Quelle est l’attitude de la Russie face aux problèmes de sécurité européens et mondiaux ? C’est une position connue et qui n’a pas varié. Concernant l’expansion de l’OTAN, nous demandons si la vie serait vraiment plus tranquille avec une OTAN plus étendue. Nous n’avons pas obtenu de réponse satisfaisante à cette question et la Russie estime qu’il est préférable de construire une architecture de sécurité européenne qui permet de faire front efficacement aux menaces du XXIième siècle. C’est dans cette optique que nous voulons construire nos relations avec l’OTAN.
Nous voulons notamment travailler sur la prolifération des armes de destruction massive, une question qui a une place importante dans la politique extérieure de la Russie. Nous ne pensons pas que des groupes terroristes puissent se procurer des armes nucléaires ou chimiques, car cela demande trop de compétences techniques, par contre ils peuvent attaquer une industrie chimique ou une centrale nucléaire avec une bombe conventionnelle ou construire une bombe sale. Notre objectif commun doit être d’empêcher une telle éventualité.
Ces dernières années, on a beaucoup parlé du choc des civilisations. La Russie est un État multinational où cohabitent différentes religions depuis des siècles, et où vivent 20 millions de musulmans. Nous avons également des liens avec de nombreux pays musulmans et notre but partagé est d’accroître notre sécurité respective. La Russie a aussi beaucoup d’ennemis : des forces séparatistes, ceux qui restent au niveau des stéréotypes et ne reconnaissent pas que la Russie avance vers la démocratie.
Dans nos relations avec les ex-républiques soviétiques dans le cadre de la CEI, notre postulat de départ est qu’il s’agit de pays indépendants et souverains. Nos rapports sont donc différents selon les pays. La Russie estime notamment que l’Ukraine est un pays souverain qui décide lui même de ses alliances et de la meilleur façon pour lui de garantir sa sécurité. A titre personnel, je ne pense cependant pas que l’Ukraine et l’Union européenne soient prêtes à s’intégrer l’une à l’autre.

Source
El Periodico (Espagne)

« La linea de Rusia es bien clara », par Igor Ivanov, El Periodico, 26 novembre 2004.