Tendances et événements au Proche-Orient

La réunion du Koweït : un coup d’épée dans l’eau

Les regards étaient rivés, mardi, sur le Koweït, qui a accueilli la réunion des pays voisins de l’Irak au niveau des ministres des Affaires étrangères, sans pour autant que la question palestinienne ne soit occultée. Les principaux développements des dernières 24 heures sont les suivants :
 1. La conférence des pays voisins de l’Irak s’est terminée par un communiqué qui n’était qu’une copie conforme des documents publiés à l’issue des précédentes réunions. Les Arabes n’ont pris aucun engagement politique ou financier significatif comme l’a demandé le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki et sur lesquels a insisté la secrétaire d’État US Condoleezza Rice. Ni les dizaines de milliards de dollars de dettes à titre de dédommagements dus par l’Irak à ses voisins n’ont été annulés, ni l’ouverture d’ambassades à Bagdad n’a été obtenue. Les analystes ont qualifié cette conférence d’opération de relations publiques, tandis que les États-uniens considèrent que la vraie réunion s’est déroulée à Damas au niveau des experts.
 2. L’ambiance qui a régné pendant la réunion montre que les États-Unis sont intéressés par la reprise des contacts avec Téhéran et Damas sans toutefois accepter ouvertement les recommandations de la commission bipartisane Baker-Hamilton, qui a conseillé à l’administration Bush de négocier des compromis globaux avec la Syrie et l’Iran, afin de sortir de l’impasse irakienne. L’attitude actuelle de l’administration se résume à des négociations secrètes accompagnées d’une escalade politique et d’une tentative de dissocier l’affaire irakienne des autres dossiers de la région —notamment la crise irakienne et la question palestinienne—. Celle-ci reste en tête des priorités de George Bush qui revient dans la région, à la mi-mai, dans l’espoir de parrainer la signature d’une déclaration de principes entre l’Autorité palestinienne et le gouvernement israélien.
 3. La Résistance palestinienne a, une nouvelle fois, faire preuve de compétences et de capacités militaires surprenantes lors des combats contre l’armée israélienne. De nombreux experts et journalistes israéliens ont mis en garde contre les graves conséquences d’une invasion totale de Gaza, qu’ils ont qualifié d’« aventure militaire ». Les négociations avec le Hamas restent une option envisagée par les Israéliens qui prennent cependant bien soin de ménager leur allié Mahmoud Abbas, de peur que l’Autorité palestinienne s’effondre.
 4. Les négociations indirectes via le chef des services de renseignements égyptiens, Amr Sleimane, se poursuivent, Jeudi, le Hamas doit remettre au général Sleimane sa réponse aux dernières propositions israéliennes concernant une trêve à Gaza. Les analystes pensent que le gouvernement israéliens et l’administration US souhaitent que la visite de Bush en Israël et dans la région se passe dans le calme, quitte à accentuer la pression militaire après le départ du président américain.

Presse et agences internationales

TECHRINE (QUOTIDIEN SYRIEN)
 Charles Kamlé
La famine et la crise alimentaire mondiale menacent non seulement les pauvres mais aussi les riches. Elles nous rappellent que la malnutrition cause la mort d’un enfant toutes les cinq secondes et de 25 000 personnes par jour. Y a t-il un complot qui se tiendrait derrière l’éclatement de cette crise mondiale ? Si la réponse est oui, qui sont les mains invisibles qui en tirent les ficelles.

AL AHRAM (QUOTIDIEN GOUVERNEMENTAL EGYTPIEN)
Le Hamas donnera jeudi sa réponse définitive aux médiateurs égyptiens concernant les conditions d’une trêve avec Israël, a annoncé hier Sami Abou Zouhri, dirigeant du mouvement à Gaza. L’Égypte est parvenue à un accord de principe avec le Hamas sur les moyens d’aboutir à « une période de calme » avec les Israéliens. Un responsable palestinien familier des discussions entre l’Égypte et le mouvement palestinien a dit s’attendre à ce que le Hamas accepte le principe d’une trêve mutuelle avec Israël « dans la bande de Gaza, pour le moment ». Le Hamas avait précédemment exigé que la Cisjordanie soit également incluse dans un accord de cessez-le-feu.
La question d’une éventuelle trêve a été relancée après les discussions, vendredi et samedi, entre le chef politique du Hamas, Khaled Mechaal, et l’ancien président états-unien, Jimmy Carter. L’initiative du prix Nobel de la paix a de nouveau été critiquée, hier, par la secrétaire d’État Condoleezza Rice. « Les États-Unis ne vont pas traiter avec le Hamas, et nous avons dit au président Carter que nous ne pensions pas qu’une rencontre avec le Hamas allait aider les Palestiniens », a-t-elle déclaré.

AFP (AGENCE DE PRESSE FRANÇAISE)
 Patrick Moser
Comme chaque année, des fidèles de Grèce, d’Europe de l’Est, de Russie et d’autres parties du monde chrétien orthodoxe ont marché en procession du monastère de Qasr al-Yahoud (près de Jéricho), consacré à saint Jean-Baptiste, jusqu’à la rivière biblique. Une fanfare de scouts palestiniens de la ville a accueilli les fidèles sur ce lieu saint aujourd’hui entouré de montagnes arides, de fils barbelés et de bases militaires.
Comme les années précédentes, ils espéraient pouvoir se précipiter dans la rivière pour procéder aux immersions rituelles. Depuis un an, cette pratique est toutefois interdite par l’armée israélienne qui n’ouvre la zone frontalière au public que quelques fois par an. La déception a été très grande parmi les pèlerins, vêtus de robes de baptême blanches et de soutanes noires, de ne pouvoir accéder aux berges du Jourdain. « Ça a été une très mauvaise surprise. Je m’étais préparé à entrer dans le Jourdain », s’est exclamé Theologos Dimakopoulos, qui a fait le voyage de New York. « J’espère que Dieu interviendra pour nous permettre de nous immerger dans l’eau », a-t-il ajouté, les yeux tournés vers le ciel. Ses prières n’ont pas été réalisées. Seul un prêtre a réussi à déjouer le cordon de sécurité pour s’immerger dans les eaux boueuses, pour le plus grand plaisir des touristes situés sur la rive jordanienne de la rivière.

WASHINGTON POST (QUOTIDIEN ÉTATS-UNIEN)
Le gouvernement états-unien va demander aux compagnies aériennes de prendre les empreintes digitales des étrangers qui quittent les États-Unis afin de mieux contrôler l’immigration clandestine. Depuis janvier 2004, les services d’immigration prennent déjà une photo et les empreintes de chaque étranger qui arrive aux États-Unis, afin de repérer les personnes voyageant sous une fausse identité, qu’il s’agisse de terroristes ou, plus souvent, de trafiquants de drogue ou d’immigrants clandestins. Plus de 90 millions d’empreintes ont déjà été récoltées, mais le programme, baptisé US-VISIT, prévoit aussi de prendre les empreintes des voyageurs à leur départ, ce qui permettrait par recoupement de repérer ceux qui sont restés au-delà de la durée autorisée. Selon un responsable du ministère de la Sécurité intérieure, le gouvernement s’apprête à demander aux compagnies aériennes de se charger de cette collecte, dont le coût est estimé entre 2,3 et 3,5 milliards de dollars sur 10 ans.

• Le secrétaire US à la Défense Robert Gates a ravivé lundi un vieil axiome militaire, en appelant les élèves d’une école militaire à ne pas combattre, « à moins d’y être obligés ». Ces propos illustrent les contraintes actuelles de l’armée états-unienne après six ans et demi de guerre en Afghanistan et cinq ans en Irak. « L’axiome de Conner plane sur les discussions actuelles sur la conduite à tenir avec les États voyous, comme l’Iran qui constitue une force déstabilisante pour le Moyen-Orient et l’Asie du Sud-Est et, de mon point de vue, est déterminé à acquérir l’arme nucléaire », a déclaré M. Gates. « Une nouvelle guerre au Moyen-Orient est la dernière chose dont on ait besoin et, en fait, je crois que cela serait un désastre à plusieurs niveaux », a-t-il dit. « Mais l’option militaire doit être gardée sur la table, étant donné les politiques déstabilisantes du régime (iranien) et les risques inhérents à une future menace nucléaire iranienne, soit directement ou à travers la prolifération », a-t-il ajouté.

• Cinq GI’s, dont trois Marines, ont été tués dans des attaques en Irak depuis lundi, a annoncé l’armée états-unienne dans des communiqués. Deux Marines ont trouvé la mort hier matin près de Ramadi (Ouest) dans l’explosion d’une bombe à un barrage de contrôle. À Bassora (Sud), où des violents affrontements ont récemment opposé le mouvement de Moqtada Sadr aux forces régulières irakiennes appuyées par l’armée d’occupation, un marine a été tué lundi dans l’explosion d’une bombe et un deuxième a été blessé. Lundi également, deux GI’s ont été tués dans l’explosion d’un engin piégé dans la province de Salaheddine au nord de Bagdad. Ces décès portent à 32 le nombre de GI’s tués depuis le début du mois d’avril, ce qui en fait le mois le plus meurtrier depuis le début de l’année. Pour la deuxième fois en deux jours, une femme kamikaze a, par ailleurs, fait exploser une bombe qu’elle transportait dans un poste de police au nord de Bagdad, tuant cinq policiers et un garde de sécurité.

• Le gouvernement de Nouri al-Maliki, soutenu par la délégation américaine conduite par la secrétaire d’État Condoleezza Rice, lors de la conférence des pays voisins de l’Irak a exhorté ses voisins à aider à stabiliser le pays en tenant leurs promesses d’annulation de sa dette et d’envoi d’ambassadeurs. « Le montant de la dette et les dédommagements que l’Irak paie causent un grave préjudice à nos infrastructures et à notre économie nationale », a-t-il dit. Selon le Club de Paris, la dette totale de l’Irak était évaluée à environ 120 milliards USD fin 2004. « Nous attendons toujours que les engagements et promesses de renoncer aux créances et aux dédommagements soient tenus », a ajouté M. Maliki, en référence aux compensations que l’Irak doit payer pour l’invasion du Koweït en 1990 par l’ancien régime. Les pays du Golfe, en particulier l’Arabie saoudite et le Koweït, ont promis une réduction substantielle de la dette extérieure de l’Irak, mais Bagdad attend toujours que cela se traduise dans les faits.

• Un États-unien accusé d’avoir livré il y a plus de vingt ans des informations confidentielles à Israël, y compris sur des armes nucléaires, a été arrêté, ont annoncé hier un procureur fédéral et le FBI. Ben-Ami Kadish, aujourd’hui âgé de 84 ans, avait travaillé de 1963 à 1990 en tant qu’ingénieur mécanicien au Centre de recherche sur l’armement de l’armée, à l’Arsenal Picatinny, à Dover (New Jersey, Est), a précisé un communiqué conjoint du parquet et du FBI. L’homme est notamment accusé d’avoir transmis entre 1979 et 1985 des documents relatifs à la défense nationale des États-Unis au gouvernement d’Israël, d’avoir agi en tant qu’agent d’Israël et d’avoir fait de fausses déclarations aux enquêteurs, détaille le document. Ben-Ami Kadish avait fourni à Israël des informations sur des armes nucléaires, des détails confidentiels sur des chasseurs bombardiers F-15 que les États-Unis avaient vendus à des pays tiers et des informations sur le fonctionnement du système de défense aérienne par les missiles Patriot, classées « top secret ». Selon la justice, l’agent avait remis de 50 à 100 documents entre 1979 et 1985. Les documents parvenaient en Israël par l’intermédiaire d’un diplomate du consulat israélien à New York. L’ingénieur déposait les dossiers secrets dans sa maison du New Jersey (Nord-Est), où le fonctionnaire israélien, qui travaillait comme attaché scientifique au consulat d’Israël, et dont l’identité n’est pas révélée, les photographiait pour les transmettre à l’État hébreu.

• Selon les autorités abkhazes, le drone de taille moyenne utilisé pour la reconnaissance tactique et abattu au dessus de l’Abkhazie, dimanche, est un Hermes 450 produit par la société israélienne Elbit Systems.

• Le ministre iranien de l’Économie qui a quitté ses fonctions mardi a lancé d’une façon inédite une attaque virulente contre le président Mahmoud Ahmadinejad, accusé de se préoccuper avant tout de questions « secondaires ». Davoud Danesh Jafari a été remplacé par le chef de la commission économique du gouvernement Hossein Samsami, dans le sixième changement de ministre opéré par M. Ahmadinejad depuis sa prise de fonction en juillet 2005. De son côté, le président iranien a croisé publiquement le fer avec le président du Parlement, et fait l’objet de critiques sévères de deux institutions judiciaires après avoir dénoncé l’existence d’une supposée « mafia » économique.

• Près des trois quarts des Français (72 %) se disent mécontents du bilan de Nicolas Sarkozy, contre 28 % qui s’affirment satisfaits un an après son élection à la présidence française, selon un sondage à paraître jeudi. Les Français ne sont en outre que 35 % à considérer que Nicolas Sarkozy a tenu, pendant l’année écoulée, les engagements qu’il avait pris au cours de sa campagne présidentielle, 65 % étant d’un avis contraire, selon cette enquête IFOP-Fiducial réalisée pour le magazine Paris-Match. Nicolas Sarkozy est le président le plus impopulaire après un an de mandat sous la Ve république (1958).

Audiovisuel international

CHAINE SATELLITAIRE SYRIENNE
 Invité : Bassam el-Kantar, frère de Samir el-Kantar (Couverture spéciale à l’occasion du 30ème anniversaire de la capture par les Israéliens du résistant libanais)
« Ces trente dernières années, les Israéliens n’ont autorisé Samir que trois fois à entrer en contact avec sa famille et pour quelques minutes seulement. Le chef de la Résistance, sayyed Hassan Nasrallah a été très clair lorsqu’il a dit qu’il avait ses propres moyens pour faire libérer les détenus libanais des prisons israéliennes. »
L’ancien détenu dans les prisons israéliennes, Ahmad Abou Hadba, a déclaré que l’État hébreu utilise les prisonniers comme monnaie d’échange.

Tendances et événements au Liban

Face à l’internationalisation, Berry propose l’internalisation

Les développements relatifs à la crise libanaise se sont accélérés mardi, au Liban comme à l’étranger. Le dénominateur commun de tous ces développements c’est qu’ils consacrent la pérennité de la crise et placent le pays sur la corde raide. Un dirigeant de l’opposition a qualifié les résultats de la réunion informelle sur le Liban qui s’est tenue au Koweït de diktat états-unien imposé à l’opposition concernant l’élection présidentielle. Son but est de torpiller le plan arabe de règlement et de paver la voie à l’internationalisation de la crise, ou plutôt au sabotage international de la solution avec la complicité du groupe de Charm el-Cheikh ou des États dits « modérés ».
 1. La séance de l’élection présidentielle a été reportée par le président Nabih Berry, pour absence de quorum. Le président du Parlement a proposé l’adoption d’une déclaration d’intention autour de la composition du gouvernement et de la nature de la circonscription électorale, une levée du sit-in de l’opposition, suivie de l’élection du président de la République. M. Berry s’est défendu de fermer le siège de l’Assemblée nationale, appelant les commissions parlementaires à reprendre leurs réunions, indiquant qu’il s’était jusque-là montré indulgent à ce niveau à cause de considérations de sécurité. Il a dans le même temps souligné qu’il appartenait aux Libanais de trouver eux-mêmes une solution à la crise et que personne « venant d’Orient ou d’Occident ne peut imposer un règlement qui porterait atteinte à la formule libanaise et au principe de partenariat consacré par l’accord de Taëf » (Voir ci-dessous).
 2. Les loyalistes du 14-mars n’avaient pas une position unifiée à l’égard de M. Berry et de sa démarche. Le chef druze Walid Joumblatt s’est rendu au Parlement où il s’est longuement entretenu avec M. Berry, réaffirmant son attachement au dialogue. Par contre, les députés du bloc Hariri et le chef de l’ancienne milice des Forces libanaises, Samir Geagea, ont tiré à boulets rouges contre le président de la Chambre (Voir ci-dessous).
 3. La réunion internationale informelle sur le Liban rassemblant des pays arabes et occidentaux a lancé, au Koweït, un appel pour « l’élection immédiate » d’un nouveau président au Liban et pour une « redéfinition » des relations entre Beyrouth et Damas. Le communiqué publié à la fin de la réunion a noté que l’objectif de cette dernière est d’« échanger les points de vue et d’étudier les moyens de soutenir la souveraineté, l’intégrité territoriale, l’unité et l’indépendance d’un Liban stable, démocratique et prospère ». Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, qui a pris part à la réunion s’est penché, en aparté, sur la crise libanaise avec le chef de la diplomatie saoudienne Saoud el-Fayçal. Amr Moussa a en outre fait part de son intention de se rendre à Damas bientôt, sans fixer de date pour sa visite.
Le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Moallem, a affirmé que les États-Unis, qui ont refusé dès le départ l’initiative arabe, veulent internationaliser la crise libanaise, estimant que la réunion du Koweït est le premier pas vers cette internationalisation qui ne ferait que compliquer davantage le problème libanais. Le chef de la diplomatie syrienne a critiqué la participation de M. Moussa à cette réunion et a qualifié d’« indélicate » l’invitation tardive faite à la Syrie pour se joindre à la réunion, précisant que son pays n’avait pas été consulté au préalable.
 4. Le dossier libanais a été évoqué lors de deux rencontres importantes qui ont eu lieu en marge de la réunion des voisins de l’Irak :
a) Entre Bernard Kouchner et le Walid Moallem. Au cours de l’entretien, le chef de la diplomatie française a essayé de relativiser l’alignement de la politique française sur celles de l’Arabie saoudite et des États-Unis au sujet du Liban.
b) La réunion entre le ministre saoudien des Affaires étrangères, Saoud el-Fayçal et son homologue iranien, Manouchehr Mouttaki. La discussion a porté sur la crise libanaise, la situation en Irak et sur les relations entre Damas et Riyad.
 5. Le Liban a également été évoqué lors du sommet qui a eu lieu à Paris entre le président Nicolas Sarkozy et son homologue égyptien Hosni Moubarak.
 6. La tension reste très forte dans la ville de Zahlé, dans la plaine de la Békaa, après la mort de deux loyalistes sous les balles d’un partisan de l’opposition dimanche. Le 14-mars cherche à exploiter cet incident à des fins politiques et tient un discours provocateur, tandis que l’opposition assure que cette fusillade est un cas isolé et l’œuvre d’un individu, appelant la justice à prendre son cours.
 7. Dans les milieux chrétiens, un mouvement de rejet de la candidature consensuelle du commandant en chef de l’armée, le général Michel Sleimane, commence à prendre forme. Des initiatives vont être lancées pour demander au général Michel Aoun de revenir sur son désistement ou de choisir un autre candidat véritablement neutre.

Déclarations

NABIH BERRY, PRESIDENT DU PARLEMENT (OPPOSITION)
« Il ne faut pas tergiverser au sujet du dialogue, mais l’engager sérieusement en vue de parvenir à une déclaration d’intentions au sujet de la composition du gouvernement et de la nature de la circonscription électorale à adopter pour les prochaines législatives. C’est ce que nous avons souvent répété et que nous répétons de nouveau aujourd’hui, sachant que nous sommes ouverts à toutes les propositions qui seront avancées à ce sujet, sans exception aucune. Après un accord, le sit-in du centre-ville sera levé et nous élirons sans tarder, dans le cadre d’un package deal, le candidat consensuel, le général Michel Sleimane, à la tête de l’État. Rien n’est utile, à part ce que les Libanais entreprennent eux-mêmes. C’est (le secrétaire d’État adjoint US le Proche-Orient) David Welch, qui a annoncé à partir d’Abou Dhabi, la mort de l’initiative arabe. Que personne, qu’il vienne d’Orient ou d’Occident, ne s’imagine qu’il peut imposer un règlement susceptible de porter préjudice à la formule (politique) établie au Liban, ainsi qu’au principe de partenariat consacré par l’accord de Taëf. La voie d’un règlement passe seulement par le dialogue. Il n’est pas vrai qu’une déclaration d’intention au sujet du gouvernement et des circonscriptions électorales constitue une atteinte aux prérogatives du président de la République. Empruntons d’un pas ferme la voie du dialogue au lieu de jouer au plus malin, ce qui, dans notre cas, est devenu synonyme de risques, surtout que M. Welch nous a prédit un été chaud. J’attends l’acceptation d’un retour à la table de dialogue dans un court délai afin de lancer les invitations, avant de fixer une nouvelle date pour l’élection d’un président de la République. Personnellement, je préfère qu’on fixe la date de la prochaine séance, dans le cadre de la table de dialogue, après un accord sur les sujets qui font l’objet de débat. Si je n’obtiens pas de réponse positive au dialogue dans un, deux ou trois jours au plus tard, je convoquerai une nouvelle séance. À ceux qui disent que le Parlement est fermé, je tiens à répéter, pour la énième fois, qu’il est verrouillé face au gouvernement illégitime, mais ses portes sont grandes ouvertes pour organiser la présidentielle. Preuve en est, les dix-sept séances auxquelles j’ai convoqué pour élire un chef de l’État. »

SAMIR GEAGEA, CHEF CHRETIEN DU 14-MARS
« L’invitation au dialogue du président de la Chambre est creuse. M. Berry est souple en apparence, mais intransigeant sur le fond (…) Le réarmement a repris par certains groupes, après une interruption de cinq mois. Les services de sécurité le savent, et je pense qu’ils feront le nécessaire. Il n’est pas fatal que des troubles éclatent si les assassins des deux responsables Kataëb, à Zahlé, ne sont pas livrés à la police. Tout laisse croire que les deux assassins se trouvent toujours au Liban, et qu’ils ne seront plus en mesure d’en franchir les frontières sans être arrêtés. »

WALID MOALLEM, MINISTRE SYRIEN DES AFFAIRES ETRANGERE
« Nous ne participerons pas à cette internationalisation (de la crise libanaise). Internationaliser signifie compliquer la crise, car les intérêts des superpuissances jouent un rôle dans la paralysie du processus politique au Liban. Damas aurait dû être invitée, car la Syrie est la voisine directe du Liban. Est-ce que Washington veut le dénouement de la crise libanaise ? Les États-Unis sont le seul pays qui ne soutient pas l’initiative arabe. Les Français veulent une solution pour le Liban et nous voulons une solution pour le Liban. Ils soutiennent l’initiative arabe (…) M. Kouchner m’a dit qu’il préfère la présence de la Syrie et qu’il tient à la présence de la Syrie à la réunion. Mais l’invitation devait être adressée à Damas avant d’entamer les préparatifs d’une telle réunion. Lorsque le ministère français des Affaires étrangères a annoncé la liste des participants, le nom de la Syrie n’y figurait pas. »

BERNARD KOUCHNER, MINISTRE SYRIEN DES AFFAIRES ETRANGERE
« J’avais invité M. Moallem (à la réunion internationale sur le Liban) et il n’a pas voulu venir. Je pense que la Syrie veut une solution, mais pas la sorte de solution que la majorité des Libanais voudraient. Il est normal que je rencontre le ministre syrien des Affaires étrangères, comme je l’ai fait souvent. Aussitôt qu’un candidat de consensus sera élu président par les Libanais, les relations de la France avec la Syrie redeviendront normales et plus encore. »

MOHAMMAD REZA CHIBANI, AMBASSADEUR D’IRAN À BEYROUTH
« Personne ne doit négliger le rôle politique de la Syrie dans la région. C’est à partir de là que la rencontre franco-syrienne peut jouer un rôle dans l’apaisement des crises dans la région. »

ELIE SKAFF, DEPUTE DE ZAHLE (OPPOSITION)
« L’incident de Zahlé est un conflit isolé à cent pour cent qui a été déclenché par les provocations et les insultes. Le comportement de l’ancien chef d’État Amine Gemayel, devant ses partisans est folklorique. Il a saisi cette occasion pour exploiter politiquement et dans son intérêt propre ce qui s’est passé. Le meeting organisé le week-end dernier à Zahlé en soutien à la candidature du chef de l’armée, le général Michel Sleimane, est déplacé et risque de porter tort au général Sleimane. Celui-ci est en train de commettre de graves erreurs. Sa candidature n’est plus de mise. Il n’est plus un candidat consensuel. »

Tendances est un bulletin quotidien de veille politique sur le Proche-Orient, réalisé par l’agence New Orient News à Beyrouth. Retrouvez-le sur Voltairenet.org, en versions allemande, arabe, anglaise, espagnole et française. Consultez également Indicators, le bulletin quotidien de veille économique sur le Proche-Orient, disponible en versions anglaise, espagnole et arabe.