Tendances et événements au Proche-Orient

La Résistance surprend les Israéliens, Gaza meurtri

L’holocauste commis par les Israéliens dans la Bande de Gaza est au centre de l’actualité. Un certain nombre de développements liés à la campagne sanglante menée par le ministre de la Défense, Ehud Barak, contre ce territoire, est apparu ces dernières 24 heures :
 1. Les massacres israéliens ont repris de plus belle, fauchant un grand nombre de femmes et d’enfants, ainsi que des journalistes en mission, en plus des combattants (Voir ci-dessous).
 2. Les opérations de la Résistance en riposte aux tueries israéliennes deviennent de plus en plus coordonnées et efficaces. Les pertes élevées enregistrées dans les rangs de l’armée d’occupation confirment les informations révélées par Tendances ces derniers mois sur l’entrée en action d’une nouvelle génération de combattants bien entraînés, extrêmement motivés et agissant selon des plans militaires préétablis.
 3. Les dirigeants de la Résistance ont réaffirmé leur détermination à briser le blocus inhumain imposé à Gaza. Au lieu d’œuvrer à l’allègement de l’embargo, les autorités égyptiennes ont ordonné le déploiement de blindés à proximité du point de passage de Rafah et de la clôture séparant le territoire palestinien encerclé de l’Égypte. Le Caire craint une réédition du scénario de février, lorsque des dizaines de milliers d’habitants de Gaza ont pris d’assaut la barrière et sont allés se ravitailler dans les villes égyptiennes voisines. Le Hamas a d’autre part ordonné à tous ses combattants de frapper les Israéliens « partout ».
 4. Le chef de l’État syrien, Bachar al-Assad, a déclaré, en sa qualité de président du sommet arabe, que son pays comptait lancer prochainement une initiative destinée à lever le blocus imposé à Gaza. Il a appelé les États arabes à se joindre à la Syrie, assurant que Damas ne tarirait pas d’efforts pour soutenir la résistance du peuple palestinien et faire cesser les massacres israéliens. Il a ajouté que son pays se préparait à la guerre bien que les données actuelles montrent qu’une confrontation armée à l’échelle régionale est peu probable, en raison de l’équilibre des forces entre les Arabes et Israël à l’issue de la victoire de juillet-août 2006 au Liban.
 5. De nombreux observateurs estiment que les massacres israéliens à Gaza vont provoquer la colère de la rue arabe, notamment en Jordanie et en Égypte.

Presse et agences internationales

• Vingt Palestiniens, dont un journaliste, et trois soldats israéliens ont été tués mercredi dans les affrontements les plus violents qu’ait connus la bande de Gaza depuis début mars. L’attaque la plus meurtrière, un raid aérien mené dans le centre du territoire, a fait au moins neuf morts palestiniens, dont deux enfants, et 17 blessés. Le Dr Maawiya Hassanine, chef des services d’urgence de la bande de Gaza, a indiqué que toutes les victimes de cette attaque étaient des civils. Les corps de plusieurs personnes ont été retrouvés déchiquetés. Dans une autre attaque aérienne, un journaliste palestinien de l’agence de presse britannique Reuters, Fadel Chanaa, 25 ans, a été tué. Un missile s’est abattu sur son véhicule, portant les lettres « TV », qui circulait dans le secteur de Boureij. Deux autres Palestiniens ont été tués dans la frappe.
Dans la matinée, trois soldats israéliens et quatre combattants palestiniens avaient été tués lors d’affrontements à Gaza-ville. La branche armée du Hamas a affirmé au cours d’une conférence de presse avoir tué les trois soldats israéliens lors d’une « embuscade sophistiquée ». « Au cours de cette embuscade, deux groupes de huit combattants ont pris les forces (israéliennes) entre deux feux avant de se retirer sains et saufs », a affirmé à Gaza le porte-parole des Brigades, Abou Obeïda. Lors des affrontements, les combattants palestiniens ont fait usage de missiles antichars et d’obus de mortier alors qu’un appareil israélien a procédé à une frappe aérienne. Un cinquième combattant a été tué et trois ont été blessés dans un raid aérien dans le nord de la bande de Gaza.

TECHRINE (QUOTIDIEN SYRIEN)
 Ezzeddine Darwiche
Le 17 avril n’est pas un jour ordinaire dans l’histoire contemporaine de la Syrie. IL ne le sera jamais, car c’est un 17 avril que le dernier soldat colonisateur français a quitté le territoire de la Syrie, qui a obtenu son indépendance il y a 62 ans. La commémoration du départ des dernières troupes françaises n’est pas uniquement une fête nationale. C’est le point de départ de la Syrie indépendante et efficace dans son environnement arabe et sur la scène internationale. Une Syrie qui s’est posée en défenseur des causes arabes et qui s’est dédiée à hausser dans le monde l’image de la nation arabe.

OKAZ (QUOTIDIEN SAOUDIEN)
 Entretien avec Fouad Siniora, Premier ministre de facto au Liban
« L’Arabie saoudite est profondément attachée à la revitalisation des institutions étatiques libanaises et à l’élection d’un chef de l’État. Je salue le courage du roi Abdallah ben Abdel-Aziz et du président égyptien Hosni Moubarak. L’élection présidentielle est actuellement entravée par l’ingérence étrangère dans nos affaires internes qui empêche l’application de l’initiative de la Ligue. Il est nécessaire d’établir des relations fraternelles entre le Liban et la Syrie, et des relations saines avec l’Iran, fondées sur le respect mutuel et sur base de l’arrêt des immixtions iraniennes dans les affaires arabes. Les différends interarabes doivent être réglés sans délai, à l’abri des ingérences non arabes qui ne font que compliquer les choses. Nous tenons à des relations excellentes entre le monde arabe et l’Iran, sans que nulle partie ne s’ingère dans les affaires libanaises ou arabes. »

ANADOLU AJANSI (AGENCE DE PRESSE TURQUE)
Le leader de l’opposition turque, Evlet Bahcelli (Action nationaliste), a accusé le gouvernement Erdögan de se servir des exigences de l’Union européenne et des États-Unis pour poursuivre sa carrière au détriment de la souveraineté turque. Le Procureur général près la Cour de cassation a ouvert une information judiciaire contre le parti au pouvoir (AKP) pour « activités anti-laïques ». La Cour constitutionnelle a jugé cette accusation recevable. Mais l’UE et les USA ont appelé au « respect du choix des électeurs ». Fort de ce soutien, le gouvernement tente de modifier en urgence la Constitution pour mettre fin aux poursuites.

RADIKAL (QUOTIDIEN TURC, GAUCHE LIBERALE)
Le quotidien titre : « Le PKK reconnaît recevoir l’aide des USA ». Développant une enquête du Los Angeles Times basée sur des témoignages de membres du PKK (y compris d’Osman Öcalan, frère d’Abdhullah Öcalan, leader emprisonné de l’organisation), Radikal confirme que les États-Unis soutiennent indirectement le PKK (parti kurde considéré comme « terroriste » par le Département d’État) en apportant une aide logistique à sa branche anti-iranienne, le Pejak. Des officiers US ont visité des camps du PKK en 2003, après l’invasion de l’Irak. Ils apportent de l’aide par camion tous les deux ou trois mois.

RIA-NOVOSTI (AGENCE DE RPESSE RUSSE
• Lors d’une conférence de presse, l’ambassadeur de Syrie à Moscou, Hassan Richeh, a appuyé le projet russe de convocation d’une conférence de paix globale sur le Proche-Orient. « La Russie recherche toujours la vérité et la justice dans la mise en application des décisions adoptées par la communauté internationale. La Syrie veut la même chose », a-t-il déclaré. Puis, il s’est réjouit de l’augmentation des relations commerciales entre les deux pays, notamment dans le domaine des hydrocarbures, où elles ont dépassé le milliard de dollars annuel. Enfin, il a annoncé l’ouverture d’ambitieuses négociations sur le nucléaire civil et les nano-technologies.
• Le président Vladimir Poutine est arrivé en Libye pour une visite de travail de deux jours. Aucun président russe ne s’est déplacé en Libye depuis l’instauration de rapports bilatéraux et la dernière visite du président Khadafi à Moscou date de 1985. Le montant de la dette libyenne à l’ex-URSS a été fixé à 4,6 milliards de dollars, vient de révéler le ministre des Finances, Alexei Koudrine, qui accompagne M. Poutine. Le directeur de Gazprom, Alexei Miller, a indiqué que la Russie était intéressée pour dédoubler le gazoduc sous-marin reliant la Libye à la Sicile. Les deux chefs d’État évoqueront aussi la possibilité de construction de petits réacteurs nucléaires civils. Ils discuteront également des projets d’acquisition d’armes pour 3 milliards de dollars.

LIBERATION (QUOTIDIEN FRANÇAIS, GROUPE ROTHSCHILD)
Le journaliste irakien Bilal Hussein, photographe à l’agence britannique Reuters, a été libéré. Il était détenu par les forces US depuis deux ans, accusé d’avoir fourni une aide aux insurgés. Bien qu’il n’ait été ni condamné, ni même jugé, il a bénéficié de la loi d’amnistie.

LE MONDE (QUOTIDIEN FRANÇAIS, GROUPE LAGARDERE)
À quelques jours du second tour des élections législatives iraniennes, prévu le 25 avril, trois leaders étudiants (Ehsan Mansouri, Majid Tavakoli et Ahmad Ghassaban) ont été condamnés à des peines allant de 22 à 30 mois de prison ferme. La nouvelle a été confirmée, mardi 15 avril, à Téhéran par le ministère de la justice. Ils avaient été accusés par le procureur général de Téhéran, Saïd Mortazavi, d’insultes à l’islam pour des articles parus dans un journal réformateur. Leur première condamnation dans la même affaire avait suscité d’importantes manifestations de protestation à l’université de Téhéran.

LA LIBRE BELGIQUE (QUOTIDIEN BELGE)
Deux mois après l’indépendance autoproclamée du Kosovo, le bilan est bien maigre. Seuls 36 États l’ont reconnu, ce qui est très insuffisant pour postuler à des organisations internationales, y compris l’Onu. La solidarité avec les États musulmans n’a pas joué, seuls quatre ont reconnu cet État fabriqué par les USA. Le Kosovo ne dispose d’aucun des attributs de la souveraineté : sa monnaie, c’est l’euro ; sa sécurité est assurée par l’OTAN ; quand aux autorités élues, elles sont contrôlées par les missions étrangères. Le seul changement notable, c’est le déploiement de l’EULex, la mission civile de l’Union européenne. En ce qui les concerne, les 120000 Serbes du Kosovo ont cessé de participer aux institutions et tentent de se rapprocher de Belgrade. Ils participeront aux élections législatives serbes du 11 mai.

THE GUARDIAN (QUOTIDIEN BRITQNNIAUE, MAJORITE)
La secrétaire à l’Intérieur, Jacqui Smith, a décidé de faire appel à des imams modérés de Pakistan et du Bengladesh pour encadrer les musulmans britanniques. Il s’git d’une inflexion notable de la politique religieuse. En effet, le gouvernement privilégiait jusqu’ici la formation d’imams britanniques, plus proches culturellement des jeunes britanniques. Cette décision fait partie d’un vaste plan de prévention de l’extrémisme, doté d’un budget de 90 millions de livres et incluant le recrutement de 300 policiers spécialement formés. Le ministère de l’Intérieur surveille actuellement environ 200 groupes suspects totalisant plus de 2 000 membres.

DAWN (QUOTIDIEN PAKISTANAIS)
À Washington, la Commission des Forces armées de la Chambre des représentants a tenu des auditions sur la collaboration entre les agences US dans la lutte contre le terrorisme. Robert Gates, Condoleezza Rice et l’amiral Michael Mullen ont été entendus le 15 avril. Ils ont tous trois souligné que le Pakistan était, après l’Irak et l’Afghanistan, la priorité principale. Un programme global anti-terroriste de formation et d’équipement a été élaboré conjointement par les diverses agences. Il devrait être doté de 750 millions de dollars par an. Dans ce cadre, le Pakistan devrait recevoir des hélicoptères et des appareils de vision nocturne pour ses forces spéciales.

THE CHRISTIAN SCIENCE MONITOR (QUOTIDIEN ÉTATS-UNIEN)
Lors des auditions du 15 avril à la Chambre des représentants, Robert Gates et Condoleezza Rice ont souhaité transformer le « Global Train and Equip Program » (Programme global de formation et d’équipement) en une institution permanente. L’action prioritaire sera de mettre les Gardes frontières pakistanais à niveau pour combattre Al-Qaeda dans les zones tribales. A terme, il s’agit de mobiliser ainsi les forces des pays amis dans la guerre au terrorisme.
[Il s’agit en réalité d’une modification complète du programme qui avait été créé en deux étapes, d’abord au sommet du G8 de Sea Island en 2004, puis étendu en mars 2007. Il n’est plus question d’encadrer des forces de maintien de la paix pour l’ONU et d’autres organisations internationales, mais de transférer le fardeau de « la guerre au terrorisme » sur les pays alliés du tiers-monde pour soulager des forces US épuisées. Ndlr.]

THE WASHINGTON POST (QUOTIDIEN ÉTATS-UNIEN, GROUP MOON)
Robert Gates, le secrétaire à la Défense, a surpris —lors des auditions du 15 avril— en plaidant pour le secrétariat d’État. Il avait déjà tenu des propos similaires lors de son discours de novembre à l’université du Kansas, faisant remarque que le budget du département d’État est égal à ce que le Pentagone dépense en matière de santé. M. Gates estime qu’il faut rééquilibrer le « soft » et le « hard power ». Selon lui, les Etats-Unis ont besoin d’une diplomatie plus forte pour ne pas engager inconsidérément leurs troupes.

THE LOS ANGELES TIMES (QUOTIDIEN ÉTATS-UNIEN)
Le commandant en chef de la police (général Abdul Jalil Khalaf) et celui de l’armée irakienne (général Mohan Freiji) à Bassora ont été mutés à d’autres fonctions. Bien que ceci ne soit pas présenté comme une sanction, il est difficile de ne pas voir un lien avec le désastre de la dernière offensive qui s’est soldée par des centaines de blessés et de morts, et par des désertions massives. 1 300 policiers et soldats ont été révoqués pour avoir refusé le combat ou avoir déserté.

CHICAGO TRIBUNE (QUOTIDIEN ÉTATS-UNIEN)
Un groupe d’opposition afghan, le Front national, a ouvert des négociations avec les Talibans. Des délégations à haut niveau de ce parti et des insurgés se rencontreront prochainement pour trouver une solution politique au conflit, en contradiction avec l’option états-unienne qui privilégie la solution militaire. Le Front national comprend l’ancien président Burhanuddin Rabbani (aujourd’hui député) et Mohammad Qasim Fahim (le conseiller de sécurité du président Karzaï).

• Une délégation du Hamas a traversé mercredi le point de passage de Rafah, en provenance de la bande de Gaza, pour rencontrer en Égypte l’ancien président Jimmy Carter, en tournée dans la région. De son côté, Jimmy Carter est arrivé accompagné de son épouse à bord d’un avion privé en provenance de Tel-Aviv. Il doit également rencontrer des responsables égyptiens. M. Carter a affirmé mardi qu’Israël lui avait refusé une autorisation pour se rendre dans la bande de Gaza, sous le contrôle du Hamas. La délégation, dont font partie deux hauts dirigeants du Hamas, Mahmoud Zahar et Saïd Siam, et quatre autres responsables, devait se rendre en voiture au Caire pour rencontrer M. Carter. « Le président Carter peut briser toutes les restrictions israéliennes qu’ils veulent mettre entre lui et le Hamas. Nous et nos frères à Damas sommes déterminés à le rencontrer », a déclaré M. Zahar à des journalistes au terminal de Rafah. M. Carter « a affirmé la légitimité du Hamas et qu’il s’agit d’un mouvement de libération nationale, bien qu’il n’ait pas dit cela officiellement », a ajouté M. Zahar. Jimmy Carter, prix Nobel de la paix en 2002, doit rencontrer à Damas le chef du Hamas, Khaled Mechaal, malgré les vives critiques d’Israël et de responsables américains.

• Tout retrait israélien de Cisjordanie reviendrait à permettre au Hamas et à l’Iran de s’y installer, a estimé hier le chef du parti d’opposition Likoud (droite), Benjamin Netanyahu. « Aujourd’hui, lorsqu’on promet qu’il y aura d’autres retraits israéliens de Cisjordanie, cela signifie que l’armée israélienne devra se retirer de la région et permettre ainsi au Hamas et à l’Iran d’y prendre pied », a déclaré M. Netanyahu lors d’une conférence de presse à Jérusalem. Pour l’ex-Premier ministre qui dirige actuellement l’opposition, les retraits unilatéraux d’Israël réalisés au Liban-Sud en 2000 et dans la bande de Gaza, ainsi que dans quatre colonies du nord de la Cisjordanie en 2005 ont abouti « à une énorme poussée de l’influence de l’Iran et de ses protégés, le Hezbollah et le Hamas » islamiste palestinien. « Nous devons continuer d’assumer la sécurité (en Cisjordanie), car, concrètement, si nous quittons ce territoire, ce n’est pas Abbas qui nous protégera. En restant, nous nous protégeons et, incidemment, nous le (Abbas) protégeons », a-t-il ajouté.

• Quatre mille étudiants islamistes ont manifesté mercredi matin dans deux universités du Caire pour protester contre le jugement de civils par des tribunaux militaires, après que 25 leaders des Frères musulmans eurent été condamnés à la prison mardi par une cour militaire. Quelque 2000 étudiants affiliés aux Frères musulmans, la plus importante force d’opposition, ont manifesté à l’Université du Caire et le même nombre à l’Université d’al-Azhar. Des affrontements entre étudiants et policiers armés de bâtons ont alors éclaté et cinq étudiants ont été légèrement blessés.

• L’Iran sera sans doute le principal défi pour les États-Unis au cours des cinq prochaines années, a affirmé mardi le chef d’état-major interarmées US, l’amiral Michael Mullen, ajoutant qu’un dialogue devait s’ouvrir avec Téhéran. L’Iran « est au cœur d’un grand nombre de mécontentements, et de perturbations et d’instabilité dans cette partie du monde », a déclaré l’amiral Mullen. M. Mullen a ajouté que toutes les options devaient rester sur la table et a dit espérer que « dans l’avenir, nous puissions trouver un moyen de discuter avec (les Iraniens) pour trouver un moyen d’avancer. Nous l’avons fait par le passé avec nos ennemis. Nous devrions pouvoir le faire également », a-t-il déclaré. Le président George W. Bush refuse le dialogue, et n’envisage toute autre discussion que dans un forum multilatéral et à condition que l’Iran suspende ses activités nucléaires les plus sensibles.

• Vingt-trois des 37 partis politiques enregistrés en Jordanie ont été dissous car ils n’étaient pas en conformité avec une loi controversée régissant les formations politiques, a annoncé hier le ministère de l’Intérieur. Douze formations déjà existantes, dont l’influent Front d’action islamique (FAI), et deux groupes nouvellement créés ont reçu l’agrément du ministère, basé sur une loi sur les partis politiques votée en 2007 et qui avait durci les modalités de leur création. La loi a augmenté le nombre requis de membres fondateurs de 50 à au moins 500, et ceux-ci doivent être issus de cinq régions différentes du pays. Elle place également les formations politiques sous la juridiction directe du ministère de l’Intérieur. Les partis d’opposition, dont le FAI, bras politique de la confrérie des Frères musulmans en Jordanie, qui dispose de six députés sur 110 au Parlement, ont qualifié cette la loi de « massacre de la vie politique ».

Audiovisuel international

CHAINE SATELLITAIRE SYRIENNE
Le président Bachar al-Assad a reçu des messages de félicitations de rois, émirs et chefs d’État arabes et étrangers, à l’occasion de la fête du départ des troupes françaises.

tendances et événements au Liban

Virulente campagne des loyalistes contre Berry et Aoun

La multiplication des indices montrant que la crise libanaise est appelée à durer et que la table du dialogue a peu de chance de se réunir prochainement, n’a pas mis un terme aux virulentes polémiques et aux déclarations ayant pour centre la situation au Liban :
 1. Le président Bachar al-Assad a réitéré son appui au plan de règlement arabe et s’est dit prêt à apporter toute l’aide nécessaire pour faciliter son exécution. Mais il a souligné, devant les participants au Congrès du renouveau de la pensée nationaliste arabe, qui se tient à Damas, que la mise en œuvre de cette initiative nécessite aussi des efforts de la part de l’Égypte et de l’Arabie saoudite, qui ont une plus grande influence sur leurs alliés libanais que celle que peut exercer la Syrie sur ses amis.
 2. Les loyalistes ont repris de plus belles leurs attaques contre deux des principaux chefs de l’opposition nationale, le président du Parlement Nabih Berry et le chef du Courant patriotique libre (CPL) Michel Aoun. Ce sont surtout les députés et responsables du Courant du futur (de Saad Hariri) et des Forces libanaises (de l’ancien chef de milice Samir Geagea), qui ont tiré à boulets rouges sur les dirigeants de l’opposition. Selon les observateurs, les violentes critiques contre le général Aoun sont surtout suscitées par l’affaire du charnier de Halat (30 kilomètres au Nord de Beyrouth), où les autorités ont fait semblant de creuser pour retrouver des corps mais ont très vite remblayé la petite fosse dans le but de protéger Samir Geagea. Les attaques contre M. Berry visent à torpiller ses démarches visant à réunir autour d’une table du dialogue les différents protagonistes de la crise. Car les propos de la secrétaire d’Etat US, Condoleezza Rice, qui a minimisé la gravité du vide institutionnel au Liban, n’excluant pas la prorogation du mandat du Parlement actuel, montrent que Washington ne souhaite pas une solution à la crise libanaise dans les mois qui viennent.
 3. La campagne politique et populaire pour la libération des quatre généraux arrêtés depuis deux ans et demi dans le cadre de l’enquête Hariri, sans qu’aucune charge ne soit dirigée contre eux, s’amplifie. Après le meeting populaire organisé dimanche dans le village natal du général Jamil es-Sayyed, Nabi Ayla (Békaa), les familles des officiers ont commencé une tournée auprès des leaders politiques et spirituels. Cette campagne est alimentée par les remous provoqués en France par la disparition suspecte du faux témoin Mohammad Zouhair As-Siddik. Une affaire qui est appelée à faire boule de neige après les questions adressées par le député (PS) Gérard Bapt aux ministres de l’Intérieur et de la Justice, Michele Alliot-Marie et Rachida Dati.
 4. Les propos du Silvio Berlusconi, sur les règles d’engagements de la Finul au Liban-Sud, couplée aux vaines tentatives de la France (Ces deux pays sont les principaux contributeurs à la force de l’ Onu) de faire adopter un communiqué pro-israéliens au Conseil de sécurité au sujet de l’application de la résolution 1701, laissent penser que le front du Sud pourrait être réactivé par Israël. Une éventuelle agression israélienne pourrait intervenir après la visite en Israël de George Bush, à la mi-mai. Mais de nombreux analystes continuent d’assurer qu’Israël est incapable, dans les circonstances actuelles, de lancer une nouvelle guerre contre le Liban.
 5. Le chargé d’affaires de France, André Parant, a annoncé la tenue d’une réunion arabo-internationale sur le Liban, le 22 avril au Koweït, en marge des travaux de la conférence des pays voisins de l’Irak. Les participants devraient « échanger leurs points de vue » sur la situation au Liban et écouter l’exposé du secrétaire général de la Ligue, Amr Moussa, qui devrait présenter les résultats provisoires de sa médiation en vue de l’application de l’initiative arabe. Selon les analystes, cette réunion pourrait paver la voie à l’internationalisation de la crise libanaise.

Déclarations

SAMIR GEAGEA, CHEF CHRETIEN DU 14-MARS
« Personne ne peut nous accuser d’avoir quelque chose à faire, de près ou de loin, avec cette fosse [allusion à la fosse de Halat. Ndlr.] ; tout le monde sait, au cours des quinze dernières années, les exactions menées par les alliés du courant aouniste, c’est-à-dire les Syriens, contre les Forces Libanaises. Si nous étions responsables de quelque fosse commune que ce soit, croyez-moi, les Syriens en auraient fait leurs gorges chaudes. Quiconque perd et tombe en ruine n’a plus à sa disposition que le mensonge. Tout ce ramdam autour de la fosse commune de Halat a été initié à la suite des élections perdues par l’opposition à l’Ordre des ingénieurs. Je conseille au Courant Patriotique Libre, pour des raisons humanitaires, de ne pas rechercher les morts, mais plutôt les vivants, emprisonnés actuellement par vos alliés : il existe des milliers de vivants dans les geôles syriennes, sans compter les centaines de milliers d’autres dans les prisons israéliennes, et dont le retour est semé d’obstacles à cause des agissements de vos partenaires. »

WIAM WAHHAB, CHEF DRUZE DE L’OPPOSITION
« Le président de la Chambre a constaté que tous les responsables arabes qu’il a rencontrés soutiennent son appel au dialogue. Il me semble toutefois que les pays arabes qui n’ont toujours pas fixé de rendez-vous au président Berry [allusion à l’Arabie saoudite. Ndlr.] exécutent les ordres américains qui veulent entraver le dialogue. L’opposition mène des concertations pour préparer la période à venir, à la lumière de certaines positions adoptées par ceux qui louvoient en matière de loi électorale. Ces parties tentent d’imposer la loi de 2000. Mais l’opposition refuse fermement cette loi. S’ils ne veulent ni de la circonscription unique ni des cinq circonscriptions larges visées par Taëf, il faudra préserver l’équité dans la définition des petites circonscriptions. L’opposition devrait se mobiliser pour obtenir la libération des quatre généraux, en organisant des manifestations près du Palais de justice. Il n’y aura pas d’élection présidentielle en 2008 et Taëf est mort. L’opposition a abandonné sa revendication portant sur l’obtention du tiers de blocage et appelle à l’élection d’un président et à l’adoption de la loi électorale simultanément. Mais Siniora semble content de l’état actuel des choses et Saad Hariri est introuvable. Walid Joumblatt est la personne la plus sage de l’autre camp. Je ne sais pas pourquoi il reste dans ses rangs. Il pourrait jouer un plus grand rôle en les quittant. Et s’il rejoint l’opposition, nous lui offrirons tous les sièges. »

COMMUNIQUE DU BLOC PARLEMENTAIRE DU HEZBOLLAH
« La principale priorité de l’opposition est de faire appliquer tous les points de l’initiative arabe, sans délais. Mais le 14-mars entrave le plan de la Ligue en cherchant à échelonner son application. L’Administration états-unienne et le camp au pouvoir adoptent des positions obstructionnistes qui visent à transformer le Liban en arène de règlement des comptes internationaux et régionaux. Le camp au pouvoir exécute les directives américaines qui visent à nuire à la Syrie. Cela ne permet ni de remettre les relations entre Beyrouth et Damas sur les rails ni d’aboutir à une entente nationale, »

Audiovisuel libanais

NBN (CHAINE PROCHE DE NABIB BERRY-OPPOSITION)
 Invité : Michel Murr, ancien membre du bloc parlementaire de Michel Aoun
« L’initiative de la Ligue a restitué au président de la République les prérogatives que lui a retirées Taëf. Au lieu de saisir cette opportunité en or, les députés chrétiens se sont mis à imposer des conditions à la tenue du scrutin présidentiel. Il est honteux de lier le prochain président par des conditions préalables. Il est inadmissible qu’un bloc de 18 députés chrétiens (en allusion au bloc de Michel Aoun) décide d’obstruer la présidentielle. Quels sont les motifs de cette attitude antipatriotique ? Les députés eux-mêmes ne le savent pas. Le bloc qui obstrue l’élection du chef de l’État est responsable du maintien de Fouad Siniora en fonctions et lui permet d’exercer les prérogatives présidentielles. Si ce bloc soutient implicitement M. Siniora, pourquoi devrai-je m’opposer à ce dernier ? La majorité absolue des chrétiens est silencieuse et ne soutient aucune partie. Je lance un défi : je démissionnerai instantanément si les autres députés du Metn s’engagent à faire de même. Nous irons aux urnes et nous aviserons à la lumière du vote populaire. Si nous gagnons, les députés obstructionnistes s’en iront et le peuple nous aura donné raison. Dans le cas contraire, ils auront gagné. Il faut élire un président et lui permettre de prêter serment avant d’évoquer le dossier de la future loi électorale. En la matière, la loi de 1960 est obsolète et doit être amendée. »

Principaux développements au Liban

COMMUNIQUE DU HEZBOLLAH SUR LES INCURSIONS ISRAELIENNES AU LIBAN-SUD
« Face aux incursions israéliennes en territoire libanais vers le village de Maïss el-Jabal, ainsi que les violations dans les villages de Ghajar et de Wazzani, la communauté internationale n’a pas réagi. Ces actions sont des violations israéliennes continues de la résolution 1701, au vu et au su du monde et des forces internationales, auxquelles il faut ajouter les violations quotidiennes de l’espace aérien libanais, de ses eaux territoriales et de son territoire, sans que des sanctions ne soient prises contre cet ennemi. Quelle est la position du Conseil de sécurité, du secrétaire général des Nations unies et du gouvernement libanais à l’égard de ce comportement israélien, surtout que les Libanais craignent l’exécution d’un projet israélien visant à provoquer des changements géographiques tout au long des frontières de la Palestine occupée ? C’est pourquoi il faut prendre une position claire et énergique face à ces graves agressions israéliennes qui menacent la souveraineté du Liban. »

• Des civils israéliens, sous la surveillance de quatre militaires dans un véhicule blindé, ont procédé mercredi à des travaux de maintenance et de réhabilitation des barbelés et d’une barrière en fer, qui se trouvent en face de l’entrée est du village frontalier de Adaïssé, Marjeyoun. Ces barbelés et cette barrière séparent le territoire libanais de la route qu’empruntent les patrouilles israéliennes, parallèlement à la route de Kfarkila et Adaïssé, côté libanais.

Tendances est un bulletin quotidien de veille politique sur le Proche-Orient, réalisé par l’agence New Orient News à Beyrouth. Retrouvez-le sur Voltairenet.org, en versions allemande, arabe, anglaise, espagnole et française. Consultez également Indicators, le bulletin quotidien de veille économique sur le Proche-Orient, disponible en versions anglaise, espagnole et arabe.