Tendances et événements au Proche-Orient

Gaza résiste au blocus et aux incursions

Les regards se tournent à nouveau vers la Palestine, où la machine de guerre israélienne a recommencé à frapper, à quelques jours de la tournée régionale de la secrétaire d’État US, Condoleezza Rice, et à quelques semaines de la visite de son président George Bush.
 1. La Résistance a une nouvelle fois démontré sa puissance et ses capacités en faisant échec, mardi soir et mercredi à l’aube, à une tentative d’incursion dans la région de Chujaïya, qui s’est soldée par trois morts et 6 blessés dans les rangs de l’armée israélienne.
 2. En Israël, le débat sur la pertinence d’une invasion totale de Gaza après la visite de George Bush, prévue à la mi-mai, a repris de plus belle. Par ailleurs, de nombreux analystes et chercheurs israéliens ont minimisé l’importance de la signature d’une déclaration de principe entre Ehud Olmert et Mahmoud Abbas.
 3. L’affaire du blocus inhumain imposé par Israël, avec la complicité de l’Égypte, aux 1.5 millions d’habitants de Gaza, commence à bouger, Le Hamas a organisé un sit-in devant le point de passage de Rafah, à la frontière avec l’Égypte. Le mouvement de la Résistance palestinienne a publié un communiqué exprimant sa détermination à prendre toutes les mesures nécessaires pour briser le blocus israélien. Les autorités égyptiennes ont répondu par des menaces claires contre toute tentative de passer la frontière. À la demande des États-Unis et d’Israël, l’Égypte a renforcé les barrières séparant son territoire de Gaza.
 4. Les leçons de la ministre israélienne des Affaires étrangères, Tzipi Livni, aux Arabes leur conseillant de s’allier à Israël face à l’Iran et à la Syrie, ont été accueillies avec ironie, dérision et colère par la presse arabe, notamment celle du Golfe. La présence de Mme Livni au Qatar alors que son armée commet des massacres à Gaza, a été perçue comme une provocation par l’opinion publique arabe.

Presse et agences internationales

TECHRINE (QUOTIDIEN SYRIEN)
 Charles Kamlé
Dire que les États-Unis, et plus particulièrement l’actuelle administration « israélisante », se range aux côtés de l’État hébreu, n’a plus beaucoup de sens. Car la vérité c’est qu’avec sa politique hostile aux Arabes, l’Amérique est devenu le Grand Israël dans tout le sens du terme. Elle exécute les exigences d’Israël sans la moindre objection. Son premier et seul souci est de prendre en compte toutes les intérêts sécuritaires, politiques et économiques de l’État hébreu. L’invasion de l’Irak et l’attitude à l’égard du dossier nucléaire iranien montrent qu’il n’y a pas de politique américaine dans la région mais une politique israélienne exécutée par les Etats-Unis.

ANADOLU AJANSI (AGENCE DE PRESSE TURQUE)
L’amendement de l’article 301 du Code pénal turc, déposé le 7 avril dernier au Parlement par le gouvernement Erdögan, est parvenu lundi en commission parlementaire où doit être débattu avant d’être soumis à l’Assemblée. L’article 301 sanctionne la « dénigrement de l’identité turque » et est considéré par l’Union européenne comme une entrave à la liberté d’expression. Le Premier ministre Erdögan veut à la fois diminuer la peine encourue, en la ramenant de 3 à 2 ans de prison, et en rendre l’usage exceptionnel en conditionnant les poursuites à un accord du président de la République. C’est ce dernier point qui a été contesté dans les rangs de sa propre majorité. Le président du Parlement, Köksal Toptan, s’inquiète à la fois d’un renforcement des pouvoirs du président et d’une politisation de l’article 301. Un compromis pourrait être trouvé en confiant le droit de poursuite au ministre de la Justice.

ITAR-TASS (AGENCE DE PRESSE RUSSE)
Vladimir Chizov, représentant permanent de la Russie auprès de l’Union européenne, a qualifié le déploiement de la mission civile EULex au Kosovo de « grande erreur ». Il a souligné que, contrairement aux déclarations officielles, l’EULex n’a aucune base juridique. Elle ne s’appuie pas sur la résolution 1244, qui ne mentionne que la KFOR et l’OTAN. Il aurait fallu que l’Union européenne fasse amender la résolution 1244 avant de déployer l’EULex. Elle aurait alors probablement obtenu le consentement de la Serbie et la participation de la Russie.

RIA-NOVOSTI (AGENCE DE PRESSE RUSSE)
• Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas se rendra mercredi en Russie. A Moscou, il compte évoquer les relations bilatérales, le règlement du conflit au Proche-Orient et la conférence internationale pour le Proche-Orient qui pourrait se dérouler dans la capitale russe à la mi-juin. Les Palestiniens se disent persuadés que la conférence de Moscou sur le Proche-Orient réamorcera le processus de paix et les initiatives d’Annapolis (États-Unis) qui ont permis de relancer le dialogue israélo-palestinien. Lors de sa visite à Moscou, Mahmoud Abbas donnera également une conférence à l’Institut des relations internationales de Moscou et rencontrera le président de la Cour des comptes russe Sergueï Stepachine.
• Les questions en suspens relatives au projet de Convention sur le statut légal de la mer Caspienne font l’objet de la réunion du Groupe de travail ad hoc ouverte mardi à Téhéran. Depuis la désintégration de l’Union soviétique, les cinq pays riverains de la Caspienne n’arrivent pas à s’entendre sur le statut de la mer. L’Azerbaïdjan, la Russie et le Kazakhstan se sont partagé le fond de la Caspienne en secteurs et invitent les autres pays à en faire autant. Ce partage a été consacré par des accords interétatiques bilatéraux et trilatéraux conclus entre Bakou, Moscou et Astana. L’Iran propose, quant à lui, de diviser la mer en parties égales de 20%. L’Azerbaïdjan rejette ce principe, qui fait qu’un tiers de son territoire caspien passerait sous autorité iranienne. De son côté, le Turkménistan revendique à Bakou le gisement d’hydrocarbures de Sardar.
• L’armée israélienne a effectué mardi les premiers tests réussis du missile balistique cible, dont les performances l’apparentent aux échantillons modernes d’engins iraniens, a annoncé mardi une radio locale. Baptisé Ankor Kahol (Moineau bleu), ce missile qui imite l’iranien Shihab-3 doit être utilisé à l’avenir en qualité de cible d’entraînement pour la batterie d’antimissiles israélien Hetz (Flèche), en voie de modernisation. D’après la radio israélienne, jusqu’ici l’armée avait recouru aux imitations des missiles de type Scud (développés en URSS dans les années 1950). Le premier combat Hetz-Ankor Kahol devrait avoir lieu dans les mois à venir. Lors du lancement de mardi, les militaires ont vérifié la conformité de la cible tirée depuis un chasseur aux performances du prototype iranien. De l’avis des experts israéliens, la portée des missiles balistiques iraniens Shihab-3 est de 1 500 à 2 000 km.

LA CROIX (QUOTIDIEN CATHOLIQUE FRANÇAIS)
Le pape Benoît XVI débute une visite de six jours aux États-Unis. Il a été accueilli à l’aéroport par le président Bush et sa famille ; un geste remarqué car c’est la première fois qu’un président états-unien se déplace ainsi pour recevoir un chef d’État étranger. La Maison-Blanche espère des discussions « franches » et un rapprochement après les critiques du Saint-Siège sur la « croisade en Irak ».
[La visite du pape a été préparée par le gouverneur de Floride Jeb Bush, frère du président, converti par son épouse au catholicisme, il serait 4e degré des Chevaliers de Colomb, sorte de maçonnerie catholique. Ndlr.]

LE FIGARO (QUOTIDIEN FRANÇAIS, GROUPE DASSAULT)
 Adrien Jaulmes
Moktada el-Sadr est le plus puissant ennemi des États-uniens en Irak. En 2003, il n’était qu’un personnage secondaire. Il avait un nom, celui de son beau-père (le fondateur du parti al-Dawa) et de son père (le grand ayatollah Mohammed Sadik el-Sadr), mais pas de prénom. Aujourd’hui, il incarne un chiisme nationaliste et le refus de l’occupation. Sa base, ce sont les millions de chiites misérables qui n’ont pas quitté l’Irak pendant la dictature de Saddam Hussein. Son bastion, c’est Sadr City, cette immense ville jumelle de Bagdad, presque aussi peuplée que la capitale, et qui porte le nom de son père depuis la chute du régime de Saddam. Son armée est baptisée du surnom du douzième imam, le Mahdi, ou l’Imam caché, qui doit revenir à la fin des temps pour faire régner la justice. La formation militaire de ces miliciens laisse à désirer, mais leur courage presque inconscient et leur motivation quasi mystique en tient lieu.

LE PARISIEN (QUOTIDIEN POPULAIRE FRANÇAIS)
Vives réactions en France après la révélation que le jeune Islam Alaouchiche (9 ans) a été retiré d’un jeu télévisé de la chaîne pour enfants Gulli en raison de son prénom. Les producteurs estimaient que « s’appeler Islam pour un garçon, c’est comme porter un voile pour une fille » et avaient exigé qu’il change de prénom pendant l’émission, ce que l’enfant avait refusé de faire. La chaîne a présenté des excuses au public tout en assurant que ce regrettable incident était imputable à un sous-traitant. La justice a été saisie.

LE TEMPS (QUOTIDIEN SUISSE)
Le voyage à Téhéran de la cheffe de la diplomatie suisse, Micheline Calmy-Rey, à l’occasion de la signature du contrat entre le Zurichois EGL et la National Iranian Gas Export Company (Nigec) a suscité de vives critiques de la part de l’administration états-unienne et des organisations juives. La conseillère fédérale s’est justifiée dans un entretien paru hier dans Le Temps en invoquant les « intérêts stratégiques de la Suisse ». Or, elle vient d’être démentie par l’Association suisse de l’industrie gazière. Celle-ci fait valoir qu’EGL n’est pas une société industrielle, mais de trading. Le gaz naturel acheté à l’Iran n’est pas destiné aux consommateurs suisses, mais au marché italien. Il y a là certainement une bonne affaire pour EGL, mais aucun intérêt stratégique suisse.

THE GUARDIAN (QUOTIDIEN BRITANNIQUE, MAJORITE)
La secrétaire britannique à l’Intérieur, Jacqui Smith, a annoncé le recrutement de 300 nouveaux policiers qui seront affectés à la prévention du terrorisme. La répression ne suffit pas, a-t-elle déclaré en substance, nous devons nous adresser à nos communautés pour éviter que nos jeunes soient recrutés par des extrémistes ou qu’ils les soutiennent.

THE TIMES (QUOTIDIEN BRITANNIQUE, GROUPE MURDOCH)
Le Premier ministre britannique Gordon Brown a débuté une visite de trois jours aux Etats-Unis, malheureusement recouverte par la fanfare qui entoure le voyage du pape. M. Brown devrait s’entretenir avec Ban Ki-Moon de la situation au Zimbabwe, il devrait inviter les banquiers de Wall Street a afficher leurs pertes pour que l’on puisse purger la crise financière. Il rencontrera également le président Bush et les trois candidats à sa succession.

THE GLOBE AND MAIL (QUOTIDIEN CANADIEN)
Le général Rick Hillier, chef d’état-major des armées canadiennes, n’a pas souhaité la prolongation de son mandat et a présenté sa démission. Il a démenti avoir été contraint au départ. Personnalité charismatique au verbe haut, il a profondément transformé l’armée canadienne, faisant d’une vieille relique de la Guerre froide, une armée moderne. Il s’est souvent publiquement accroché avec les ministres de la Défense successifs. En partant, il s’est déclaré à la fois heureux des succès enregistrés en Afghanistan, mais insatisfait par l’ampleur soutenue des violences et le nombre de morts parmi les Afghans.

THE TIMES OF INDIA (QUOTIDIEN INDIEN)
Selon un rapport de Refugees International, une ONG basée à Washington, la milice de Moktada el-Sadr en Irak est aussi la première organisation humanitaire. Agissant sur le modèle du Hezbollah libanais, elle distribue de l’aide alimentaire et fournit des logements.

ASIA TIMES ONLINE (QUOTIDIEN ELECTRONIQUE THAÏLANDAIS)
 Michael T. Klare
Nous assistons à la naissance d’un nouvel ordre mondial. Une compétition féroce entre États développés pour accéder au pétrole, au gaz, au charbon et à l’uranium. Et le renversement du pouvoir des États déficitaires en énergie (Japon, Chine, Etats-Unis) vers les États excédentaires (Russie, Arabie saoudite, Venezuela).

THE NEW YORK TIMES (QUOTIDIEN ÉTATS-UNIEN)
Une unité de l’armée irakienne, dont de nombreux soldats avaient été blessés au cours d’échanges de tirs avec l’Armée du Mahdi, a abandonné son poste, mardi soir à Sadr City, brisant la ligne de front et la pression contre les insurgés. L’épisode illustre la faible motivation des forces nationales face à la détermination de la milice chiite.

THE WALL STREET JOURNAL (QUOTIDIEN ECONOMIQUE ÉTATS-UNIEN)
 Tribune libre de Gordon Brown, Premier ministre britannique
Nous pouvons renforcer la coopération entre les Etats-Unis et le Royaume-Uni dans six domaines : les échanges universitaires, les partenariats d’entreprise, l’aide humanitaire, la recherche contre le cancer, la lutte contre le réchauffement climatique, la promotion de la langue anglaise.

MEHR (AGENCE DE PRESSE IRANIENNE)
« Les manœuvres israéliennes ne nous concernent pas, mais si Israël mène une quelconque action contre la République islamique d’Iran, nous l’éliminerons de la scène du monde », a déclaré l’adjoint du commandant général de l’armée, le général Mohammad Reza Ashtiani, lors d’une conférence de presse à la veille de la Journée nationale de l’armée le 17 avril. « L’armée va en organiser jeudi un défilé militaire avec la participation de quelque 200 avions et hélicoptères de combat qui survoleront Téhéran », a ajouté le général.

• Le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, a déclaré hier lors d’une tournée dans une base aérienne, qu’Israël développe une « armée forte » qui, contrairement à la seconde guerre du Liban, apportera des résultats décisifs et clairs lors d’une guerre, si elle nous est imposée ». « Rétablir les capacités de dissuasion de l’armée et ses capacités de commandement sont des objectifs essentiels », a-t-il ajouté. Le rapport définitif de la commission Winograd sur la guerre de juillet 2006 contre le Liban avait conclu que cette guerre avait été « un grand et grave ratage » pour Israël, et relevé des « manquements graves au plus haut niveau de l’échelon politique et militaire ».

• Les services israéliens de la sécurité intérieure, Shin Beth, ont lancé des versions en anglais et en arabe de leur site Internet, dans le cadre d’une nouvelle politique d’« ouverture ». Le Shin Beth, une des agences les plus secrètes d’Israël, a pour tâche principale de déjouer les tentatives d’attentats en Israël en provenance notamment des territoires palestiniens où ses hommes sont très présents. Ces sites Internet visent à fournir au grand public des informations sur l’histoire de l’agence, ainsi que d’autres plus limitées sur les activités terroristes hostiles à Israël. Ces deux sites en anglais et en arabe ont été lancés cinq mois après la version en hébreu, qui enregistre en moyenne 5000 visiteurs par jour et vise en outre à attirer de nouvelles recrues potentielles.

• L’ancien président américain Jimmy Carter, dont la venue au Proche-Orient a été ignorée par le gouvernement israélien, a annoncé hier qu’il n’avait pas obtenu l’autorisation de se rendre dans la bande de Gaza. Jimmy Carter n’a pas formellement imputé aux autorités israéliennes le rejet de sa demande, mais tous les points de passage entre Israël et le territoire palestinien contrôlé par le Hamas relèvent de l’État hébreu.

• Une délégation syrienne s’est rendue mardi dans une usine d’armements russe afin d’examiner des lance-missiles antiaériens que Moscou a accepté de vendre à Damas, a indiqué le constructeur, KBP Instrument Design Bureau. Cette visite devrait déboucher sur la livraison prochaine à la Syrie de batteries « Pantsyr S-1 » de douze missiles chacune. La Syrie en aurait commandée 36. Parallèlement, la Russie a, selon le quotidien économique russe Vedomosti, préparé des contrats de vente d’armes destinés à Tripoli pour près de 3 milliards de dollars. Ces contrats pourraient être signés lors de la visite du président russe Vladimir Poutine en Libye aujourd’hui.

• Le président russe sortant Vladimir Poutine a été élu mardi chef du parti Russie unie, majoritaire au Parlement, un poste-clé qui doit lui permettre de rester aux commandes après son départ du Kremlin. « J’accepte avec gratitude la proposition des membres du parti et de leur direction (...) Je suis prêt à prendre cette responsabilité supplémentaire et à diriger Russie unie », a-t-il déclaré au cours du IXe congrès du parti. Les quelque 600 délégués ont ensuite voté à l’unanimité en faveur de sa nomination pour quatre ans au poste de chef du parti, qui entrera en vigueur le 7 mai, jour de l’investiture du président élu Dmitri Medvedev. M. Poutine a aussi confirmé qu’il deviendrait Premier ministre après son départ du Kremlin. Russie unie revendique deux millions de membres à travers tout le pays.

• L’ancien secrétaire américain à la Défense Donald Rumsfeld, l’un des artisans du déclenchement de la guerre contre l’Irak en 2003, va publier ses Mémoires et fera don des droits d’auteur à des organisations caritatives, a déclaré lundi l’éditeur, Penguin. Nommé à la tête du Pentagone au début du premier mandat du président George Bush en janvier 2001, M. Rumsfeld avait démissionné en novembre 2006. Il avait quitté ses fonctions sur fond de mécontentement croissant en Amérique concernant la guerre en Irak. Aujourd’hui âgé de 75 ans, M. Rumsfeld a aussi été secrétaire à la Défense de 1975 à 1977, sous le président Gerald Ford.

Audiovisuel international

CHAINE SATELLITAIRE SYRIENNE
• Le congrès du Renouveau de la pensée nationaliste arabe a inauguré ses travaux à Damas avec la participation d’un grand nombre de penseurs et d’intellectuels arabes.
• Les violences en Irak ont fait, mardi, 75 morts et plus de 150 blessés.

Tendances et événements au Liban

Berry poursuit ses démarches en dépit des obstacles US

L’impression qui se dégage des informations, des analyses et des prises de positions politiques, laissent croire que la crise actuelle est longue et que la décision d’encourager un règlement prochain n’a pas été prise. Ce sentiment est renforcé par les déclarations de la secrétaire d’État US, Condoleezza Rice, qui a minimisé, devant des membres du Conseil de sécurité des Nations unies, la gravité du vide institutionnel au Liban, n’excluant pas la prorogation du mandat du Parlement actuel. De même qu’aucun indice ne montre que les relations interarabes vont connaître une éclaircie, surtout que l’Égypte et l’Arabie saoudite ont repris leurs pressions sur la Syrie afin qu’elle intervienne à son tour auprès de l’opposition libanaise pour qu’elle abandonne ses revendications légitimes.
Les dernières 24 heures ont apporté les développements suivants :
 1. Le président du Parlement, Nabih Berry, est rentré de Doha où il a exposé aux responsables qataris les détails de la crise libanaise et de sa proposition à reprendre le dialogue national. Mais aucun élément ne montre que les loyalistes libanais vont répondre positivement à son appel dans un proche avenir. M. Berry va poursuivre sa tournée régionale en attendant que les autorités saoudiennes lui fixent un rendez-vous pour rencontrer le roi Abdallah Ben Abdel Aziz. Mais en dépit des obstacles dressés par les Américains et du peu d’enthousiasme exprimé par les Égyptiens, les Saoudiens et leurs satellites libanais, M. Berry est déterminé à poursuivre ses démarches.
 2. Les tentatives de la France de faire adopter, au Conseil de sécurité, un communiqué sur l’application de la 1701 reprenant les points de vue israéliens et soutenant le gouvernement de facto de Fouad Siniora, se sont heurtées à la position ferme de la Chine et d’autres pays. Le texte initial a été profondément remanié après des débats houleux entre les ambassadeurs de France et des États-Unis d’un côté, ceux de Chine, de Libye et d’Afrique du Sud de l’autre (Voir ci-dessous). Les médias saoudiens et libanais proches du 14-mars pro-US ont rapporté ces faits avec amertume. Et pour masquer cet échec, ces journaux ont ressorti le rapport du secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-Moon sur la 1701, car celui-ci reprend in extenso les arguments israéliens.
 3. Le président syrien, Bachar al-Assad, a affirmé lors d’une rencontre avec l’ancien Premier ministre Salim Hoss, que la Syrie était disposée à apporter toute l’aide nécessaire réclamée par le Liban et les Libanais pour régler leur crise.
 4. L’affaire des fosses communes soulevées par le chef du Courant patriotique libre (CPL), Michel Aoun, a provoqué des remous dans les milieux politiques, judiciaires et sécuritaires. Des forces de sécurité ont été dépêchées à Halat, près de la ville de Byblos, pour commencer les travaux d’excavation. Selon la police, les opérations de forage n’ont rien dévoilé. L’opération menée par les FSI a suscité les critiques du CPL et de l’association SOLIDE. Les députés de la région, Chamel Mouzaya et Abbas Hachem, ont dénoncé les méthodes employées, le manque de rigueur de l’opération et l’absence d’experts et d’ONG internationales pour surveiller les méthodes mises en œuvre.

Déclarations

NABIH BERRY, PRESIDENT DU PARLEMENT (OPPOSITION)
« L’initiative arabe a pratiquement atteint une impasse. Seule la reprise du dialogue interne pourrait permettre de sortir de cette impasse. L’initiative arabe reste la seule voie de salut, mais que les rajouts à cette initiative, notamment l’exigence de l’application des résolutions internationales et l’évocation des relations libano-syriennes visent en réalité à entraver l’application de cette initiative. Ces rajouts cherchent à présenter le problème interne libanais comme un conflit entre le Liban et la Syrie, et veulent faire des armes de la Résistance un sujet de division au lieu de reconnaître que la Résistance et ses armes sont le résultat de l’agressivité israélienne. La solution au Liban ne peut être complète que si l’élection du président consensuel est suivie de la formation d’un gouvernement d’union nationale qui sera chargé d’appliquer les résolutions adoptées au cours des séances de dialogue national et la reprise du fonctionnement des institutions publiques, ainsi que l’élaboration d’une loi électorale qui ne marginalise pas la démocratie, ni aucune partie. A travers sa tournée de la mariée dans le monde arabe, Fouad Siniora cherche à torpiller les efforts en vue de relancer le dialogue interne (…) Les dernières manœuvres israéliennes représentent une menace réelle contre le Liban et la région. »

NAÏM KASSEM, SECRETAIRE GENERAL ADJOINT DU HEZBOLLAH
« Tout changement est difficile et compliqué. Il faut attendre les développements en Irak, en Palestine et dans toute la région. Les Etats-Unis ne sont vraiment pas pressés de voir une solution garantissant un réel partenariat au Liban. Washington préfère à ce partenariat que demeure en poste le gouvernement Siniora, fût-ce au-delà des élections législatives. Quant au 14-mars, il n’est pas libre de ses décisions et ne peut rien faire contre la position états-unienne : voilà pourquoi tous ceux qui pensent que le problème se situe au niveau libano-syrien se leurrent. Le problème est uniquement libano-américain. Les États-uniens ne pensent qu’en fonction des intérêts d’Israël et ne veulent aucunement que le Liban réussisse à réaliser quelque chose qui éloignera à tout jamais le spectre de l’implantation. »

NAWAF MOUSSAOUI, RESPONSABLE DES RELATIONS INTERNATIONALES AU HEZBOLLAH
Après un entretien avec le chargé d’affaire français, André Parant
« La clé de la solution à la crise libanaise passe par une solution complète qui prendrait en considération la participation de toutes les forces politiques, tant au sein du gouvernement que dans l’administration. Le fait d’axer les discussions sur un seul point ne mènera qu’à l’approfondissement des dissensions internes. Le dialogue était et reste nécessaire, mais il faut garantir que l’autre partie détient réellement une volonté indépendante pour que l’accord trouvé soit national. Le gouvernement actuel est illégitime car il est en train de contrevenir à toutes les clauses de l’accord de Taëf. »

COMMUNIQUE DU CONSEIL DE SECURITE SUR LA RESOLUTION 1701
« Le Conseil de sécurité prend note des progrès enregistrés ainsi que des inquiétudes exprimées par le secrétaire général concernant la mise en œuvre de la 1701 et met l’accent sur la nécessité qu’il y ait davantage de progrès sur les points indispensables à un cessez-le-feu permanent et à une solution à long terme.
Le Conseil de sécurité appelle à la mise en œuvre totale de la résolution 1701 (2006) et presse toutes les parties concernées de coopérer pleinement avec le Conseil de sécurité et le secrétaire général pour atteindre ce but. Le Conseil de sécurité réitère son appui total à la Finul et appelle toutes les parties à se conformer à leur engagement de respecter la sécurité du personnel de l’ONU. Il salue la consolidation de la coopération entre la Finul et les forces armées libanaises.
Il met l’accent sur l’importance et le besoin de parvenir à une paix globale, juste et durable au Moyen-Orient, fondée sur les résolutions 242 (1967) et 338 (1973).

Affaire As-Siddik

QUESTION DU DEPUTE (PS) GERARD BAPT A LA MINISTRE DE LA JUSTICE, RACHIDA DATI
« Mon attention vient d’être attirée sur les conditions dans lesquelles le syrien Mohammed Zouheïr as-Siddiq a disparu depuis 1 mois. Témoin principal interrogé par la Commission Internationale, chargée d’enquêter sur l’assassinat, en février 2005, de l’ex-premier Ministre libanais, Rafic Hariri, les accusations portées par cet ancien membre des services de renseignements syriens avaient conduit à l’arrestation de 4 généraux libanais toujours détenus. Arrêté à son arrivée en France, en vertu d’un mandat d’arrêt international, il avait été remis en liberté sur le territoire français malgré une demande d’extradition provenant de la justice libanaise, à propos de laquelle je souhaite avoir confirmation qu’elle vous est bien parvenue.
Je vous demande, Madame la Ministre, de me faire connaitre la situation de Monsieur as-Siddiq au moment de sa disparition ainsi que de rendre publiques les informations dont vous disposez sur cette disparition, quelle est la situation juridique de ce citoyen syrien, et si une enquête a été lancée concernant le sort d’un témoin important du dossier de l’enquête internationale en cours sur l’assassinat de Rafic Hariri et de plusieurs autres personnalités libanaises. »

COMMUNIQUE DU GENERAL JAMIL ES-SAYYED, EMPRISONNE DANS LE CADRE DE L’ENQUETE HARIRI)
« Il serait plus honorable pour le gouvernement de dévoiler à l’opinion publique libanaise les indices, autres que le témoignage de Mohammad Zouheir as-Siddiq, en sa possession contre les quatre généraux, plutôt que d’envoyer un mémorandum de 40 pages sur ses manœuvres judiciaires formelles pour se justifier de les maintenir injustement en détention, pour des raisons politiques, en violant les lois internationales. Je demande à Walid Joumblatt, véritable gouverneur du Liban, d’utiliser son pouvoir pour ouvrir les dossiers de l’époque de la tutelle syrienne, au lieu de se contenter d’utiliser politiquement cette menace. M. Joumblatt ne devrait avoir aucune crainte en ouvrant ces dossiers puisqu’il n’existe aucune loi d’amnistie dont pourraient bénéficier les généraux, dans le genre de celle de 1991 dont a il profité avec ses compagnons. »

Tendances est un bulletin quotidien de veille politique sur le Proche-Orient, réalisé par l’agence New Orient News à Beyrouth. Retrouvez-le sur Voltairenet.org, en versions allemande, arabe, anglaise, espagnole et française. Consultez également Indicators, le bulletin quotidien de veille économique sur le Proche-Orient, disponible en versions anglaise, espagnole et arabe.