition ou de l’assassinat de Mohammad as-Siddik de la part de ceux qui ont en fait un faux témoin ». Le général Sayyed reproche aux deux juges d’avoir laissé Mohammad as-Siddik « circuler en toute liberté entre les différents pays ». L’ancien directeur de la Sûreté générale a précisé que le témoin en question a trouvé refuge dans un pays du Golfe (aux Émirats arabes unis, selon certaines informations).
 6. Le faucon du 14-mars, Walid Joumblatt, a critiqué l’attitude de l’ambassadeur de Russie au Conseil de sécurité qui avait interrogé le chef de la Commission d’enquête internationale sur le sort des quatre généraux libanais arrêtés dans le cadre de l’enquête Hariri. Les propos de M. Joumblatt montrent que ses relations avec la Russie, traditionnellement bonnes, passent par un très mauvaise période. C’est d’autant plus vrai que l’ambassadeur de Moscou à Beyrouth a récemment rendu visite à l’ancien ministre Wiam Wahhab, un des chefs druzes de l’opposition et ennemi juré de M. Joumblatt. Ces développements montrent que la Russie a décidé d’adopter une nouvelle approche dans tous les dossiers libanais. Affaire à suivre…

Déclarations

FOUAD SINIORA, PREMIER MINISTRE DE FACTO (14-MARS PRO-US)
« Notre principal souci est qu’un président soit élu pour que les institutions constitutionnelles se remettent à revivre. Nous pensons tous que la priorité est toujours accordée à l’élection d’un président, conformément à l’initiative arabe. Un gouvernement d’union nationale doit être ensuite formé. Je ne suis pas là pour dire que je suis opposé au dialogue. Tout le monde sait que je n’ai jamais cessé de plaider en faveur du dialogue et de souligner son importance dans le règlement des problèmes. J’avais fait un seul commentaire en m’interrogeant sur le point de savoir sur quoi le dialogue portera. Sur l’élection d’un président ? Il y a eu une entente au sujet d’un candidat consensuel. Sur la formation du gouvernement ? L’initiative arabe est claire à ce sujet. Elle prévoit la formation d’un gouvernement d’union nationale après l’élection d’un président de la République. C’est ce que la Constitution prévoit d’ailleurs. L’initiative arabe stipule aussi que la majorité ne peut pas détenir plus de la moitié des portefeuilles pour ne pas prendre des décisions seule et que l’opposition ne peut pas avoir la minorité de blocage. Ces questions n’ont vraiment pas besoin de faire l’objet d’un dialogue. En ce qui concerne la loi électorale, il y a une concordance de vues entre les Libanais au sujet de l’adoption de la petite circonscription. Voilà pourquoi le choix s’est porté sur le caza, mais même cette question reste sous examen au gouvernement et au Parlement. Lorsque j’avais commenté l’appel au dialogue, j’avais dit qu’il appartient au chef de l’État de présider tout dialogue sur les questions importantes. Une personne partie prenante dans un conflit qui se présente comme étant le principal opposant ne peut pas se proposer de parrainer un dialogue que le chef de l’État doit présider, conformément à la Constitution. Il y a eu une sorte de déformation de mes propos. »

MICHEL MURR, ANCIEN MEMBRE DU BLOC PARLEMENTAIRE DE MICHEL AOUN
« Le grand problème auquel nous sommes confrontés est la vacance présidentielle en raison du torpillage des séances d’élection du président depuis le 24 septembre. La raison principale est l’impossibilité d’assurer le quorum des deux tiers pour ouvrir la séance. Il est nécessaire de s’arrêter devant l’intention du législateur à ce sujet. Lorsque ce dernier a mis en place ce texte constitutionnel, l’objectif n’était pas de paralyser les séances en permanence à l’aide du quorum, mais d’inciter tout le monde, loyalistes et opposants, à s’entendre sur un candidat qui obtiendrait une majorité confortable, ce qui lui donnerait une certaine envergure au début de son mandat. Après les séances électorales auxquelles les députés ont été conviés par le président de la Chambre entre le 24 septembre et le 24 novembre ; après l’accord sur la candidature du général Michel Sleimane comme candidat consensuel et l’appui de tous les blocs parlementaires loyalistes et opposants à cette candidature ; et enfin après l’unanimité arabe et internationale sur cette candidature consensuelle, il n’y a plus d’excuse pour paralyser les séances électorales. Malheureusement, les parties au conflit ont continué à poser condition sur condition, ce qui a conduit au maintien du torpillage et du vide à la présidence à partir du 24 novembre. Nous ne pouvons pas accepter cela, dans la mesure où il est impossible de considérer l’élection d’un président comme un instrument de marchandage afin d’obtenir des revendications politiques, quelles qu’elles soient. »

COMMUNIQUE DU GENERAL MICHEL AOUN
En réponse au député Michel Murr
« Chacun a le droit d’organiser un meeting oratoire ou d’exprimer son opinion politique. Personne n’est tenu de rester attaché à l’autre pour toujours, même si nous aurions souhaité qu’un consensus politique nous lie jusqu’à la fin du mandat parlementaire actuel avec M. Murr, car nous avions mené la bataille électorale ensemble et nous ne considérons pas qu’il est notre adversaire. »

MOHAMMAD HUSSEIN FADLALLAH, GRAND ULEMA CHIITE
« Je suis disposé à entamer un dialogue avec la droite néerlandaise, notamment le député Geert Wilders (auteur du film Fitna), pour lui expliquer les vrais concepts islamiques concernant la violence et autres questions, parce que nous estimons qu’il porte un jugement sur toute une religion et sur le Coran sans le comprendre ou même sans l’avoir lu, ou en se basant sur des traductions inexactes ou injustes qui lui auraient été présentées. Je ne fais pas assumer au gouvernement néerlandais la responsabilité du film Fitna. Il y a une chose que les gouvernements occidentaux doivent bien comprendre et qui est en relation avec la sensibilité musulmane qui refuse qu’on porte atteinte au Prophète ou au Coran, quel que soit le prétexte. Le Coran est clair en ce qui concerne la violence. Il interdit aux musulmans d’y recourir si ce n’est pour se défendre. L’islam interdit également de recourir à la violence parce qu’on est en désaccord avec l’autre. C’est la raison pour laquelle on cherche à établir des relations d’amitié avec les différents peuples. Et si certains musulmans recourent à la violence parce qu’ils ont mal interprété l’islam, certaines factions occidentales exercent la violence contre les civils et les innocents. De même, l’occupation est une forme continue de violence. »

• L’ambassadeur de Belgique à l’Onu, Johan Verbeke, va être nommé coordinateur spécial des Nations unies pour le Liban. Le secrétaire général, Ban Ki-moon, a envoyé une lettre aux quinze États membres du Conseil de sécurité pour les informer de son intention de nommer M. Verbeke. Dans ses nouvelles fonctions, M. Verbeke succédera au Norvégien Geir Pedersen, qui avait été nommé en février 2007.

Tendances est un bulletin quotidien de veille politique sur le Proche-Orient, réalisé par l’agence New Orient News à Beyrouth. Retrouvez-le sur Voltairenet.org, en versions allemande, arabe, anglaise, espagnole et française. Consultez également Indicators, le bulletin quotidien de veille économique sur le Proche-Orient, disponible en versions anglaise, espagnole et arabe.